Le massacre de la Saint-Barthélemy est-il un lieu de mémoire victimaire (fin XVIe siècle - 2009) ? *
Dans la mémoire collective française, le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) constitue encore le premier événement fondateur négatif, c’est-à-dire un événement dramatique qui a la double valeur de faire coupure et de faire origine. Lors des polémiques récentes au sujet des lois sur l’histoire, l’historien Pierre Nora, à l’initiative de la pétition « Liberté pour l’Histoire » (Le Monde 11 octobre 2008), évoque par l’absurde la multiplication des propositions de lois mémorielles concernant les tueries de masse, parmi lesquelles la Saint-Barthélemy est le massacre le plus ancien !* Cependant, à la différence d’autres massacres « étalons » ultérieurs, la Saint-Barthélemy n’a jamais été assortie d’une « commémoration dans le deuil »* périodique. À l’exception de la tradition synagogale des Juifs d’Europe*, la fabrication des lieux de mémoire victimaire appartient, il est vrai, au second XXe siècle, période de l’héroïsation des victimes de masse et des repentances institutionnelles*. Certes, au sein de la communauté réformée actuelle*, depuis les années 1970, se déroule une cérémonie parisienne au temple de l’Oratoire du Louvre. Mais cette commémoration est d’une ampleur négligeable en comparaison avec la célébration annuelle de la révolte des Camisards et de l’Église au Désert, dans les Cévennes*.
De nombreux facteurs expliquent la discrétion du lieu de mémoire de la Saint-Barthélemy. Le quartier parisien du Vieux Louvre où dans la nuit du 23 au 24 août 1572 débuta le massacre des « huguenots de guerre »* n’a jamais correspondu à une concentration urbaine de la communauté réformée*. Ce triangle se structure aujourd’hui autour du temple de l’Oratoire au chevet duquel fut édifié le monument Coligny en 1889, la rue de l’Amiral de Coligny (tronçon de la rue du Louvre baptisé du nom de l’Amiral en 1972) allant du quai du Louvre à la rue de Rivoli devant l’église Saint-Germain l’Auxerrois et une plaque rue de Rivoli qui indique l’ancienne demeure de l’amiral dans laquelle celui-ci fut exécuté, puis défenestré*.
Cependant, au milieu des enseignes touristiques, difficile d’avoir conscience de se trouver dans un lieu où se déroula une tuerie ! Et cela en dépit du carillon aux 40 cloches du beffroi de la mairie du 1e arrondissement qui sonne le cantique luthérien « C'est un rempart que notre Dieu » tous les jours à 20 h*. Il existe aussi cette plaque commémorative, mais apposée par erreur au n° 144 au lieu du 136 de la rue de Rivoli, elle révèle les difficultés à se représenter le quartier du XVIe siècle, suite aux transformations successives du quartier. Quant au monument Coligny, il s’avère un mémorial plutôt qu’un lieu de mémoire victimaire. Malgré sa hauteur de près de dix mètres, encastré derrière les arcades de la rue de Rivoli et des grilles, il n’a que peu de visibilité.
Pourtant, au temple de l’Oratoire, une cérémonie rappelle le massacre le dimanche le plus proche du 24 août depuis les années 1970. André Parrot, archéologue, directeur du Musée du Louvre et pasteur officiant à l’Oratoire, en fut l’initiateur. L’historien et pasteur Philippe Vassaux lui succéda et en est encore aujourd’hui l’animateur. Bien que célébré au temple, l’anniversaire demeure toutefois marginal à la vie quotidienne de la paroisse*. Il rassemble près de 150 personnes, des fidèles de la paroisse, mais aussi d’autres paroisses de la capitale auxquels il faut ajouter les curieux. Ce chiffre est plus élevé que la fréquentation dominicale estivale habituelle et en croissance depuis quelques années.
La commémoration consiste d’une part en une prédication dans le temple et la déposition d’une gerbe de fleurs devant le monument au cours de laquelle les fidèles entonnent le cantique 150 « À toi la gloire ». D’autre part, une visite du quartier du Vieux Louvre se déroule entre le culte et l’hommage devant la statue. Les premiers actes relèvent d’une logique interne à la communauté : temple, sermon et chant confessionnel s’apparentent à un culte d’action de grâces que l’on retrouve dans les cérémonies funéraires protestantes depuis le XIXe siècle. Le cantique 150, sorte de chant de ralliement pour les protestants, est traditionnel pour les enterrements, le culte de Pâques et des assemblées solennelles*. En revanche, la promenade, à laquelle s’agrègent des badauds, ressemble à une ballade historique. D’ailleurs le « pasteur-guide » n’hésite pas à faire des allusions à l’anniversaire de la Libération de Paris (25 août) en rappelant l’office de gouverneur de Paris que détenait Coligny et la défense de la place de Saint-Quentin (1557) qu’il conduisit contre les armées de Philippe II d’Espagne afin de protéger la capitale.
La prédication du 23 août 2009 porta sur la figure de l’Amiral de Coligny, la victime la plus illustre de la tragédie. Cependant, le pasteur prévient les fidèles contre le culte des saints, originalité essentielle à la Réforme. L’évidence de la leçon théologique pour un auditoire protestant est assortie d’une remarque plus sociologique par la mise en exergue d’un éventuel complexe de supériorité communautaire issu d’un culte mémoriel. À l’appui, le prédicateur rappelle un souvenir de jeunesse lors de son arrivée dans une paroisse nîmoise ; son hôte lui demanda s’il avait parmi ses ancêtres « un rameur », autrement dit un galérien. Par cette anecdote, il pointe une éventuelle fierté communautaire cévenole construite à partir des épreuves des huguenots du XVIIIe siècle. Ce discours s’inscrit dans la tradition libérale, marquée par la sociologie des hautes classes intellectuelles de la paroisse de l’Oratoire du Louvre. Forgée au XIXe siècle, celle-ci est particulièrement sensible au risque du « complexe de supériorité » communautaire et du culte des saints, mais est actuellement très minoritaire dans le paysage protestant*.
Le sermon de Vassaux stigmatise la menace d’un repli identitaire des « protestants établis », alors que la vitalité protestante revient aujourd’hui aux « protestants de conversion », des néo-protestants évangéliques et pentecôtistes (un tiers de la Fédération Protestante de France)*, souvent originaires de pays et d’histoires totalement étrangères aux guerres de Religion*. La commémoration du massacre ne correspondrait donc plus à la réalité sociologique de la réforme française, accentuée par le refus d’une dynamique « ethnique » qui délimite un « in-group » et un « out-group »*. L’absence du rappel explicite du massacre des 3000 huguenots parisiens en est le symptôme le plus évident dans la mesure où il distingue ce mémorial des mémoriaux issus de la Deuxième guerre mondiale, par exemple.
L’historien doit alors revenir à l’origine de la commémoration pour saisir ce non-dit. Aux lendemains du massacre, une censure officielle est mise en œuvre pour occulter les violences de la Saint-Barthélemy, tandis que l’Église réformée éprouve des difficultés à la prise en compte des victimes parisiennes.
Puis, sera étudié le sens de la commémoration, à l’époque de sa création, à la fin du XIXe siècle. Nous verrons que le monument Coligny s’inscrit dans un processus d’intégration de la minorité réformée à une France en train d’achever sa mue républicaine. Aussi, les initiateurs désirent en gommer tout aspect polémique.
Enfin, nous verrons que lors du quatrième centenaire du massacre, en 1972, la commémoration fut célébrée avec une nouvelle intensité. Mais parce qu’elle s’inspira d’autres modèles et qu’elle fut « délocalisée », elle demeura atypique et sans avenir.
Le « complexe » de la Saint-Barthélemy aux lendemains du massacre
Les travaux historiographiques récents ont insisté sur la politique de l’oubliance conduite par les derniers Valois et Henri IV afin de rétablir la paix dans le royaume*. Celle-ci expliquerait l’absence de commémoration de la Saint-Barthélemy. Toutefois, à l’époque, des voix s’insurgent contre l’obligation amnésique. L’absence de commémoration ne serait-elle pas alors l’indice d’un rapport ambigu des huguenots à l’égard des victimes de la Saint-Barthélemy ?
La politique de l’oubliance
Dès l’édit d’Amboise (mars 1563) clôturant la 1e guerre civile, le roi amnistie les belligérants et impose le silence sur les actes commis à l’occasion de la guerre civile afin dit-il de « réconcilier » les sujets et « de cette union maintenir plus facilement l’obéissance que les uns et les autres nous doivent ». Nous ordonnons donc « que toutes injures et offenses que l’iniquité du temps, et les occasions qui en sont survenues, ont pu faire naître entre nosdits sujets, et toutes autres choses passées et causées de ces présents tumultes, demeureront éteintes, comme mortes, ensevelies et non advenues […] »*. L’article est repris in extenso dans les édits ultérieurs jusqu’à l’édit de Nantes. Ce principe s’avère essentiel puisqu’à partir de l’édit de Saint-Germain (août 1570), les articles 1 et 2 imposant l’oubliance et l’amnistie ouvrent systématiquement les textes de pacification. Ils sont, de plus, solennisés car l’édit de 1570 est scellé de cire verte et qualifié de « perpétuel et irrévocable »*. L’édit de Boulogne (juillet 1573) qui restaure la paix, suite au massacre de la Saint-Barthélemy et à l’échec de l’armée royale devant La Rochelle, mentionne explicitement l’oubliance du massacre parisien*.
Les autorités prennent soin de prévenir également toute guerre des mémoires en interdisant des célébrations de victoires, synonymes de défaite pour le parti adverse. En vertu de l’édit d’Amboise, le Conseil privé du roi prononce un arrêt le 18 juin 1563, réitéré par un mandement le 16 mai 1564 qui interdit, en vain, une procession générale de la cité toulousaine. Le Parlement languedocien l’avait instituée en 1563 pour fêter l’anniversaire de « la délivrance » de la capitale languedocienne du 17 mai 1562, jour où les catholiques mirent en fuite les huguenots de la cité en commettant des massacres*. L’article 30 de l’édit de Beaulieu (mai 1576), le plus libéral de tous les édits de pacification à l’égard des réformés et réhabilitant les victimes de la Saint-Barthélemy, proscrit les processions célébrant la mort de Louis Ie de Condé, chef du parti protestant tué en 1569 à la bataille de Jarnac, la « journée Saint-Barthélemy, et autres actes qui puissent ramener la mémoire des troubles »*.
La politique d’amnistie participe, enfin, à l’oubliance. Dès la paix de Nérac (1579), les « crimes exécrables » (viol, pillage etc.) et les vengeances privées sont exclus du pardon royal s’ils ne sont pas directement causés par la guerre civile*. Une fois la paix de l’édit de Nantes établie, les juges de la chambre de l’édit de Paris se prononcent sur 57 causes de 1600 à 1610 et définissent ainsi une jurisprudence de l’oubliance. Ils y consacrent la capacité amnésique des guerres de Religion. Celles-ci permettent aux accusés d’obtenir un non-lieu, à la condition qu’ils prouvent que leurs exactions en découlent. Si par aventure, ces derniers sont condamnés, la réparation de leur forfait n’est pas publique pour éviter toute commémoration*.
Le désir commémoratif
L’oubliance est à la fois une méthode pragmatique d’éteindre les passions confessionnelles, mais aussi une forme de pardon royal vis-à-vis de la transgression commise par les divers partis qui osèrent défier la monarchie. La justification de Charles IX du massacre parisien n’est-elle point un légitime « coup de Majesté » préventif contre un complot huguenot ? Aussi, l’oubliance s’avère un critère efficace pour censurer un texte qui contesterait la thèse monarchique.
Au lendemain du massacre, des écrivains protestants comprennent la politique de l’oubliance ainsi. Dans la préface des Mémoires de l’État de France sous Charles IX (1e édition 1576), ouvrage qui rassemble divers textes dont l’objet est d’innocenter les victimes de la Saint-Barthélemy*, le pasteur genevois Simon Goulart s’assigne comme devoir d’écrire « le recit des choses avenues, qui facent que les meschans ayent mesmes honte et horreur des forfaits de leurs predecesseurs et les gens de bien soyent tant plus encouragez à ensuyvre les choses bonnes. »* Face à l’interdiction du rappel éventuellement calomnieux du passé, l’historien met en avant son souci d’objectivité : « Dire la verité ce n’est point diffamer : mais libelles diffamatoires sont ceux qui justifient les meurtres de tant de personnes innocentes… »* Enfin, contre ceux qui prétendent qu’il faut « un delay » pour apporter « toujours lumiere à la verité », il juge que le risque de son entreprise est préférable au « silence des uns [qui] fait croistre la fureur des autres souventesfois, et mesme apporte comme des nouveaux desirs aux vicieux d’entasser un péché sur l’autre »*.
Le Réveille-Matin des Français, pamphlet anonyme en forme de dialogue, publié en 1573, condamne sans appel l’édit de Boulogne pour les articles interdisant le souvenir du massacre. L’Historiographe, l’un des protagonistes du texte, s’exclame : « Et est-il possible encores qu’il [Charles IX] ose maintenant deffendre de jamais ne parler de si horribles cruautez ? Ou pense-il par son edit pouvoir effacer la memoire de ses trahisons comme de chose non avenue ? »*
Daniel, allégorie du jugement divin, propose un nouvel édit qui prend le contre-pied de l’oubliance. « Ordonnons que doresenavant, prolame-t-il, sera faite tous les vingtquatriemes jours des mois de l’an, memoire solennelle (en execration de leur abomination) du massacre fait le 24. D’Aoust et autres jours ensuyvans […] Que ledit jour du massacre 24. D’Aoust sera à jamais nommé, La Journée de la Trahison… »* Le pas est donc franchi : de la défense de la liberté de l’historien par Goulart, on passe à la construction mémorielle solennisée par une commémoration virtuelle de la Journée de la trahison.
Les massacrés : des « fidèles persécutés » plutôt que martyrs
Cependant, la stratégie de l’amnésie n’est pas la cause unique de l’absence de commémoration. La martyrologie réformée, forgée en France par Jean Crespin et son successeur Simon Goulart encore, distingue les héros de la foi exécutés sur le bûcher avant les guerres civiles et les « fidèles persécutés » tués dans les massacres. Les premiers ont pu témoigner publiquement de leur foi alors que la cause des seconds est parfois contaminée par un intérêt politique, ce qui interdit une célébration hagiographique. Ainsi, dans les éditions de l’Histoire des martyrs qui rapportent les guerres civiles, les chefs huguenots tués à l’occasion de leur soulèvement, ne sont pas présentés comme des martyrs, à l’exception de Coligny faisant montre d’une mort édifiante ; cependant, il n’est pas officiellement couronné*. Certes, dans l’édition de 1582, Goulart regrette cette casuistique qu’il ne faut pas « exagérer »*, mais la présentation typographique dans le martyrologe et dans d’autres traités comparables tient compte de la distinction. Les victimes des massacres ne sont désignées que par le titre de « fidèles persécutés », citées dans le corps du texte, alors que les martyrs bénéficient d'une notice particulière, précédée d'un titre qui rappelle leur nom. Il est vrai que des plaquettes hagiographiques déplorent la mort de Coligny, mais en moins grand nombre que celles qui célèbrent la tuerie « miraculeuse ».
La guerre civile, cette « estrange ruse du diable » comme la nomme Goulart, « a taché d’obscurcir » la cause des martyrs*. La communauté huguenote connaît une crise politique et spirituelle, eu égard à son déclin et aux rébellions aristocratiques répétées. Après la Saint-Barthélemy, les manifestes huguenots distinguent nettement le champ politique où l’on s’autorise à rompre le contrat civil face au tyran et le champ religieux où l’on appelle à la pénitence face au châtiment divin dont le massacre est un signe*.
Politique de l’oubliance et « complexe » de la Saint-Barthélemy » n’empêchent pas que le massacre s’affirme comme le symbole du crime tyrannique dans l’Europe protestante*. En 1672, à Torun, cité prussienne de Pologne, le gymnase luthérien présenta une pièce de théâtre, le De laniena parisiensi, commémorant le centenaire de la tuerie*. Mais en France, le souvenir du massacre s’est estompé. Les huguenots ne veulent pas se remémorer cette défaite, symbole d’une crise avec la royauté dorénavant seule garantie de leur existence, en vertu de l’édit de Nantes. De plus, ils doivent se montrer absolument légalistes face à la polémique catholique l’accusant de républicanisme. La pastorale vise une élection collective au quotidien plutôt que la foi extraordinaire des premières générations. À partir des années 1660, face aux restrictions de la liberté de culte, les élites huguenotes veillent à ce que le sentiment de révolte dont le massacre aurait pu être une justification n’affleure pas publiquement*. La menace d’une nouvelle Saint-Barthélemy est, en effet, invoquée dans les communautés cévenoles*. Enfin, après la Révocation de l’édit de Nantes, la propagande réformée exalte le martyre du temps des bûchers plutôt que les soulèvements du parti durant les guerres civiles*.
Cependant, sous la plume des Lumières, le massacre de la Saint-Barthélemy perdure dans l’historiographie. Il sert à défendre la tolérance religieuse*, puis apparaît sur la scène publique, lors des événements révolutionnaires. Le 23 août 1789, craignant que la discussion sur l’article 10 de la Déclaration des droits d’homme ayant trait à la liberté religieuse soit ajournée, Mirabeau déclare « N’oubliez pas que demain c’est la Saint-Barthélemy » ! Au même moment, Charles IX ou l’école des Rois, pièce de théâtre de Marie-Joseph Chénier qui dénonce le despotisme du Valois, provoque un scandale politique*. En septembre 1793, le procureur de la Commune de Paris proposa que soit placée sous le cadran de l’horloge du palais de justice la suscription suivante : « anathème à Charles IX ! anathème à Médicis ! anathème au cardinal de Lorraine ! anathème aux prêtres et à tous les rois ! »* Dans les Cévennes, des affrontements entre « patriotes » réformés et « royalistes » catholiques rejouent les guerres de Religion : menaces de nouvelles Saint-Barthélemy et de Michelade (massacre d’une soixantaine de Catholiques nîmois en 1567) fusent de toute part*.
Le monument Coligny : un sanctuaire protestant de la République
Alors que Paris fête le centenaire de la Révolution Française, le 17 juillet 1889 est inauguré rue du Louvre le monument Coligny, au chevet du temple de l’Oratoire. Au côté du protestant François de Jaucourt, président du Comité Coligny et de l’anticlérical Émile Richard, vice-président du Conseil municipal de Paris, le pasteur Eugène Bersier célèbre la mémoire de l’amiral. Le monument résulte de deux logiques non contradictoires. D’une part, il se présente comme un symbole de la réconciliation d’une Église divisée tant d’un point de vue théologique (orthodoxes et libéraux)* et politique (la question de la laïcité) et d’autre part, il célèbre l’intégration de la minorité dans la France républicaine*.
Un monument de réconciliation protestante
Le monument Coligny s’inscrit dans la vague de la « statuomanie » de la fin du siècle. 164 statues sont édifiées de 1870 à 1914 dans la capitale contre 26 entre 1815 et 1870*. L’érection des statues n’est pas neutre. Elle résulte de l’activité d’un groupe de pression qui par le monument vise à afficher ses valeurs. À l’origine du monument Coligny, un pasteur d’origine suisse, l’évangélique Eugène Bersier (1831-1889). À la fois bâtisseur – fondateur du temple de l’Étoile, à Paris -, théologien – réformateur de la liturgie - et historien – auteur d’une biographie vulgarisée de Coligny -, il est choqué, lors d’une visite en 1878 au château de Châtillon-sur-Loing du délabrement de la sépulture de l’amiral. Dans un premier temps, il envisage de faire un appel à souscription pour édifier un mausolée. Cependant, face aux difficultés administratives liées au caractère privatif du lieu, il lance le projet d’un monument purement commémoratif associé au souvenir de la Saint-Barthélemy*.
Ce dessein rencontre le désir du Comité de la Société de l’Histoire du protestantisme Français (SHPF), société savante créée par Charles Read en 1852 dont l’objet est de publier des travaux sur l’histoire de la Réforme française*. Le Comité a pour originalité de rassembler une vingtaine de personnalités de haute tenue intellectuelle, venues d’horizons libéraux et orthodoxes. Dès les années 1860, il envisage une commémoration du massacre*. Mais à la chute de l’Empire, celui-ci fut divisé quant à l’opportunité d’une telle célébration dans un contexte à la fois difficile, aux lendemains d’une défaite, et désormais démocratique*. Il lança, mais en vain, les rééditions critiques de l’Histoire ecclésiastique (1580) et de l’Histoire des Martyrs(1554-1619) de Jean Crespin, ouvrages retraçant l’épopée des premiers martyrs et les massacres du XVIe siècle*.
Bersier, membre de la Société, puis élu au Comité en 1882, n’eut aucune difficulté à obtenir son assentiment pour constituer un comité de souscription, créé dès 1881, pour le futur monument. Celui-ci compensait les frustrations d’antan et œuvrait à l’apaisement des rivalités internes à l’Église. Charge à lui de récolter les fonds évalués à 135 000 francs, somme non négligeable quand on sait que les dons pour la Société en 1884 ne dépassaient pas 7000 francs*. Il devait obtenir l’autorisation du ministre de l’intérieur, sur avis favorable du préfet pour qu’un décret présidentiel donne droit à « hommage public ». Le Comité reçut une subvention gouvernementale de 33 000 francs répartis en trois annuités. L’acceptation du site par le vote du conseil municipal engagea Paris qui l’offrit gracieusement, en guise de subvention*. Enfin, les commissions de Voirie et d’Enseignement et Beaux-Arts étaient responsables à titre consultatif du choix de l’emplacement et certifiaient la qualité artistique du projet.
À l’occasion de l’érection du monument, l’administration n’avait donc qu’un rôle passif ; elle se limitait à couronner l’efficacité du lobbying, en occurrence protestant. Dès 1883, le Comité Coligny avait une cagnotte de 60 000 francs ; l’appel à souscription dans le Bulletin de la SHPF, des livrets circulant dans les paroisses pour récolter les signatures des donateurs et des conférences sur la vie de Coligny à la fin desquelles les auditeurs souscrivaient pour le monument permirent de réaliser le projet*.
Coligny et l’intégration républicaine
Ce monument, réalisé par le sculpteur Gustave Crauck et l’architecte Scellier de Gisors, est constitué d’un groupe sculptural d’une hauteur totale de 10 mètres. La statue de Coligny, monolithe de marbre blanc debout sur un piédestal devant lequel est représentée une Bible ouverte*, semble se détacher d’une fenêtre, rappel de la défenestration du cadavre de l’amiral. Le bras droit est porté sur la poitrine comme si le personnage interrogeait son cœur. L’historien J.-A. Lalot interpréta ce motif comme l’hésitation du chef huguenot devant la résistance armée*. Le journal républicain modéré Le Temps y voit les hésitations de l’amiral à quitter son château de Châtillon au début de 1572 pour rejoindre la cour à Paris*. À gauche du socle, une allégorie de la Patrie tient une couronne avec l’inscription « St-Quentin 1557 » et à droite, une allégorie de la Religion porte une palme où se lit la date du 24 août 1572. L’hommage rendu à l’amiral s’avère une célébration à la manière réformée, symbolisée par la palme et par la Bible.
Cependant, la présence de l’allégorie de la Patrie, le fait d’arme de Saint-Quentin, les hésitations de la résistance armée éventuellement et les drapeaux tricolores ornant le temple de l’Oratoire lors de l’inauguration, indiquent un sacrifice séculier pour la patrie. Le 18 août 1889, célébrant l’ouverture de l’Exposition Universelle, la procession des maires de France de la rue de Rivoli au palais de l’Industrie, aux Champs-Élysées, ne passa-t-il pas devant le monument Coligny ?*
Dans le Bulletin, Nathanaël Weiss rapporte que le Comité avait dans un premier temps voulu inscrire sur le socle une citation de Montesquieu « Coligny a été assassiné n’ayant dans le cœur que la gloire de l’État », plutôt qu’un extrait du testament de Coligny*. Lors de l’inauguration, Bersier présenta un Coligny « patriote » contre ses détracteurs d’hier et d’aujourd’hui : l’amiral n’écrivait-il pas dans ses dépêches au roi : « Sire, la frontière de l’Est est ouverte », référence à la ligne bleue des Vosges*.
De surcroît, ce monument ne constitue pas une revanche contre les catholiques. Le Petit Journal souligne que ceux-ci participèrent au financement de l’opération*. D’ailleurs, le Comité ne fixa pas le jour de la commémoration au 24 août*. Dans Le Matin, Bersier affirme enfin que la commémoration est un hommage exclusif à Coligny et non pas aux victimes du massacre collectif qui serait alors une provocation : « Ne parlons pas de la Saint-Barthélemy. […] Si nous faisions œuvre sectaire, nous serions indignes de celui dont nous voulons honorer la grande mémoire. » Il rappelle à cet effet que le Comité ne voulut pas ériger le monument sur la place de Saint-Germain l’Auxerrois, face à l’église censée avoir donné le signal du massacre*.
Une guerre des mémoires ?
La presse catholique anti-républicaine marqua sa désapprobation face à la cérémonie du temple de l’Oratoire. Le Gaulois ironisa sur la multiplication des « bronzes », instrumentalisée par les républicains*. Le journaliste du modéré Journal des Débats politiques et littéraires ne regretta-t-il pas qu’Émile Richard « jeta la Saint-Barthélemy à la tête des catholiques d’aujourd’hui », et du pied de la statue de Coligny, lança « un geste de défi et une menace à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois » ?* Dans L’Univers, est reproduit in extenso un discours de Charles Émile Freppel, évêque d’Angers et engagé dans le combat anti-républicain. Le prélat reprend les stéréotypes historiques de l’antiprotestantisme : collusion avec l’Étranger, soupçon sur Coligny accusé d’avoir commandité l’assassinat de François de Guise (1563) et sectarisme*. Le journaliste du Gaulois conclut qu’on ne saluerait pas ce personnage s’il n’avait pas été le meurtrier d’un catholique !*
Se trouve-t-on dans une guerre des mémoires ? Dans l’exemplaire numérisé du Temps par la BNF, le propriétaire du numéro ajouta en face de Coligny la mention « traître ». Bersier considère l’érection du monument comme une réhabilitation historique de l’amiral face à une historiographie catholique extrémiste qui déplore l’échec du massacre et des historiens modérés mettant en doute le « patriotisme » et les qualités militaires du chef huguenot*. Toutefois, la polémique ne dépasse pas la querelle historiographique dans la mesure où la condamnation du massacre populaire y demeure presque unanime. Les catholiques contre-révolutionnaires redoutent plutôt une instrumentalisation de la Saint-Barthélemy par la propagande anti-monarchiste et anticléricale conduite par les Républicains de gauche dans le contexte du centenaire de la Révolution Française. Mais Bersier désapprouvait le laïcisme de ces derniers*. De surcroît, l’antiprotestantisme violent ne survient qu’avec l’affaire Dreyfus*. En 1910 encore, lorsque la reine Wilhelmine, reine des Pays-Bas vint à Paris s’incliner devant la statue de l’amiral, des huées s’élevèrent de la foule à l’adresse de la statue*. Mais le message officiel que délivra la commémoration de 1889, martelé par Bersier, fut la parole testamentaire du monument : « J’oublierai »*.
Cependant, dans son discours d’inauguration, Bersier rappelle également que la statue de Coligny évoque toutes les victimes du massacre « qui sur la terre de France n’ont pas trouvé de tombeau »*. À la suite de la cérémonie matinale, un « pèlerinage » organisé par ses soins, eut lieu par bateau express à vapeur du quai des Saint-Pères au site des anciens temples de Charenton. Durant le trajet, les fidèles chantèrent des psaumes. Puis, après le déjeuner, ils se recueillirent là où leurs ancêtres priaient au XVIIe siècle*.
De manière inverse à la cérémonie de 2009, le rituel proprement confessionnel se déroule donc à l’extérieur du temple. La bibliothèque de la SHPF se trouve rue des Saint-Pères (point de départ du pèlerinage). La Seine, ensuite, est la voie que les huguenots empruntaient au XVIIe siècle pour aller au temple en vertu de l’interdiction de culte public dans la capitale royale. Mais elle est aussi le fleuve qui charria les cadavres en 1572. Enfin, le point d’arrivée est le lieu où le premier temple fut incendié en 1621, suite à une émeute anti-protestante, puis le second détruit, lors de la Révocation de l’édit de Nantes en 1685. Sur le mode du « banquet républicain », les réformés de 1889 se souviennent ainsi de leurs victimes d’antan en établissant une solution de continuité du massacre de 1572 à la Révocation de l’édit de Nantes (1685), commémorée par le Comité en 1885.
Toutefois, le lieu de mémoire victimaire qui se dessine ne se trouve pas au temple de l’Oratoire et les animateurs prennent soin de le distinguer dans sa temporalité, après la cérémonie et est réservé à une centaine d’initiés.
Le Quatrième centenaire en 1972 : célébration savante et commémoration génocidaire
En 1972, un centenaire du massacre de la Saint-Barthélemy était pour la première fois célébré. Le comité de la SHPF en fut le principal animateur. Il se découpla entre une célébration académique et institutionnelle à Paris et une commémoration plus émotive dans les Cévennes. Cette dernière se révéla un lieu de mémoire victimaire par l’emprunt du paradigme génocidaire.
La commémoration parisienne : le parti pris scientifique et de réconciliation religieuse
À Paris, une exposition aux Archives Nationales et un colloque international se tinrent en automne. Ce dernier, ouvert par le prestigieux historien Fernand Braudel, se traduisit par la mobilisation « d’historiens chevronnés » plutôt que de faire appel aux membres protestants de la SHPF*.
Le 23 octobre, le Président du Conseil de Paris inaugura la rue de l’Amiral Coligny et la plaque commémorative rappelant le lieu de son exécution. Ces festivités institutionnelles connurent un écho international quand la reine Juliana des Pays-Bas, descendante de l’amiral, vint au printemps déposer une gerbe devant le monument Coligny et qu’en septembre se rencontrèrent 300 descendants de réfugiés huguenots. Une médaille frappée par l’Administration des Monnaies et Médailles éternisa « l’année Coligny ».
Dans le corpus d’une dizaine de discours et déclarations variés, aucune acrimonie vis-à-vis de l’Église catholique n’est perceptible, fait habituel depuis le milieu du XIXe siècle. En revanche, la nouveauté réside dans la célébration du temps de la réconciliation. Au printemps, se tint une assemblée œcuménique de près de 200 responsables des Eglises de France parmi lesquels le cardinal Archevêque de Rennes qui exprima un acte, à cette époque assez singulier, de repentance et de réconciliation.
Mais plus encore, le 24 août, le Cardinal Marty, archevêque de Paris et Président de la Conférence épiscopale française et Jean Courvoisier, président de la FPF s’adressèrent solennellement aux représentants des Églises catholique et protestante d’Irlande pour leur demander de promouvoir la justice et la réconciliation dans l’Ulster déchiré.
Le modèle génocidaire dans les Cévennes
L’intensité commémorative n’eut pas lieu à Paris, mais dans les Cévennes, au Mas Soubeyran, le 3 septembre. Une foule de 20 000 personnes se présenta au Musée du Désert*. Le principal mémorial du protestantisme français, dédié traditionnellement à la révolte des Camisards et à « l’Église sous la Croix », célébra cette année les victimes du massacre*.
Les principaux discours de Jacques Allier, président de la SHPF* et de l’académicien André Chamson*, chantre du protestantisme cévenol, traitèrent avec lyrisme de la question du massacre collectif et de la mémoire. Le premier rappela qu’au-delà de la mort de Coligny, « le plus grand crime de cette nuit fatale fut sans doute d’avoir voulu la mort de tant d’hommes et de femmes de toutes conditions, auxquels on ne reprochait que leur appartenance à la Réforme ». Les 30 000 morts pour un royaume de 15 millions d’habitants* correspondraient aujourd’hui à 100 000 victimes, précise-t-il. « Rarement on a fait aussi bien dans le temps de violence que nous avons vécu ces années-ci, où sévit le génocide, conclut-il »*.
André Chamson proposa quant à lui la notion de « génocide partiel » : « Au milieu des abominations de la guerre - et de la pire de toutes qui est la guerre civile - ce que la Saint-Barthélemy a d’abominable c’est qu’elle n’est pas un acte de guerre, mais un assassinat, un meurtre collectif, un génocide partiel, froidement déterminé, une boucherie humaine. » Et il précisa que le massacre de la Saint-barthélemy s’avère un « archétype » dans la mesure où il suppose « que ceux que l’on veut vouer à la mort soient considérés comme ne faisant plus partie de l’espèce humaine, des hérétiques, des réprouvés qui n’ont plus rien de commun avec ceux qu’on ne peut plus appeler leurs semblables. »*
Dans un article provocateur au Nouvel Observateur, l’historien Denis Richet spécialiste de la France moderne contesta le terme de massacre : selon lui, la tuerie s’inscrit dans une série de violences depuis le début des guerres civiles et révèle l’échec de la greffe de la religion nouvelle dans le royaume. Eu égard à l’après Auschwitz, « les contemporains [du massacre] ont mieux saisi que beaucoup d’historiens l’ambiguïté des faits de ce mois d’août, explique-t-il : à la fois un fait divers inscrit dans leurs registres-journaux entre la mention d’une épidémie et celle d’une dévaluation – et un événement, créateur d’histoire, révélateur d’une crise profonde. »* Cette banalité de la violence associée à un événement négatif pour l’histoire de la Réforme met en relief la posture mémorielle des allocutions adoptant le modèle génocidaire. Celles-ci sont symptomatiques du renversement identitaire, relevé par Jean-Louis Chaumont pour la communauté juive américaine, datée de 1967, où désormais le statut de victime de génocide est devenu à la fois prestigieux et singulier*.
Le souvenir de la Shoah sous-tendant une passivité des victimes (vision désormais révolue) est perceptible quand Chamson évoque celle des victimes du massacre de 1572 : « Ces conditions [génocidaires] ont pour premier résultat de paralyser les victimes, si bien que les plus braves d’entre elles ne peuvent que tendre la gorge au couteau de leurs meurtriers. »* De même, Jacques Allier, dans une autre allocution qu’il prononça lors de l’inauguration de la plaque commémorative, avança que le massacre fut la forme de génocide « la pire de toutes, d’autant plus qu’elle ne supprime pas définitivement l’adversaire, mais fait naître des rancunes profondes, bien longues à s’effacer […] Elle en marque les limites et, finalement, l’absurdité. »* Le paradigme génocidaire sourd ainsi en 1972 dans les discours de ces deux notabilités du protestantisme français.
Toutefois, nous n’avons relevé aucune incrimination à l’égard de la singularité du judéocide. Au contraire, ne pourrait-on pas avancer que l’emprunt du modèle génocidaire résulte de la traditionnelle empathie de l’Église réformée qui depuis sa naissance s’identifie aux épreuves du peuple du Livre* et au ressourcement structurel de ce dernier à la mémoire des victimes ? Le contexte cévenol de la commémoration influe aussi sur les implications génocidaires, non pas dans sa dimension historiographique* – qu’est-ce qu’un génocide ? -, mais dans son acception victimaire, bien que les Cévennes ne connussent pas de Saint-Barthélemy. En effet, la célébration de l’Église du Désert se réfère en partie à la résistance populaire des anonymes*. Dans une logique du massacre, l’attention est alors portée vers la destruction des civils dans leur globalité. Le terme de génocide s’impose donc de manière spontanée à une époque où il n’est pas encore porteur de polémique. D’autant qu’il justifie la mémorialisation de la tragédie.
Identité protestante et mémoire
La commémoration servit au ressourcement communautaire. Chamson est à cette occasion le plus vindicatif. Il n’hésite pas à fustiger certains de ses coreligionnaires par trop libéraux qui « déclarent hautement qu’ils ne veulent plus se retourner vers ce qui a été notre passé. » À cette occasion, il vise implicitement les contestataires de gauche, responsables de la diffusion des extraits les plus radicaux du document « Églises et pouvoirs » en 1971, émanant de la FPF et qui connurent une médiatisation sans précédent*. L’écrivain promeut, au contraire, les différences confessionnelles afin de ne pas « accomplir ce que le fer et le feu n’ont pas pu faire. »*
Vers une autre direction, mais toute aussi identitaire, Allier conclut son discours sur la fondation républicaine incarnée dans la résistance méridionale aux armées du roi*. « Il est même permis d’avancer, dit-il, que c’est à partir de ce moment que le parti protestant s’imprégna d’esprit républicain : pour la première fois, en effet, les huguenots s’insurgèrent contre le roi, - attitude d’une immense portée sur le plan idéologique. »* D’ailleurs, lorsqu’il rappelle le baptême de la rue du 1e arrondissement, il évoque une « unanimité nationale en train de se faire autour du souvenir des victimes de la Saint-Barthélemy » ; donc sous l’égide de la République représentée par le Conseil de Paris.
La commémoration du Quatrième centenaire participe en somme d’une « ethnicisation » du protestantisme. Jacques Allier insiste sur le rôle de l’héritage pour qu’une minorité puisse perdurer. « Car, que nous le voulions ou non, et même si nous le nions parfois, affirme-t-il dans le temple de l’Oratoire, notre passé reste enraciné en nous. Pour remplir toute leur destinée, un mouvement, un peuple, doivent toujours revenir à leurs origines, surtout s’ils sont dangereusement minoritaires… »* Cette affirmation identitaire oscille entre la voie du modèle génocidaire et celle de son attachement à l’intégration républicaine dont les victimes seraient les premiers héros. La première s’inscrit dans le contexte commémoratif des années 1970 alors que la seconde est un héritage de la fin du XIXe siècle figuré par le « sanctuaire »* du temple de l’Oratoire et de son monument.
Le monument Coligny n’est pas un lieu de mémoire victimaire, mais un mémorial qui n’obéit pas à un désir de réparation. Dès 1889, Bersier récusait officiellement la nature expiatrice de la statue. Incarné en un héros militaire, le monument participe à l’intégration de la communauté réformée à la République, c’est-à-dire à un régime ayant aboli la monarchie, responsable de l’exécution de l’amiral. La dimension collective et confessionnelle du massacre est soigneusement minorée. Il aurait été inapproprié de relancer une « guerre civile » à la fin du XIXe siècle. Sans guerre des mémoires, un mémorial perd de son intensité, du moins dans l’espace public. De surcroît, culte des saints et culte des images préviennent tout recueillement réformé trop appuyé devant une statue.
Mais l’absence d’aura du mémorial, indispensable au lieu de mémoire*, résulte aussi de l’ancien complexe de la Saint-Barthélemy, hérité de la fin du XVIe siècle et qui pose la question de la « victime rebelle ».
Le Quatrième centenaire cévenol offrit une « déculpabilisation » par l’emprunt du modèle génocidaire. Mais il fut éphémère. Ce qui demeure en 2009 est la production scientifique de « l’année Coligny » ! Du reste, en 1972, la double localisation de la commémoration dans les Cévennes et à Paris et plus tard, la question de « l’ethnicisation » de la Réforme en troublent la célébration. Pour autant, le souvenir de la Saint-Barthélemy ressurgit de temps à autre. En 1997, lors des Journées Mondiales de la Jeunesse, des voix protestantes déplorèrent publiquement que la messe pontificale de clôture ait lieu à Paris le jour même de l’anniversaire du massacre de la Saint-Barthélemy*.
Cependant, la discrétion de cette mémoire communautaire ne doit pas occulter l’étonnante durée du souvenir de l’événement, cette fois à l’échelle nationale. Dès le XVIIIe siècle, les Lumières, puis la IIIe République en firent un symbole transmis dans les manuels scolaires jusqu’à nos jours. En 1973, dans une enquête portant sur un échantillon de 1028 enfants d’origines sociales, géographiques et confessionnelles diverses, de l’école primaire à la terminale, 79 % des enfants connaissent l’événement et 62 % savent que des protestants sont massacrés par des catholiques*. Toutefois, le souvenir de la Saint-Barthélemy a vraisemblablement décliné dans les années 2000, eu égard au recul de l’histoire événementielle à l’école primaire et au traitement du massacre à la toute fin du programme de 5ème. Mais il y a peu, durant l’Occupation, une vieille femme juive contrainte de prendre des faux papiers la présentant comme alsacienne soupira auprès de sa fille : « Et tu es sure qu’ils ne vont pas nous refaire en plus une Saint-Barthélemy ? »* La réussite de la mémoire victimaire de la Saint-Barthélemy, portée par les historiographies protestante et républicaine du XIXe siècle, résida dans cette capacité à s’actualiser de manière universelle, mais sans lieu !
David El Kenz
Université de Bourgogne-UMR5605
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Bio-bibliographie
El Kenz David
Maître de Conférences en histoire moderne à l’Université de Bourgogne et membre de l’UMR-CNRS 5605, auteur notamment des Bûchers du roi. La culture protestante des martyrs (1523-1572), Seyssel, Champ Vallon, 1997 ; avec Claire Gantet, Les Guerres et les paix de religion dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles, Paris, Armand Colin, 2e éd. 2008 et (dir.), Le Massacre, objet d’histoire, Paris, Gallimard, 2005.
devise de Coligny au chevet de l'Oratoire du Louvre
* Que Patrick Cabanel, Patrick Harismendy et Valentine Zuber, spécialistes du protestantisme contemporain, soient ici remerciés pour leurs conseils et remarques sur cette étude.
* Cf. (http://www.plumenclume.net/textes/2008/zoe/loismemorielles/nora-lanzmann-171008.htm)
* Cf. Ricœur, Paul, « Événement et sens », Raisons Pratiques, L’événement en perspective, n° 2, 1991, p. 52.
* Cf. Yerushalmi, Yosef Hayim, Zakhor. Histoire juive et mémoire juive, (trad. par É. Vigne), Paris, La Découverte, 1984.
* Le monument en l’honneur de Michel Servet (antitrinitarien exécuté à Genève en 1553), érigé en 1903 par les protestants à Champel, près de Genève, est le premier monument expiatoire où une communauté reconnaît une culpabilité. Cf. Zuber, Valentine, Les Conflits de la tolérance, Michel Servet entre mémoire et histoire (XIXe- XXe s.), Paris, Honoré Champion, 2004.
* On estime la communauté réformée française représentée par la Fédération Protestante de France regroupant 16 Églises à 900 000 fidèles. Dumortier, Brigitte, Atlas des Religions, Croyances, pratiques et territoires, Paris, Autrement, 2004, p. 37.
* Cf. Joutard, Philippe, « Le musée du désert. La minorité réformée », Nora, Pierre (dir.), Les Lieux de mémoire. T. 2, Paris, Gallimard (col. Quarto), 1997, p. 2653-2677.
* Cf. Jouanna, Arlette, La Saint-Barthélemy. Les mystères d’un crime d’État, Paris, Gallimard, 2008, p. 149-152.
* Je remercie Philippe Salvadori de m’avoir suggéré cette remarque. Il faut en effet qu’une communauté cohérente existe pour faire vivre un lieu de mémoire. C’est le cas dans les Cévennes protestantes, par exemple, à l’égard du Musée du désert.
* Cf. Dubief, Henri et Poujol, Jacques (dir.), La France protestante. Histoire et lieux de mémoire, Paris, Max Chaleil Éditeur, 1992, p. 178-180.
* Au début des années 1970, Renaud Cagneux programma quotidiennement le carillon municipal pour rappeler la tragédie, ainsi que le dimanche à 12 h 45 et les 2e et 4e mercredi du mois à la fin du concert hebdomadaire de 13 h 30. (http://oratoiredulouvre.fr/articles/Le-Carillon-de-la-Place-du-Louvre.php)
Le cantique rappelle l’une des légendes du massacre selon laquelle le tocsin de l’église de Saint-Germain l’Auxerrois aurait sonné sur ordre de Catherine de Médicis pour déclencher le massacre. En réalité, la cloche de l’église sonna habituellement les Mâtines ; les premiers Parisiens réveillés découvrirent la proscription et dans une atmosphère de panique entreprirent le massacre populaire contre une attaque supposée des huguenots. Cf. Jouanna, Arlette, La Saint-Barthélemy, op. cit., p. 167.
* Philippe Vassaux est aujourd’hui à la retraite et selon lui la commémoration n’est pas considérée comme centrale par les pasteurs en charge peut-être soupçonneux d’une dérive vers un culte des ancêtres. Qu’il soit ici remercié pour m’avoir accordé un entretien téléphonique le 4 août 2009 et dont je tire les informations présentes. Toutefois, le site Internet du temple informe de la cérémonie et des notices historiques relatent le massacre. Cf. (http://oratoiredulouvre.fr)
* Que Dominique Viaux, historienne et ancien membre du consistoire de l’Église réformée de France, soit ici remerciée pour ses précieuses indications.
* Cf. Harismendy, Patrick, Religion, sociologie, politique : Naissance et affirmation d'une paroisse réformée libérale parisienne : l'Oratoire du Louvre, 1870-1885, mémoire de maîtrise sous la dir. de Jean-Marie Mayer, Paris, IV, 1985.
* Fath, Sébastien, Les Protestants, Paris, Le cavalier bleu, 2003, p. 50
* Cf. Willaime, Jean-Paul, « Protestantisme établi et protestantisme de conversion : les recompositions du protestantisme en ultramodernité », Bastian, Jean-Pierre (éd.), La recomposition des protestantismes en Europe latine. Entre émotion et tradition, Genève, Labor et Fides, 2004, p. 14-23.
* Le terme d’ethnie doit être entendu comme un groupe humain qui construit son identité collective dans un processus de différenciation permettant de distinguer un « in-group » et un « out-group » et non pas dans un sens substantialiste qui envisage une communauté culturelle issue d’un lien du sang. Cf. Bizeul, Yves, « La dimension ethnique du protestantisme français », ibid., p. 267-268.
* Cf. Margolf, Diane C., « Adjudicating Memory : Law and Religious Difference in Early Seventeenth-Century France », Sixteenth Century Journal, XXVII/2, 1996, p. 399-418 et Religion and Royal Justice in Early Modern France. The Paris Chambre de l’Édit, 1598-1665, Kirksville, Truman State University Press, 2003 ; Greengrass, Mark, « Amnistie et oubliance : un discours politique autour des édits de pacification pendant les guerres de Religion », Mironneau, Paul et Pebay-Clottes Isabelle (éd.), Paix des armes, paix des âmes, Paris, Imprimerie Nationale Éditions, 2000, p. 113-123.
* Stegmann, André, Édits des Guerres de Religion, Paris, Vrin, 1979, p. 35-36.
* Greengrass, Mark, « Amnistie et oubliance : un discours politique autour des édits de pacification pendant les guerres de Religion », art. cité, p. 114.
* Stegmann, André, Édits des Guerres de Religion, op. cit., p. 87.
* En réalité, la procession devint la principale fête religieuse de Toulouse jusqu’au début du XVIIIe siècle. Cf. Julien, Pascal, « Assaut, invocation tutélaire et célébrations séculaires : le 17 mai 1562 “délivrance de Toulouse“ », Audisio, Gabriel (dir.), Prendre une ville au XVIe siècle, Prendre une ville au XVIe siècle, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2004, p. 50-62.
* Stegmann, André, Édits des Guerres de Religion, op. cit., p. 109.
* Ibid., p. 163.
* Cf. Margolf, Diane C., Religion and Royal Justice in Early Modern France. The Paris Chambre de l’Édit, 1598-1665, op. cit., chapitre 3.
* Cf. Huchard, Cécile, D’Encre et de sang. Simon Goulart et la Saint-Barthélemy, Genève Droz, 2007.
* Goulart, Simon, Mémoires de l’Estat de France sous Charles IX…., 2e ed., Meidelbourg, 1578, vol. 1, p. 2 v°.
* Ibid., p. 4 v°-5 r°.
* Ibid., p. 2 v°.
* Le Réveille-Matin des Français, et de leurs voisins, Edimbourg, 1574, l. II, p. 139.
* Ibid., l. I, p. 138.
* El Kenz, David, Les Bûchers du roi. La culture protestante des martyrs (1523-1572), Seyssel, Champ Vallon, 1997, p. 209-213.
* Cf. Crespin, Jean, (continué par Goulart, S.), Histoire des Martyrs persecutez et mis a mort pour la verité de l'Evangile, depuis le temps des apostres jusques a present (1619), Genève, P. Aubert, 1619, rééd. Toulouse, Société des Livres religieux, 1885-1888, t. III, livre X, p. 640.
* Ibid.
* Cf. El Kenz, David, Les Bûchers du roi, op. cit., p. 232-233.
* Dans ses recherches, Cornel Zwierlein a montré comment les mémoires du massacre de la Saint-Barthélemy s’étaient constituées en Europe, suivant les espaces linguistiques et confessionnels, et réinvesties lors de la Révocation de l’édit de Nantes. Cf « Die Genese eines europäischen lieu de mémoire: die Bartholomäusnacht im Geschichtsgebrauch des konfessionellen Zeitalters und der Aufklärung », Bezner, Frank et Mahlke, Kirsten (eds), Zwischen Wissen und Politik. Archäologie und Genealogie frühneuzeitlicher Vergangenheitskonstruktionen, Heidelberg, 2010, à paraître.
* Cf. Tazbir, Janusz, « La Saint-Barthélemy dans la polémique religieuse aux XVIe et XVIIe siècles en Pologne », BSHPF, t. 123, janvier-mars 1977, p. 53.
* Cf. Labrousse, Élisabeth, « Chapitre III. Passé et conjoncture politique. Les raisons d’une discrétion », Joutard, Philippe et al., La Saint-Barthélemy ou les résonances d’un massacre, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1976, p. 77-85.
* Cf. Beynat, Christel, Guerre des Cévennes et violences catholiques. Déchirures confessionnelles au tournant du Grand Siècle (1685-1710), Paris, Champion, 2010 (à paraître).
* Cf. Bost, Hubert, « La conscience martyre des “Églises sous la croix“ au XVIIIe siècle », Revue des Sciences Humaines, 269 1/2003, p. 245-268.
* Cf. Joutard, Philippe et al., La Saint-Barthélemy ou les résonances d’un massacre, op. cit. p. 145-146.
* Cf. Poujol, Jacques, « Le changement d'image des protestants pendant la Révolution », BSHPF, t. 135, oct-dec. 1989, p. 525-526. Que Céline Borello soit ici remerciée pour cette référence.
* Cf. Joutard, Philippe et al., La Saint-Barthélemy ou les résonances d’un massacre, op. cit. p. 8.
* Cf. Sottocasa, Valérie, Mémoires affrontées. Protestants et catholiques face à la Révolution dans les montagnes du Languedoc, Rennes, PUR, 2004, p. 275-312.
* L’Église réformée comporte les branches traditionnelles luthérienne et calviniste. Au XIXe siècle, la première essentiellement est divisée entre libéraux, héritiers des Lumières et les orthodoxes (évangéliques) se réclamant des dogmes fixés au XVIe siècle. À partir des années 1850, une nouvelle génération de libéraux (les « libéraux extrémistes ») se montrent plus vindicatifs. Dès lors, la querelle s’amplifie et aboutit à la scission officielle, lors du synode général en 1872. Jusqu’en 1938, existent désormais une Église libérale (majoritaire à Nîmes) et une Église orthodoxe (majoritaire à Paris) auxquelles il faut ajouter les « libristes » qui refusent l’intervention étatique dans les affaires religieuses. Cf. Encrevé, André, Les Protestants en France de 1800 à nos jours. Histoire d’une réintégration, Paris, Stock, 1985, p. 95-118
* Cf. Cabanel, Patrick, Le Dieu de la République. Aux sources protestantes de la laïcité (1860-1900), Rennes, PUR, 2003 et Harismendy, Patrick, Le Parlement des Huguenots. Organisations et synodes réformés français au XIXe siècle, Rennes, PUR, 2005.
* Cf. Hargrove, June, « Les statues de Paris », Nora, Pierre (dir.), Les Lieux de mémoire. T. 2, op. cit., p. 1864 et 1877 ; Agulhon, Maurice, « La “statuomanie“ et l’histoire », Ethnologie française, 1978, t. VIII, n°2-3 mars-septembre, p. 145-172 et Lanfranchi, Jacques, Les Statues des grands hommes à Paris. Cœur de bronze, tête de pierre, Paris, L’Harmattan, 2004.
* Cf. Encrevé, André et Robert, Daniel, « À l’occasion du centenaire de l’Église de l’Étoile (1974-1975) : Eugène Bersier (1831-1889), BSHPF, t. 122-123, 1976-1977, p. 211-228.
* Cf. Harismendy, Patrick, « Post Tenebras Lux ou Cent ans de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français », R. H. É. F., t. 86, 2000, p. 717-733.
* Le comité avait déjà initié la fête de la Réformation, à partir du 1e novembre 1866, sur le modèle allemand qui célébrait la publication des Quatre-vingt-quinze thèses de Luther. Plus tard, il acheta en 1881 la maison du chef camisard Roland, au Mas Soubeyran, dont le dernier propriétaire était en passe d’être exproprié. Cf. Delteil, Frank, « Le Comité de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français 1870-1885 », Encrevé, André et Richard, Michel (éd.), Les Protestants dans les débuts de la Troisième République (1871-1885), actes du colloque Paris 3-6 octobre 1978, Paris, Société de l’Histoire du Protestantisme Français, Supplément du Bulletin juillet-septembre 1979, p. 135 et p.140.
* Ainsi, le projet d’éditer un texte sur le massacre, d’après la version de l’Historiae sui temporis (L’Histoire de mon temps) de Jacques-Auguste de Thou fut abandonné. Ibid., p. 137-138.
* Ibid., p. 139-140.
* Ibid., p. 127.
* La subvention de la ville de Paris pour une statue allait de 60 000 à 200 000 francs selon l’importance du personnage. Cf. Hargrove, June, « Les statues de Paris », art. cité, p. 1883-1884, note 21.
* Cf. Bonnet, Jules, « Monument de Coligny. Appel », BSHPF, 1883, t. 32, p. 142-144.
* Deux citations sont gravées sur la Bible : « La mémoire de l’homme juste subsiste à perpétuité » (Ps 112, 6) et « Il tient ferme comme s’il eût vu celui qui est invisible » (Ép. aux Hébreux, 11, 27).
* Cf. Lalot, J.-A., Devant la Statue de l’amiral de Coligny, Paris, Fischbacher, 1890 et Guttinger, Bernard et Guttinger, Christiane, (http://oratoiredulouvre.fr/documents/coligny.php).
* Le Temps, 18 juillet 1889, p. 3
* Cf. Ory, Pascal, « Le Centenaire de la Révolution Française. La preuve par 89 », Nora, Pierre (dir.), Les Lieux de mémoire. T. 1, La République, Paris, Gallimard, 1984, p. 540.
* Weiss, Nathanaël, « Relation de l’inauguration du monument de Coligny », BSHPF, t. 38, 1889, p. 445. Selon Frank Delteil, le choix du 17 juillet correspond à l’anniversaire du retour de Louis XVI dans Paris pour « réparer les erreurs passées ». « Commémoration de “l’Amiral de Coligny et son temps“ », BSHPF, octobre-décembre 1972, p. 560, note 10.
* Le Temps, art. cité, p. 3.
* Le Petit Journal, 19 juillet 1889, p. 1.
* Weiss, Nathanaël, « Relation de l’inauguration du monument de Coligny », art. cité, p. 445.
* Le Matin, 12 juillet 1889, p. 1.
* Le Gaulois, 17 juillet 1889, p. 1.
* Journal des Débats politiques et littéraires, 18 juillet 1889, p. 1.
* Cf. L’Univers, 15 juillet 1889.
* Cf. Le Gaulois, 17 juillet 1889, p. 1.
* « Allocution du pasteur Eugène Bersier », BSHPF, t. 30, 1881, p. 221-222.
* Encrevé, André et Robert, Daniel, « À l’occasion du centenaire de l’Église de l’Étoile (1974-1975) : Eugène Bersier (1831-1889), art. cité, p. 226.
* Cf. Griffiths, Richard, « La Saint-Barthélemy et la symbolique de l’affaire Dreyfus », Berrnard-Griffiths, S. et al (éd.), Images de la Réforme au XIXe siècle, (actes du colloque de Clermont-Ferrand 9-10 novembre 1990), Annales littéraires de l’université de Besançon, 1992, p. 189-200 et Baubérot, Jean et Zuber, Valentine, Une Haine oubliée. L’antiprotestantisme avant le « pacte laïque » (1870-1905), Paris, Albin Michel, 2000.
* « Allocution de M. Jacques Allier Président de la S. H. P. F. lors de la réunion publique à l’Oratoire du Louvre le lundi 23 octobre 1972 à 21 h », art. cité, p. 593.
* Le Temps, art. cité, p. 3.
* Le Temps, art. cité, p. 3.
* Cf. « Un pèlerinage à Charenton-Saint-Maurice », BSHPF, t. 38, 1889, p. 446-447.
* Cf. Harismendy, Patrick, « Post Tenebras Lux ou Cent ans de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français », art. cité, p. 731.
* Allier, Jacques, « L’année Coligny », BHSPF, juillet-septembre 1972, p. 441, note 5.
* Plusieurs milliers de protestants se réunissent chaque année depuis 1911, le premier dimanche du mois de septembre, au Mas Soubeyran (Gard), au Musée du Désert. Disséminés dans la châtaigneraie, les fidèles assistent à un culte matinal sur le modèle du culte au Désert, au XVIIIe siècle. À la fin de la matinée, ils visitent le musée, installé dans la maison de Roland, un chef camisard. L’après-midi est consacré à des conférences sur un thème différent chaque année. La séance est entrecoupée de psaumes chantés et la Cévenole, « véritable hymne régional », conclut la journée. Joutard, Philippe, « Le musée du désert. La minorité réformée », art. cité, p. 2653.
* Cf. « Allocution de M. Jacques Allier, président de la S. H. P. F. », BHSPF, juillet-septembre 1972, p. 467-474.
* Cf. (http://www.museedudesert.com/article5855.php)
* Les historiens estiment actuellement le chiffre des victimes de la Saint-Barthélemy de 2000 à 3000 pour Paris et 10 000 pour la France. Cf. Jouanna, Arlette, La Saint-Barthélemy, op. cit., p. 178 et p. 190-191.
* « Allocution de M. Jacques Allier, président de la S. H. P. F. », art. cité, p. 471.
* Cf. (http://www.museedudesert.com/article5855.php)
* Richet, Denis, « Tocsin pour deux mille huguenots », Nouvel Observateur, n° 415, 23/10/1972, p. 62.
* Cf. Chaumont, Jean-Louis, La Concurrence des victimes, génocide, identité, reconnaissance, Paris, La découverte, 1997, p. 97-105.
* Cf. (http://www.museedudesert.com/article5855.php)
* « Allocution de M. Jacques Allier, président de la S. H. P. F. », art. cité, p. 594.
* Cf. Soulié, Marguerite, L'inspiration biblique dans la poésie religieuse d'Agrippa d'Aubigné, Paris, Klincksieck, 1977.
* Cf. El Kenz, David, « Présentation », El Kenz, David, Le massacre, objet d’histoire, Paris, Gallimard, 2005, p. 7-23.
* Cf. Joutard, Philippe, « Le musée du désert. La minorité réformée », art. cité, p. 2668.
* Cf. Baubérot, Jean, « Le Pouvoir de contester », Archives des sciences sociales des religions, 1980, n° 1, Labor et Fides, 1983.
* Cf. (http://www.museedudesert.com/article5855.php)
* Aux lendemains de la Saint-Barthélemy, le parti protestant rassembla ses troupes à La Rochelle et dans ses bases méridionales et convoqua une assemblée politique à Anduze en 1573, appelée par l’historien Jean Delumeau les « Provinces-Unies du Midi ». On y vit une préfiguration républicaine dans la mesure où l’analogie avec la future république des Provinces-Unies calvinistes en sécession avec le roi d’Espagne Philippe II de Habsbourg était aisée. Cf. Delumeau, Jean, Naissance et affirmation de la Réforme, Paris, PUF, 1965, p. 181. Les travaux d’Arlette Jouanna ont montré que les chefs aristocratiques d’alors n’entendaient absolument pas rompre avec le principe monarchique français. Cf. La France du XVIe siècle 1483-1598, Paris, PUF, 1996, p. 506.
* Cf. « Allocution de M. Jacques Allier, président de la S. H. P. F. », art. cité, p. 473.
* « Allocution de M. Jacques Allier Président de la S. H. P. F. lors de la réunion publique à l’Oratoire du Louvre le lundi 23 octobre 1972 à 21 h », BSHPF, octobre-décembre 1972, p. 598.
* Jean Courvoisier, Président de la FPF, désigne ainsi le lieu dans une allocution, lors de la réception de la reine des Pays-Bas en 1972. Cf. « Compte-rendu de la réception de la reine des Pays-Bas Juliana au temple de l’Oratoire du Louvre », BSHPF, juillet-septembre 1972, p. 524.
* Cf. Nora, Pierre, Les Lieux de mémoire, t. 1, La République, op. cit., p. XXXV.
* Cf. Sauvaget, Bernardette, « La FPF marrie », Revue Réforme, n° 3089, 29/07/2004. (http://www.reforme.net/archive2/article.php?num=3089&ref=24).
* Joutard, Philippe et al., La Saint-Barthélemy ou les résonances d’un massacre, op. cit., p. 224-225.
* Reynaert, François, « 24 août, Saint-Barthélemy. Auréole et massacre », Nouvel Observateur, 24/08/2006. (http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/culture/20060824.OBS9300/aureole)