Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

sororite

"En finir avec la rivalité féminine" : s’approcher d’une sororité bienveillante

7 Novembre 2022, 06:18am

Publié par hugo

 "En finir avec la rivalité féminine" : s’approcher d’une sororité bienveillante

hier à 11:32

Temps de lecture
5 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
Littérature
Culture & Musique
LITTERATURE
LIVRE
AUTRICE
SORORITE
PARTAGER


Si on vous dit "rivalité ", "crêpages de chignon", "jalousie", à quel genre associeriez-vous ces mots ? Sans grande surprise, cela sera probablement au genre féminin. Pour démonter les stéréotypes liés à la rivalité féminine, pour mieux la comprendre et l’éviter, pour s’approcher d’une sororité bienveillante, les autrices, Élisabeth Cadoche et Anne de Montarlot, ont rédigé un essai extrêmement bien documenté sur ce thème qui devrait intéresser autant les hommes que les femmes, intitulé En finir avec la rivalité féminine.

Élisabeth Cadoche, journaliste et autrice de fictions, et Anne de Montarlot, psychothérapeute, avaient déjà collaboré sur Le syndrome d’imposture. Pourquoi les femmes manquent-elles tant de confiance en elles ? qui aspirait à "aider les femmes à briser le plafond de verre de leurs ambitions et à s’épanouir pleinement".

Avec ce nouvel essai collectif, elles ont couplé leur expertise à celles d’autres études, pour permettre aux femmes de comprendre le cheminement de la rivalité, ses origines et comment elle s’insère dans tous les pans personnels et professionnels.

À lire aussi
Où trouver de la sororité ?

Partir du commencement
Divisé en chapitres qui reprennent les lieux où la rivalité se joue, l’essai se penche sur des notions qui pourraient être confondues comme "l’envie" et "la jalousie". Généralement associées aux femmes, elles n’ont pas leur pendant masculin, en effet la rivalité féminine et la rivalité masculine sont totalement différentes. L’une est raillée par la société tandis que l’autre est valorisée.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Pour découvrir d’où provient cette différence, il faut se pencher comme l’ont fait Élisabeth Cadoche et Anne de Montarlot sur l’Histoire, la psychologie, la biologie, la sociologie. Les autrices ont eu à cœur de partir dans des directions multiples afin de nous livrer des études réalisées sur ce thème. Sans pencher pour une théorie ou une autre, elles permettent aux lecteurs et aux lectrices de se forger une opinion sur la provenance de la rivalité féminine.

Les différentes rivalités
Au fur et à mesure des pages, le livre pose un éclairage sur les différents types de relations qui peuvent exister entre femmes : mère/fille, belle-mère/belle-fille, sœurs/sœurs, collègues/patronnes, …

Chacun de ces rapports possède ses moments où la rivalité devient parfois le seul moyen de communication. Si nous pouvons sortir dépité·es à la lecture de ces constats, nous devons, comme le font les deux autrices, remettre les éléments dans leur contexte.

Pour souligner ce point, les autrices ont mis en exergue une citation de la féministe bell hooks : "On nous enseigne que nos relations avec d’autres femmes amoindrissent notre expérience plutôt que de l’enrichir. On nous enseigne que les femmes sont des ennemies 'naturelles' et que la solidarité n’existera jamais entre nous parce que nous ne savons pas nous rapprocher les unes des autres […] Nous avons bien appris ces leçons. Nous devons les désapprendre si nous voulons construire un mouvement féministe durable, consistant et cohérent."

À lire aussi
Décès de l’autrice féministe afro-américaine bell hooks

Se questionner sur son propre rapport à la rivalité

Les mots d’ordre de ce livre sont le questionnement et la rétrospection. Il nous oblige à nous questionner sur notre rapport à la rivalité. Dans nos vies respectives, il est certain que nous avons toutes ressenti, à un moment donné et à des degrés différents, cet amer sentiment de jalousie et de rivalité.

S’analyser à l’aune de ce que les autrices apportent, c’est aussi constater qu’on a pu causer quelques dégâts, en parole ou en acte, et s’interroger pour savoir comment ne plus les commettre.

Outre les études et les chiffres avancés pour apporter des faits non contestables, se trouvent aussi des témoignages pour illustrer chaque chapitre.

Si on peut parfois regretter la longueur de certains, il est évident que les proposer était une nécessité. Rendre la rivalité féminine plus réelle et contextualisée dans des vies ordinaires apporte également un autre regard.

À lire aussi
"Toute une moitié du monde" d’Alice Zeniter, ou le besoin de représentations féminines

La rivalité dans la pop culture
En dehors des points plus sociologiques, il est à noter que les autrices ont voulu rendre le tout accessible en y incorporant des extraits de rivalités féminines présents dans la pop culture. À la lecture de ces films ou séries, on se rend compte de la portée que cela a pu avoir sur toute une génération de filles et de garçons ayant grandi et vécu avec de telles images.

On nous enseigne que les femmes sont des ennemies 'naturelles' et que la solidarité n’existera jamais entre nous […] Nous avons bien appris ces leçons. Nous devons les désapprendre si nous voulons construire un mouvement féministe durable, consistant et cohérent

Quand on ne montre que très rarement des amitiés féminines mais que les rivalités sont toujours bien présentes, et qu’elles font le sel du récit, il est évident que les représentations, la construction de l’identité, la relation avec autrui s’en voit déforcée. On pourra apprécier les références à la série Sex & the City, à la saga mondialement connue d’Elena Ferrante, L’Amie prodigieuse, et au film Ma Meilleure ennemie avec Julia Roberts et Susan Sarandon.

À lire aussi
Où en est-on dans la représentation télévisée de l’intersectionnalité ?

Des conseils pour en finir, vraiment !
En finir avec la rivalité féminine possède ce titre accrocheur qui ferait presque espérer des recettes magiques et providentielles pour en terminer littéralement avec ce poison que toute femme a pu connaitre au moins une fois dans sa vie.

Ici point de recette pourtant, mais des idées de livres et de films à la sororité bien présente et des conseils pratiques à dispenser aux personnes de notre entourage et ce dès le plus jeune âge pour que la sororité, au sens noble du terme, soit en ligne de mire de chacun et de chacune.

Sans tout dévoiler, en voici quelques-uns que nous devrions toutes et tous appliquer : "Ne parlez pas mal des autres femmes, ne faites pas de commérages", "Reconnaissez aux femmes le mérite de leurs idées, de leurs contributions et de leurs réalisations. Félicitez publiquement celles qui réussissent."

Alors, on se lance, ensemble ?

A ce sujet, un des derniers podcasts de Charlotte Bienaimé est consacré aux copines et il est idéal pour prendre le plein de bonnes ondes.


En finir avec la rivalité féminine, Élisabeth Cadoche & Anne de Montarlot, Editions Les Arènes, 288 pages, septembre 2022, 21€.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/en-finir-avec-la-rivalite-feminine-sapprocher-dune-sororite-bienveillante-11098870

Voir les commentaires