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À Charleroi, des kits de survie mis à disposition des victimes de violences intrafamiliales et conjugales

13 Juin 2023, 10:07am

Publié par hugo

 À Charleroi, des kits de survie mis à disposition des victimes de violences intrafamiliales et conjugales

Violences intrafamiliales : de précieux kits de survie
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22 mai 2023 à 14:41

Temps de lecture2 min
Par Théa Jacquet sur la base d'un reportage de Martin Caulier
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ÀCharleroi, le Centre d’Aide aux Victimes a décidé de mettre à disposition des kits de survie. Une démarche très importante "parce que quand les personnes partent, elles pensent effectivement à prendre leurs vêtements, mais pas nécessairement à prendre du nécessaire de toilette", relève une représentante du service.

Protections hygiéniques, brosse à dents, dentifrice, savons, mais aussi vêtements pour enfants et ustensiles de cuisine. Ces kits se veulent le plus complet possible parce que lorsque la victime de violences conjugales ou intrafamiliales parvient à quitter son domicile, le départ est bien souvent précipité.

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"Souvent, les personnes qui partent se retrouvent sans ressources, ou en tout cas avec très peu de ressources. Il y a pas mal de choses auxquelles elles sont confrontées en urgence. Cela représente des centaines d’euros", note la représentante.

Une charge financière à laquelle s’ajoutent bien d’autres. "Déjà, il y a l’émotionnel. Ensuite, il y a l’administratif, trouver le logement, il y a aussi parfois des démarches juridiques", précise une autre employée du service.

L’objectif de ces kits est précisément de tenter d’alléger toutes ces épreuves. Les premiers kits ont été confectionnés grâce aux dons récoltés. Une aide gratuite et confidentielle pour toutes les victimes, peu importe le type de violences subies.


https://www.rtbf.be/article/a-charleroi-des-kits-de-survie-mis-a-disposition-des-victimes-de-violences-intrafamiliales-et-conjugales-11201314

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Comment Erdogan et l’AKP visent les femmes et les féministes en Turquie

13 Juin 2023, 09:32am

Publié par hugo

 Comment Erdogan et l’AKP visent les femmes et les féministes en Turquie

© Tous droits réservés

22 mai 2023 à 16:09

Temps de lecture6 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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En Turquie, Recep Tayyip Erdogan est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle le 14 mai, en décrochant 49,51% des voix. Près de trois Turcs sur quatre ayant voté depuis la Belgique ont choisi le président sortant qui dirige le pays depuis 2003 avec son parti islamo-conservateur, le parti de la justice et du développement (AKP). Son principal adversaire, le candidat de gauche Kemal Kiliçdaroglu (qui tente désormais de séduire l’électorat de droite), a lui obtenu 44,88% des voix. Aucun d’entre eux n’a cependant reçu un nombre de voix suffisant pour l’emporter, un second tour devra donc les départager le 28 mai prochain.

Un nouveau scrutin qui sera suivi de près par de nombreuses féministes dans le monde, dont l’activiste féministe turque Zeynep Gorgu qui s’est réfugiée en Belgique en 2004. Elle n’est plus jamais retournée dans son pays d’origine. "J’ai toujours attendu un changement de pouvoir. Ces 10 dernières années surtout, le pays a été gouverné par des règles et des pressions extrêmement strictes. De nombreuses personnes qui sont parties d’ici ont été arrêtées et leurs passeports ont été confisqués. Je ne sais vraiment pas ce qui va m’attendre là-bas. Je n’ai donc pas voulu prendre de risque", explique-t-elle aux Grenades.

Elle ajoute, amèrement : "Un peu avant le premier tour du 14 mai, l’AKP a conclu une alliance avec un autre parti islamiste d’extrême droite hostile aux droits des femmes. Le nom de ce parti est Huda-Par (le Parti de la cause libre). C’est le parti légal du Hezbollah, qui a commis des massacres dans les zones kurdes en 1992, et qui a kidnappé et assassiné Konca Kuriş, une écrivaine et féministe, enlevée devant sa maison le 16 juillet 1998."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Les femmes et leur "nature délicate"
Depuis plusieurs années, Erdogan et d’autres responsables de l’AKP semblent en particulier viser les femmes, notamment dans leurs propos. Le chef d’État estime par exemple que les femmes ne sont pas les égales des hommes. "Vous ne pouvez pas leur demander de sortir et de creuser le sol, c’est contraire à leur nature délicate", a-t-il déjà souligné.

Le parti attaque aussi les femmes qui luttent. Ils ne veulent pas que les femmes soient organisées

En 2014, le vice-Premier ministre Bülent Arinç (AKP) avait déclaré qu’une femme devait "conserver une droiture morale et ne [devait] pas rire fort en public". De nombreuses internautes avaient alors réagi en postant sur les réseaux sociaux des vidéos d’elles en train de rire à gorge déployée.


Erdogan avait auparavant exprimé son aversion pour les femmes qui n’ont pas d’enfants, les estimant "incomplètes". En 2016, il a d’ailleurs appelé les femmes turques à cesser de contrôler leur natalité : "Nous allons accroître notre descendance. On nous parle de planning familial, de contrôle des naissances. Aucune famille musulmane ne peut avoir une telle approche. Nous suivrons la voie indiquée par Dieu et notre cher Prophète", a-t-il jugé opportun de déclarer, avant de préciser qu’il recommande aux femmes d’avoir "au moins trois enfants".

Sortie de la Convention d’Istanbul
Outre ces propos, des décisions très concrètes ont été prises qui affectent la vie des Turques. En 2021, la Turquie est sortie de la Convention d’Istanbul, un important traité du Conseil de l’Europe qui porte sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (il a été ratifié en 2016 par la Belgique). La Convention porte ce nom car elle a été conclue à Istanbul en 2011. La Turquie avait été le premier pays à la ratifier, en 2012.

Mais des cadres de l’AKP ont accusé le traité de nuire à la "structure de la famille turque" et d’encourager l’homosexualité.

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C’est la première fois qu’un membre du Conseil de l’Europe s’est retiré d’une Convention internationale relative aux droits humains, souligne Amnesty International. "Son retrait envoie un message inconsidéré et dangereux à ceux qui maltraitent, mutilent et tuent, leur disant en substance qu’ils peuvent continuer en toute impunité", observait à l’époque Agnès Callamard, secrétaire générale Amnesty International.

Un an plus tard, en mai 2022, un rapport d’Human Rights Watch dénonçait l’incapacité de l’État turc à "fournir une protection efficace contre la violence domestique, à aider les survivants de cette violence ou à punir les auteurs d’agressions contre les femmes."

Le nombre de féminicides en Turquie "est en augmentation constante depuis quelques années. Et le gouvernement a sa part de responsabilité dans cette évolution. En récusant la notion même de 'féminicide', en refusant de collecter des données sur le phénomène, et en se retirant de la convention d’Istanbul, l’État a enhardi les auteurs des féminicides. Il envoie le message selon lequel on peut tuer des femmes et s’en tirer. Cette situation est encore exacerbée par le fait que les auteurs de ces meurtres bénéficient souvent de réduction de peines devant les tribunaux", dénonce l’avocate Ipek Bozkurt. En 2022, on comptabilisait plus de 300 féminicides dans le pays.

Des attaques contre les féministes
"L’AKP attaque les femmes dans toutes les couches de la société", analyse l’activiste féministe réfugiée en Belgique Zeynep Gorgu. "Le parti attaque aussi les femmes qui luttent. Ils ne veulent pas que les femmes soient organisées. De ce fait, des centaines d’associations féminines ont été fermées et notamment des centaines de militantes ont été arrêtées. Des femmes journalistes, écrivains, parlementaires, maires sont toujours en détention. Il y a aussi des attaques très graves contre les personnes LGBT et leurs associations", continue-t-elle.

En se retirant de la convention d’Istanbul, l’État a enhardi les auteurs des féminicides. Il envoie le message selon lequel on peut tuer des femmes et s’en tirer

Plusieurs procès ont eu lieu visant à dissoudre des associations féministes. L’un des derniers en date vise l’ONG turque Kadin Cinayetlerini Durduracagiz ("Nous arrêterons les féminicides"), la plus ancienne association contre les féminicides dans le pays. En avril 2022, un procureur d’Istanbul a entrepris des poursuites envers cette ONG pour "activités contre la loi et morale" en vue d’une dissolution. Des plaintes déposées par des particuliers accuseraient l’association de "détruire la famille au prétexte de la défense des droits des femmes."

Plus récemment, en mars 2023, la sociologue féministe Pinar Selek, exilée à Nice, a fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour terrorisme, émis par la Turquie, qui demande l’incarcération immédiate de la chercheuse. Elle risque la prison à vie, après avoir déjà subi deux ans et demi d’enfermement. Elle a pourtant déjà été acquittée à quatre reprises.

"C’est une fausse décision qui s’appuie sur de faux arguments et des preuves falsifiées. Ce procès continue depuis 25 ans. La moitié de ma vie. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai résisté pour ne pas me soumettre à la domination […] Je vous le promets, je ne lâcherai rien", a-t-elle réagi.

Autrice de plusieurs recherches sur la communauté kurde, elle estime qu’il ne s’agit pas d’un procès pour terrorisme mais bien d’un procès politique qui la vise directement. Elle explique également dans une interview accordée à RFI qu’il s’agit en réalité d’un procès "kafkaïen" qui a pour objectif "de criminaliser la chercheuse et militante féministe que je suis".

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"Faire du monde un enfer pour les femmes"
Zeynep Gorgu résume la situation en une phrase : "Ils veulent faire du monde un enfer pour les femmes". En réaction cependant, les féministes s’organisent. L’Union des femmes socialistes a été créée par des exilées turques et kurdes dans plusieurs pays d’Europe, dont la Belgique. "Nous travaillons sur les violations des droits des femmes en Turquie, en coordination avec des associations et plateformes de femmes en Belgique. Parce que la violation des droits des femmes, et les massacres des femmes, est un problème général. D’ici, je me bats aussi contre les violations des droits humains en Turquie : les revendications de liberté pour le peuple kurde, les droits de croyance des Alévis et les droits d’autres minorités en Turquie (arménien, assyrien, chaldéen). Ces peuples demandent aussi justice", s’insurge Zeynep Gorgu.

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En Turquie, le mouvement féministe prend de l’ampleur, malgré les attaques : pour de nombreuses femmes, la sortie de la Convention d’Istanbul a été un "catalyseur". Face à Recep Tayyip Erdogan, les féministes sont d’ailleurs de plus en plus jeunes.

Manifestation de soutien aux femmes et aux personnes minorisées turques, organisée en 2021 à Turin, en Italie.
Manifestation de soutien aux femmes et aux personnes minorisées turques, organisée en 2021 à Turin, en Italie. © AFP
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https://www.rtbf.be/article/comment-erdogan-et-lakp-visent-les-femmes-et-les-feministes-en-turquie-11201209

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Huy : le centre culturel organise des ateliers de lecture inclusifs et gratuits pour les enfants

13 Juin 2023, 09:31am

Publié par hugo

Huy : le centre culturel organise des ateliers de lecture inclusifs et gratuits pour les enfants
Huy : le centre culturel organise des ateliers de lecture inclusifs et gratuits pour les enfants.
© Droits réservés. Photo fournie par Justine Montagner.

22 mai 2023 à 07:30

Temps de lecture4 min
Par Emma Mestriner

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"Le seul genre qui importe, c’est celui des enfants bien dans leurs baskets” confie Justine Montagner à l’origine du projet. Le centre culturel de Huy propose plusieurs fois par mois des ateliers de lecture gratuits pour les plus jeunes. Le but ? Sur base d’une sélection d’ouvrages colorés et inclusifs, ces animations encouragent les enfants à sortir des idées préconçues et des rôles stéréotypés. Elles sont accessibles dès l’âge de 4 ans.

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Depuis deux ans, Justine Montagner est en charge des projets audiovisuels et littérature au centre culturel de Huy. Elle explique : "Quand on me demande de décrire mon métier et sa fonction, j’aime expliquer que je suis une médiatrice parce que si je devais dessiner mon métier, ce serait un trait d’union entre les publics, les artistes et les œuvres".

 

Le projet Il était une fille est né au début de cette saison culturelle. Les premières animations de lecture ont été proposées au mois d’octobre 2022. Des ouvrages différents les uns des autres, abordant de nombreuses thématiques et surtout accessibles aux enfants sont proposés tous les mois aux bambins.

Rien qu’avec le début de cette première édition, on a touché 428 enfants.

"Ce sont des livres qui soit, de façon 'volontaire' tirent la langue à tous les stéréotypes de genre ou alors ce sont des livres dont ce n’est pas forcément le sujet mais qui, par les représentations qu’ils offrent, valorisent des comportements égalitaires, la diversité des familles […] Ils peuvent aussi mettre en images des personnages porteurs de handicap, etc. et donc ils sont in fine des livres inclusifs" poursuit Justine à la base du projet Il était une fille.

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Des animations à la bibliothèque et dans les classes
Lorsque le centre culturel de Huy s’est lancé dans ce nouveau projet, il s’adressait principalement aux classes en se rendant dans les écoles pour proposer ses animations. Au départ, 5 animations de lecture ont été ouvertes pour travailler avec des enfants de la première maternelle jusqu’à la deuxième primaire.

Et puis, le bouche à oreille a fonctionné et de 5 animations de lecture, le centre culturel d’Huy est passé à… 21 ! Justine explique : "21 classes nous ont contactés car elles étaient intéressées. On a rajouté des dates pour pouvoir aller lire dans ces 21 classes. Et rien qu’avec le début de cette première édition, on a touché 428 enfants".

Notre objectif c’est que ces histoires touchent aussi des adultes qui sont déjà peut-être beaucoup plus normés que les enfants.

Fort de son succès, le même concept a été mis en place au cœur de la bibliothèque du centre culturel de Huy. Ces animations sont tout public (à comprendre : les adultes accompagnant les enfants sont plus que bienvenu.e.s). Elles se déroulent généralement les mercredis et samedis après-midi.

Les prochains ateliers auront lieu le week-end du 27 et 28 mai à 15 heures et à 17 heures Si vous désirez plus d’infos, rendez-vous sur le site du centre culturel. Comptez 45 minutes de temps de lecture. Après cela, un moment de discussion et de partage est systématiquement proposé aux enfants et aux adultes.

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Huy : le centre culturel organise des ateliers de lecture inclusifs et gratuits pour les enfants.
Huy : le centre culturel organise des ateliers de lecture inclusifs et gratuits pour les enfants.
Selon Justine Montagner, les questions liées au féminisme et au genre sont présentes depuis de nombreuses années au centre culturel de Huy, notamment sous la forme de projets ponctuels qui 'collent' à l’actualité. Elle précise : "Par exemple, lorsque c’est le 8 mars (journée internationale de lutte pour les droits des femmes), le centre fait des actions spécifiques (en proposant la diffusion de certains films, en adaptant les représentations théâtrales ou en proposant aussi des temps de parole et de réflexions)”.

Mais, elle désirait que ces thématiques touchent et sensibilisent davantage de personnes. C’est alors qu’elle a eu l’idée de lancer le projet Il était une fille : "J’ai eu envie de créer une dynamique pour permettre à ces questions sur le genre et sur le féminisme d’exister tout au long de l’année car aussi, quand on fait des évènements estampillés, on rassemble des gens qui s’intéressent de base à ces thématiques. […] Tout est en fait prétexte à glisser un pied dans la porte et à proposer des ouvrages inclusifs en lien avec le monde qui nous entoure "poursuit Justine.

Il s’agit d’une lecture de contes classiques à des enfants, simplement on a un choix éditorial dans les livres qu’on leur lit.

Lutter contre les discriminations dès le plus jeune âge grâce aux livres
Comment est né ce projet et pourquoi ? Justine Montagner nous répond : "Je lis beaucoup de littérature jeunesse et je me suis rendu compte, en tout cas dans les créations contemporaines, qu’il y avait plein de nouvelles maisons d’édition pour enfants ou des maisons d’édition connues pour être 'classiques' mais qui sortaient de plus en plus d’ouvrages avec de nouvelles autrices et de nouveaux auteurs qui ouvraient vraiment les représentations en termes de famille, en termes de genre, etc. Et je trouvais ça super intéressant parce que, parallèlement à ça, il reste quand même de la littérature jeunesse 'mainstream' où c’est assez catastrophique avec des histoires bien sexistes et stéréotypées (par exemple des livres à couverture rose pour les filles et bleue pour les garçons)".

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Dès lors, l’idée d’utiliser le livre comme premier support afin de sensibiliser et de lutter contre les discriminations (de genre) lui est venue naturellement : "J’ai pensé qu’il y avait quand même tout un pan de la littérature jeunesse qui était hyper riche. Par ailleurs, je me suis dit que les questions liées au genre se posent aussi très tôt dès la maternelle et les enfants, à la base, sont assez ouverts. J’ai donc trouvé que ce serait super de travailler les enfants autour de ces questions liées au genre avec le support du livre jeunesse. […] Nos animations de lecture, c’est quelque chose d’assez simple. Il s’agit d’une lecture de contes classiques à des enfants, simplement on a un choix éditorial dans les livres qu’on leur lit ".

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Une publication partagée par Il était une fille (@iletaitunefille)

Un compte Instagram pour proposer une bibliothèque virtuelle
En parallèle à ces animations de lecture éphémères, Justine a voulu proposer une bibliothèque virtuelle de titres de littérature jeunesse inclusifs et disponibles en permanence. Le compte Instagram Il était une fille propose aussi aux adultes de se renseigner sur ces thématiques et a pour but de "mettre lumière la diversité des représentations".

 

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Une publication partagée par Il était une fille (@iletaitunefille)

Justine Montagner précise : "Notre objectif c’est que ces histoires touchent aussi des adultes qui sont déjà peut-être beaucoup plus normés que les enfants. Si les adultes sont également sensibilisés à ces thématiques à la fin de l’atelier, pour nous c’est doublement gagnant".

 

Infos pratiques : retrouvez toutes les informations concernant ces ateliers de lecture sur le site du centre culturel de Huy.


https://www.rtbf.be/article/huy-le-centre-culturel-organise-des-ateliers-de-lecture-inclusifs-et-gratuits-pour-les-enfants-11196187

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Exposition Brussels Queer Graphics : des pièces inédites qui célèbrent les communautés LGBTQIA+

6 Juin 2023, 07:58am

Publié par hugo

 Exposition Brussels Queer Graphics : des pièces inédites qui célèbrent les communautés LGBTQIA+

© Design Museum Brussels

21 mai 2023 à 14:09

Temps de lecture5 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Jusqu’au 5 novembre, le Design Museum Brussels présente Brussels Queer Graphics. Au cœur de cette expo, des pièces inédites et une grille de lecture esthétique et historique de l’engagement des communautés LGBTQIA+ des années 50 à aujourd’hui. Un événement à ne pas rater !

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On l’oublie parfois, mais les objets, affiches et flyers racontent une époque, ses combats, ses réalités. Les matériaux utilisés en disent long sur les systèmes de domination dans lesquels les supports sont conçus. Brussels Queer Graphics met en lumière 70 années de langage visuel des communautés LGBTQIA+ à Bruxelles.

Entre lutte et célébration, visibilisation et ralliement, intime et politique : le graphisme pour exister et affirmer son identité.

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Les 70 ans du mouvement

Cette exposition résulte d’une collaboration entre le Design Museum Brussels et le monde académique. L’équipe de STRIGES, la Structure de recherche interdisciplinaire sur l’égalité, le genre et la sexualité de l’ULB a activement participé au projet.

Afin de saisir les enjeux du langage visuel présenté, le sociologue David Paternotte rappelle quelques jalons de l’histoire locale LGBTQIA+. "C’est en 1953 que l’activiste lesbienne Suzan Daniel crée le premier mouvement homosexuel connu en Belgique. Dans les années 50-60, le militantisme se fait alors discret, en raison notamment d’un contexte de répression relativement important."

Dans les années 70 émergent des mouvements homosexuels plus radicaux, comme le Mouvement Homosexuel d’Action Révolutionnaire ou les Biches Sauvages. "Ces mouvements ne durent qu’un temps, mais leur puissance fait naitre une autre forme de militantisme beaucoup plus identitaire."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Différentes associations voient le jour dans les années 80. Ensuite, la tragédie de l’épidémie du sida engendre la création de structures qui œuvrent pour la revendication des droits des personnes homosexuelles. Les premières interventions publiques financières permettent alors aux associations gays et lesbiennes de se déployer. "Puis va succéder à partir du milieu des années 90 jusqu’aux années 2000 la période des droits : cohabitation légale, mariage, adoption, les lois anti-discrimination… Et ce jusqu’à aujourd’hui où nous nous trouvons dans une époque de diversification des communautés, des expressions, des identités, des formes d’engagement."

Les moyens du bord pour exister d’abord
Ces 70 années de militance sont à découvrir à travers les productions graphiques réalisées par les communautés LGBTQIA+. L’exposition est divisée en cinq grandes thématiques : fabriquer, subvertir, (se) reconnaître, révéler, informer. Dans les vitrines : des pin’s, des fanzines, des t-shirts, des flyers, des préservatifs, des cartes de membres, des affiches de soirées, des tracts…

Autant de pièces qui tissent l’histoire. Nombre de réalisations ont été créées en mode Do-It-Yourself, avec très peu de moyens. "Certaines œuvres se révèlent très sensibles. On sent l’urgence dans laquelle elles ont été produites, cette fragilité se révèle très émouvante. Elles portent les stigmates de leur fabrication, de leur temps", observe Aline Baudet, professeure d’histoire du graphisme à La Cambre.

"Ces visuels ont permis de consolider une existence en marge et une certaine organisation. La révolution numérique va changer les pratiques, professionnaliser les productions, les rendre plus lisses parfois", éclaire Terry Scott, commissaire de l’exposition.


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Lire à travers les lignes
Tout au long du parcours, nombre d’œuvres font appel à la subversion. Le détournement d’images issues de la culture populaire permet en effet de se jouer des codes du monde hétéronormé et de réinventer un langage à soi.

Brussels Queer Graphics présente notamment de belles collections de flyers, d’affiches de soirées et de festival de cinéma. "Les fêtes et les festivals sont, pour les communautés LGBTQIA+, des espaces physiques à l’abri des nombreuses violences qu’elles subissent quotidiennement. […] Autour de ces événements festifs, et ce dès la conception graphique de leur communication, les corps non-hétéronormés se regardent, se célèbrent et se moquent ensemble de la société patriarcale qui essaie de les dresser", peut-on lire dans le catalogue de l’expo.

Se rassembler derrière les symboles
Qui dit langage visuel, dit symboles… Un certain nombre d’entre eux ont marqué l’histoire LGBTQIA + en Belgique. Ils permettent de se rallier, de se visibiliser, de se reconnaitre. À savoir, le drapeau arc-en-ciel créé en 1978 à San Francisco est arrivé assez tardivement à Bruxelles. "Il a été utilisé seulement en 1997 lors de la deuxième pride ; la première avait mis en avant le triangle rose, symbole des persécutions sous les nazis", rappelle Terry Scott. "Le triangle rose renvoi à une histoire de victimisation, le drapeau arc-en-ciel est beaucoup plus positif", ajoute David Paternotte.

"On peut se poser la question du choix de discrétion de certains symboles comme celui de la double hache chez les lesbiennes. Les communautés plus marginalisées se retrouvent-elles dans le discours général ? Est-ce qu’elles ont besoin de se visibiliser de manière différente ?", interroge Aline Baudet.

Sans oublier que les symboles ne cessent d’évoluer. Un bel exemple : la dernière version du drapeau arc-en-ciel qui inclut désormais les personnes trans, les personnes intersexes et les personnes racisées.

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Qui écrit l’histoire ?
Pour monter ce projet, les équipes ont notamment travaillé avec les archives du Fonds Suzan Daniel, du Carhif, et celles de la ville de Bruxelles. Concernant cette histoire visuelle, les vécus des populations les plus marginalisées au sein de la communauté, c’est-à-dire les personnes trans et les personnes racisées, sont encore plus compliqués à documenter, car peu d’archives ont été conservées.

"Cette exposition est loin d’être exhaustive, nous sommes conscient·es des manquements. Dans un souci de conservation, nous proposons un appel aux dons ; les centres d’archives sont impatients d’accueillir la documentation que les personnes gardent chez elles. Ces archives permettent aux historien·nes d’écrire l’histoire et aux musées de la montrer….", appuie Arnaud Bozzini, directeur du Design Museum Brussels.

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En effet, sans le savoir, les Bruxellois·es possèdent probablement de nombreux trésors. Le flyer d’une soirée, c’est une œuvre ! La police utilisée, l’image choisie, les couleurs sélectionnées, tous ces éléments racontent quelque chose. Chaque objet porte une valeur historique et esthétique. David Paternotte insiste sur la question de la nécessité d’archivage : "L’un des problèmes des communautés LGBTQIA+ par rapport à d’autres groupes minorisés repose sur le fait qu’il n’y a souvent pas de transmission familiale… à moins d’un dialogue entre les générations, les choses finissent par se perdre."

Brussels Queer Graphics invite chacun·e à s’interroger sur la valeur de son vécu. Comment archiver les combats, le quotidien, les amours, les espoirs ? Comment se définir et se réinventer ? Passionnant.


Quelle visibilité pour les personnes LGBTQIA + – Un podcast Les Grenades, série d’été

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Les femmes sont davantage exposées aux dangers des pesticides

6 Juin 2023, 07:33am

Publié par hugo

 Les femmes sont davantage exposées aux dangers des pesticides
Les femmes sont davantage exposées aux dangers des pesticides.
© Aldo Pavan

20 mai 2023 à 17:00

Temps de lecture2 min
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Si l'Atlas des pesticides, publié pour la première fois en langue française, révèle les cultures faisant le plus l'objet d'épandages, ce passionnant document pointe une autre problématique d'envergure internationale : les inégalités de genre en matière d'exposition aux dangers des pesticides.

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Quand on parle d'agriculture, on a souvent à l'esprit l'image de l'homme qui cultive les champs et de sa femme qui gère la maison et la comptabilité. Or si les schémas de vie des couples agriculteurs sont bien plus nuancés que ce cliché, il y a une réalité face à l'usage des pesticides : les femmes sont davantage exposées aux dangers des produits chimiques quand on envisage la problématique à l'échelle de la planète.

La répartition des tâches et le manque d'alphabétisation les fragilisent
L'Atlas des pesticides, concocté par la Fondation Heinrich Böll, Friends of the Earth Europe, BUND, le Pesticide Action Network Europe et La Fabrique écologique, aborde cette épineuse question souvent peu relayée alors que près de 70% des femmes salariées en Asie du Sud et plus de 60% en Afrique subsaharienne travaillent dans l'agriculture. "Leur participation à ce secteur est sans doute sous-estimée", indique même ce document riche en chiffres clés et en infographies, ajoutant que "l’agriculture de subsistance, les tâches familiales non payées et le travail saisonnier, qui incombent souvent aux femmes et aux filles, ne sont généralement pas pris en compte".

Concrètement, on parle de plantations de café en Afrique du Sud, de bananeraies au Costa Rica ou de champs de culture de fleurs au Kenya. Dans ce dernier cas, l'Atlas donne un exemple très concret sur la façon dont les femmes sont exposées aux dangers des pesticides de manière insidieuse.

Elles s'occupent de désherber ou de préparer les fleurs en les coupant et en les emballant, sans protection.

Les femmes "présentent plus souvent des symptômes d’empoisonnement que les hommes, chargés de la pulvérisation des pesticides", révèle le document.

L'autre problématique, c'est le manque d'instruction. Au Népal, 75% des femmes qui travaillent dans l'agriculture ne peuvent ni lire ni comprendre la toxicité des produits signalée par les étiquettes. Pourtant, elles sont 66% à décider de l'utilisation de pesticides.

Elles sont plus vulnérables biologiquement
Cette inégalité de genre face aux dangers des pesticides est une sérieuse problématique de santé parce que le corps d'une femme n'est pas exposé de la même manière que celui d'un homme. "Les personnes de sexe féminin ayant généralement une plus grande proportion de masse grasse, elles sont plus susceptibles de stocker les polluants qui s’accumulent dans les tissus adipeux", révèle l'Atlas.

Par ailleurs, elles sont davantage vulnérables face aux produits repérés comme des perturbateurs endocriniens. Pourquoi ? Les femmes disposent "de plus de tissus sensibles aux hormones". Pour les associations écologistes et organismes de défense de l'environnement qui ont écrit ce rapport, l'usage de pesticides n'est pas étranger au développement de l'endométriose, cette maladie qui peut entraîner d'intenses douleurs durant les périodes menstruelles et l'infertilité.

Cette réalité est d'autant plus un problème que l'on estime à 385 millions le nombre d'intoxications aiguës et non intentionnelles par les pesticides chaque année. "Toutefois, les chiffres ne permettent pas d’estimer le taux d’incidence de ces empoisonnements chez les femmes car la recherche sur la santé au travail manque de données ventilées par sexe et de perspectives de genre", alerte l'Atlas.


https://www.rtbf.be/article/les-femmes-sont-davantage-exposees-aux-dangers-des-pesticides-11200066

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In Paula Yunes We Trust, brasseuse et fière de l’être

6 Juin 2023, 07:30am

Publié par hugo

 LES GRENADES

In Paula Yunes We Trust, brasseuse et fière de l’être

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20 mai 2023 à 12:41

Temps de lecture6 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Dans la série In… We Trust (en français : "Nous croyons en"), Les Grenades vont à la rencontre de femmes arrivées là où personne ne les attendait. Aujourd’hui, nous poussons la porte de la brasserie Atrium à Marche-en-Famenne pour découvrir le récit de la brasseuse Paula Yunes. Du Brésil à la Belgique, elle nous conte son histoire de boissons houblonnées et de déconstruction de stéréotypes genrés…

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9, rue des Brasseurs, Marche-en-Famenne : bienvenue à la Brasserie Atrium. Dès l’entrée, le bar, suivi du couloir qui mène à la zone de production. Des cuves, des fermenteurs, des tuyaux, une embouteilleuse, des sacs de malt, des caisses de bières… Une petite équipe s’affaire.

Ici, la co-maitre des lieux c’est Paula Yunes. Entre deux brassins, pour Les Grenades, la zythologue de 36 ans revient sur son parcours….

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Le goût de la bière
"Je suis née à São Paulo au Brésil. J’y ai habité jusqu’à mes 12 ans. C’est une mégapole où il y a beaucoup de trafic, c’était stressant. Avec mes parents, nous avons ensuite déménagé dans une ville plus petite." Étudiante en marketing, c’est pendant les fêtes universitaires qu’elle se familiarise au plaisir de la mousse. "Le Brésil est le troisième pays en termes de production brassicole. C’est normal de boire de la pils là-bas ; quant au mouvement artisanal, il a commencé il y a une vingtaine d’années…"

À la sortie de ses études, après deux ans au service marketing d’une multinationale de l’agroalimentaire, elle rejoint l’un de ses amis qui lance alors un site de vente en ligne de bières artisanales. "Il a financé mon cours de zythologie pour que je comprenne mieux les types de boissons. À travers les cours, j’ai appris comment les goûter, j’ai découvert les différentes caractéristiques… La professeure était la première zythologue au Brésil ! C’était super que l’enseignement soit promulgué par une femme."

Pour Paula Yunes, cette plongée dans le milieu brassicole se révèle un véritable coup de cœur. "C’était passionnant, directement je me suis dit que plus jamais je ne pourrais travailler dans un autre domaine !"

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À l’horizon, la Belgique
Après cette expérience dans la vente en ligne, elle commence à collaborer avec un importateur de bières étrangères dont nombre de Belges. "J’étais commerciale, notre portfolio comptait de super produits notamment de la brasserie Cantillon, Fantôme, Drie Fonteinen, Struise…"

Pour sa société, elle engage plusieurs personnes, dont un Belge installé au Brésil : Valéry De Breucker. Très vite entre les deux zythophiles démarre une histoire d’amour houblonnée. En 2015, avec son compagnon et un ami, elle crée un concept de voyages autour de la bière. "On a organisé un premier séjour en Belgique. Nous sommes resté·es un mois ici ; nous avons visité plein de brasseries, de bars, c’était très chouette ! Au moment de retourner chez moi, j’ai pleuré, je ne voulais pas partir…"

En 2015, le Brésil est traversé par une crise politique et économique. La société dans laquelle Paula Yunes travaille alors fait faillite. Valéry, son compagnon se retrouve lui aussi sans emploi. Il frappe à différentes portes et en Belgique, la brasserie Fantôme située à Soy lui propose un contrat. Nouveau départ pour le couple qui déménage en 2016 et s’installe à Marche-en-Famenne, rue des Brasseurs (ça ne s’invente pas !). "Nous ne pensions rester que deux ans en Belgique et ensuite rentrer au Brésil pour ouvrir une brasserie." Le destin en décidera autrement…

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Le début de la grande aventure
En arrivant, Paula Yunes apprend le français et vit de petits boulots ici et là. Rapidement, elle se lance dans une formation en microbrasserie organisée à l’IFAPME tout en travaillant comme stagiaire dans une brasserie de la région liégeoise. "Avec Valéry, notre idée était de produire des bières créatives tout en proposant une salle de dégustation. Nous nous sommes vite rendu compte qu’à Marche-en-Famenne, il n’y avait pas de brasserie… Alors pourquoi ne pas monter notre projet ici ? Nous en avons discuté avec l’agence de développement local qui nous a encouragé·es et nous a parlé d’un ancien atelier de boulangerie de 300 mètres carrés vide et à louer."

Un entrepôt situé justement rue des Brasseurs, à quelques pas de leur appartement ! Pour le couple, tout s’aligne ; armé·es d’un business plan bien ficelé, les deux parviennent à convaincre les investisseurs publics et privés. Début 2018, la création de leur société est signée, mais tout est encore à organiser… "Au début, je stressais énormément, les travaux ont pris beaucoup de retard. Aussi par souci d’économies, nous avons beaucoup construit nous-mêmes. Ça a été très dur, très lourd, mais je suis devenue une pro du chantier", sourit-elle.

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Houblon et résilience
Après des mois de labeur, la brasserie ouvre ses portes début décembre 2018. "La première année, on courait partout : la production la semaine, la gestion du bar le weekend. Ensuite, la pandémie nous a imposé un gros coup." Leurs bières étant largement destinées à l’horeca, la fermeture des bars et restaurants entraine alors une chute des ventes. "Très vite, on a créé un webshop pour pallier le manque à gagner. Nous réalisions les livraisons nous-mêmes, c’était super chouette de pouvoir rencontrer les client·es pendant cette période étrange d’isolement…"

L’année 2022 apporte elle aussi son lot de mauvaises surprises. "Avec la crise, les prix ont flambé, les malts ont augmenté de 40%, c’est vraiment la folie !"

À la brasserie, parfois les gens viennent et demandent à parler ‘au chef’ alors que je me trouve devant eux

Malgré les difficultés qui s’enchaînent, Paula Yunes reste motivée. Le challenge se révèle immense, mais le succès est au rendez-vous ; la demande croit année après année. Par ailleurs, leurs bières artisanales sont régulièrement récompensées par différents prix internationaux.


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Sexisme, sexualisation et nécessité de visibilisation
Derrière cette success-story, il ne faut pas oublier le sexisme du milieu brassicole. Quand Paula Yunes a commencé, les brasseuses en Belgique francophone se comptaient sur les doigts d’une main. Figure féminine minoritaire dans ce monde d’hommes, elle explique avoir entendu de nombreuses remarques liées à son genre ou à ses origines. "Par exemple, à l’IFAPME, nous étions 4 femmes sur 50 étudiants. Je me souviens d’un prof particulièrement sexiste… Dans les foires aussi, j’ai reçu pas mal de commentaires."

Notre interlocutrice confie que souvent lorsqu’elle se trouve avec Valéry, certains hommes ont tendance à s’adresser seulement à lui pour poser des questions ou discuter bouteilles. "À la brasserie, parfois les gens viennent et demandent à parler ‘au chef’alors que je me trouve devant eux." Elle pointe également la sexualisation des femmes dans ce secteur. "Longtemps, le marketing des bières objectifiait les corps féminins. Ça va beaucoup mieux, même s’il demeure des marques problématiques dans leurs campagnes… J’ai observé que lorsque la bière est par exemple très amère ou difficile à boire, les hommes ont tendance à l’apprécier sous prétexte que ‘ce n’est pas une bière de femmes.’"


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Notre interlocutrice confie que souvent lorsqu’elle se trouve avec Valéry, certains hommes ont tendance à s’adresser seulement à lui pour poser des questions ou discuter bouteilles. "À la brasserie, parfois les gens viennent et demandent à parler ‘au chef’ alors que je me trouve devant eux."

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Elle pointe également la sexualisation des femmes dans ce secteur. "Longtemps, le marketing des bières objectifiait les corps féminins. Ça va beaucoup mieux, même s’il demeure des marques problématiques dans leurs campagnes… Aussi, j’ai observé que lorsque la bière est par exemple très amère ou difficile à boire, les hommes ont tendance à l’apprécier sous prétexte que ‘ce n’est pas une bière de femmes.’"

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À la santé de tous·tes !
Si les violences persistent, le secteur brassicole semble néanmoins tendre vers plus d’inclusivité, et ce, notamment grâce à des pionnières comme Paula Yunes.

Lorsqu’on lui demande si elle se sent fière de son parcours, la zythologue répond par l’affirmative : "Au début, j’avais beaucoup de doutes, ça pouvait me fragiliser, aujourd’hui, j’ai gagné en confiance. C’est important de visibiliser les brasseuses, beaucoup de femmes aiment la bière, mais ne se lancent pas, car elles pensent que c’est un milieu hostile… Mais oui, je sens que ça bouge, je vois de plus en plus de femmes dans les bars spécialisés, dans les brasseries et ça, c’est super !"

Dans la série In… We Trust ("Nous croyons en…")
In Virginie Pierre We Trust, la force des abeilles
In Amandine Vanderheyden We Trust, des chèvres, du fromage et du lien social
In Zoila Rosa Palma We trust, vendeuse de frites et de réconfort
In Euphrasie Mbamba We Trust, la passion du chocolat
In Sukma Iryanti We Trust, rebondir face à toutes les difficultés
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https://www.rtbf.be/article/in-paula-yunes-we-trust-brasseuse-et-fiere-de-letre-11200384

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Pourquoi les féministes devraient-elles s’unir ? Un récap' des différents courants

6 Juin 2023, 07:27am

Publié par hugo

Pourquoi les féministes devraient-elles s’unir ? Un récap' des différents courants

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19 mai 2023 à 14:01

Temps de lecture7 min
Par Chloé Olivier pour Les Grenades
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"Même entre elles, les féministes ne sont pas d’accord." Des affirmations de ce genre, il ne suffit que quelques clics sur les réseaux sociaux pour en trouver à la pelle. Comme tout mouvement d’idées et d’actions, la pensée féministe évolue, se diversifie et se multiplie, jusqu’à former différents courants.

Le 25 avril dernier, à l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage Calmez-vous madame, ça va bien se passer, la docteure en science politique et directrice de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, Marie-Cécile Naves, revenait avec nos confrères et consœurs de La Première, sur "les réceptions du féminisme" à l’heure actuelle.

À l’occasion de cet entretien, la sociologue et politiste abordait la question du manque d’unité des féministes entre elles : "C’est une bonne nouvelle qu’il y ait des débats et des discussions parfois vives au sein du féminisme. Cela a toujours existé. C’est justement parce qu’il y a une pluralité des approches que ça en fait un mouvement riche. Le débat, c’est la démocratie."

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Les questions féministes sont en effet omniprésentes dans l’espace public et médiatique, et les vifs échanges qu’elles suscitent sont autant de signes de la vivacité des luttes féministes, au pluriel. Pourtant, la mauvaise compréhension de cette pluralité met à mal l’intelligibilité des nombreux débats et renvoie l’image d’une Femme, avec lettre majuscule, que toute singularité aurait quittée – niant de facto que chacun·e dispose d’un vécu propre, et peut souffrir de discriminations spécifiques.

Afin de mieux comprendre les différents positionnements féministes, cet article vous propose un tour d’horizon de ses principaux courants. Ce texte se veut non exhaustif, tant les féminismes se sont développés, comme les racines d’un très grand arbre qu’un tronc commun maintient ensemble.

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Le féminisme libéral ou égalitaire : l’égalité des sexes
"Quand on est féministe, il faut assumer comme un homme, être responsable comme un homme." Ces propos ont été confiés à La Libre par la députée fédérale Sophie Rohonyi (Défi), à l’occasion de la démission de Sarah Schlitz (Écolo) de son poste de Secrétaire d’État à l’Égalité des Genres, l’Égalité des Chances et à la Diversité. Ces paroles sont l’essence-même de ce que défend le féminisme libéral aujourd’hui. Aussi appelé "féminisme égalitaire", il trouve son fondement dans une volonté profonde d’égalité entre hommes et femmes.

Écrit en 1791, le manifeste Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges contient des passages faisant grandement écho aux mots prononcés par Sophie Rohonyi. "La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune", avançait cette révolutionnaire et femmes de lettres, deux ans avant d’effectivement finir sur l’échafaud…

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Ce que les féministes égalitaires revendiquent, c’est l’application d’une pensée libérale, exigeant une liberté de l’individu, à la lutte féministe. Elles se mobilisent pour l’obtention de droits politiques et civils égaux, comme le droit de voter, d’exercer une profession rémunérée ou encore d’être élue. Mais les féministes égalitaires réclament également un salaire identique à celui des hommes, un accès à l’instruction similaire et une responsabilité partagée équitablement dans le mariage.

S’il a autrefois coûté la vie à Olympe de Gouges, il est aujourd’hui le féminisme communément accepté dans la sphère publique. Et pour cause : il est le seul, à l’heure actuelle, à ne pas considérer qu’il faille abolir le système dans lequel nous nous trouvons, mais qu’il est tout à fait possible de le réformer de l’intérieur afin de le voir évoluer.

Le féminisme différentialiste ou essentialiste : "Égales mais différentes"
Par opposition à ce courant féministe teinté de libéralisme se trouve le féminisme différentialiste ou essentialiste. Pour les essentialistes, pas question d’avancer que la femme serait l’égale de l’homme en tout point. Bien au contraire ! Les femmes et leurs réalités biologiques sont mises en avant et considérées en tant que telles, comme des atouts et non des poids qui empêcheraient l’égalité.

Les essentialistes appellent à une prise de conscience des femmes de ce qui les constitue, de leurs qualités. Leur capacité à porter la vie et à devenir mères tient une position centrale dans ce raisonnement. Le féminisme différentialiste met donc un point d’orgue à responsabiliser les femmes quant à ce pouvoir qu’elles détiennent en elles, et qu’elles ne devraient pas laisser aux mains des hommes.

Antoinette Fouque, femme de lettres française, co-fondatrice du Mouvement de Libération de la Femme et essentialiste de la première heure, précisait d’ailleurs dans le troisième tome de son ouvrage Féminologie : "Nous n’étions pas un mouvement contre les hommes, mais un mouvement pour les femmes. En revanche, nous étions contre la misogynie qui existe chez des hommes ou chez des femmes." La motivation principale de ce courant est donc de proposer une alternative à une hégémonie masculine à échelle sociétale.

Le féminisme radical, fer de lance contre le patriarcat
Cette société, justement, ou plutôt son fonctionnement global, sont ce qui pose problème aux féministes dites "radicales". La société dans son état actuel serait dysfonctionnelle ; il faudrait donc totalement la repenser pour que chacun·e puisse s’y retrouver.

Le féminisme radical identifie une source commune à ce dysfonctionnement : le patriarcat. Ce dernier, constitué par et pour les hommes – blancs, cisgenres et hétérosexuels – serait le responsable de toutes les oppressions systémiques perpétrées envers les femmes et minorités (de genre, ethniques, religieuses, culturelles, …). Autre constat : ce patriarcat est violent. Pour asseoir sa domination et sa mainmise sur la société, il utilise les violences, qu’elles soient physiques ou psychiques, pour détruire et silencier toute personne souhaitant se dresser contre lui.

Ce courant se marque par un rejet des conventions sociales traditionnellement attribuées aux femmes, jugées comme profondément sexistes. En ce point, le féminisme radical s’oppose totalement au féminisme essentialiste.

Au-delà du radicalisme, la croisée des luttes
Une diversité de mouvements aux objectifs tout aussi divers s’est créée sur base des mêmes postulats que pour le féminisme radical : le féminisme queer, l’afro-féminisme, le féminisme islamique, le féminisme socialiste ou marxiste, … Tant de mouvements associant l’émancipation des femmes et des minorités à d’autres luttes, comme la décolonisation ou l’établissement d’une société plurielle et hétéroclite où tout culte, toute culture, toute identité ou expression de genre aurait sa place.

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Le féminisme intersectionnel s’inscrit également dans cette lignée. Il s’agit d’un féminisme qui se veut conscient de la nature plurielle du joug patriarcal, et qui se place à la convergence de toutes les luttes.

Les féministes intersectionnel·les sont donc convaicu·es que toutes les femmes sont opprimées par le système, mais que certaines femmes se trouvent à l’intersection de différentes discriminations. Une femme racisée porteuse d’un handicap subira par exemple une discrimination spécifique, à la croisée du sexisme, du racisme et du validisme.

Certaines personnes auraient donc un paquetage bien plus lourd que d’autres et ce, dès leur naissance. Pour les féministes intersectionnel·les, l’enjeu est d’englober dans les luttes toutes ces personnes victimes de l’oppression patriarcale, constituant une véritable diversité sociale et sociétale.

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L’écoféministe suit également la tendance, et a par ailleurs fait parler de lui récemment à travers la figure de Mathilde Caillard, assistante parlementaire à l’Assemblée Nationale française.

Comme son nom l’indique, il met en lien la destruction de nos écosystèmes et les oppressions des femmes et personnes minorisées. Pour les écoféministes, la domination du patriarcat sur les individus et sur l’environnement devrait être abrogée conjointement.

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Quels féminismes aujourd’hui ?
À ce jour, il est parfois compliqué de comprendre les réels enjeux de débats en place publique autour des questions féministes, tant les courants et les voix se sont multipliés et diversifiés.

Au-delà de la sphère politique, le débat continue également à faire rage. Sur les réseaux sociaux, notamment, avec de nombreuses prises de position du grand public face aux nombreux débats médiatisés. Auprès des jeunes, sur le réseau social TikTok par exemple, des voix aussi diverses que nombreuses montent et se font entendre.

Ainsi, des influenceur·euses prennent aujourd’hui la parole pour défendre la liberté à disposer de son corps et à exercer le métier de travailleur·euse du sexe. D’autres internautes, en revanche, prônent un retour à des "valeurs traditionnelles et familiales" positives, à travers des vidéos où les femmes se retrouvent souvent dans la sphère domestique, accomplissant des travaux ménagers ; il s’agit du phénomène des Trad Wives, ou "épouses traditionnelles", qui s’amplifie depuis quelques mois sur le réseau social chinois.

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Vous l’aurez donc compris : la diversité et la pluralité sont les maîtres-mots lorsqu’il s’agit de parler féminismes. La pensée féministe en tant que mouvement kaléidoscopique est par ailleurs ce qu’explore Elsa Dorlin dans son essai Sexe, genre et sexualités.

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Pourtant, au-delà des divergences, l’unité féministe se veut concrète, réelle et veille à faire bouger les lignes, jour après jour. "Les sensibilités féministes sont différentes, mais le travail est commun", expliquait l’auteure, slameuse et formatrice Lisette Lombé au micro de La Première, en mars 2018.

Des méthodes d’action variées, donc, mais un objectif similaire : celui de rendre notre société plus inclusive et égalitaire, pour toutes et pour tous.

Faut-il parler du féminisme ou… des féminismes ? – Un podcast Les Grenades, série d’été

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Pour survivre, la librairie féministe Un Livre et une Tasse de Thé a besoin de vous

6 Juin 2023, 04:02am

Publié par hugo

 Pour survivre, la librairie féministe Un Livre et une Tasse de Thé a besoin de vous
Charlotte Arce
 05 juin 2023 à 17h45

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  FÉMINISME
En deux an et demi d’existence, la librairie parisienne Un Livre et une Tasse de Thé s’est taillée une place de choix parmi les lieux qui font vivre la littérature féministe. Pour que ce lieu unique puisse continuer à exister, ses deux fondatrices, Juliette Debrix et Annabelle Chauvet, lancent une campagne de crowdfunding.
Derrière sa devanture vert d’eau et ses grandes baies vitrées, Un Livre et une Tasse de Thé, est une librairie unique. Ouverte à l’automne 2020 rue Boulanger, à deux pas de la Place de la République, elle a acquis, en moins de trois ans, la réputation de petite enclave féministe et cosy, un safe space où l’on peut siroter un golden latte maison avant de s’offrir Vieille Fille de Marie Kock ou le dernier Pierre Lemaître. 


Ce lieu vivant, pensé tout à la fois comme une librairie de quartier, une librairie spécialisée dans les écrits engagés et un café, a été pensé par Juliette Debrix et Annabelle Chauvet. Amies de longue date, les deux jeunes femmes ont imaginé ce projet ensemble. « On l’a pensé comme un lieu qui réunit ce qui nous anime dans la vie, nous explique Annabelle : la littérature, mais aussi l’engagement politique. Et parce qu’on est gourmandes ! On a voulu créer un lieu de vie, un espace de rencontres et d’échanges d’idées. On s’est demandé comment faire pour que la librairie ne soit pas qu’un lieu de passage, un endroit où on se croise. »

Mais aujourd’hui, cette librairie unique à Paris est menacée. D’où le lancement, ce lundi 5 juin, d’une campagne de crowdfunding pour assurer l’avenir de la librairie.

Un lieu accueillant et engagé
Car Un Livre et une Tasse de Thé n’est pas née dans un contexte facile. La librairie a ouvert ses portes en novembre 2020. « Très exactement le jour du deuxième confinement », précise Juliette Debrix. Même si les ouvrages féministes occupent une large place dans les rayons, les deux libraires ont aussi fait une place de choix aux ouvrages non-militants. Un parti pris assumé, pour séduire à la fois les féministes affirmées et une clientèle de quartier, peut-être plus habituée à acheter un thriller qu’un essai sur l’écoféminisme. « Il y a des gens qui ne viennent qu’au salon de thé, qui ne regardent que les couvertures ou viennent acheter le dernier Virginie Grimaldi, et c’est très bien aussi », assure Annabelle Chauvet. 


Pour autant, pas question pour les deux co-gérantes de déroger à leur ligne éditoriale. Qu’il s’agisse de romans, d’essais, de livres jeunesse ou de BD, les livres passent le filtre « féministe, de gauche » des deux jeunes femmes, très attentives aux ouvrages qu’elles disposent dans leurs rayonnages. « On est identifiées comme féministes par notre clientèle. Les gens viennent aussi pour notre sélection. »

Copie de [Image intérieure] Carré (5)
De haut en bas et gauche à droite : Laurette Derthe, libraire ; Juliette Touzard, chargée de communication ; Juliette Debrix, co-gérante ; Annabelle Chauvet, co-gérante ; Alix Cappe, apprentie libraire.
Crédit : Gabrielle Malewski
Et quelle sélection ! Depuis son ouverture, Un Livre et une Tasse de Thé a accueilli des dizaines de rencontres avec des autrices et auteurs, organise des ateliers d’écriture, des soires pop culture mensuelles avec l’autrice Jennifer Padjemi et la docteure en études cinématographiques Célia Sauvage, un book club féministe… « Notre objectif est de créer de l’émulation d’idées, de faire du lieu entre les mouvements de pensée, entre les différents publics », développe Annabelle Chauvet, qui pointe aussi le rôle-clé de la librairie dans le « soutien à la littérature engagée », « aux auteurices et aux maisons d’édition indépendantes qui ont l’audace de proposer de nouveaux textes ».

« Le troisième axe que l’on développe de plus en plus, c’est le travail de matrimoine, complète Juliette Debrix. On constate que les pensées féministes, et plus globalement de contre-culture, disparaissent plus rapidement. On tient donc à les entretenir, pour ne pas qu’elles disparaissent. » Après avoir mis à l’honneur la féministe italienne Carla Lonzi en mars, la librairie organise début juillet une soirée à l’essayiste américaine Gloria Steinem. 


Un avenir en péril
C’est là tout le paradoxe. Alors qu’Un Livre est une Tasse de Thé a réussi, en deux ans et demi d’existence, à fédérer une clientèle fidèle, la librairie est menacée. « On arrive à un équilibre financier pour cette année fiscale, c’est plutôt encourageant. On a doublé le chiffre d’affaires des anciens propriétaires », se félicitent les deux fondatrices. Mais la période de Covid, durant laquelle a ouvert le lieu, met en péril son avenir. « On s’est lancées avec assez peu d’argent au départ. On pensait réussir à faire vivre la librairie assez rapidement. Il se trouve qu’avec les confinements successifs, le salon de thé n’a pas pu ouvrir avant quasiment un an. Toute notre économie en a été un peu remuée. On a accumulé des dettes sur cette période-là. »

Ces dettes ne sont pas tant le fait de l’absence de clientèle, mais plutôt de certains fournisseurs, peu enclins à se montrer bienveillants envers une petite librairie. « Celui qui nous demande le plus d’argent, c’est le groupe Hachette, propriété de Bolloré, constate Juliette Debrix. On n’a aucune marge de manœuvre, aucune marge de négociation, et c’est avec eux qu’on a les plus petites remises, le moins de flexibilité, le moins de prise de risque… On se fait écraser. »

Une campagne de financement joyeuse et militante
Pour survivre et proposer une sélection tout à la fois féministe et grand-public, Un Livre et une Tasse de Thé a désormais besoin de ses lecteurices. Objectif des deux co-gérantes : récolter au moins 80 000 € pour éponger les dettes de la librairie et augmenter les salaires à la hauteur de l’inflation – en plus d’elles deux, elles emploient une libraire et une apprentie libraire à temps plein, et une chargée de communication à temps partiel. Récolter une telle somme leur permettrait aussi de continuer à se développer. « On a plein d’idées, comme la refonte de notre site internet défaillant, inviter des auteurices étrangères à la librairie, produire un festival, mettre en œuvre un archivage des luttes féministes… », écrivent les deux cogérantes d’Un Livre et une Tasse de Thé sur leur page KissKissBankBank. 


Copie de [Image intérieure] Carré (4)
En contrepartie de leur coup de pouce financier, les lecteurices obtiendront des contreparties, et pourront même espérer remporter aux enchères des « dons » précieux et exclusifs de 18 personnalités militantes. « De jolies surprises », promet Annabelle Chauvet, comme des illustrations de Pénélope Bagieu, des ateliers podcasts, des ateliers d’écriture… « Il y a cette urgence et cette gravité de sauver la librairie qui est un lieu politique, mais on aimerait que ce soit joyeux. C’est pour ça qu’il y aura aussi une soirée organisée fin juin, avec des artistes musicaux qui nous offriront de leur temps et de leur talent. »


Pour aider Un Livre et une Tasse de Thé, et donc soutenir une librairie féministe, engagée et indépendante, leur campagne KissKissBankBank est ici. 

Vous pouvez aussi leur commander plein d’ouvrages (féministes ou non) et ainsi assurer la pérennité de leur activité. C’est toujours ça de moins donné à Amazon…

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Crédit photo de la une : Gabrielle Malewski


https://www.madmoizelle.com/pour-survivre-la-librairie-feministe-un-livre-et-une-tasse-de-the-a-besoin-de-vous-1534787

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Pour mieux réguler les contenus pornographiques, le Haut Conseil à l’Égalité recommande de donner plus de compétences à Pharos

6 Juin 2023, 03:59am

Publié par hugo

 Pour mieux réguler les contenus pornographiques, le Haut Conseil à l’Égalité recommande de donner plus de compétences à Pharos
Christelle Murhula
 05 juin 2023 à 10h10
MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU EN FRANCE
En vue des débats à venir sur le projet de loi pour »sécuriser et réguler l’espace numérique », le Haut Conseil à l’Égalité a révélé ses recommandations pour mieux réguler les contenus pornographiques.
Le 26 mai dernier, une étude de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) révélait que les mineurs fréquentent de plus en plus de sites pornographiques. En réaction, ce lundi 5 juin, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) a partagé dans un texte ses recommandations concernant les violences en lignes, notamment la pornographie, a révélé franceinfo. L’organisme estimant que les femmes et les filles sont les « grandes oubliées du projet de loi » du gouvernement visant à « sécuriser et réguler l’espace numérique », qui sera débattue au Sénat dans les jours qui suivent. Leur but ? « Inspirer des amendements au gouvernement et au Parlement ».


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À lire aussi : Les mineurs fréquentent de plus en plus les sites pornographiques selon l’Arcom

Dans ce rapport que nos confrères de franceinfo a pu consulter, est abordé la question de la représentation des femmes dans les contenus pornographiques, notamment des mineures. Ainsi, le HCE propose que « toute image, représentation d’un ou d’une mineur(e) ou d’une personne dont l’aspect physique est celui d’un ou d’une mineur(e) à caractère pornographique soit interdite » et ce, « quel que soit l’âge de la personne filmée ». En septembre 2023, le Haut Conseil à l’Égalité publiera d’ailleurs un rapport sur les violences sexistes et sexuelles dans l’industrie pornographique.

Une meilleure collaboration encore l’Arcom et Pharos ?
Outre la régulation de contenus pornographiques, le HCE propose à ce que les compétences de la plateforme Pharos soient étendues. Car si Pharos peut retirer, bloquer ou déréférencer des contenus terroristes et pédopornographiques, elle ne peut pour l’instant pas agir sur les contenus « présentant des actes de torture et de barbarie, des traitements inhumains et dégradants et des viols« , explique le texte. Ils recommandent aussi de « lourdes sanctions financières » pour toute personne diffusant ces contenus.

Le HCE souhaiterait également que l’Arcom et Pharos puissent collaborer afin de garantir un blocage total de contenus illicites. Comme par exemple, que l’organisme puisse être saisi lorsque les signalements effectués par Pharos restent « sans suite ». Ainsi, le HCE souhaite que « l’Arcom puisse être saisie afin de contrôler également la conformité des refus de blocages et ordonner à Pharos le retrait, le blocage, ou le déréférencement ».


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Suicide de Lucas : les collégiens reconnus coupables de harcèlement mais pas de sa mort

6 Juin 2023, 03:56am

Publié par hugo

 Lucas s'est suicidé à 13 ans à cause de harcèlement homophobe // Source : Capture d'écran YouTube
ACTU EN FRANCE
Suicide de Lucas : les collégiens reconnus coupables de harcèlement mais pas de sa mort
Christelle Murhula
 05 juin 2023 à 11h11
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Lundi 5 juin, le tribunal pour enfants d’Épinal a finalement choisi de ne pas reconnaître le harcèlement comme cause du suicide du collégien.
Son histoire avait suscité un émoi national. Le 7 janvier dernier, Lucas collégien de 13 ans, s’est suicidé après avoir subi un harcèlement homophobe de la part de camarades de classe. Ce lundi 5 juin, le tribunal pour enfants d’Épinal a reconnu le harcèlement scolaire de Lucas de la part de quatre collégiens.


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En avril dernier, le parquet n’avait pas requis la reconnaissance du harcèlement comme cause du suicide, contredisant ainsi ses propres conclusions rendues à la fin de l’enquête. En ne retenant pas la causalité entre ces faits et le suicide de l’adolescent, le tribunal évite ainsi la peine maximale aux quatre jeunes prévenus, à savoir cinq ans d’emprisonnement.

Des mesures éducatives provisoires ont été prononcées à l’encontre des quatre collégiens, en attendant une prochaine audience qui fixera leurs sanctions. Celle-ci aura lieu le 22 janvier 2024. Ils encourent jusqu’à 18 mois de prison.

Un « soulagement » pour la mère de Lucas
Malgré cette requalification, Séverine, la mère de Lucas, a fait part de son « soulagement » à l’issue du prononcé de la décision : « Le verdict qui a été rendu est bien parce que le harcèlement c’est grave. Il faut que tout le monde en prenne conscience. J’attendais que mon fils soit reconnu victime de harcèlement scolaire, c’est tout ce que je lui devais, c’est mon combat maintenant », a-t-elle déclaré à l’Agence France Presse.

Pour rappel, Lucas avait laissé derrière lui une lettre, expliquant son geste. Ses proches avaient dénoncé des faits de harcèlement, révélant les moqueries et insultes à caractère homophobe dont il s’était dit victime de la part d’autres élèves de son collège.

Sa mort avait provoqué un émoi national, et le ministre de l’Éducation Nationale Pap Ndiaye, avait lui-même réagi avec émotion lors d’une séance au Sénat : « Quand un enfant met fin à ses jours, il n’y a pas de mots pour dire l’émotion, le chagrin, la douleur. Ce drame montre à quel point la lutte contre le harcèlement scolaire doit demeurer une priorité du gouvernement ». Il avait dans la foulée dénoncé l’homophobie à l’école, sans pour autant présenter des mesures concrètes.

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