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feminismes

 La mode est politique

29 Juillet 2022, 01:22am

Publié par hugo

 La mode est politique

RÉSUMÉ
Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, la mode est politique, et ce depuis le moment où il a été décidé que les hommes et les femmes ne s’habilleraient pas de la même manière. Elle impacte profondément la vision que la société a des femmes, et détermine souvent leur présence et leur poids dans l’espace public. 

Aujourd’hui, la mode est bousculée par la rapidité de l’information et l’appétence de certains à changer le monde qui nous entoure. Mais difficile de changer sans comprendre les notions et les codes de ce milieu qui sont multiples et complexes à appréhender.

C’est la raison de ce lexique.

Classées par ordre alphabétique, les différentes entrées ne sont pas de simples définitions mais bien de courts essais, dans lesquels Mélody Thomas interroge librement les différents concepts présentés. Elle revient sur des notions fortes, des moments marquants et des pièces emblématiques de l’histoire de la mode – qui est le miroir de l’histoire de nos sociétés  – et nous aide à décrire les problèmes du présent pour dessiner ensemble l’avenir.


https://livre.fnac.com/a16660047/Melody-Thomas-La-mode-est-politique#:~:text=Contrairement%20%C3%A0%20ce%20que%20l%E2%80%99on%20veut%20nous%20faire,leur%20pr%C3%A9sence%20et%20leur%20poids%20dans%20l%E2%80%99espace%20public.

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Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire la mode est politique et ce depuis le moment où il a été décidé que les hommes et les femmes ne s’habilleraient pas de la même manière. Elle impacte profondément la vision que la société a des femmes et détermine souvent leur présence et leur poids dans l’espace public.  Aujourd’hui la mode est bousculée par la rapidité de l’information et l’appétence de certains à changer le monde qui nous entoure. Mais difficile de changer sans comprendre les notions et les codes de ce milieu qui sont multiples et complexes à appréhender.C’est la raison de ce lexique.Classées par ordre alphabétique les différentes entrées ne sont pas de simples définitions mais bien de courts essais dans lesquels Mélody Thomas interroge librement les différents concepts présentés. Elle revient sur des notions fortes des moments marquants et des pièces emblématiques de l’histoire de la mode – qui est le miroir de l’histoire de nos sociétés  – et nous aide à décrire les problèmes du présent pour dessiner ensemble l’avenir.

La mode est politique de Mélody THOMAS (la-grande-librairie.fr)

https://la-grande-librairie.fr/livre/la-mode-est-politique/

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Un homme trans enceint dans une pub Calvin Klein fait bondir les réacs

22 Juin 2022, 18:37pm

Publié par hugo

Un homme trans enceint dans une pub Calvin Klein fait bondir les réacs
718Partages    
La campagne Calvin Klein montre Erika Fernandes et Roberto Bete, un homme trans enceint3 PHOTOSLANCER LE DIAPORAMA
La campagne Calvin Klein montre Erika Fernandes et Roberto Bete, un homme trans enceint
Pauline Machado 
Par Pauline Machado
Publié le Mardi 17 Mai 2022
La dernière campagne de la marque américaine Calvin Klein dépeint, à travers des portraits photos touchants, "la réalité des nouvelles familles". Parmi elles, Roberto et Erika, capturé·es pendant la grossesse du premier. Un moment de bonheur entaché de commentaires transphobes.
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La récente campagne de Calvin Klein met en avant la parentalité et sa pluralité. Devant l'objectif du photographe, il y a notamment Roberto et Erika. Erika est allongée sur le ventre, Roberto sur le dos, son ventre rebondi mis en valeur.

"Roberto doit donner naissance à son fils Noah et celui d'Erika d'un jour à l'autre", lit-on sous le post qui met en avant un cliché plein de tendresse du couple brésilien.

Une pub qui a fait réagir une horde d'internautes mécontents, lesquel·les n'ont pas hésité à exprimer leur haine en commentaire. Des encouragements au boycott et autres "les hommes ne peuvent pas tomber enceintes", "les femmes donnent naissance, pas les hommes", qui en disent long sur la transphobie et l'ignorance générale autour de la transidentité qui règnent encore dans notre société.

Une campagne "importante"

Pour le Dr Ojeda, qui oeuvre au Centre National pour l'Egalité des Transgenres, il est d'autant plus essentiel de véhiculer ces valeurs inclusives que le monde dans lequel nous vivons les condamne si fréquemment. "J'applaudis Calvin Klein pour avoir été aussi intentionnel, car ce changement de langage est si important", explique-t-iel à Yahoo. "Cela pourrait améliorer la façon dont nous considérons les gens, en particulier en ce qui concerne l'accès aux soins de santé et au planning familial."

Sur l'aspect biologique de la grossesse, Dr Ojeda précise d'ailleurs : "Nous supposons que parce que vous êtes sous testostérone, vous ne pouvez pas tomber enceint, alors qu'en réalité, il y a de fortes chances que vous le puissiez". Et d'ajouter : "Il y a beaucoup d'hommes trans, de personnes transmasculines, non-binaires qui mettent en fait leurs hormones en pause pour pouvoir tomber enceint".

Des contradictions épinglées

Aux détracteur·rices, Calvin Klein a tenu à défendre sa campagne : "Nous embrassons cette plateforme comme un environnement inclusif et respectueux de l'individualisme et de l'expression de soi. Chez Calvin Klein, nous tolérons tout sauf l'intolérance - tout commentaire intolérant sera supprimé, et tout compte émettant des déclarations haineuses pourra être bloqué."

Un commentaire bienvenu, que certaines personnes ont toutefois nuancé, interpellant directement la marque et rappelant des pratiques problématiques : "Pendant ce temps, vos vêtements et produits sont fabriqués dans des pays où les personnes de la communauté LGBT seraient punies ou tuées par les lois qu'ils défendent", lâche un·e internaute.

A noter que d'après le site Good On You qui a étudié les conditions de travail chez Calvin Klein, celles-ci se seraient récemment améliorées. "Une partie de sa chaîne d'approvisionnement est certifiée par le code de conduite sur le lieu de travail de la FLA, y compris l'ensemble de la phase finale de la production, et elle a obtenu un score de 51 à 60 % dans l'indice de transparence de la mode", décrit la plateforme.

Des progrès qui devraient se poursuivre sur les prochaines années.


https://www.terrafemina.com/article/transphobie-un-homme-enceint-dans-une-pub-calvin-klein-fait-bondir_a364059/1

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Publié depuis Overblog

17 Juin 2022, 14:30pm

Publié par hugo

Violences conjugales
« Papa fait mal à maman, papa tue maman »
Publié le 16/06/2022 à 18h21
« Papa fait mal à maman, papa tue maman »
La victime a de nouveau subi la violence de son mari, dans la soirée du 12 juin. L’homme a été condamné à 12 mois de prison ferme.?Photo d’illustration Pierre Destrade © Pierre DESTRADE
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Un homme de 52 ans a été condamné à 12 mois de prison ferme pour avoir une nouvelle fois frappé sa femme. Le quinquagénaire avait déjà été condamné pour des violences sur son épouse en janvier 2021.
L’homme (*) se présente dans le box des prévenus, penaud. Il lance un regard hagard dans la salle, et s’arrête sur son épouse, assise au premier rang. Celui des victimes. Son visage est encore tuméfié par les coups et un coquard reste visible sous son œil droit. Une minerve maintient son cou. Sa fille, jeune adolescente, se tient à ses côtés.


L'épouse se réfugie chez une voisine
Trois jours plus tôt, dimanche 12 juin vers 21 h 30, les gendarmes avaient été appelés par une voisine du couple. L’épouse venait de se réfugier chez elle, se disant victime de coups portés par son mari. La fillette du couple, âgée de trois ans et la fille de la victime étaient présentes dans la maison au moment du déchaînement de violences.
L’adolescente s’est réfugiée dans sa chambre avec sa petite sœur, lui intimant de ne pas faire de bruit. Elles finiront par quitter le domicile en prenant la fuite par une fenêtre de la salle de bains, apercevant dans un regard furtif le corps de leur mère allongée au sol. Quelques minutes auparavant, c’est elle qui disait à ses filles de se cacher. Son mari et père de la fillette venait de rentrer ivre au domicile. Elle avait pressenti ce qui allait arriver. La présidente de l’audience détaille les minutes qui ont précédé l’appel des secours.

« Je ne me souviens pas. Mais je vois ce que j’ai fait et ça me fait peur ».

LE MARI DE LA VICTIME

L’homme avait bu du vin rosé tout au long de la journée. S’occupant de son potager, jouant sur son téléphone portable, se rendant au cimetière pour visiter son père, avant de rencontrer un ami en début de soirée avec qui il avait bu. Trop bu. Vers 21 heures, il était rentré ivre au domicile conjugal. Une dispute avait rapidement éclaté avec son épouse.
Il avait alors commencé à renverser les objets sur la table, puis jeté du mobilier à terre, avant de saisir son épouse par les cheveux, la faisant tourner au sol. Il l’avait maintenue ainsi, commençant à lui donner des coups de pied dans le dos et la tête, puis des coups de poing au visage.

Une première condamnation pour violences conjugales en janvier 2021
Les filles, réfugiées dans leur chambre, avaient entendu leur mère le supplier de s’arrêter et crier de douleur. La mère et les filles parviendront à se mettre à l’abri chez la voisine, dans l’attente des secours. La fillette dira le lundi à l’école : « Papa fait mal à maman. Papa tue maman ». Les deux enfants avaient déjà vécu la même scène de violence il y a plus d’un an, et qui avait valu une première condamnation du quinquagénaire pour violences conjugales en janvier 2021.
Dans le box, le mari a écouté le déroulé des faits, presque ailleurs. « Je ne sais pas. Je ne me souviens pas. C’est le trou noir. Mais je vois ce que j’ai fait et cela me fait peur », répond-il à la présidente de l’audience d’une voix quasi inaudible. « Vous vous souvenez très précisément du reste de votre journée, sauf des violences », tacle la juge, qui énumère alors le certificat médical de son épouse. Douleur oculaire, coquard, dermabrasions aux bras, hématomes à la tête, dans le dos, entorse des cervicales qui lui vaudront sept jours d’Interruption temporaire de travail (ITT).

Vous vous souvenez très précisément du reste
de votre journée, sauf des violences...


L’homme baisse la tête. Il donne des explications par son alcoolisation maladive, la mort récente de son père, ou encore les problèmes financiers du couple. « Vous êtes responsable de tout, vous n’avez rien compris », lance Me Tillier, l’avocate de la mère et de ses deux filles. Elle réclame une expertise médicale de sa cliente et de ses deux filles, afin d’évaluer ultérieurement leur préjudice physique et moral.
Le procureur de la République dit ne pas croire au trou de mémoire du prévenu, il parle « d’amnésie de circonstance ». Après avoir rappelé les aides et accompagnements mis en place par la justice pour l’assister avant les faits, il requiert trois ans de prison, dont un an avec sursis probatoire.

Amnésie volontaire ou dénie psychique ?
Me Morel, conseil du quinquagénaire, propose une autre hypothèse au tribunal : « l’alcoolisation et la dépression, ont créé dans son psychisme le déni de ses actes, car ils sont tout simplement trop durs à accepter. Il ne faut pas résumer cet homme à cette soirée du 12 juin », plaide-t-elle en conclusion.
Pour violences sur conjoint en récidive légale, aggravées par deux circonstances (l’état d’ivresse et devant des enfants), le tribunal a condamné le mari violent à trois ans de prison, dont deux avec sursis probatoire, avec des obligations de soins et d’indemnisation des victimes. Les juges ont assorti leur décision du maintien en détention du quinquagénaire et ont accédé à la demande d’expertises médicales et psychiatriques des victimes.

Pascal Jacquet

(*) Le nom du prévenu, bien que condamné à 12 mois de prison ferme et un maintien en détention, reste à discrétion pour protéger l’identité des deux victimes mineures.


https://www.le-pays.fr/roanne-42300/actualites/papa-fait-mal-a-maman-papa-tue-maman_14145935/

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50 EME FEMINICIDES DEPUIS LDEBUT DE L ANNEE 2022

15 Juin 2022, 16:25pm

Publié par hugo

50 EME   FEMINICIDES   DEPUIS LDEBUT  DE L ANNEE 2022 50 EME   FEMINICIDES   DEPUIS LDEBUT  DE L ANNEE 2022 50 EME   FEMINICIDES   DEPUIS LDEBUT  DE L ANNEE 2022
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L’informatique et le numérique, encore des "domaines d’hommes" ?

14 Juin 2022, 13:35pm

Publié par hugo

 L’informatique et le numérique, encore des "domaines d’hommes" ?
informatiques (NSI)" en classe de première, contre 15% des garçons, selon l'étude réalisée pour le Centre Hubertine Auclert, publiée fin mai 2022 et menée dans cinq lycées d’Ile-de-France.
informatiques (NSI)" en classe de première, contre 15% des garçons, selon l'étude réalisée pour le Centre Hubertine Auclert, publiée fin mai 2022 et menée dans cinq lycées d’Ile-de-France.
©LP
informatiques (NSI)" en classe de première, contre 15% des garçons, selon l'étude réalisée pour le Centre Hubertine Auclert, publiée fin mai 2022 et menée dans cinq lycées d’Ile-de-France.Afin d’encourager les filles à s’orienter vers les filières du numérique, la Fondation FACE a déployé <a href="https://www.fondationface.org/projet/wi-filles/" rel="nofollow" target="_blank">le projet Wi-Filles </a>. Création d’un site web, programmation, etc. Le but est de faire découvrir tous les aspects du numérique à des jeunes filles de 14 à 17 ans. 
14 JUIN 2022
 Mise à jour 14.06.2022 à 14:11 par 
TerriennesLouise Pluyaud
En 2022, les filles sont encore minoritaires dans les filières de l'informatique et du numérique. Tel est le verdict d’une étude réalisée pour le Centre Hubertine Auclert, publiée fin mai et menée dans cinq lycées d’Ile-de-France. La faute à qui ? À l'école... En renforçant les inégalités et stéréotypes de genre, volontairement ou non, elle affecte les choix d’orientation des élèves et entraîne la désertion des filles dans ces domaines professionnels.
"A l’heure où le monde accélère son expansion digitale au gré de mutations plus ou moins choisies, les filles ne doivent plus être les "laissées-pour-compte" des formidables opportunités professionnelles que cela représente", lance Marie-Pierre Badré, présidente du Centre Hubertine Auclert, lors de la restitution au Lycée Léonard de Vinci (92) d’une étude inédite réalisée sur trois ans par l’Agence Phare dans cinq lycées franciliens. Cette étude avait pour mission de comprendre pourquoi les filles désertent les filières informatique et numérique.

Car c’est bien dès l’école que tout se joue.

11% de femmes dans les écoles informatiques
©LP
Or force est de constater qu’au lycée, seules 2,5% des filles choisissent le nouvel enseignement Numérique et sciences informatiques (NSI) en classe de première, contre 15% des garçons, et qu’en terminale, 1% d’entre elles ont conservé cet enseignement contre 7% des garçons. En études supérieures, seulement 11% des étudiants des écoles informatiques sont des femmes. L’égalité est donc encore loin d’être acquise, ni la mixité.
 


Un imaginaire geek excluant
De manière générale, "nous avons constaté un désintérêt pour l’informatique de la part des lycéens et lycéennes interviewés", met en avant la sociologue Manon Réguer-Petit, directrice scientifique de l'Agence Phare qui a réalisé l’étude. Ce n’est effectivement pas parce qu’on est entouré par des outils numériques au quotidien qu’on s’y sent à l’aise ou qu’on a envie de se projeter dans ce domaine."

D’autant que l’image du geek est encore un "repoussoir" pour les filles, comme pour les garçons, ces derniers n’y voyant pas vraiment un modèle de virilité. Néanmoins, les films, les séries et les médias ont davantage popularisé la figure du hacker. Dans son palmarès des "plus célèbres hackers" (publié en 2014), le site hitek.fr dresse le portrait de huit hommes, dont Kevin Mitnick et Julian Assange. L’article ne mentionne aucune femme.

Grace Hopper, conceptrice du premier compilateur, en 1951, et du langage Cobol, en 1959. Ici au clavier de l'UNIVAC, vers 1960. Cette pionnière est morte à 85 ans en 1992, aux Etats-Unis.
Grace Hopper, conceptrice du premier compilateur, en 1951, et du langage Cobol, en 1959. Ici au clavier de l'UNIVAC, vers 1960. Cette pionnière est morte à 85 ans en 1992, aux Etats-Unis.
©Wikipedia
Citons-en une : l’informaticienne et lieutenant américaine Grace Hopper. "Le terme de bug, en informatique, est sorti de son imagination, c’est dire !", raconte le spécialiste des médias sociaux et enseignant à Sciences Po, Fabrice Epelboin dans son article "Où sont les hackeuses ?" (frenchweb.fr, 2016).

Surtout, Grace Hopper est à l’initiative, dans les années 1950, du premier compilateur informatique, un programme qui traduit le code source (compréhensible par les humains) en code binaire (compréhensible par les machines). Le but étant de générer un programme exécutable par un ordinateur.

Depuis les tout débuts, les femmes ont investi le domaine de l’informatique. D’Ada Lovelace à Anita Borg, en passant par Hedy Lamarr ou encore Margaret Hamilton, les pionnières nous ont légué les premiers programmes informatiques, l’atterrissage sur la Lune, le Wi-fi et le GPS. D’après Isabelle Collet, autrice du livre Les oubliées de l’informatique (éd. Le Passeur, 2019), entre 1972 et 1985, la proportion de femmes dans le domaine était même supérieure à celle de toutes les écoles d’ingénieurs.

Alors pourquoi un tel renversement ? Fabrice Epelboin pointe sa souris vers le marketing qui, à partir des années 1980 et l’arrivée des ordinateurs dans les foyers, cible davantage les hommes et les garçons, excluant de fait les femmes.


"Le lycée n’est pas un lieu neutre"
Quarante ans plus tard, la situation s'est améliorée en ce qui concerne l'accès des filles à l'informatique, mais des obstacles perdurent, notamment au sein du système éducatif. "Certes, les inégalités genrées sont produites dans la société, la famille, etc. Néanmoins, l’une de nos conclusions est que le lycée n’est pas un lieu neutre", note Manon Réguer-Petit avant de préciser : "Les équipes éducatives auprès desquelles nous avons enquêté ont tendance à invisibiliser les comportements sexistes, les associant souvent à ce qui serait un manque de maturité de la part des garçons."

Les stéréotypes de genre portés par les équipes pédagogiques impactent les choix d’orientation des élèves.

Marianne Monfort, sociologue
Autre élément marquant : "Les stéréotypes de genre portés par les équipes pédagogiques impactent les choix d’orientation des élèves", ajoute Marianne Monfort, sociologue, chargée d’étude à l’Agence Phare et co-autrice de cette étude. Lors d’une séance d’orientation dans un lycée, les sociologues observent qu’une enseignante souligne la pression et la difficulté pour devenir astronaute à une jeune fille, mais ne le fait pas pour un lycéen qui ambitionne de devenir directeur du Fonds monétaire international. "Souvent ramenées à leur genre par les équipes pédagogiques, les lycéennes que nous avons suivi durant trois ans ont eu tendance à se diriger vers des métiers dits "féminins". Un processus de mise en conformité rarement questionné par la hiérarchie", rapporte l'enquête.

Il en va de même pour les rares lycéennes inscrites dans l’enseignement Numérique et sciences informatiques. "La première fois que je suis rentrée dans la salle, je me suis dit “mais en fait on n’est pas beaucoup de filles” [...] C’est bizarre qu’il y ait autant de garçons. Et puis je me suis dit “bon c’est pas grave, c’est qu’une année, je fais ce que j’ai à faire et j’ai pas besoin d’être amie avec eux", témoigne Amel, élève de première, en 2020.

Tout cela mis bout à bout, les filles se retrouvent en difficulté, développent l’impression grandissante qu’elles sont incompétentes et doutent du choix qu’elles ont réalisé au départ.

Etude Hubertine Auclert, 2022
Seulement, le fait d’être en minorité a des conséquences : "Les filles sont exclues des dynamiques d’échange et d’entraide qui se font entre garçons", constatent les sociologues. Un phénomène qui pèse sur leur capacité à réussir les exercices. "Tout cela mis bout à bout, les filles se retrouvent en difficulté, développent l’impression grandissante qu’elles sont incompétentes et doutent du choix qu’elles ont réalisé aux départ. D’autant que la réaction des enseignants est souvent la même : "Si les filles doutent, c’est qu’elles ne sont pas faites pour la NSI"".

Marie Anne Hubertine Auclert (1848-1914) est une journaliste, écrivaine et militante féministe française qui s'est battue en faveur de l’éligibilité des femmes et de leur droit de vote.
Marie Anne Hubertine Auclert (1848-1914) est une journaliste, écrivaine et militante féministe française qui s'est battue en faveur de l’éligibilité des femmes et de leur droit de vote.
©LP
S’inspirer d'actions déjà existantes
"Néanmoins, il ne faut pas uniformiser trop vite ces équipes éducatives", prévient Manon Réguer-Petit. Si certains enseignants adhèrent à cette vision inégalitaire, d’autres y sont indifférents, enfin un troisième groupe en a conscience "mais se sent plutôt démuni pour y faire face". En conclusion de leur étude, les sociologues ont donc établi, avec le Centre Hubertine Auclert, une série de recommandations comme renforcer la formation des personnels sur les enjeux de sexisme et soutenir des associations qui agissent en faveur de l’accès des filles au numérique.


Parmi ces associations, Femmes et Mathématiques qui, chaque année, intervient dans les lycées pour encourager les filles à se projeter et leur offrir des modèles d’identification accessibles.

Autre initiative, celle de Becomtech qui propose le programme "Jump in tech" : « Il s’agit d’une formation gratuite en milieu scolaire à destination des filles en 3e et Seconde, des classes charnières. L’enjeu : susciter leur curiosité, développer leurs compétences en informatique et croire en leurs capacités », détaille Dorothée Roch, sa fondatrice.


Si les outils informatiques et numériques sont censés bénéficier au plus grand nombre, ce serait bien qu’une diversité de personnes composent ces secteurs.

Jelena Djordjevic, responsable Education FACE
Le projet Wifilles s’adresse aux jeunes filles issus de milieux populaires. "Si les outils informatiques et numériques sont censés bénéficier au plus grand nombre, ce serait bien qu’une diversité de personnes composent ces secteurs", insiste Jelena Djordjevic, responsable Education au sein du Club de la Fondation Agir Contre l'Exclusion (FACE) 93 qui porte les projets Wifilles et D’clique à destination des filles et des garçons, intéressés par ces domaines. "Le genre, en Seine-Saint-Denis, n’est pas le frein principal pour accéder à ces filières, c’est aussi le fait même d’être issu de ce département. Pour cette raison, nous avons créé ce programme mixte."


Toutes les recommandations de l’étude sont complémentaires du plan d’action proposé dans le rapport "Faire de l’égalité filles-garçons une nouvelle étape dans la mise en oeuvre du lycée du XXIe siècle", remis au ministre de l’Education nationale, en juillet 2021.

Toutefois, pour qu’elles soient mises en place, "il faut s’assurer que les décisions prises aux plus hauts niveaux sont bien en faveur de la lutte contre les inégalités genrées", souligne Manon Réguer-Petit. Or le contexte politique dans lequel s’inscrit l’étude prouve que cet enjeu ne fait toujours pas consensus : la réforme du lycée mise en vigueur en 2019 est présentée comme favorisant un "baccalauréat-égalité" "sans qu’il ne soit fait mention de l’égalité filles-garçons" ; l’Education nationale a interdit en mai 2021 l’écriture inclusive ; enfin, en septembre 2020, la polémique autour de la "tenue républicaine" a été axée sur l’habillement des lycéennes comme source de distraction et facteur de risque d’agression sexuelle.

N’est-il pas temps de changer les codes ?

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TerriennesLouise Pluyaud
 Mise à jour 14.06.2022 à 14:11
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Inégaux face au vélo : ce que cache la polémique sur les « pistes cyclables non genrées »

9 Juin 2022, 19:03pm

Publié par hugo

 SOCIÉTÉ
Inégaux face au vélo : ce que cache la polémique sur les « pistes cyclables non genrées »
Maëlle Le Corre 09 juin 2022 7

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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
ÀLyon, les déclarations d’un élu écologiste sur des « pistes cyclables non genrées » réveille la droite. Derrière l’expression, il est grand temps de comprendre que les inégalités de genre s’exercent aussi dans la mobilité et dans l’espace urbain.
Tout est parti d’un tweet, un seul tweet certes, mais qui contient les mots magiques, ceux qui font bondir à tous les coups les réactionnaires.

Ce dimanche 5 juin, l’élu écologiste et vice-président de Lyon-Métropole Fabien Bagnon, rappelait sur Twitter les fondamentaux de son plan vélo, mais a aussi répondu à une interpellation de l’association Femmes en Mouvement, qui promeut la mobilité des femmes, concernant l’enjeu des inégalités femmes-hommes dans la pratique du vélo.

Il a alors évoqué la conception de « pistes non genrées et inclusives » à Lyon.


Évidemment, il n’en fallait pas davantage pour que l’opposition lyonnaise monte en épingle une polémique, accusant Fabien Bagnon et la métropole de verser dans l’idéologie, et arguant que tout le monde est égal dans la pratique de la bicyclette et que par conséquent, il n’y a pas de traitement particulier à imaginer, ni d’infrastructures spécifiques à mettre en place.

Vraiment ?

Il s’agirait d’aller un peu au-delà de la controverse et de voir si, concrètement, penser le vélo avec une approche de genre peut améliorer le quotidien.

Déjà qu’entend-on par « pistes non genrées et inclusives » ? Il s’agit de la réflexion autour des aménagements pour permettre à tout le monde de pratiquer le vélo en toute sécurité.

Fabien Bagnon a pris le temps de développer sur Twitter et de répondre à la journaliste Emmanuelle Ducros qui n’avait pas manqué de troller la proposition par un tweet acide « Ne me demandez pas ce que c’est, je cherche comment une route peut être sexiste. » :

« Quand on parle d’aménagement non genré, on cherche à identifier ce qui peut freiner son utilisation par un genre. Est-ce un problème d’éclairage nocturne ? Est-ce que la piste est monopolisée pour des usages sportifs principalement masculins ? »

C’est notamment le sociologue Florent Schmitt qui a posté plusieurs ressources pour comprendre l’intérêt et même la nécessité de penser l’aménagement de l’espace urbain, les transports, sous le prisme du genre et des inégalités.


« C’est toujours après avoir tenté de réduire les effets d’exclusion qu’on voit que l’exclusion était un phénomène réel », souligne-t-il.

Homme ou femme, on ne fait pas du vélo de la même façon
Dans une étude du CNRS de 2018 réalisée à Bordeaux, on découvre plusieurs données qui montrent à quel point la pratique du vélo est modelée par le genre et qu’hommes et femmes ne la vivent pas de la même manière :

« La pratique du vélo en ville dans Bordeaux Métropole reste plus faible chez les femmes (elles ne sont que 38 % des cyclistes), malgré une augmentation globale de trafic de 40 % entre 2013 et 2018.

Les femmes utilisent le vélo en plus grand nombre en fin d’après-midi alors que les hommes sont plus nombreux aux heures correspondant aux loisirs (matin, soirées, dimanche après-midi). L’écart se creuse la nuit et par temps de pluie : 78 % des cyclistes sont alors des hommes. Le pourcentage d’hommes ne passe jamais en dessous de 56 % des cyclistes, toutes places, horaires et jours d’observations confondus. »

L’étude observe aussi la capacité des femmes à être « plus chargées » et « mieux équipées ». Leur conduite est aussi plus prudente. On note aussi « un décrochage de la pratique cycliste chez les femmes à chaque naissance d’un nouvel enfant, non compensée par une reprise chez les femmes plus âgées. »

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Marc Kleen via Unsplash
Les femmes cyclistes ont aussi des demandes spécifiques qui viennent valider les propos de Fabien Bagnon : elles « préconisent des pistes cyclables en site propre et éclairées, des arceaux et des garages à vélo au domicile, à l’école et au travail, de la signalétique, des aides financières pour les vélos électriques. »

Une polémique pour rien ?
Fabien Bagnon a regretté la polémique auprès du média local Lyon Capitale :

« Ce que je voulais simplement signifier c’est que des aménagements sont mis en place pour toutes et tous. Il y a une conception de l’aménagement qu’on veut faire convenir à tout le monde car il s’agit d’un usage qui doit se destiner à tous nos concitoyens. Il ne s’agit pas d’un terme que j’ai mis en avant, c’est suite à une réponse, à une interpellation, que je l’ai utilisé. »

La faute à une expression qui a automatiquement fait sortir la droite du bois, au point de ne presque plus parler du sujet de départ. « J’ai indiqué que les femmes étaient bien prises en compte dans les voies lyonnaises. Et c’est là que j’ai employé le terme de non genré. C’est la première et dernière fois que je l’emploie » a-t-il déploré, toujours auprès de Lyon Capitale.

Espérons que la polémique, une de plus du côté des municipalités écologistes après celle sur le foie gras, les sapins de Noël, ou les menus végétariens à l’école, fasse au moins un tout petit peu réfléchir sur la façon dont les dynamiques de genre s’exercent dans l’espace public ou dans les loisirs…

À lire aussi : Pourquoi le vélo doit devenir un véhicule prioritaire après le confinement

Crédit photo : Blubel via Unsplash


https://www.madmoizelle.com/inegaux-face-au-velo-ce-que-cache-la-polemique-sur-les-pistes-cyclables-non-genrees-1393345

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Des policiers détournent les données personnelles de plaignantes pour les draguer

9 Juin 2022, 19:00pm

Publié par hugo

 Des policiers détournent les données personnelles de plaignantes pour les draguer
Marie Chéreau 08 juin 2022 15

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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
C’est un phénomène qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux : des jeunes femmes accusent des policiers d’avoir volé leurs coordonnées personnelles, après leur dépôt de plainte, pour… les draguer, voire les harceler. Un phénomène répréhensible par la loi, pas si rare.
Tout part d’un tweet qui met peu à peu le feu au poudre sur la Toile… Le 6 juin 2022, une jeune femme partage sur son compte Twitter la capture d’écran d’un message reçu par le policier qui a réalisé sa procuration en vue du première tour des élections législatives. Ce dernier a récupéré les informations personnelles de la jeune femme dans le seul but… de la draguer !


Les dépôts de plainte : des stratégies de rencontre pour les policiers ?
Ce premier tweet a déclenché une vague de dénonciation massive : de nombreuses jeunes femmes osent prendre la parole et dénoncer des faits quasi-similaires. Certaines avaient déposé plainte pour violences conjugales, d’autres pour agression… Et toutes ont vu leurs coordonnées personnelles récupérées par des fonctionnaires de police dans le seul but de leur faire du charme.

Une twittos raconte par exemple, qu’elle s’était rendue au commissariat de sa ville afin de déposer plainte pour violences conjugales contre son ex. Quand elle a donné son numéro de téléphone au policier qui a recueilli sa déposition, ce dernier se serait réjoui en proclamant: « Super, j’ai votre numéro et vous êtes célibataire en plus maintenant ! » Une autre femme assure que le policier qui a pris sa plainte l’a harcelé au téléphone durant plusieurs mois, et qu’elle a essayé de le dénoncer en vain.

Valérie Rey-Robert, que Madmoizelle a reçu dans le cadre de la sortie de l’ouvrage féministe Télé-réalité : la fabrique du sexisme, a elle aussi partagé sa propre expérience sur son compte Twitter. Une nuit de septembre 2019, sa mère atteinte d’un cancer du pancréas et vivant à Lyon, est cambriolée pendant qu’elle dort. L’autrice, qui vit à Paris, a appelé les policiers en leur demandant de prendre en charge le plus rapidement possible sa mère, le temps qu’elle redescende sur la région lyonnaise. Un des policiers en a profité pour récupérer son numéro de téléphone et lui proposer d’aller boire un verre.


Elle affirme n’avoir « jamais raconté ça publiquement avant » mais elle désire montrer aujourd’hui combien les policiers « savent utiliser des situations de fragilité extrême » pour tenter de séduire des femmes…

Plusieurs condamnations de policiers recensées pour des faits similaires
Et ces tentatives de séduction de la part des policiers ne datent pas d’hier… Sans surprise, ces comportements abusifs, déplacés et graves, de la part de ces policiers sont répréhensibles par la loi. D’après l’article R.434-8, sur le secret et la discrétion professionnels du Code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie, disponible sur le site du ministère de l’intérieur, le policier est « Soumis aux obligations du secret professionnel et au devoir de discrétion ». Il doit donc s’abstenir de « divulguer à quiconque n’a ni le droit, ni le besoin d’en connaître, sous quelque forme que ce soit, les informations dont il a connaissance dans l’exercice ou au titre de ses fonctions. »

Et en cherchant sur la Toile, on déniche rapidement des condamnations d’agents de police ayant eu recours à ce vol d’informations personnelles pour approcher des jeunes femmes. En décembre 2018, un agent de police des Mureaux dans les Yvelines a été condamné à cinq mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Versailles, comme l’a relayé Le Parisien. En juin 2017, le policier de 33 ans avait dérobé dans le registre du commissariat le numéro de téléphone d’une femme qui lui plaisait. Cette dernière était au poste de police pour délaissement de mineur.

Le soir même de sa venue au commissariat, elle reçu un message du fonctionnaire de police : « Bonsoir Emelyne. Un message pour revoir ton joli sourire qui m’a tout de suite séduit. » Attristée par la perte de la garde de son enfant, la jeune femme espère que le flic pourra l’aider. Elle accepte un rendez-vous mais décide finalement de ne pas s’y rendre. Toutefois, le soir du fameux date, le policier croise le petite-ami de la jeune femme qui fulmine de colère. Sans lui donner la moindre explication, l’agent de police asperge deux fois de gaz lacrymogène l’amant de la jeune femme. Un tel rififi, que Emelyne décide de déposer plainte contre le policier pour harcèlement. Ce dernier l’aurait bombardé de messages et d’appels téléphoniques avant qu’elle ne cède à sa demande de rendez-vous.

Et ce fait divers est loin d’être isolé… À Rouen, un fonctionnaire de police a écopé de vingt-quatre mois de prison avec sursis probatoire pour des faits de harcèlements sexuels aggravés, le 2 juin dernier, selon Paris Normandie. Entre 2019 et 2020, le quinquagénaire a abusé de sa qualité de policier pour demander à ces plaignantes des photos d’elles en sous-vêtements ou encore de leurs seins… Il les a interrogées pour savoir si leurs poitrines étaient naturelles, qu’elles étaient leurs pratiques sexuelles ou encore leurs mensurations… Il prétextait souvent être membre d’une cause luttant contre le cancer du sein ou encore être un ancien mannequin qui pourrait les aider à percer dans cette profession.

Une autre affaire présentant des similarités est en cours à Angers. Le 28 février dernier, un policier angevin de 52 ans a été renvoyé devant la cour d’assises du Maine-et-Loire pour des faits de harcèlement et agressions sexuelles sur sept plaignantes d’origine étrangère, isolées et en situation de grande précarité, d’après Ouest-France. Toujours le même protocole d’action : le policier mis en cause aurait récupéré les coordonnées de plusieurs plaignantes, qu’il aurait par la suite harcelées avec des coups de fils et des SMS insistants. Il n’aurait pas hésité non plus à se présenter à leur domicile, sans s’annoncer, seul, en civil, et avec son véhicule personnel.

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© Madmoizelle
Une nouvelle preuve du sentiment d’impunité et de toute puissance de la police française ?
Mais alors, pourquoi les gardiens de la paix, dont le titre honorifique traduit toute l’ampleur du rôle qu’ils devraient remplir, entretiennent-ils ces comportements sexistes ? De nombreux cas médiatisés ont révélé ces dernières années, la manière dont les policiers s’autorisent à dénigrer la parole de victimes de violences sexistes et sexuelles. Un hashtag #DoublePeine était même né sur les réseaux sociaux, fin septembre 2021, à la suite d’une retentissante vague de témoignages dénonçant le calvaire des victimes pour déposer plainte au commissariat central de Montpellier.

En utilisant les données personnelles des plaignantes dans l’optique de les draguer, une nouvelle fois, les policiers s’autorisent, se sentent légitimes à cause de leur fonction à agir ainsi…. Les policiers se prennent-ils pour des super-héros qui, une fois venus à la rescousse des victimes, pensent qu’ils ont le droit à une « récompense » ?

Finalement, que ce soit en les draguant abusivement ou en ne les écoutant pas, ne s’agit-il pas des deux faces d’une même pièce ? Celle de la manifestation du sentiment d’impunité et de toute puissance de la police française en tant qu’institution ?

Toujours est-il que ces policiers « serial dragueurs » sont donc dans l’illégalité la plus totale : utilisation de données personnelle pour service personnelle, vices de procédure, non respect des conditions de dépôt de plaintes… Sachez que si vous avez vécu cela, vous pouvez faire un signalement à l’IGPN, via un formulaire disponible sur le site du ministère de l’intérieur, ainsi que saisir le procureur de la République de votre département par courrier postal.

À lire aussi : Porter plainte en ligne, c’est désormais possible grâce à cette initiative féministe

Image en Une : © Madmoizelle

Publié le 08 juin 2022 à 17h18
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LES COMMENTAIRES15
Avatar de megann31
9 juin 2022 à 17h05
megann31
Ça m'étonne tellement pas.
Ca m'est arrivé dans mon cadre pro'. Je suis prof' ils sont venus faire une intervention dans le cadre des rixes de quartiers donc sujet hyper sérieux.
Un des intervenants (gendarme) était méga lourd "ah si j'avais eu une prof comme ça j'aurais plus lu hein clin d’œil aux gamins. "Et c'est madame ou mademoiselle? Ah oui maintenant on vous appelle toutes madame c'est pour pas complexer les vieilles filles".
J'étais méga gênée, c'était ma crédibilité auprès de mes élèves qui était en jeu et je ne pouvais pas l'envoyer chier trop frontalement...
Ce sont mes élèves qui l'ont envoyé chier au bout d'un moment "ah non mais madame P elle est trop intelligente pour sortir avec un vieux flic dégueulasse". Bim.
Il a quand même demandé au collègue suivant si j'étais sur fb ou insta...
Au retour d'un conseil de classe aussi, je raccompagnais une élève dans son quartier assez chaud pendant le confinement, ils ne voulaient pas croire que j'étais prof', des remarques sur ma tenue, "ah non mais on s'habille pas comme ça pour un conseil de classe hein, ça c'est pour aller en soirée". "Et vos élèves ils arrivent à rester concentrés? Moi j'aurais redoublé rien que pour vous". Ils profitent vraiment de leur position, j'avoue que j'ai peur de l'outrage à agent dans ces cas là donc c'est un type de harcèlement spécifique, comment porter plainte auprès potentiellement du mec gars qui t'as "draguée"?
Et j'avais ça en tête pendant que ces trois relous armés et assermentés m'emmerdaient dans ce quartier craignos isolé (s'ils me font un truc c'est ma parole contre celle de trois agents de l'état, ils se couvriront entre eux, ils sont armés... et encore je suis prof et blanche ce n'est pas la pire des situations). Je n'aurai pas eu aussi peur si ça avait été juste trois relous normaux du quartier en question.
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 https://www.madmoizelle.com/des-policiers-detournent-les-donnees-personnelles-de-plaignantes-pour-les-draguer-1392109

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Prévu aujourd’hui, le procès de Pierre Ménès finalement reporté au… 8 mars 2023

9 Juin 2022, 18:32pm

Publié par hugo

 Prévu aujourd’hui, le procès de Pierre Ménès finalement reporté au… 8 mars 2023
Marie-Stéphanie Servos 08 juin 2022

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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU EN FRANCE
Il y a des dates plus symboliques que d’autres : l’ex-chroniqueur du Canal Football Club Pierre Ménès devra finalement attendre le 8 mars prochain, journée internationale des droits des femmes, pour être fixé sur son sort.
« Ce n’est pas un dossier très simple, il y a des choses à faire et besoin de prendre du temps pour ce dossier », a estimé le Président de la 24e chambre correctionnelle de Paris, justifiant le report du procès de Pierre Ménès en raison, également, d’un trop grand nombre d’audiences prévues ce jour. Le journaliste a eu chaud (pour l’instant).

Il devait répondre ce matin des faits d’agressions sexuelles qui lui sont reprochés. « Malade » et « très fatigué », selon son avocat, Maître Arash Derambarsh, il ne s’était pas présenté pour l’ouverture de son procès ce matin. Il dispose désormais d’un « répit » supplémentaire avant d’être fixé sur son sort.

Le point sur les faits qui lui sont reprochés
Les faits les plus récents remontent au 20 novembre dernier. Pierre Ménès assiste, depuis les loges VIP du Parc des Princes, à un match de Ligue 1 qui oppose le PSG et Nantes. Lors de la mi-temps, il aurait agressé sexuellement une hôtesse en lui touchant les seins. Cette dernière ne porte pas plainte, mais alerte néanmoins la police. Dans la foulée, le parquet de Paris décide d’ouvrir une enquête préliminaire du chef d’agression sexuelle, considérant être en possession de suffisamment d’éléments.

À lire aussi : Procès Depp/Heard : comment les réseaux sociaux tournent en dérision les violences conjugales

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Capture écran vidéo Youtube
Le 9 décembre, l’ex-chroniqueur de Canal + est placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête mais remis en liberté le soir même, niant fermement les faits qui lui sont reprochés et déposant plainte pour dénonciation calomnieuse. Pour prouver la bonne foi de son client, son avocat disposerait même de six témoignages dédouanant Pierre Ménès, de personnes pouvant attester avoir passé la totalité de la soirée à ses côtés, du cocktail à l’après-match.

L’affaire « Nike »
Mais ces accusations ne sont pas les seules auxquelles le journaliste devra faire face, puisqu’il sera aussi jugé dans le cadre de l’affaire dite « Nike ». Les faits remontent au mois d’octobre 2018. Pierre Ménès aurait agressé une employée présente ce jour-là dans la boutique de la marque sur les Champs-Élysées. En mars 2021, Mediapart avait révélé qu’une plainte avait été déposée pour ces faits, finalement classée sans suite le 17 janvier 2019 par le Procureur de la République. Ménès avait écopé d’un simple rappel à la loi, laissant néanmoins à la justice la possibilité de réviser cette décision en cas de faits nouveaux.

S’il dispose d’un répit supplémentaire, ce report au 8 mars 2023 est une moins bonne nouvelle pour le journaliste. Désormais prévu à une date hautement symbolique pour les droits des femmes, son procès risque d’attirer toute la lumière médiatique… dont l’ex journaliste star de Canal+ se serait bien passé.

À lire aussi : Pierre Ménès est visé par une enquête pour agression sexuelle sur une hôtesse d’accueil lors d’un match

Publié le 08 juin 2022 à 12h26


https://www.madmoizelle.com/prevu-aujourdhui-le-proces-de-pierre-menes-finalement-reporte-au-8-mars-2023-1392611

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Épisode 1/4 : Un féminisme incarné

31 Mai 2022, 13:08pm

Publié par hugo

 Épisode 1/4 : Un féminisme incarné

ÉCOUTER (58 MIN)

Une femme qui s’exprime avec un porte-voix. ©Getty - We Are
LSD
LSD, la série documentaire
Épisode du lundi 23 mai 2022 par Elise Gruau, Perrine Kervran

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Voir tous les épisodes 
Résumé
Comment la phénoménologie permet-elle au féminisme de mener les batailles de l’intime ?

En savoir plus
En 1949, Simone de Beauvoir publiait le Deuxième sexe, où elle décrivait la condition féminine à partir des expériences vécues par les femmes, autant du point de vue des représentations que des expériences corporelles.
Cette démarche était inspirée par la méthode de la description phénoménologique, cette philosophie née au début du 20e siècle en Allemagne avec le philosophe Edmund Husserl qui mettait le corps au cœur de l’attention philosophique.
Pour le philosophe Raphël Ehrsam ce travail phénoménologique bien “qu’à peine revendiqué par Simone de Beauvoir”, se retrouve dans tout le deuxième tome du ‘Deuxième Sexe’ : “Elle y distingue deux types d'approche de la condition des femmes en 1949 : une approche par l'extériorité, qui se concentre sur les données de l'histoire que peut fournir la psychologie, l'économie, la sociologie, la biologie, etc. Et une deuxième approche qui est part l'expérience vécue essayer de comprendre comment une situation qui est possible de décrire objectivement est intériorisée et vécue. En réalité, les femmes l'assument, s'y rapportent, la combattent, résistent, en souffrent, et finalement, tout ceci représente l'objet du travail phénoménologique de Simone de Beauvoir.”
Ce texte fondateur du féminisme a été suivi de nombreux mouvements au 20e siècle. La philosophe Camille Froidevaux-Metterie, explique comment et pourquoi la lecture de Simone de Beauvoir a influencé sa réflexion : “Elle introduit dans la pensée phénoménologique la question de la sexuation des corps. Les pères fondateurs de la phénoménologie ont fait du corps le lieu même de toute connaissance. Une idée qui rompt donc avec des siècles et des siècles de dualisme du corps d'un côté, de l'esprit de l'autre. Ces pères fondateurs considèrent le corps dans sa dimension générique, c'est-à-dire dans sa dimension masculine et à aucun moment, ils ne pensent que les corps peuvent être sexués, féminin ou masculin. C’est Simone de Beauvoir qui va réparer un petit peu ce curieux oubli.”
Aujourd’hui, 73 ans après sa publication, militant.es et philosophes poursuivent le geste d’émancipation du corps des femmes par la description, les récits, les partages.
Penser le corps vécu des femmes à travers les différents âges de la vie et des expériences : le corps objectivé par le regard de l’autre, le corps sexué, le corps désirant, le corps procréateur, le corps qui se nourrit, le corps qui souffre, etc.
Nous tendons l’oreille vers les sons alentours et les nombreuses prises de parole qui racontent un nouveau moment du féminisme qui selon Camille Froidevaux-Metterie pourrait tout simplement avoir comme objectif : “De faire de nos corps objets, enfin des corps sujets.”
Un documentaire d’Élise Gruau, réalisé par Marie-Laure Ciboulet.
Avec :
Collectif Notre corps nous-mêmes, et livre aux éditions Hors d’atteinte
Mathilde Blézat, journaliste et autrice
Camille Froidevaux-Metterie, philosophe, autrice de Un corps à soi, Seuil
Raphaël Ehrsam, philosophe
Law, artiste rap
Comédiens : Olivier Martinaud et Nathalie Kanoui.
Bibliographie
Collectif NCNM, Notre corps nous-mêmes, éditions Hors d’atteinte, 2020
Mathilde Blézat, Pour l’auto-défense féministe*, éd. Dernière Lettre, 2022
Camille Froidevaux-Metterie, Un corps à soi, Seuil, 2021
Camille Froidevaux-Metterie, Le corps des femmes. La bataille de l'intime, Points Seuil, 2018
Camille Froidevaux-Metterie, Seins, en quête d’une libération, Anamosa, 2020
Liens
Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir est ici disponible en ligne, en Pdf.
Pour un féminisme incarné dans le sillage de S. de Beauvoir : entretien avec Camille FroidevauxMetterie à lire sur le carnet de recherches sur Simone de Beauvoir dirigé par Marine Rouch, Chère Simone de Beauvoir
Relire Beauvoir. Le Deuxième Sexe soixante ans après. Article d’Ingrid Galster paru dans la revue Sens critique en octobre 2013.
Mickaëlle Provost : Articuler l’expérience et le discours : réflexions à partir du poststructuralisme et de la phénoménologie féministe, in GLAD! n°10, 2021.
Lectures contemporaines du Deuxième sexe : article de Sylvie Chaperon publié dans la revue d’histoire Traverse, n°1, 2000.
Partenariat
LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk , la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 29/5/2022 le film de Dounia Wolteche-Bovet - Les herbes folles - (70'-2019)


https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/un-feminisme-incarne-1220244

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Le combat des militantes colombiennes pour construire la paix

31 Mai 2022, 12:26pm

Publié par hugo

 TERRIENNES
Femmes et guerresFemmes : résister autrementL'actualité en Colombie
Le combat des militantes colombiennes pour construire la paix
En Colombie, des militantes mettent en place des comités populaires et associatifs pour (re)construire la paix, et aider à la réconciliation, dans un pays ravagé par des décennies de violence, comme ici au Musée itinérant de la mémoire.
En Colombie, des militantes mettent en place des comités populaires et associatifs pour (re)construire la paix, et aider à la réconciliation, dans un pays ravagé par des décennies de violence, comme ici au Musée itinérant de la mémoire.
©Soraya Bayuelo Mochuelo/ Musée itinérant de la mémoire
26 MAI 2022
 Mise à jour 30.05.2022 à 10:10 par 
TerriennesFlorencia Valdés Andino
La question de la paix se retrouve au coeur de l'élection présidentielle colombienne du 29 mai et 19 juin. La présidence Duque qui s’achève a été marquée par une recrudescence des attentats contre les défenseurs et défenseures des droits humains comme Maria Ciro Zuleta, Soraya Bayuelo et Daniela Soto. Portrait de trois femmes qui risquent leur vie pour construire la paix.
Elles sont toutes les trois menacées, toutes les trois ont vécu dans leur propre chair la violence et elles œuvrent dans les zones les plus sanglantes de la Colombie : le Catatumbo dans le Nord Est, los Montes de María dans le Pacifique et le département del Valle del Cauca dans l’Ouest. Des points hautement conflictuels et stratégiques où circulent personnes et marchandises, licites et illicites. Autre point en commun, leur combat redonne la parole à des populations marginalisées et forcées au silence.

Je suis paysanne et féministe !

María Ciro Zuleta
« Je suis paysanne et féministe », dit fièrement María Ciro Zuleta. Des mots tabous quand elle a cofondé le Comité d’Intégration sociale du Catatumbo (Cisca) en 2004 dans le but de fédérer les paysans survivants des attaques des paramilitaires perpétrées entre 1999 et 2001.

« En réalité, nous sommes ici pour réparer une communauté qui vit dans une situation conflictuelle depuis cents ans », ajoute-t-elle. Et au cœur du conflit, les terres. Le Catatumbo est une zone géostratégique tout près de la frontière vénézuélienne où les activités minières, les grands propriétaires terriens, les guerrillas et les narcos se disputent un territoire très riche délaissé par les pouvoirs publics.

<em>« Je suis paysanne et féministe »,</em> lance María Ciro Zuleta, co-fondatrice du Comité d’Intégration sociale du Catatumbo (Colombie).
« Je suis paysanne et féministe », lance María Ciro Zuleta, co-fondatrice du Comité d’Intégration sociale du Catatumbo (Colombie).
©Maria Ciro Cisco
Deux visions du monde s’affrontent
« Chez nous, deux visions du monde complètement différentes s’affrontent. Une vision productiviste de la nature et une vision. Ni notre communauté ni nos terres n’ont vocation à être exploitées ni polluées avec du glyphosate. Nous souhaitons établir une relation apaisée avec la nature pour produire des aliments et pouvoir en vivre », explique María Ciro Zuleta.

Notre lutte et tant que femmes et paysannes part d’un simple questionnement : où sommes-nous ?

María Ciro Zuleta
Dans cette communauté, 45% de ces aliments sont produits par les femmes. « Alors que nous cultivons la terre et nous nourrissons les nôtres, nous étions absentes des décisions, notre avis ne comptait pas, regrette-elle. Notre lutte et tant que femmes et paysannes part d’un simple questionnement : où sommes-nous ? Quand j’ai intégré mon identité de paysanne, j’ai intégré que j’étais en lutte et je me suis identifiée en tant que féministe, j’ai pu repartir sur de nouvelles bases et travailler avec les autres femmes de la communauté », raconte la militante.

A partir de 2010, María Ciro Zuleta met en place des groupes de parole de femmes où leurs enfants sont les bienvenus. Des groupes où on peut raconter les traumatismes du passé et échanger également sur les difficultés du quotidien. « Parallèlement, nous avons fait comprendre aux hommes que la lutte pour la souveraineté alimentaire et pour un environnement sain n’allait pas se faire sans nous ».

Femmes rurales, la double peine
La pauvreté est un véritable fléau dans les zones rurales colombiennes et les premières à en pâtir ce sont les femmes et surtout les plus âgées. Selon l’organisme Fedesarrollo, 46,8% de la population rurale est pauvre : « Il fallait briser ce système patriarcal qui nous structure et qui nous rend économiquement dépendantes ».

Une fois les femmes du Comité d’Intégration sociale du Catatumbo organisées, elles développent une culture maraichère et la culture de plantes médicinales « que nous vendons dans nos marchés ». Le but est de produire local et de consommer local « exporter quoi que ce soit ». « Nous nourrissons les plus pauvres des pauvres ». Un acte révolutionnaire car le pays importe 30% de son alimentation, d’après Greenpeace.
 

Nous construisons la paix car nous équilibrons les rapports de force entre les femmes et les hommes dans la communauté.

Maria Ciro Zuleta
Ce modèle de circuit court commence à porter ses fruits. L’organisation de Maria Ciro Zuleta a été invitée à partager ses connaissances au-delà du Catatumbo. « Dans cette démarche, nous construisons la paix car nous équilibrons les rapports de force entre les femmes et les hommes dans la communauté. Nous voulons être des facteurs de changement ». La signature des accords de paix en 2016 avec la guerrilla de la FARC - démobilisée depuis et devenue un mouvement politique - a été un moment capital dans cette région où les premiers conflits agraires remontent aux années 40.

« Ça a été l’opportunité de parler finalement de paix, de se dire qu’il était possible d’envisager notre société sous le prisme de la paix. Un moment privilégié pour s’interroger sur des décennies de guerre et ses conséquences. Car nous sommes programmés dans une logique belliqueuse. En revanche, nous n’avons pas la naïveté de croire qu’en cinq ans nous allons défaire des années et des années de conflit », assure la militante.

Selon l’Institut Kroc pour les études sur la paix internationale de l’Université de Notre Dame aux Etats-Unis, 28 % des dispositions de l’accord « sont pleinement mises en œuvre, 18 % sont à un niveau intermédiaire de progrès, 35 % sont à un statut minimum et 19 % n’ont pas été initiées ». Et c’est la réforme rurale, question fondamentale, qui est la plus négligée. « La Colombie est peut-être le pays où la répartition des terres est la plus mauvaise au monde », avait déclaré le président Juan Manuel Santos, signataire du texte à Cuba et Prix Nobel de la paix.
 


Une lutte locale et féministe
Lucide, María Ciro Zuleta reste toutefois optimiste : « Au départ, j’étais la seule dirigeante de mouvement paysan femme. La façon dont j’affichais mes convictions faisait peur et mes collègues hommes me demandaient de rester discrète. Désormais, les foulards verts et violets commencent à se faire visibles chez nous. C’est un grand début pour déconstruire ce système. Prendre la place qui nous revient, prendre la parole, desceller les comportements machistes et violents ».
 

Cela ne fait que 20 ans que les femmes participent à la résolution des conflits alors que les femmes sont les premières victimes de la guerre.

María Ciro Zuleta
Et cette lutte sera longue, avoue-t-elle, puisque « cela ne fait que 20 ans que les femmes participent à la résolution des conflits alors que les femmes sont les premières victimes de la guerre ». Référence à la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité du Conseil de sécurité des Nations unies. Le 31 octobre 2001, ce texte reconnaît enfin l'impact des conflits armés sur les femmes et les filles « et œuvre pour la protection et la pleine participation de celles-ci aux accords de paix », peut-on lire.

Les trois principaux candidats en lise, à gauche Gustavo Petro, Federico Gutierrez, à droite, et en troisième position, le populiste milliardaire Rodolfo Hernandez, promettent paix et développement pour le Catatumbo. Et assurent vouloir donner un nouvel élan aux accords de paix qui ont profondément pâti de la présidence du très droitier Ivan Duque. Ils sont sept à prétendre à la fonction suprême.

Respect des droits des paysans
Soraya Bayuelo, du militantisme au journalisme alternatif .
Soraya Bayuelo, du militantisme au journalisme alternatif .
©Soraya Bayuelo
Dans les Montes de María (Caraïbes colombiennes), Soraya Bayuelo ne cache pas son soutien à Gustavo Petro. L’ex membre de la guérilla urbaine M-19 et ancien maire de Bogota, la capitale, propose dans son programme une législation spéciale destinée au monde rural, le respect des droits des paysans et la promotion de la production agricole nationale. Les sondages le donnent gagnant au premier tour.

Une première pour la gauche colombienne qui compte sur la colistière du candidat, Francia Marquez, afro-colombienne issue des luttes sociales, pour attirer un électorat jeune et politisé. Quand la journaliste et activiste a cofondé le Collectif de Communications Montes de Maria Linea 21, elle n’aurait jamais songé à voir un ticket présidentiel avec un tel CV si plébiscité. En 1994, dans la localité de El Carmen de Bolívar, les paramilitaires à la solde des grands propriétaires terriens et les guérillas s’affrontent. Les paysans se retrouvent entre deux feux, accusés par les premiers d’être « subversifs » et harcelés par les seconds pour les rejoindre ou supporter leur économie de guerre.

Retrouvez notre portrait ►Francia Marquez, une femme au cœur de la lutte afrocolombienne
« Ici c’est une terre bénie très riche en ressources naturelles. Nous avons vu défiler toutes les guérillas, sauf les zapatistes (guérilla du sud du Mexique) », sourit-elle. Les paysans défendaient avec une telle véhémence la terre et l’eau que tous les groupes armés pensaient pouvoir y trouver facilement de recrues.

Au parc, on distribuait des feuilles et les gens dessinaient ce qu’ils voyaient où ressentaient. Sur les dessins on voyait du sang, des corps et on filmait ensuite cette production.

Soraya Bayuelo
En dix ans, les Montes de María ont subi une cinquantaine de massacres faisant plus de 300 morts. Dans ce contexte, impossible de témoigner et encore moins de décrire la situation au quotidien. Alors, le Collectif se débrouille autrement pour contourner toutes les censures tacites : « Au parc, on distribuait des feuilles et les gens dessinaient ce qu’ils voyaient où ressentaient. Sur les dessins on voyait du sang, des corps et on filmait ensuite cette production. Sans prévenir qui que ce soit, on installait un cinéma en plein air pour récupérer nos nuits, notre espace public parce qu’on ne pouvait pas sortir le soir ». Le but étant de « construire des citoyens, des sujets politiques ».

« La mort est venue me chercher »
En 1998, son frère est assassiné par des paramilitaires. Premier exil pour la militante. A son retour, sa nièce de 13 ans meurt dans un attentat des Farc. Une bombe avait été posée chez un commerçant qui refusait de payer l’impôt de guerre. La jeune fille passait dans la rue au moment de la détonation. « Ces moments si douloureux ne m’ont pas dissuadé de revenir. Je me suis dit que je ne partirais plus jamais malgré les menaces. La mort est venue me chercher et je lui ai dit ‘respecte-moi’ ».

En 2000 c’est l’impensable qui frappe à 20 km de Carmen de Bolivar dans la localité d’El Salado Villa del Rosario, 7000 habitants. Du 16 au 21 février, pourchassant soi-disant des membres des Farc, des paramilitaires épaulés par des hélicoptères et soutenus par des militaires, massacrent de la manière la plus macabre qui soit 60 personnes, blessent et violent des centaines d’autres. Après ces trois jours d’horreur, toute la population fuit laissant derrière elle une ville fantôme.

« Nous sommes des survivants »
« Je ne pouvais pas raconter cet enfer comme mes collègues de Bogota le raconteraient. Ce sont mes proches. On se devait de leur rendre hommage, de parler de leurs rêves, de leurs vies. Ils n’étaient pas des chiffres. On ne voulait pas être qu’une tache de sang dans le pays, des victimes. Nous sommes des survivants », se souvient Soraya Bayuelo.

Ici nous dansons, nous chantons et nous écrivons notre propre histoire pour ne plus nous taire.

Soraya Bayuelo
A partir de ce moment-là, le travail de journalisme alternatif devient un travail de mémoire et de réparation. « Ici nous dansons, nous chantons et nous écrivons notre propre histoire pour ne plus nous taire ». 

Soraya Bayuelo a cofondé le Collectif de Communications Montes de Maria Linea 21, avec pour mission de <em>"construire des citoyens, des sujets politiques".</em>
Soraya Bayuelo a cofondé le Collectif de Communications Montes de Maria Linea 21, avec pour mission de "construire des citoyens, des sujets politiques".
©Soraya Bayuelo
L’activité du Collectif avec les populations déplacées s’intensifie avec une radio communautaire, des projets destinés uniquement aux enfants et la création d’un festival audiovisuel. L’art produit au fil des années se trouve dans un Musée Itinérant de la Mémoire, el Mochuelo, où tous ceux qui ont été touchés de près ou de loin par le conflit armé et la violence peuvent partager leur vécu. Le Mochuelo est un petit oiseau gris bleu très résistant « comme nous ».

Résistants et déterminés. Car le Clan del Golfo, la cartel héritier du groupe paramilitaire responsable entre autres du massacre d’El Salado, menace une situation déjà précaire. Ce même groupe criminel qui a bloqué une partie de la Colombie en représailles à l’extradition aux Etats-Unis de son chef « Otoniel » à trois semaines des élections en imposant « une grève ».

Deux balles dans l’abdomen
Daniela Soto, devenue un symbole du mouvement social qui a commencé il y a tout juste un an.
Daniela Soto, devenue un symbole du mouvement social qui a commencé il y a tout juste un an.
©Daniela Soto
Déterminée, Daniela Soto l’est aussi. A 23 ans, elle est devenue un symbole du mouvement social qui a commencé il y a tout juste un an. En avril 2021, une vague de Colombiens, jeunes et moins jeunes, prend les rues des principales villes du pays pour manifester au départ contre une réforme fiscale mais très vite la liste des griefs s’allonge : le coût de la vie, les injustices, l’impunité et la violence. Des maux endémiques aggravés para la crise sanitaire.

(Re)lire notre article ►Manifestations en Colombie : des mères en première ligne 

Connus pour leur grande capacité de médiation, les indiens Nasa sont invités à rejoindre le mouvement avec d’autres organisations de peuples originaires. A Cali, la capitale de leur département, Valle del Cauca (Ouest), ils sont accueillis avec des balles. Farouchement opposés aux manifestations, des civils fortunés habillés en blanc tirent sur eux arguant qu’ils sont armés.

Je ne pouvais pas mourir comme ça.

Daniela Soto
Daniela Soto est touchée à l’abdomen : deux balles. « Je ne pouvais pas mourir comme ça », a-t-elle déclaré dans les médias locaux. Une fois guérie, la jeune femme a pu retourner dans le territoire ancestral de Sath Tama Kiwe Resguardo de Las Mercedes Caldono dans le département du Cauca où elle a grandi. « Le triangle d’or » des groupes criminels, guérillas et trafiquants.

Discriminée à l’école à cause de ses origines, Daniela Soto se détourne de la culture nasa. Elle ne veut plus porter le sac à dos tissé para sa grand-mère, ne participe pas aux cérémones et cache d’où elle vient. La lecture et l’écriture seront son refuge. En grandissant, Daniela Soto renoue avec les traditions et rejoint le programme des femmes du Consejo nacional indigena del Cauca où elle deviendra coordinatrice d’un groupe de jeunes à 18 ans. Son obsession étant de les dissuader de travailler dans la coca ou de rejoindre les groupes armés faute de mieux.

Nous ne pouvons pas nous habituer à l’impunité. J’ai la grande responsabilité de continuer à parler pour ceux qui doivent se taire ou qui se sont tus à jamais.

Daniela Soto
Ses combats : le droit à la terre, l’alphabétisation, la lutte contre les violences sexuelles et la participation politique des femmes. Elle souhaite « comprendre et décortiquer les mécanismes de domination ». C’est à l’université du Cauca qu’elle poursuit cette quête à la faculté de philosophie. Parallèlement, la jeune femme rejoint le Réseau des jeunes bâtisseurs de la paix de la fondation Mi sangre. Une organisation mixte et plurielle consacrée aux des plus jeunes dans les zones rurales. Là encore les besoins des femmes et filles déplacées par le conflit sont au cœur de ses préoccupations.

« Sans prendre les armes»
Quand Daniela Soto a été blessée par balle, son envie de se battre a été décuplée. Pendant « le paro nacional », les grandes mobilisations de 2021, 20 personnes sont mortes, dont deux de ses amis proches, et plus de 2000 ont été blessées comme elle : « Nous ne pouvons pas nous habituer à l’impunité. J’ai la grande responsabilité de continuer à parler pour ceux qui doivent se taire ou qui se sont tus à jamais ».

Daniela Soto est soutenue par l’organisation irlandaise Front line defenders qui tente de protéger les défenseurs des droits humains et de l’environnement dans le monde. Une protection loin d’être superflue, au moins 52 leaders ont été tués pendant le premier trimestre 2022 en Colombie, notamment dans le Cauca.

A 24 ans, l’étudiante a déjà eu mille vies et a enterré plus de jeunes « qu’avant les accords de paix ». « En pleine construction », la leader nasa ne cherche pas la lumière. Elle souhaite que la violence cesse et que justice soit faite. « Et nous y parviendrons sans prendre les armes ».

La militante colombienne Daniela Soto, qui a réchappé à une blessure par balle lors d'une manifestation, souhaite <em>"comprendre et décortiquer les mécanismes de domination". </em>
La militante colombienne Daniela Soto, qui a réchappé à une blessure par balle lors d'une manifestation, souhaite "comprendre et décortiquer les mécanismes de domination". 
©Daniela Soto

 

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TerriennesFlorencia Valdés Andino
 Mise à jour 30.05.2022 à 10:10
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https://information.tv5monde.com/terriennes/le-combat-des-militantes-colombiennes-pour-construire-la-paix-458053

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