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Le blog de hugo,

egalite femmes hommes

#4Novembre9h10

7 Novembre 2022, 07:13am

Publié par hugo

 #4Novembre9h10
La newsletter féministe Les Glorieuses se mobilise à nouveau contre les inégalités salariales, cette année c’est le 4 novembre à 9h10 que les Françaises commencent à travailler gratuitement.

La pétition
Au travers du mouvement annuel en faveur de l’égalité salariale #4Novembre9h10, cette pétition composée de trois propositions de politiques publiques, est destinée à nos élu·e·s.

Merci de soutenir le mouvement du #3Novembre9h22 !
Pour continuer votre participation au mouvement, vous pouvez partager cette pétition autour de vous : https://lesglorieuses.fr/campagnes-politiques/3novembre9h22/
Merci encore,
L'équipe de la newsletter Les Glorieuses
 

Les revendications
1. Appliquer le principe d’éga-conditionnalité
Ce premier principe permet de conditionner l’accès aux marchés publics, l’obtention des subventions publiques et celui des prêts garantis par l’Etat au respect de l’égalité salariale au sein de sa structure. Pour y être éligibles, les entreprises doivent prouver qu’elles respectent l’égalité de rémunération entre les sexes dans leurs organisations. Cette première mesure, qui ne coûte rien de plus à l’Etat, permet de s’assurer que le budget alloué par les fonds publics n’accentue pas les inégalités.

2. Revaloriser les salaires des emplois où les femmes sont les plus nombreuses

Une réévaluation économique de toutes les professions à prédominance féminine est indispensable afin que les femmes soient rémunérées autant que les hommes. À titre d’exemple parmi tant d’autres, les femmes représentent en France 90,4% des infirmières, 87,7% des sage-femmes et 65,7% du corps enseignant. Ces emplois de soin et d’éducation, très féminisés, ont été cruciaux ces deux dernières années pour la France. Une réévaluation économique de toutes les professions à prédominance féminine est indispensable, et ce, sans plus attendre. 

3. Soutenir un congé parental équivalent pour les deux parents

Ce congé, à l’image de celui mis en place en Suède, permettrait aux hommes et aux femmes de jouir d’un congé maternité (post naissance) et d’un congé paternité de même durée. Ainsi, le temps imparti peut être partagé équitablement entre les deux parents. Il est essentiel de permettre aux couples de vivre leur parentalité de façon égale dès aujourd’hui.

Le calcul
Lecteur vidéo

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La statistique.  Les femmes gagnent en moyenne 15,8% de moins que les hommes en France (Eurostat). En Europe, ce rapport est de 13%. Comme le précise Eurostat, il s’agit d’un écart de rémunération non ajusté entre les sexes, à savoir la différence entre les gains horaires bruts moyens des hommes et des femmes exprimés en pourcentage des gains horaires bruts moyens des hommes. Cette statistique est calculée pour les entreprises de 10 salariés ou plus, secteurs publics et privés confondus.

Le nombre de jours ouvrés En France, en 2022, nous avons 253 jours ouvrés. Voici un site qui permet d’identifier ce nombre. 

Le jour Avec ces deux éléments, nous pouvons calculer à quoi correspond cet écart de salaire en nombre de jours ouvrés. Ainsi, 15,8% de 253 correspond à 39,974 jours ouvrés. 

Grâce à ce chiffre, nous calculons la date théorique à laquelle les femmes pourraient s’arrêter de travailler si elles gagnent un taux horaire brut similaire à celui des hommes tout en gagnant ce qu’elles gagnent aujourd’hui (c’est une moyenne, bien évidemment et c’est un symbole, bien sûr). 
Dans un premier temps, nous trouvons la date : on soustrait 39 jours au calendrier au commençant au dernier jour ouvré de l’année, le vendredi 30 décembre.
Nous nous basons sur une semaine ouvrée qui commence le lundi et qui se termine le vendredi, en ôtant les jours fériés.

Il y a 22 jours ouvrés en décembre 2022. Nous ôtons donc 17 jours ouvrés à partir du dernier jour ouvré de novembre, soit le mercredi 30 novembre. Le 18ème jour ouvré est la date du hashtag. En 2022, c’est le vendredi 4 novembre. 

L’horaire Nous devons maintenant ôter 0,974 de la journée de travailler afin d’arriver à l’horaire. 1 correspondant à 1 journée ouvrée, 0,974 correspond à 97,4% de cette journée. Nous fondons notre calcul sur la base d’une journée ouvrée de 7h, démarrant à 9h et se terminant à 17h, avec une heure de pause déjeuner entre 13h et 14h.

Nous cherchons désormais à matérialiser 97,4% en temps. A quel nombre de minutes / d’heures cette statistique correspond-elle ? 7h = 420 minutes. 97,4% d’une journée ouvrée de 7h correspond à 409,08 minutes, soit 6h et 49,08 minutes. Ces 0,08 pt correspondent à des secondes. On reprend donc la même méthode de calcul et nous arrivons à 4,8 secondes, que nous arrondissons à 5 secondes. Ainsi, en soustrayant 6h et 49 minutes et 5 secondes à la journée de travail, nous arrivons à 9h10 et 55 secondes.

Le hashtag #4Novembre9h10 Ce calcul nous permet donc de dire qu’en 2022, les femmes pourraient s’arrêter de travailler le 4 Novembre à 9h10 et 55 secondes si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes tout en gagnant ce qu’elles gagnent aujourd’hui (toujours en moyenne) à l’année.  

La newsletter
Découvrez l’histoire des Islandaises qui ont lancé le premier mouvement pour l’égalité salariale en… 1975.

Presse
Pour toute demande presse, contacter Leslie Toledano (06 10 20 79 60) leslietoledano.rp@gmail.com


https://lesglorieuses.fr/campagnes-politiques/4novembre9h10/

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#4Novembre9h10 : en 2022, en France, les inégalités salariales perdurent

7 Novembre 2022, 06:21am

Publié par hugo

 #4Novembre9h10 : en 2022, en France, les inégalités salariales perdurent
Kirsten Curry, propriétaire de Leading Retirement Solutions, et Gene Skonetski, responsable du service clientèle, dans leur bureau de Seattle, aux Etats-Unis, le 4 octobre 2017.
Kirsten Curry, propriétaire de Leading Retirement Solutions, et Gene Skonetski, responsable du service clientèle, dans leur bureau de Seattle, aux Etats-Unis, le 4 octobre 2017.
©AP Photo/Elaine Thompson
Kirsten Curry, propriétaire de Leading Retirement Solutions, et Gene Skonetski, responsable du service clientèle, dans leur bureau de Seattle, aux Etats-Unis, le 4 octobre 2017.

03 NOV 2021
 Mise à jour 04.11.2022 à 06:44 par 
TerriennesLiliane Charrier
Ce 4 novembre à 9h10, les femmes commencent à travailler gratuitement. En 2022, les inégalités entre les salaires des femmes et ceux des hommes peinent à se combler, en dépit des lois sur la parité. L'experte en égalité salariale Insaff Elhassani nous explique pourquoi, à ce rythme, il faudrait attendre 2234 pour que les femmes et les hommes soient rémunérés à égalité.
Les femmes commencent à "travailler gratuitement" ce 4 novembre 2022 à 09h10 du fait des inégalités salariales persistantes. C'est le bilan de la lettre d'information féministe "Les Glorieuses", initiatrice du mouvement #4Novembre9h10. 


Cette date et cette heure symboliques sont calculées à partir des chiffres d'Eurostat, l'institut de statistiques européen, pour demander une remise à plat des rémunérations dans les entreprises. 


En 2022, selon les Glorieuses, les femmes gagnent en moyenne 15,8% de moins que les hommes. En 2021, elles étaient payées 16,5% de moins que les hommes à fonctions égales, par rapport à 15,5% en 2020.


Les piliers de l'égalité des salaires
Les Glorieuses et les militantes qui relaient le mouvement #4Novembre9h10 suggèrent trois axes d'action pour intégrer le principe "à travail égal, salaire égal" à la réalité du monde du travail :

L'application de l'éga-conditionnalité, qui impose à une entreprise de respecter l'égalité salariale pour accéder à des marchés publics, des subventions ou des prêts garantis par l'Etat. Ils doivent être conditionnés "au respect de l'égalité salariale". Une manière de "s'assurer que le budget alloué par les fonds publics n'accentue pas les inégalités", pointent Les Glorieuses.
L'évolution du congé maternité et paternité vers l'égalité de durée et de rémunération du congé parental. "L'idée serait de s'inspirer de la loi suédoise, pour proposer un congé à se répartir entre les deux parents, avec un minimum de jours à prendre réservés au père et payés de façon équivalente," précise l'économiste Rebecca Amsellem, fondatrice de la lettre d'information.
La revalorisation des salaires des professions où les femmes sont les plus nombreuses : "Les emplois de soin et d'éducation, très féminisés, qui ont été cruciaux ces dernières années pour la France, font partie des emplois les moins bien valorisés en termes de salaires", déplorent Les Glorieuses.
Les femmes représentent en France :
90,4% des infirmières
87,7% des sage-femmes
65,7% du corps enseignant
Au-delà de la maternité ou de la féminisation de certains emplois, l’écart de salaire femmes-hommes qui ne s’explique ni par le volume horaire, ni par les différences de fonctions se situe entre 5 % et 7 %. De même, à partir de trois années d'études après le baccalauréat, l’écart salarial atteignait en France 29,4 % lors de la dernière enquête de l’Insee, en 2017. Pourtant, les inégalités salariales ne se résument pas au sexisme des grandes entreprises, comme nous l'explique la porte-parole des Glorieuses, Insaff Elhassani (entretien réalisé en novembre 2021).

 
Entretien avec Insaff Elhassani

Terriennes : Qui sont les mauvais élèves en matière d'égalité salariale ?

Insaff Elhassani : Aucun secteur d'activité n'est vraiment "bon" ou "mauvais" élève. La distinction se joue davantage sur la culture d'entreprise. Les entreprises familiales qui fonctionnent sur un modèle patriarcal, très français, ont du mal à conduire le changement. Axées sur le "patron", qui gère son entreprise comme il gère sa famille, ces entreprises ont du mal à considérer les femmes autrement que comme des employées qui apportent un salaire d'appoint à leur famille, à les voir comme des collaboratrices à part entière.

En 2020, les femmes constituent :

70 % des travailleur.se.s pauvres
83 % des temps partiels
62 % des emplois non qualifiés.

A l'autre extrémité du spectre des entreprises, les géantes du CAC40, qui sont de grosses machines difficiles à mettre en route, ont plus de mal à instituer l'égalité salariale que les entreprises plus jeunes et dynamiques, comme les start-ups.

Comment les entreprises contournent-elles la loi ?

L'infraction, si elle n'est pas constatée, n'existe pas. La loi a beau stipuler qu'à compétences et fonctions égales, les femmes doivent être rémunérées comme les hommes, personne ne saura s'il y a inégalité, ou pas, tant qu'il n'y a pas de transparence des salaires, voilà tout.

Comment les inégalités salariales s'installent-elles ?

En général, la discrimination salariale n'est pas une décision consciente de la part de la direction. C'est un processus insidieux, un problème systémique. Les inégalités salariales résultent davantage d'un tango entre employés et employeurs. Les femmes, souvent, ne se sentent pas légitimes parce qu'elles sont victimes du syndrome de l'imposteur, parce qu'elles ont tous ces freins qui font qu'elles ont du mal à vocaliser leur juste valeur et réclamer des augmentations.

C'est un enchevêtrement de circonstances qui mène à l'inégalité salariale, plutôt qu'un processus mis en place consciemment.

Insaff Elhassani

Les employeurs, eux, ne réagissent pas de la même manière face à une femme qui réclame une revalorisation de sa rémunération. A cela s'ajoutent les biais de genre et les biais cognitifs, c'est-à-dire qu'une femme n'est pas perçue comme cheffe de famille, mais comme "l'accessoire du principal", qui rapporte un salaire d'appoint.

Et puis beaucoup de femmes devenues mères subissent un décrochage de salaire au retour de congé maternité. Les entreprises partent du principe qu'une femme, une fois qu'elle est mère, se désinvestit de son poste et de son entreprise. En réalité, c'est un enchevêtrement de circonstances qui mène à l'inégalité salariale, plutôt qu'un processus conscientisé, mis en place au départ.
 
L'inégalité salariale serait une situation qui s'installe insidieusement et à laquelle les femmes doivent réagir ?

Je le constate chaque jour, et de façon très concrète. C'est toujours à peu près le même scénario qui se dessine : je suis saisie par des femmes recrutées parce qu'identifiées comme de véritables talents pour l'entreprise, célébrées et rémunérées comme telles à l'heure de leur intégration. Mais quand la relation de travail s'est installée, et une fois qu'elles ont un enfant, leurs demandes de revalorisation du travail ne sont jamais reçues comme le sont celles des hommes, même si leur poste a évolué et que leur périmètre d'action s'est élargi. Tout cela se met en place de façon insidieuse.

On demande aux femmes plus d'efforts que ce que l'on demanderait à un homme.

Insaff Elhassani

Pour justifier un refus d'augmentation, on reproche en général aux femmes leur impatience et un manque de considération pour le contexte économique difficile dans lequel évolue l'entreprise. On leur demande de faire plus d'efforts que ce que l'on demanderait à un homme.

J'ai récemment traité le cas d'une femme recrutée pour ses compétences certaines par une entreprise française au schéma patriarcal et aux ambitions internationales. Mais elle est tombée enceinte un an et demi après son recrutement et, aujourd'hui, l'entreprise le lui fait payer. On vide son poste de son contenu et quand elle demande une augmentation, elle s'entend répondre que ce n'est pas la peine puisqu'elle revient de six mois de congé maternité.  

Les inégalités vont même parfois plus loin : des collaboratrices ayant d'excellentes relations avec leur patron bénéficient d'un avancement professionnel, mais sans jamais être augmentées. Elles sont promues numéro cinq de l'entreprise, par exemple, mais leur salaire stagne. Jamais cela n'arriverait à un homme ! 

Insaff Elhassani<br />
©Les Glorieuses
Insaff Elhassani
©Les Glorieuses
Experte en égalité salariale, présidente de Lean In France et porte-parole de Les Glorieuses, Insaff Elhassani milite depuis une dizaine d'années pour l'égalité professionnelle et l'empouvoirement économique et financier des femmes.

En 2018 à 2019, avec ses "Tour de France & Tour du monde de la négociation de rémunération", elle a enseigné à plus de 5000 femmes comment déterminer puis défendre leur juste valeur sur le marché de l'emploi. Elle poursuit aujourd'hui cet objectif avec Ma Juste Valeur : une collection de podcasts et de formations visant à lever le tabou autour des femmes et de l'argent et à former les femmes à la négociation.

Le salut résiderait-il dans l'égalité parfaite et obligatoire d'un congé parental ?

​Il faudrait commencer par ne plus parler de "congé maternité", mais de "congé parentalité". Le congé du ou des parents lors de l'arrivée d'un enfant devrait être appliqué de la même manière que le congé maladie. Face à la maladie, nous sommes tous égaux, quels que soient l'âge, la couleur de peau, le genre ou autre spécificité en tant qu'être humain.

Dès qu'il existe un équilibre parfait entre les congés que peuvent prendre les hommes et les femmes – ce qui implique un vrai rallongement du congé paternité (depuis le 1er juillet 2021, le congé paternité est de 28 jours en France et le congé maternité toujours de dix semaines, ndlr) – il n'y a plus de différence entre femmes et hommes face à la maternité. Et surtout, s'il y en a une, elle ne repose plus sur un socle immuable.

Quelle autre mesure préconisez-vous en faveur de l'égalité salariale ?

Les entreprises devraient être formées à reconnaître les biais cognitifs. Aujourd'hui elles dépensent des sommes colossales pour recruter des femmes, de façon que cela apparaissent dans leur bilan de fin d'année. Or tous ces investissements dans l'embauche des femmes sont perdus par ailleurs, puisque les entreprises ne mettent pas en place des environnements de travail qui permettent de retenir ces femmes-là. Et ces fonds et ces efforts investis pour recruter des collaboratrices vont finir par partir à la concurrence ou en free-lancing.

Elles partent parce qu'elles ne sont pas reconnues à leur juste valeur, parce que ni les cadres ni les responsables des ressources humaines ne sont formés à reconnaître les biais de genre, à optimiser les ressources salariales pour rémunérer les collaboratrices à leur juste valeur, leur proposer des formations ou une flexibilité du travail. Dans un mouvement de rejet, elles finissent par dire "non". Alors soit elles rejoignent une entreprise qui leur apporte davantage de reconnaissance et de souplesse, soit elles se replacent sur le marché comme indépendantes – c'est un phénomène que l'on constate beaucoup chez les femmes seniors en ce moment.


(Re)lire notre dossier ► COVID-19 : FEMMES EN PREMIÈRE LIGNE

Avant de revenir en 2022 au niveau de 2020, les inégalités salariales s'étaient aggravées en 2021 : la faute à la pandémie ?

La pandémie a été très difficile pour les femmes qui se sont retrouvées avec la double journée sans plus aucun cloisonnement horaire entre le travail et le travail domestique. Les femmes étaient en première ligne de la crise sanitaire : beaucoup ont fini par faire un burn-out, beaucoup ont été licenciées et ont peiné à retrouver du travail. Et là, on retombe sur la culture d'entreprise qui fait que l'on licencie plutôt une femme, que l'on considère comme un salaire d'appoint dans le foyer, plutôt qu'un homme que l'on considère comme le chef de famille qui a des enfants à nourrir.

A lire aussi dans Terriennes : 

► 5% de femmes à la tête d'entreprises dans le monde, une progression à tout petits pas, selon une étude
► Le congé parental partagé, clé de voûte de l'égalité entre les sexes ?
► Des quotas pour plus de femmes dans les directions d'entreprises en France
► Egalité salariale femmes-hommes : les entreprises bientôt soumises à un système de notation en France
► Dans les Conseils d'administration des entreprises françaises, les femmes brillent toujours autant par leur absence
► Les entreprises qui mettent des femmes à des postes de direction sont deux fois gagnantes. Et la société, dans son ensemble, aussi

TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 04.11.2022 à 06:44
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/4novembre9h10-en-2022-en-france-les-inegalites-salariales-perdurent-430934

(2) Les Glorieuses, la newsletter féministe (@Les_Glorieuses) / Twitter

(2) Les Glorieuses, la newsletter féministe (@Les_Glorieuses) / Twitter

#4Novembre9h10 | Les Glorieuses

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Des hommes déconstruits ?

7 Novembre 2022, 05:28am

Publié par hugo

Des hommes déconstruits ?
Mardi 4 octobre 2022

ÉCOUTER (29 MIN)


©Getty - Sarah Mason
Les Pieds sur terre carré
Provenant du podcast
Les Pieds sur terre

CONTACTER L'ÉMISSION

Après #MeToo, Paul et Sébastien entreprennent un parcours de "déconstruction" pour démanteler leurs réflexes patriarcaux. Le premier change radicalement de sexualité jusqu'à y renoncer. Le second met ses 30 ans d'expérience dans la pub pour conquérir le marché du féminisme.
Malgré le fait qu’il a conscience de l’inégale répartition des tâches au sein de son couple, Paul, 25 ans, ne parvient pas à atteindre une répartition égalitaire avec sa copine, avec laquelle il vit depuis 3 ans.
“Comment se fait-il que, moi, un jeune adulte de 25 ans parfaitement autonome, indépendant financièrement, mature, stable, soit incapable d'anticiper ce qu’il va se cuisiner le soir en rentrant ? Il y a des forces transcendantes que je ne comprends pas qui font que je passe à côté du linge sec. Ce n'est pas que je prends la décision de ne pas le plier puisque j'ai la flemme et qu'elle va s'en occuper, c'est que je ne vois même pas qu’il y a du linge sec.” Paul
Dans sa famille, la mère de Paul était celle qui prenait en charge l’essentiel des tâches ménagères, et sa sœur était davantage sollicitée pour y participer que lui quand il était enfant. Arrivé au collège, Paul constate une intensification des insultes misogynes ou homophobes, et de la violence physique. “C'est à partir de cet âge-là, 12-13 ans, que j'ai senti un décalage entre moi et les garçons.”
À l’été 2018, Paul fréquente une femme qui pratique le BDSM*. “#MeToo non seulement a été bénéfique pour nous deux puisqu'on a pris plus de plaisir, mais a également permis de simplifier nos rapports. Je savais ce qu’elle ne voulait pas et elle savait ce que je ne voulais pas. Ça a libéré sa parole et ses pratiques, mais également les miennes.”
Puis, en école de commerce, il rencontre sa future copine. Lorsqu’ils emménagent ensemble, leur vie sexuelle s’estompe. “On se fait beaucoup de câlins et de bisous au cours de la journée, et j'ai la sensation que ça se substitue, au moins partiellement, aux rapports sexuels qu'on n'a plus et qu'on compense affectueusement. Je ne l'attire plus sexuellement et elle ne m'attire plus sexuellement.”
“Une conséquence directe de #MeToo est que je suis dans une perspective de déconstruction où je n'apprécie pas le fait d'être un homme. Je n'ai pas forcément envie d'être une femme, mais ce qu'il y a de masculin en moi, au sens toxique du terme, j'ai envie de le supprimer.” Paul
À réécouter : Regarde les hommes changer
28 février 2022

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28 min
Au moment du débat sur le mariage pour tous, Sébastien, 54 ans, s’engage en manifestant aux côtés d’amis gays. S'ensuivra l’émergence de questionnements sur le féminisme, grâce à sa femme.
“Je suis un homme, je suis hétéro, je suis blanc, je suis bourgeois, donc je représente la classe dans laquelle se retrouvent toutes les mécaniques d'oppression.” Sébastien
Le mouvement #MeToo marque une nouvelle étape dans les réflexions sur le sexisme chez Sébastien. “J'avais tendance à sexualiser très facilement mes relations avec les femmes, c'est-à-dire que je ne pouvais pas aborder une femme sans évaluer son potentiel sexuel.”
“Quand je croise une femme dans la rue, si je la trouve attirante, c'est comme ça. J'ai appris à décorréler mon comportement de cette évaluation. Et je sais aujourd'hui que je ne suis pas le seul, que j'interviens au milieu d'une meute d'autres mecs qui la regardent. Et surtout, il y a d'autres hommes qui vont voir ce regard qui signale qu'il y a une proie potentielle.” Sébastien
Sébastien se lance dans l’écriture d’un livre destiné aux hommes comme lui, pour les encourager à la “déconstruction”. “On me fait beaucoup de reproches de prendre la parole et de piquer la voix des femmes.”
“Si on a une réflexion en termes de marché, je ne leur pique pas des parts de marché puisque je parle aux hommes et qu'elles ne parlent pas aux hommes. Au contraire, je crée un nouveau marché, je crée une nouvelle audience d'hommes qui ont envie qu'on leur explique des trucs et qui n’ont jusqu'à présent pas trouvé les bonnes sources d'information.” Sébastien
“Nous, les hommes, par l'éducation, par les rapports qu'on a avec les gens, par la culture, par le cinéma, par la littérature, on a été construit dans une identité, dans des comportements qu'on attend de nous. Donc se déconstruire, c'est exactement ce qu'on a à faire.” Sébastien
À réécouter : En non-mixité
3 juin 2022

ÉCOUTER PLUS TARD
ÉCOUTER
28 min
Merci à Jérémie Claeys, Adrien Galinier pour leurs récits. Ainsi qu’à Thomas Gerard, Julien Record, et tous les membres du Cercle d'hommes de Nantes qui m'ont accueillie durant une "soirée en non-mixité hommes choisie".
Reportage : Pauline Chanu
Réalisation : Yaël Mandelbaum et Laure-Hélène Planchet
Musique de fin : Winter of Discontent par Currie Burris
Pour aller plus loin : bell hooks, La Volonté de changer - Les hommes, la masculinité et l'amour, Editions divergences, 2021
* Initiales de Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sadisme et Masochisme. Ensemble de pratiques sexuelles ou non faisant intervenir le bondage, les punitions, le sadisme et le masochisme, ou encore la domination et la soumission.
Société
Égalité femmes-hommes
Documentaire radiophonique
Documentaires de société
Féminisme
Mouvement #MeToo
Vie privée - Intimité


https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/des-hommes-deconstruits-5944418

Des hommes déconstruits ? (radiofrance.fr)

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Ce 4 novembre 2022 à 9h10, les Françaises commencent à travailler gratuitement

4 Novembre 2022, 01:53am

Publié par hugo

 Ce 4 novembre 2022 à 9h10, les Françaises commencent à travailler gratuitement
Publié le 03 novembre 2022 à 20h06
Ce 4 novembre 2022 à 9h10, les Françaises commencent à travailler gratuitement
Ce 4 novembre 2022 à 9h10, les Françaises commencent à travailler gratuitement - © lerbank / iStock

SAUVEGARDER
Comme chaque année, la newsletter féministe Les Glorieuses calcule cette date en fonction des inégalités salariales entre les genres.  

C’est un jour plus tard que l’année dernière. Une faible réjouissance, lorsqu’on sait qu’en moyenne, les femmes gagnent 15,8% de moins que les hommes en France selon Eurostat, l’organisme de statistiques de l'Union Européenne. Comme chaque année, c’est la newsletter féministe « Les Glorieuses » qui a mis en avant ce chiffre.  

Avec le hashtag #4Novembre9h10, « Les Glorieuses » veulent sensibiliser aux inégalités salariales. « Ce calcul nous permet donc de dire qu’en 2022, les femmes pourraient s’arrêter de travailler le 4 Novembre à 9h10 et 55 secondes si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes tout en gagnant ce qu’elles gagnent aujourd’hui (toujours en moyenne) à l’année », peut-on lire sur le communiqué de presse.  

UN CONGÉ PARENTALITÉ DIVISÉ ENTRE LES DEUX PARENTS  
« Les Glorieuses » proposent une pétition composée de trois propositions de politiques publiques pour diminuer les inégalités salariales. « Premièrement, il faut appliquer le principe d’éga-conditionnalité, c’est-à-dire conditionner l'accès aux marchés publics, aux subventions publiques ou encore aux prêts garantis par l’État au respect de l'égalité salariale », expliquait au « ELLE » Rebecca Amsellem, créatrice des « Glorieuses ».   

« Deuxièmement, il faut valoriser les salaires des secteurs où les femmes sont les plus nombreuses », poursuivait-elle. En France, les femmes représentent par exemple 90,4% des infirmières, 87,7% des sage-femmes et 65,7% du corps enseignant. « Et enfin, la dernière proposition, c'est le congé parentalité, donc un congé divisé entre les deux parents. » 


https://www.elle.fr/Societe/News/Ce-4-novembre-2022-a-9h10-les-Francaises-commencent-a-travailler-gratuitement-4075000

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100 femmes de culture : pour Marina Chiche "l'égalité est une décision politique"

20 Octobre 2022, 15:54pm

Publié par hugo

 100 femmes de culture : pour Marina Chiche "l'égalité est une décision politique"
Marina Chiche, distinguée parmi les <a href="https://www.femmesdeculture.com/">100 Femmes de Culture de l’année 2022</a>, en partenariat avec TV5MONDE.
Marina Chiche, distinguée parmi les 100 Femmes de Culture de l’année 2022, en partenariat avec TV5MONDE.
20 OCT 2022
 Mise à jour 20.10.2022 à 11:20 par 
TerriennesLiliane Charrier
Concertiste, musicologue, chroniqueuse, autrice – Marina Chiche a plus d'une corde à son archet. Violoniste de talent, elle s'attache à faire connaître la musique classique au grand public, et les grandes figures féminines de la musique dans son livre Musiciennes de légende. Elle est l'une des 100 Femmes de Culture de l’année 2022. Terriennes l'a rencontrée à l'occasion de cet événement.
Violoniste, autrice et chroniqueuse à la radio et à la télévision, Marina Chiche, est née un 10 novembre, en 1981, à Marseille. Trois ans plus tard naît une histoire d'amour qui n'a fait que se renforcer au fil des ans pour devenir fusionnelle, celle de Marina Chiche et de son violon. Ensemble, ils sillonnent la planète. Elle ne se sépare plus de son instrument patiné, qu'elle transporte dans un étui rose décoré par ses soins d'un motif à la Miró.

Marina Chiche remporte de nombreuses distinctions et enseigne la musique. En soliste, elle se produit avec de nombreux orchestres dans les salles les plus prestigieuses à Paris, Berlin ou Tokyo mais aussi en récital, invitée des grands festivals internationaux.

Il ne devrait plus y avoir un seul panel 100 % masculin. C'est une question d'éthique, un engagement au quotidien.

Marina Chiche

Mais pour la jeune quadragénaire, "Les gens ont besoin de partage, et ça passe par l'Art. La musique classique est une réponse", disait-elle au micro de France Inter. Si la jeune feme a à coeur de promouvoir l'égalité et la diversité dans la musique classique, elle veut aussi mettre à la portée de tous un art qui souffre encore d'une image rébarbative et élitiste. Alors elle porte la musique classique à la radio, à la télévision, et même dans les stades de football, comme ce 17 octobre 2021 au Stade Vélodrome : elle y joue We are the champions lors du match FC Lorient contre l'olympique de Marseille en Ligue 1 de football.


Musiciennes invisibles

En 2021, Marina Chiche publie Musiciennes de légende, un livre qui remet en lumière de grandes artistes oubliées du XIXe et XXe siècles. Elle rappelle cette phrase de l'historien Patrick Boucheron, qui trouve chez elle une résonance particulière : "L'histoire, c'est l'art de se souvenir de quoi les hommes et les femmes ont été capables. J'adore cette phrase, dit-elle, car ce sont les hommes... et les femmes," reprend-elle dans un éclat de rire.

Difficile, pourant, d'exhumer des archives sur ces grands talents de la musique tombées aux oubliettes de l'histoire : "J'ai dû travailler de façon très empirique, souvient-elle. Moi qui était formée pour procéder de manière académique et universitaire, j'avais envie de faire des choses de façon très ordonnée et systématique. Or il m'a fallu créer l'ordre dans le chaos, partir en quête d'indices au fin fond de Youtube, écouter les conversations, poser des questions tous azimuts et mener l'enquête. Je suis ainsi parti sur des pistes qui, parfois, ne menaient nulle part, et d'autre fois menaient à des merveilles."

Tristement, Ginette Neveu a été invisibilisée jusque dans sa mort, occulté par celle de Marcel Serdan dans le même accident d'avion.

Marina Chiche

Parmi toutes ces femmes de musique qu'elle a voulu remettre en lumière, elle se dit incapable d'en choisir l'une ou l'autre : "C'est comme si j'avais découvert toute une troupe d'amies. Des collègues féminines avec qui dialoguer à travers le temps."


Maud Powell en 1914 (affiche publicitaire)
Maud Powell en 1914 (affiche publicitaire)
©Wikipedia
Elle avoue toutefois un coup de coeur pour le destin de la violoniste Maud Powell, première violoniste américaine à atteindre un rang international. Fille de suffragette, elle disparaîtra en 1920, "juste au moment où le droit de vote a été accordé aux femmes aux Etats-Unis. Quand elle parle du violon, j'ai l'impression qu'elle a écrit ses mots avant-hier", dit Marina Chiche.

Pourtant, c'est en découvrant l'histoire d'une grande violoniste française du XXe siècle que Marina Chiche commence à mesurer combien les femmes sont été occultées de l'histoire de la musique.
Ginette Neveu : l'inspiratrice
"La grande figure de la musique féminine qui m'a lancée sur la voie des musiciennes de légende est Ginette Neveu, explique Marina Chiche de sa voix douce aux accents graves et rieurs. Si l'on connaît son nom, c'est parce qu'elle a tragiquement disparu dans un accident d'avion, celui du Constellation, à bord duquel voyageait également Marcel Cerdan, champion de boxe et amant d'Edith Piaf, qu'il allait rejoindre. Après l'accident, on a énormément parlé de Marcel Cerdan, dont la disparition a occulté celle de notre plus grande violoniste française, qui n'avait que trente ans et partait faire une immense tournée aux Etats-Unis. Tristement, Ginette Neveu a été invisibilisée jusque dans sa mort." Marina Chiche tient beaucoup à la faire vivre dans les coeurs et les mémoires : "Elle est notre 'role model', la figure qui nous porte et nous donne envie de marcher sur ses traces."

Ginette Neveu, née en 1919 et décédée prématurément en 1949 à l'âge de 30 ans, était une violoniste de génie qui connut une carrière fulgurante. Elle est aujourd'hui inhumée au Père-Lachaise, à Paris. Une rue lui est dédiée dans le 18è arrondissement.
Ginette Neveu, née en 1919 et décédée prématurément en 1949 à l'âge de 30 ans, était une violoniste de génie qui connut une carrière fulgurante. Elle est aujourd'hui inhumée au Père-Lachaise, à Paris. Une rue lui est dédiée dans le 18è arrondissement.
©Flickr
Quand elle s'intéresse à cette grande figure du violon français qu'était Ginette Neveu, Marina Chiche se rend compte qu'il y a une foule d'interprètes femmes avant elles, et après, dont l'histoire n'est pas inscrite dans la postérité. L'histoire de Ginette Neveu est la partie immergée de l'iceberg.

Nous avons l'impression que la question de l'égalité ne se pose plus au présent, alors que les chiffres de l'association française des orchestres montrent tout le contraire.

Marina Chiche

Un iceberg qui tarde à fondre, explique la violoniste : "C'est très impressionnant, car nous avons l'impression que la question ne se pose plus au présent, alors que les chiffres de l'association française des orchestres montrent tout le contraire : les femmes sont sous-représentées, que ce soit les compositrices dans les programmations, les cheffes d'orchestre – 5 % seulement – et même les femmes interprètes, instrumentistes et solistes, ne sont que 30 % dans les orchestres. Et pourtant, souligne la violoniste, les filles représentent 50 % des élèves dans les conservatoires où, dans certaines classes, elles sont plus nombreuses que les garçons."


Nécessaire prise de conscience
En France, pense Marina Chiche, la prise de conscience de l'inégalité doit être une priorité : "Dans les milieux de la culture, beaucoup n'ont même pas conscience que la question de la représentativité, l'égalité, la mixité et la diversité se pose au présent." Pour la violoniste, c'est une décision politique : "Il ne devrait plus y avoir un seul panel 100 % masculin. C'est une question d'éthique, un engagement au quotidien."

Lire aussi dans Terriennes : 

► "100 Femmes de Culture", entretien avec Rima Abdul-Malak
► M comme matrimoine avec Héloïse Luzzati
► 100 Femmes de Culture : "La culture reste une chasse gardée des hommes, et ce de manière très inconsciente"
► ​Elles : pour que les compositrices ne soient plus les oubliées de l'histoire musicale
► Concours de cheffes d'orchestre MAWOMA, les femmes à la baguette
► Musicienne et migrante : rebondir dans son pays d'adoption
► Zahia Ziouani, une "maestra" à la Fête de l’Humanité 2018, cheffe d'orchestre au coeur de la réalité
► 'Femmes en musique' : les musiciennes québécoises se rebiffent et s’unissent
► L’orchestre symphonique de Téhéran interdit de jouer pour cause de musiciennes
► Béatrice Tiriet, profession : compositrice de musique de film
► Harcelée en ligne depuis dix ans, une violoniste américaine riposte

TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 20.10.2022 à 11:20
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https://information.tv5monde.com/terriennes/100-femmes-de-culture-pour-marina-chiche-l-egalite-est-une-decision-politique-475289

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Forum Génération Egalité : un rapport en demi-teinte

6 Octobre 2022, 03:50am

Publié par hugo

 4 OCTOBRE 2022
Monde
Forum Génération Egalité : un rapport en demi-teinte

Un an après le Forum Génération Egalité qui s’est tenu à Paris en juillet 2021, le premier rapport de suivi a été présenté le 23 septembre par ONU Femmes, pendant l’Assemblée Générale des Nations Unies. Si le ton s’est résolument voulu optimiste, une certaine inquiétude face aux crises mondiales et leurs répercussions sur les droits des femmes a dominé la rencontre.

“ Cher monde, écoutez nous ! ”… Le cri lancé par la jeune Ishanvi Malayanil, ambassadrice des jeunes adolescentes du FGE, a résonné fortement en ce jour de présentation du rapport publié par l’ONU. “ N’oubliez pas de mettre en valeur les jeunes féministes, dont la priorité est l’éducation tandis que nous n’avons pas toutes accès facilement aux ressources numériques! Merci de tout faire à l’avenir pour éliminer les barrières qui empêchent les jeunes d’être incluses dans l’égalité ! ”.

Le message de cette jeune femme sera-t-il entendu par l’organisation chargée de mettre en oeuvre les engagements pris par les Etats et la société civile lors de ce forum, organisé vingt-cinq ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue à Pékin en 1995 ? Comme le souligne Papa Seck, chef de la recherche à ONU Femmes et chargé de résumer le rapport : “ même si nous avons franchi des jalons et mis sur pied de très nombreux tableaux de bord de plus de 2400 engagements d’actions; représentant plus de 24 milliards de dollars , ce document reflète, c’est indéniable, un sentiment d’urgence. Les données que nous avons collectées sont encourageantes, mais seulement 30% des promesses d’engagement ont envoyé leur bilan d’étape. Le parcours doit donc se poursuivre, dans chacun des domaines de coalition : violence fondées sur le genre, justice et droits économiques, justice climatique, droits sexuels et reproductifs, leadership féministe et technologies. ”

Même propos inquiet chez Sima Bahous, directrice exécutive d’ONU Femmes “ Ce Forum a été un succès, mais il faut en réussir la suite, car les droits des femmes sont agressés aujourd’hui plus que jamais, par les conséquences de la pandémie. Nous avons pour l’instant planté des graines qui commencent à fleurir dans le monde entier, mais ce qui nous manque encore, ce sont les chiffres des résultats, et, bien sûr, plus de ressources financières car si nous doublons le financement, nous doublerons l’impact en faveur des filles et des femmes. Je vous donne donc rendez vous dans un an, avec plus de résultats ! ”.

Pour Catherine Colonna, enfin, il faut continuer de “ se mobiliser sans relâche ”. La ministre française des Affaires étrangères n’hésite pas à parler de “ hausse des discriminations et de régression, même dans les pays proches. C’est pourquoi le FGE est essentiel à condition de traduire les engagements en actes ”….

Ce que ne refuseront certainement pas les activistes du Global Fund et de l’ONG britannique We are purposeful. D’une même voix elles rappellent qu’un processus de responsabilisation des ONG de terrain est essentiel : “ Il faut mettre les mouvements féministes aux commandes, distribuer directement les fonds qui aujourd’hui encore n’arrivent que très peu entre les mains des filles et des femmes ! ”

Moïra Sauvage 50-50 Magazine

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Octobre – Féminisme/LGBT+ | Revue de presse Emancipation dit :
4 octobre 2022 à 17 h 26 min
[…] Forum génération égalité, un rapport en demi-teinte (50/50)


https://www.50-50magazine.fr/2022/10/04/forum-generation-egalite-un-rapport-en-demi-teinte/

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Écart salarial : l’Institut pour l’Egalité avance ses propres chiffres

30 Septembre 2022, 00:01am

Publié par hugo

 Écart salarial : l’Institut pour l’Egalité avance ses propres chiffres

mercredi dernier à 19:07

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Le 27 septembre, une nouvelle enquête publiée par l’Office belge de statistique, Statbel, concluait que l’écart salarial entre les hommes et les femmes travaillant à temps plein a pratiquement complètement disparu depuis 2019. En Région wallonne, les femmes gagnent même en moyenne plus que les hommes, selon cette enquête.

L’Institut pour l’Égalité entre les femmes et les hommes a publié ce 28 septembre un communiqué à ce sujet. La pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires ont eu un impact important sur l’emploi en 2020. L’impact sur l’écart salarial est toutefois resté limité, même s’il semble positif à première vue : l’écart salarial s’est légèrement réduit par rapport à 2019.

Les données de 2020 de l’Office National de Sécurité Sociale (ONSS) indiquent que l’écart salarial s’élève à 8,5% après correction pour la durée de travail, et à 21,6% sans correction. Ce qui représente effectivement une légère baisse par rapport à l’année précédente.

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L’écart salarial entre hommes et femmes se réduit depuis 2019, selon Statbel

"Pas de quoi se réjouir"
"Il n’y a néanmoins pas de quoi se réjouir : cette baisse serait principalement due au fait que de nombreuses femmes touchant des salaires peu élevés n’ont pas pu travailler", note l’Institut. L’absence, sur le marché du travail, des ouvrières, qui ont souvent des salaires très peu élevés, fait qu’elles n’ont pas été prises en compte dans le calcul du salaire moyen des femmes. Conséquence : un salaire moyen plus élevé pour les femmes en 2020 et un écart salarial plus petit.

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Michel Pasteel, directeur de l’Institut, explique : "Les conséquences de la pandémie ont été inégalement réparties. Les personnes qui étaient déjà vulnérables sur le marché du travail ont souvent été les plus durement touchées. Pensez aux aides ménagères, aux aides de cuisine, aux ouvrières dans les usines, etc. Nous devons mener des actions ciblées pour soutenir ce groupe, afin qu’il puisse garder la tête hors de l’eau lors des crises actuelles et futures."

De nombreuses expertes avaient tiré la sonnette d’alarme durant la pandémie à propos de la place des femmes sur le marché du travail.

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Les femmes risquent de disparaître du marché de l'emploi à cause de la pandémie

Selon l’Institut, les chiffres de l’écart salarial (en particulier en Wallonie) doivent être comparés entre secteurs (une grande partie de l’écart salarial est due à la surreprésentation des femmes dans les secteurs peu valorisés financièrement : soins de santé, crèches, ou encore aides à domicile). Par ailleurs, l’analyse sur base du salaire brut mensuel ne permet pas de tenir suffisamment compte de l’impact du temps partiel. Or, plus de 4 travailleuses salariées sur 10 travaillent à temps partiel (contre seulement un salarié masculin sur 10).

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https://www.rtbf.be/article/ecart-salarial-linstitut-pour-legalite-avance-ses-propres-chiffres-11075565

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Mar Merita Blat : « Notre objectif est de faire en sorte que le genre soit transversalisé à l’intérieur des différents projets que l’AFD mène »

25 Septembre 2022, 03:25am

Publié par hugo

 20 SEPTEMBRE 2022
France \ Politique
Mar Merita Blat : « Notre objectif est de faire en sorte que le genre soit transversalisé à l’intérieur des différents projets que l’AFD mène »

L’Agence Française de Développement (AFD) finance et accompagne des projets de développement d’Etats, de banques de développement et d’ONG dans de très nombreux pays. Pour l’Agence, l’égalité entre les femmes et les hommes est une condition essentielle au développement durable. Mar Merita Blat est experte genre à l’AFD.

Quelle est votre mission à l’AFD ?

La mission principale de l’équipe genre de l’AFD est d’atteindre les objectifs fixés par la stratégie internationale de la France en matière d’égalité femmes/hommes 2018-2022 pour l’AFD, à savoir 50 % de projets CAD 1 ou CAD 2 en 2022 (1). Cette cible a été progressive entre 2018 et 2022 : nous avons d’abord démarré en 2018 avec une cible à 30 %. Il est important de préciser que la loi du 4 août 2021 sur le développement demande à ce que 75 % de l’Aide Publique au Développement (APD) soit CAD 1 et CAD 2 (dont 20% de CAD 2), ce qui signifie que le pôle genre continuera d’accompagner les équipes de l’AFD qui portent des projets de développement sur le genre avec les Etats, la société civile et les banques de développement.

Notre objectif est de faire en sorte que le genre soit transversalisé à l’intérieur des différents projets que l’AFD mène, tout en prônant aussi la mise en place de projets spécifiques sur la thématique. Cela peut se matérialiser à travers des projets classiques sur la santé ou l’éducation, avec la construction de projets spécifiques sur le genre (ex. de projets sur les droits et la santé sexuelle et reproductive ou les violences basées sur le genre), mais aussi avec des projets qui répondent à plusieurs enjeux, comme ceux qui traitent le lien entre genre et climat.

Concrètement, nous avons mis en place plusieurs outils, comme des formations, des boîtes à outils, des fiches pays ou encore des plans d’actions genre, et un membre de l’équipe genre est entièrement dédié au travail d’animation, de suivi et de formation des référent.es genre de l’AFD. Nous recensons aujourd’hui 142 personnes qui sont référentes genre au sein de leur division technique (santé, éducation, énergie, etc.) mais aussi au niveau géographique sur le terrain, tant dans les agences que dans les directions régionales. 

L’importance de créer des alliances stratégiques est également essentielle pour nous, car cela nous permet non seulement de cofinancer des projets conjointement mais aussi d’échanger sur des sujets techniques. 

Etant en charge des relations externes, je travaille avec différents partenaires techniques et financiers afin d’explorer les opportunités de cofinancement sur le genre, comme certaines banques de développement, telles que la Banque Mondiale, la Banque Interaméricaine de Développement, ou bien des bailleurs privés et philanthropiques comme la fondation Gates. En dehors de la recherche de cofinancements, nous travaillons beaucoup pour établir des échanges de bonnes pratiques sur nos sujets prioritaires. Par exemple, nous sommes en train d’approfondir les thématiques « genre et climat », « budgétisation sensible au genre » ou « lignes de crédits spécifique en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ». 

En plus de ce volet partenarial, je suis responsable de la communication externe, de l’organisation de l’événementiel sur le genre et de la redevabilité vis-à-vis de nos tutelles, notamment de nos ministères français. 

Enfin, j’ai le plaisir de co-coordonner le Fonds de Soutien aux Organisations Féministes, avec d’autres collègues au sein de l’AFD et du ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères.

Comment définiriez vous la diplomatie féministe ? Est-ce que c’est quelque chose qu’il faut mettre plus en avant ?

La diplomatie féministe permet la poursuite de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les secteurs liés à la politique étrangère de la France. L’AFD s’est engagée en tant qu’agence féministe dans la lignée de la diplomatie féministe française, et cela a fait pleinement partie de nos engagements pour le FGE.

Être une agence féministe signifie selon moi également d’accepter d’être dans un processus d’apprentissage et d’amélioration continuel. Viser ce changement transformationnel suppose d’être toujours dans la déconstruction des mécanismes de domination patriarcale, tout en tenant en compte la réalité et le contexte dans lesquels nous travaillons. Avec cet auto-questionnement permanent, j’espère que nos actions auront plus d’impacts et d’effets de leviers pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Et c’est sûr qu’on ne finit jamais d’apprendre à ce sujet !

C’est extrêmement positif que la France se soit déclarée comme diplomatie féministe. Et pour l’AFD, c’est un moteur particulièrement important tant en interne, que dans notre dialogue avec les contreparties. Il s’agit d’une différence importante de positionnement, et pour laquelle nous nous inspirons des pratiques portées par d’autres bailleurs féministes comme le Canada, la Suède, le Mexique, l’Islande ou l’Espagne.

Pourriez vous me donner un ou deux exemples concrets de vos actions ?

En Centrafrique, dans le département santé, mes collègues suivent un projet qui me tient particulièrement à cœur, porté par la fondation Panzi, sur un centre d’accueil pour les victimes de violences sexuelles. Ce centre est directement inspiré de ce que le docteur Mukwege (2)  a mis en place en République Démocratique du Congo. Nous aimons beaucoup ce projet parce que nous sommes intimement persuadées que la coopération Sud-Sud peut permettre de résoudre énormément de choses. Il s’agit là d’un exemple très clair de comment un pays a pu inspirer un autre à travers un échange de bonnes pratiques. Ce centre d’accueil propose une approche holistique : nous travaillons le médical, l’accompagnement psychosocial, l’autonomisation et bien d’autres aspects avec les survivantes, à l’image de ce qu’a déjà construit le docteur Mukwege.

Le centre a ouvert ses portes fin 2019 et nous avons d’ailleurs profité de l’évènement organisé par Expertise France sur les violences basées sur le genre, le 9 Juin 2022, pour le mettre en avant. 

Nous nous sommes données la mission de répondre à toutes les demandes qui émanent du terrain et toutes, viennent des agences de l’AFD qui elles-mêmes dialoguent avec les Etats, et les associations sur le terrain.

En Amérique Latine, zone où nous avons moins de subventions et nous octroyons davantage de prêts de politiques publiques, nous avons un projet qui a été attribué en 2021 au gouvernement du Costa Rica sur la décarbonisation. Ce projet a intégré le genre à l’intérieur de ces composantes, réussissant ainsi à lier pleinement les thématiques genre et climat. 

Est-ce que vous pensez que le Forum Génération Egalité (FGE) qui s’est tenu en France en 2021 a été à la hauteur des ambitions affichées?

Je pense qu’ONU Femmes a eu raison d’organiser le FGE aux côtés du Mexique, de la France ainsi que de la société civile, et que celui-ci a eu une grande ambition. Au vu du contexte qui était celui de 2021 avec la COVID, le FGE a été très porté au niveau français, tant par le gouvernement que par la société civile. J’ai eu la chance de faire partie de l’équipe de mise en place du FGE au niveau interministériel et j’ai vu les efforts qui nous avons toutes et tous déployés au niveau national et international. Il me semble que le FGE a réussi son pari d’arriver à rassembler autour de la communauté internationale les acteurs/actrices qui étaient le plus investi.es. Malheureusement, je constate que cet évènement, malgré le fait d’avoir réussi à mobiliser 40 milliards d’€ pour les droits des femmes, n’a pas été repris à la hauteur de ce que l’on pensait au niveau médiatique.

Je compare souvent la cause de l’égalité femmes/hommes à celle du climat parce que pour moi ce sont deux urgences, toutes aussi importantes. Et nous avons souvent, et c’est très bien, entendu parler de la Conférence des Parties (COP). Par contre, personne n’entend parler de la Commission de la Condition de la Femme (CSW), alors que c’est l’équivalent de la COP en termes d’agenda international des droits des femmes… Je ne comprends pas pourquoi la CSW n’est pas plus médiatisée. Je pense que l’égalité femmes/hommes est un sujet politique qui n’est malheureusement pas suffisamment repris par les médias. Le FGE était vraiment un évènement qui aurait dû être plus mobilisateur.

Travaillez vous avec beaucoup d’associations et ONG féministes françaises ?

Dans le cadre de mes fonctions sur le Fonds de Soutien aux Organisations Féministes, j’ai l’occasion de travailler avec de nombreuses associations et ONG féministes françaises et du monde entier. L’objectif du Fonds est de financer les organisations féministes des pays de la coopération au développement de la France, surtout celles de petite taille travaillant sur les différents sujets en matière d’égalité femmes/hommes. Nous pouvons ainsi financer les organisations féministes françaises ou de toute autre nationalité travaillant dans ces pays. Par contre, il est à préciser que nous n’avons pas vocation à financer le travail des associations et ONG féministes en France. 

Parlez nous du Fonds de soutien aux organisations féministes

Un engagement a été porté lors de la présidence française du G7, en 2019, de financer les associations féministes des pays du Sud à hauteur de 120 Millions d’€. Et donc depuis la mi-2020 nous co-pilotons avec le ministère des Affaires Étrangères, le Fonds de soutien aux organisations féministes. L’objectif du Fonds est d’arriver à financer sur trois ans (entre 2020 et 2022) à hauteur de 120 Millions d’€ des associations, 65 % en Afrique et 35 % dans d’autre pays. Cet objectif a été rempli.

Par exemple, le projet « Féministes en action » porté par Care France a été octroyé fin 2020 avec 15 millions d’€, sur les droits et la santé sexuels et reproductifs, les violences basées sur le genre, l’autonomisation économique et l’accès aux droits. Ce projet concerne 30 pays dans le monde et financera pendant 4 ans de nombreuses organisations féministes sur le terrain. Le Fonds travaille sur un panel assez large de thématiques : des projets ont par exemple été octroyés sur genre et climat, sur l’emploi des femmes, sur l’éducation des filles, etc.

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 Magazine

(1)  Le marqueur genre est un indicateur développé par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE afin d’évaluer la prise en compte du genre dans les ressources allouées au développement. Il se compose de trois valeurs :

CAD 0 : l’égalité femmes/hommes n’est pas ciblée dans le projet

CAD 1 : l’égalité femmes/hommes est un objectif significatif du projet

CAD 2 : l’égalité femmes/hommes est l’objectif principal du projet

(2) Chirurgien gynécologue de renommée mondiale et Prix Nobel de la Paix en 2018

(3) La Commission de la condition de la femme des Nations Unies dont la 66e édition a eu lieu du 15 au 22 mars 2022

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https://www.50-50magazine.fr/2022/09/20/mar-merita-blat/

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Au rythme où évolue la situation, il faudra presque trois siècles pour atteindre l'égalité femmes-hommes, alerte l'ONU

15 Septembre 2022, 02:51am

Publié par hugo

Au rythme où évolue la situation, il faudra presque trois siècles pour atteindre l'égalité femmes-hommes, alerte l'ONU
Par Juliette Hochberg Publié le 08/09/2022 à 11:26
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Les crises engendrées par la pandémie de Covid-19, les changements climatiques et les différents conflits actuels, tels que la guerre en Ukraine, ont creusé drastiquement les inégalités femmes-hommes à l'échelle mondiale. Un dense rapport publié par deux agences onusiennes mercredi 7 septembre 2022 chiffre les nombreuses régressions que ces évènements ont causé dans la vie de millions de femmes et de filles. Édifiant.
3. "Au rythme où évolue la situation actuellement", c'est le nombre de siècles qu'il faudra pour parvenir à l'égalité femmes-hommes, alerte l'ONU, dans un rapport publié par ONU Femmes et le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), publié ce mercredi 7 septembre 2022. 

Des inégalités exacerbées par la crise mondiale
"Les défis mondiaux, comme la pandémie de Covid-19 et ses séquelles, les conflits violents, les changements climatiques et les attitudes négatives à propos de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes aggravent davantage les disparités entre les sexes", analysent les agences onusiennes dans un communiqué qui présente leur document chiffré.

L'étude estime aussi, qu'"au rythme actuel des progrès" - une nouvelle fois -, les "lacunes en matière de protection juridique et la suppression des lois discriminatoires" seront comblées d'ici 286 ans. Autre donnée édifiante : il faudra 140 ans pour que les femmes soient "représentées sur un pied d’égalité dans des positions de pouvoir et de leadership sur le lieu de travail".

Quatre décennies seront également nécessaires pour que la parité soit atteinte dans les parlements nationaux, toujours d'après l'étude des organisations des Nations Unies.

Ces estimations sont très éloignées des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, qui avait fixé pour but d'atteindre l'égalité femmes-hommes d'ici 2030.

Lire aussi :
Diene Keita, des Nations Unies : "Une grossesse non intentionnelle peut entraîner un mariage forcé"
Quand la crise du Covid-19 renforce les inégalités femmes-hommes
Vidéo du jour :

Confrontées à l'extrême pauvreté plus que les hommes
Dans cette étude, l'ONU s'est également intéressée à la question des mariages précoces et forcés, et notamment ceux des filles issues de foyers pauvres originaires de milieux ruraux ou de zones de conflits, parmi les plus affectées. Elle indique qui les progrès devront être 17 fois plus rapides que ceux réalisés cette dernière décennie si l'on souhaite éradiquer ce fléau d'ici 2030.

Les inégalités femmes-hommes risquent de se creuser davantage à cause de l'actuelle hausse des prix, prévient aussi le rapport, qui prévoit qu'à la fin de cette année 2022, environ 383 millions de femmes et de filles vivront dans une extrême pauvreté, soit, avec moins de 1,90 dollar US par jour (ce qui équivaut à 1,90 euros au moment de la publication de cette étude). 

383 millions, c'est 15 millions de plus que pour les hommes et les garçons, qui seront 368 millions à se trouver dans cette situation alarmante.


À la fin de l'année 2021, le nombre de femmes et de filles déplacées de force s'élève environ à 44 millions. C'est plus "que jamais auparavant", s'inquiète l'ONU Femmes et le DESA.

Et désormais, plus de 1,2 milliard de femmes et de filles en âge de procréer - âgées de 15 à 49 ans - vivent dans des pays et des régions "où une restriction quelconque est imposée à l’accès à un avortement sûr".

Chaque année supplémentaire de scolarisation peut augmenter le revenu d’une fille jusqu’à 20 %, une fois devenue adulte.

Quelles solutions pour empêcher sinon ralentir ces inquiétantes prévisions ? L'éducation universelles des filles, en partie, répond l'ONU.

Car "chaque année supplémentaire de scolarisation peut augmenter le revenu d’une fille jusqu’à 20 %, une fois devenue adulte, et il peut être accompagné d’impacts supplémentaires en termes de réduction de la pauvreté, de meilleure santé maternelle, de mortalité infantile plus faible, de meilleure prévention du VIH et de réduction de la violence à l’égard des femmes".

Lire aussi :


https://www.marieclaire.fr/au-rythme-ou-evolue-la-situation-il-faudra-presque-trois-siecles-pour-atteindre-l-egalite-femmes-hommes-alerte-l-onu,1433245.asp

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Hélène Bidard: « Il ne faut pas oublier les puéricultrices, les infirmières, les agricultrices, les femmes de ménages, etc. » 2/2

13 Septembre 2022, 02:24am

Publié par hugo

 6 SEPTEMBRE 2022
France \ Politique
Hélène Bidard: « Il ne faut pas oublier les puéricultrices, les infirmières, les agricultrices, les femmes de ménages, etc. » 2/2
Helene Bidard
Hélène Bidard est adjointe à la Maire de Paris en charge de l’égalité femmes/hommes, de la jeunesse et de l’éducation populaire. Elle revient sur Paris la ville du quart d’heure, la revalorisation des métiers féminisés, les collèges de l’égalité, la lutte contre la prostitution des mineu·res, son travail avec l’Observatoire des violences faites aux femmes, ses projets sur l’égalité professionnelle…

En quoi consiste votre travail en lien avec l’Observatoire parisien des violences faites aux femmes (OPVF) ? 

L’OPVF est la seule instance qui permet de mettre toutes/tous les actrices/acteurs concerné·es autour de la table. Il y a des associations et institutions comme la CAF, l’Éducation Nationale ainsi que le Parquet représenté par la procureure elle-même, ce qui montre l’importance de ces réunions. L’Union des familles de victimes de féminicides (UNFF) nous a rejoint cette année, ainsi que l’association Aurore.

En 2022, sur les quatre premiers mois, le parquet a eu 300 procédures pour violences par conjoint. Il faut sans doute multiplier ce chiffre par deux, car lorsqu’on ajoute un autre critère comme l’usage d’une arme, ce n’est plus considéré comme une violence par conjoint dans leur logiciel. Il faut donc plutôt en compter 600 sur les quatre premiers mois. Le Parquet souhaite affiner ces chiffres, en incluant justement ce type de critère. Le gouvernement a publié seulement cet été les chiffres des féminicides pour 2021, c’est un problème pour les associations et les collectivités locales. Le contexte des élections présidentielles et législatives a dû jouer un rôle, vu le bilan lamentable de la « grande cause du quinquennat ». Espérons que cela ne dure pas. Laure Beccuau, la procureure, a établi le chiffre de 20 procédures par jour concernant des violences par conjoint. C’est énorme. Cela représente également plus d’un tiers des personnes suivies par le Service probation insertion pénitentiaire (SPIP). C’est donc un suivi énorme et il n’y a eu aucune augmentation conséquente de moyens depuis #MeToo.

Entre 2014 et aujourd’hui, nous sommes passés de 14 à 60 téléphones grave danger (TGD) à Paris ; c’est un dispositif qui fonctionne bien. Mais là aussi, nous aurions besoin de moyens supplémentaires. Plus on augmente le nombre de TGD, plus il y a de femmes accompagnées sur plusieurs mois, voire années. Il y a neuf bracelets anti-rapprochement à Paris, ce qui est peu, mais aussi moins adapté dans les zones denses comme Paris.

L’OPVF dresse des bilans chaque année avec les institutions dédiées aux violences faites aux femmes. On constate une augmentation du nombre d’ordonnances de protection, une augmentation des saisines des unités médico-judiciaires, une augmentation des « files actives » dans tous les dispositifs. En réalité, notre bilan est assez clair : toutes les structures et tous les dispositifs d’accompagnement de l’hébergement, de la santé, des services sociaux sont saturés. Est-ce qu’il y a plus de violences ? Probablement, à cause du Covid et du confinement. Mais il y a aussi plus de révélations dues à MeToo. Pendant le confinement, les voisin·es ont énormément agi et hésitaient moins à intervenir lorsqu’elles/ils entendaient des cris, par exemple.

Nous avons fait passer la délibération au dernier conseil de Paris, nous finançons à hauteur de 500 000 euros les associations qui luttent contre les violences faites aux femmes. Il s’agit d’un budget dédié à l’accompagnement et à l’écoute des victimes de violences faites aux femmes. Cette subvention a été augmentée de 93% sous le précédent mandat. Nous sommes les seul·es à avoir pu augmenter de cette manière, il faudrait qu’il en soit de même du côté de l’Etat, pour les associations et les services publics.

Mais il y a tout de même de bonnes nouvelles concernant le logement : avec la Ville de Paris, nous avions mis en place des cotations, c’est-à-dire qu’il y a des critères « accélérateurs » pour obtenir un logement social lorsque l’on est victime de violences conjugales. C’est important pour se reconstruire sur le long terme. La plainte et les éléments qui montrent une procédure en cours augmentent le nombre de points. À Paris, 1% des 15% de femmes relogées, victimes de violences, dépose plainte. Fin 2023, cette politique volontariste de la Ville sur ses quotas de logements sociaux, sera appliquée à de nouveaux acteurs (bailleurs sociaux, quotas de l’Etat…). C’est une très bonne nouvelle. 

Par ailleurs, pour le 25 novembre, nous allons travailler sur la question de la santé et de la prise en charge médicale des femmes victimes de violences. L’idée est de travailler avec des professionnel·les de la santé, qui sont dans les hôpitaux ou qui travaillent en libéral. Il y a des statuts très divers et nous devons réfléchir ensemble aux manières d’orienter les femmes victimes de violences et aux lieux appropriés pour les orienter. Dans l’idéal, tout·e professionel·le de santé devrait systématiquement poser la question des violences à une femme, à un enfant, lorsqu’il y a des symptômes. Mais il faut pouvoir les identifier. Par exemple, certaines femmes viennent avec des problèmes ORL et c’est à cause de coups au visage. Cela peut aussi causer des problèmes dentaires. C’est pour cette raison qu’il faut poser des questions. Cela peut aussi être une pathologie psychiatrique qui s’est développée à cause des violences. Il y a énormément à gagner en détectant tôt les violences.

Il faut aussi poser ce type de questions aux enfants, 9% des cas de violences sur les enfants sont signalés par des professionnel·les de santé. C’est peu, mais on ne leur pose pas la question. Il faut encourager les professionnel·les, leur permettre aussi de prendre le temps. Il faut leur donner des outils pour qu’elles/ils sachent orienter les personnes victimes de violences vers des professionnel·les spécialisé.es. Il est nécessaire de mettre en place un réseau pour pouvoir agir, localement, avec le commissariat, des assistant·es sociaux/sociales, les associations. Nous avons beaucoup d’idées et le 24 novembre, il y aura une journée de formation interprofessionnelle sur les thématiques de l’impact des violences sur la santé des femmes et de leur prise en charge globale.

Quels sont vos projets en rapport avec l’égalité professionnelle ? 

Nous avons pris une génération de retard sur ces sujets avec les politiques d’austérité, dont celles d’Emmanuel Macron, puis avec les conséquences du COVID 19 sur les femmes, non traitées dans le plan de relance du gouvernement. Le fait de télétravailler est pratique mais renvoie les femmes à la maison et accentue les inégalités domestiques. L’égalité professionnelle recule à cause de politiques d’austérité et des réformes du marché du travail qui précarisent toujours plus les femmes. Les « essentielles » n’ont pas eu de revalorisation à la hauteur. Il faut que des efforts soient faits pour ne pas oublier les puéricultrices, les infirmières, les agricultrices, les femmes de ménages, etc.

Nous connaissons les lois, il y en a 14 et elles ne sont pas appliquées. Si l’Etat veut nommer des administratrices/administrateurs judiciaires dans les entreprises pour contribuer à l’égalité salariale, c’est possible d’y arriver en six mois. C’est possible de l’appliquer aux administrations publiques aussi. Il ne s’agit que de volonté politique nationale, mais cela sera très compliqué avec ce gouvernement. Il faut que les syndicats se mobilisent.

Est-ce que vous menez des actions à un niveau international ? 

Il y a un adjoint qui est chargé des questions internationales et européennes, Arnaud Ngatcha. La Maire porte également ces sujets, c’est la première femme maire de Paris. Il y a eu beaucoup d’échanges avec des villes d’autres pays, notamment à travers le réseau francophone. Ce qui est intéressant pour nous, ce sont les mouvements en Europe, comme en Pologne où il y a des remises en cause des droits des femmes qui continuent, notamment le droit à l’IVG. Mais il y a aussi des avancées, avec des perspectives intéressantes avec l’Espagne. Nous sommes en lien avec des élues espagnoles, la Maire de Barcelone, par exemple. Mais il y a aussi des reculs des droits des femmes, en Afghanistan, aux USA etc. il y a heureusement des progrès dans les villes, et c’est intéressant pour nous d’avoir des contacts avec de grandes capitales, de grandes collectivités en Europe sur ces questions là. Concernant la traite des êtres humains, si nous n’avons pas de contact avec les autres pays européens, nous n’avons pas les outils pour comprendre le phénomène, les circuits, les différentes méthodes des réseaux criminels selon les législations nationales… Nous avons beaucoup de relations internationales concernant notre démarche « genre et espace public », nous avions besoin de regarder ce qu’il se passait dans d’autres collectivités et beaucoup sont venues voir les expérimentations parisiennes.

Paris est une ville phare sur l’égalité femmes/hommes, le violentomètre a été traduit dans plusieurs langues, par exemple, et cet outil a été repris à l’étranger. Et la Cité audacieuse est également un lieu identifié et attractif pour nos collègues et les organisations féministes du monde.

J’ai rencontré il y a quelques semaines une délégation du Réseau des Femmes Elues Locales d’Afrique (REFELA) qui regroupe des élues de différents pays d’Afrique. Leur volonté était de connaître les politiques menées en matière d’égalité à Paris. Ce type d’échanges est aussi enrichissant pour nous, notamment sur le lien entre les droits des femmes et la crise climatique.

Enfin, les Jeux Olympiques vont être un enjeu dans les deux années à venir et il va falloir construire des jeux respectueux des droits des femmes et « safe ». Nous allons parler au monde à ce moment-là, nos engagements doivent être clairs. En ce sens, nous tentons actuellement de réserver des endroits de l’espace public pour le sport des femmes, avec des programmes spécifiques. Sans ces programmes, les femmes ne font pas de sport dans l’espace public, seuls les hommes s’approprient les lieux en libre accès. Ce sont aussi des sujets que nous souhaitons aborder pendant les Jeux Olympiques, notamment avec les délégations étrangères.

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 Magazine


https://www.50-50magazine.fr/2022/09/06/helene-bidard-il-ne-faut-pas-oublier-les-puericultrices-les-infirmieres-les-agricultrices-les-femmes-de-menages-etc-2-2/

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