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Marie-Josèphe Yoyotte, le cinéma en plein cœur

20 Septembre 2023, 04:09am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Marie-Josèphe Yoyotte, le cinéma en plein cœur
Extrait du Making of de SIMEON d’Euzhan Palcy.
© Tous droits réservés

16 sept. 2023 à 12:35

6 min
Par Berthe Tanwo Njole*, une chronique pour Les Grenades
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Si je vous dis La Boom, vous me répondez Sophie Marceau ou vous vous mettez à fredonner le morceau Reality de Vladimir Cosma.

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Et pourtant, derrière ce film culte de Claude Pinoteau, se cache la patte d’une grande dame : Marie-Josèphe Yoyotte.

Ce nom ne vous dit peut-être rien mais elle a marqué et accompagné les plus grands films du répertoire français. Son métier : monteuse…

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Un documentaire pour se plonger dans sa vie
Le réalisateur Jil Servant s’est penché sur cette personnalité hors norme dans son documentaire, Le cinéma de Marie-Josèphe, qui nous donne l’opportunité de nous plonger dans la vie et l’œuvre de l’artiste.

Pour comprendre ce métier, il faut remonter au début du 20e siècle. Les femmes travaillent dans le milieu cinéma, et souvent en tant que monteuses. On les appelle alors les colleuses : elles avaient de petites mains, étaient habiles et savaient coudre.

De grands noms émergent : Margareth Booth, monteuse star de la MGM aux États-Unis, Sally Menke, monteuse fétiche de Quentin Tarantino ou encore Victoria Mercanton, figure incontournable du montage dans le paysage cinématographique français.

Marie-Josèphe Yoyotte se destine d’abord à devenir comédienne et fréquente le Théâtre de Paris, plus connu sous le nom de Rue blanche, en référence à la rue où se situe le théâtre. Ce n’est que plus tard qu’elle montre un intérêt pour le montage avant d’en tomber définitivement amoureuse.

Extrait du Making of de SIMEON d’Euzhan Palcy.
Extrait du Making of de SIMEON d’Euzhan Palcy. © Tous droits réservés
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Le ton et la vitesse
Née en 1929 à Lyon, d’un père martiniquais et d’une mère bretonne, elle grandit à Paris, à Saint-Germain-des-Prés et parce que sa joie de vivre est communicative.

Elle y côtoie Juliette Gréco, Boris Vian, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et toute la vague de jeunes comédiens et réalisateurs en devenir ! Grâce à ses accointances, elle va se faire la main sur des courts métrages et des documentaires dès 1953.

Son premier long métrage, Marie-Josèphe Yoyotte le doit à Jean Rouch avec Moi, un noir sorti en 1958 et qui suit un groupe de jeunes Nigériens cherchant du travail en Côte d’Ivoire. Le film sera un beau succès d’estime, largement relayé dans Les cahiers du cinéma, revue de référence du cinéma français.

S’étant contentée jusque là de suivre à la lettre les normes du montage de l’époque, avec ce film, Marie-Josèphe Yoyotte y trouve une nouvelle liberté et y apporte sa patte : le montage cut cut. Sans rentrer dans les détails techniques, on met les scènes les unes après les autres sans forcément tenir compte des raccords car, pour Marie-Josèphe, ce qui compte c’est le ton et la vitesse.

Elle impressionne les grands de l’époque, dont Truffaut ! Aujourd’hui encore, ce film est une référence et un passage obligé pour tous les étudiants en documentaire et fiction en France comme nous le rappelle Jil Servant !


Le temps de la reconnaissance
Dès lors les portes lui sont grandes ouvertes : elle a 29 ans quand elle monte les 400 coups de François Truffaut, nominé pour la Palme d’or à Cannes en 1959.

Elle enchaîne avec Le testament d’Orphée de Jean Cocteau en 1960 où elle sera également actrice, suivront Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville en 1961, Le signe du Lion d’Eric Rohmer ou encore La guerre des boutons d’Yves Robert en 1962 !

Après une longue pause, le temps d’adopter deux enfants et de se marier, c’est Yves Robert, également producteur, qui la remet en selle avec le film de Pierre Richard, le distrait en 1970 avant de décrocher son premier César en 1977 avec Police Python d’Alain Corneau. Puis vient, Rue Case Negres de Euzhan Palcy, adapté du célèbre livre de Joseph Zobel.

Sur les conseils de Jean Rouch et de François Truffaut, son parrain de cinéma, la jeune Euzhan Palcy rencontre Marie-Josèphe Yoyotte. Le courant passe immédiatement. Toutes deux originaires des Antilles et plus précisément de Martinique, Euzhan Palcy, comme elle le dit dans le documentaire de Jil Servant, s’était donné pour mission de ramener Marie-Josèphe sur ses terres natales. La famille paternelle de cette dernière étant originaire de la commune de Saint-Esprit, voisine de Rivière-salée où se tournera le film.

La jeune réalisatrice doit s’y rendre pour faire des repérages et embarque la cheffe monteuse afin qu’elle lui serve de scripte pendant son expédition. Marie-Josèphe finira par s’y installer quelque temps, en partie pour les besoins du film.

Tout au long des années 80-90, elle est une référence et enchaîne les montages au rythme de 3 à 4 tournages par an. Des réalisatrices vont également faire appel à ses services comme Nadine Trintignant sur L’été prochain (pour l’anecdote, très proche, Marie-Josèphe Yoyotte vivra un temps chez elle à son retour à Paris), Josée Dayan avec Les Misérables et Le Comte de Monte Cristo, ou encore Isabelle Mergault avec Je vous trouve très beau.

Son deuxième césar, elle l’obtient en 1997 avec Microcosmos, de Claude Nuridsany et Marie Pérennou. Marie-Josèphe Yoyotte explique, toujours dans le documentaire que lui consacre Jil Servant, que ce film est traité comme une fiction.

Un autre réalisateur avec qui elle deviendra très complice est Jacques Perrin. Ensemble, ils travaillent sur Le peuple migrateur et son travail sera une fois encore récompensé : elle remporte son troisième et dernier césar en 2002.

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Le métier de monteur.se évolue et change. Beaucoup finiront par déclarer forfait au vu des nouvelles exigences et l’apparition du numérique : exit les équipes avec des stagiaires, place au travail solitaire et de nuit ! Marie-Josèphe, elle, traverse les époques, de la colle au numérique, en passant par le scotch et la pellicule, elle s’adapte sans trop de difficultés et continue d’être assistée par une équipe, de par son statut !

Les adjectifs ne manquent pas pour la décrire : libre, attachante, humaine, altruiste, à l’écoute, polyvalente et fidèle !


Extrait du Making of de SIMEON d'Euzhan Palcy from Ecran Noir on Vimeo.

Tout au long des années 80-90, elle est une référence et enchaîne les montages au rythme de 3 à 4 tournages par an. Des réalisatrices vont également faire appel à ses services comme Nadine Trintignant sur L’été prochain (pour l’anecdote, très proche, Marie-Josèphe Yoyotte vivra un temps chez elle à son retour à Paris), Josée Dayan avec Les Misérables et Le Comte de Monte Cristo, ou encore Isabelle Mergault avec Je vous trouve très beau.

Son deuxième césar, elle l’obtient en 1997 avec Microcosmos, de Claude Nuridsany et Marie Pérennou. Marie-Josèphe Yoyotte explique, toujours dans le documentaire que lui consacre Jil Servant, que ce film est traité comme une fiction.

Un autre réalisateur avec qui elle deviendra très complice est Jacques Perrin. Ensemble, ils travaillent sur Le peuple migrateur et son travail sera une fois encore récompensé : elle remporte son troisième et dernier césar en 2002.

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Le métier de monteur.se évolue et change. Beaucoup finiront par déclarer forfait au vu des nouvelles exigences et l’apparition du numérique : exit les équipes avec des stagiaires, place au travail solitaire et de nuit ! Marie-Josèphe, elle, traverse les époques, de la colle au numérique, en passant par le scotch et la pellicule, elle s’adapte sans trop de difficultés et continue d’être assistée par une équipe, de par son statut !

Les adjectifs ne manquent pas pour la décrire : libre, attachante, humaine, altruiste, à l’écoute, polyvalente et fidèle !

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Fidèle elle l’est : Claude Pinoteau (La Boom, La Boom 2, L’étudiante, La gifle, etc.) est l’un des réalisateurs avec lequel elle aura travailler. L’autre étant Alain Corneau avec qui elle travaillera sur son film le deuxième souffle avant de mettre un terme à sa carrière. Nous sommes en 2007, Marie-Josèphe Yoyotte est alors âgée de 78 ans.

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Un parcours hors normes
De son ancêtre esclave Marie-Brigitte, surnommée Yoyotte à son père, officier décoré de l’armée avant de devenir ingénieur chimiste, en passant par des grands-parents agriculteurs, un oncle médecin et un frère, Jean Yoyotte, grand égyptologue, on peut décemment dire que Marie-Josèphe Yoyotte s’est elle aussi démarquée !

En choisissant le métier de saltimbanque, elle s’est hissée au sommet et figure parmi les étoiles des César, plus prestigieuse récompense française du 7e art !

Elle s’éteint en 2017 après 50 ans de carrière et plus de 70 films.

Son parcours est hors norme dans une industrie où les femmes restent sous-représentées.

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*Berthe Tanwo Njole est une artiste pluridisciplinaire. Elle réalise également des capsules vidéo sur des personnalités, méconnu·es, oublié·es voire effacé·es de l’histoire pour les faire (re) découvrir au plus grand nombre. Elle partage pour Les Grenades des portraits de femmes qui l’inspirent.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/marie-josephe-yoyotte-le-cinema-en-plein-coeur-11256927

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"Saint Omer" d’Alice Diop : la force du langage comme geste de transformation

2 Décembre 2022, 05:32am

Publié par hugo

 "Saint Omer" d’Alice Diop : la force du langage comme geste de transformation

© © Tous droits réservés

30 nov. 2022 à 11:56

Temps de lecture
4 min
Par Katia Peignois, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
Cinéma
Culture & Musique
Cinéma
réalisatrice
Films
cinéma français
Alice Diop
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Chaque mois, Les Grenades publient une critique cinéma en collaboration avec le site CinéFemme.

"J’ai envie de dire ce soir que nous ne nous tairons plus", déclara Alice Diop à la dernière Mostra de Venise lorsqu’elle reçut – en plus du Lion du futur qui récompense le meilleur premier long-métrage, toutes sections confondues – le Lion d’argent pour Saint Omer.

Ce discours à valeur performative, en ce sens que son énonciation invite à l’action, n’était pas qu’un cri de célébration. C’était aussi la signature d’une réalisatrice qui consacre la force du langage et l’impose comme un geste de transformation : dans Saint Omer, la sidération de l’infanticide devient une prise de parole qui ébranle les certitudes et brouille les frontières entre le regardant et la personne regardée.


Après huit documentaires en plus de quinze ans (La Mort de Danton (2011), La Permanence (2016), Nous (2021), etc.), Alice Diop se lance dans la fiction. Elle y investit un espace où elle peut fondre le réel (un fait divers) dans un genre (le film de prétoire) qui donne de la voix à un récit difficile en exposant son caractère à la fois intime et universel.

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Le rapport à la maternité

Inspiré de l’affaire Fabienne Kabou, une jeune femme d’origine sénégalaise qui, en 2013, a noyé son bébé métis sur la plage de Berck-sur-Mer, Saint Omer (sans tiret, contrairement à la ville du Pas-de-Calais où s’est déroulé le procès, comme une indication du détournement cinématographique) revient sur son passage en cour d’assises pour interroger le rapport à la maternité de la société française entre misogynie, racisme et injonctions dangereuses.

Face à une Histoire du cinéma qui compte tant de voix absentes, l’on ne peut que s’intéresser aux tentatives de réparation.

Le scénario, co-écrit par Alice Diop, Amrita David et Marie Ndiaye, change Fabienne Kabou en Laurence Coly (l’actrice Guslagie Malanda), et introduit Rama (Kayije Kagame), une romancière et professeure qui assiste au procès pour rédiger un ouvrage sur celle que la presse et l’opinion publique dépeignent en Médée moderne – avec d’ailleurs la citation directe du film Medea (1969) de Pier Paolo Pasolini.

Au tribunal, les convictions de Rama, elle-même enceinte, vont vaciller et sa trajectoire personnelle va se confondre avec celle de Laurence Coly ; ou ce qu’elle aurait pu/dû être.


Si Saint Omer s’ouvre sur une scène nocturne d’une femme qui marche sur la plage, il ne s’agit pourtant ni d’un flashback, ni d’une réminiscence de l’accusée, mais plutôt d’une image mentale de Rama qui recrée l’acte irreprésentable.

Le meurtre, comme l’enfant sacrifiée, resteront hors-champ pour que le cadre – en longs plans fixes et plans-séquences – soit occupé par un mouvement de la parole qui conduit la dialectique d’observation et ses basculements.

L’impact politique de ce parti pris consiste à faire entendre les difficultés et les pertes émotionnelles de l’exil et de l’immigration à travers la violence du silence des mères pour mieux appréhender les traumatismes des filles.

À mesure que le décor tend vers l’abstraction, le décalage du point de vue permet de focaliser l’attention sur la personne qui écoute en créant un effet miroir, accentué par l’usage intense des regards caméra, entre Laurence et Rama, et les spectateur·rices.

Une arme linguistique
La rigueur formelle du long-métrage — magnifiée par la superbe photographie de Claire Mathon – épouse l’extrême sophistication du discours de Laurence Coly. Sa diction, qui sert de repoussoir à tout sensationnalisme, fonctionne autant comme une arme linguistique pour contrer les fantasmes racistes projetés sur les parcours et les corps noirs, que comme une mise en scène à part entière.

La manière de s’exprimer de la prévenue produit un effet de performance qui met l’horreur à distance, et confère au personnage une dimension impénétrable, irréductible aux étiquettes simplistes (monstre, victime, fabulatrice). En poétisant son crime – elle dit avoir "déposé son enfant à la mer" -, Laurence Coly ne discute pas sa culpabilité et ne s’en remet pas à un verdict – que le film ne montrera de surcroît pas car ce n’est pas l’enjeu ici -, mais à une puissance du langage dans sa tradition durassienne (qui transforme grâce au poids des mots le sujet couvert d’opprobre en une héroïne active) puisqu’elle lui accorde l’identité complexe qui lui a été refusée avant le drame.

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En mélangeant les citations (Duras, Pasolini, de Vinci), les types d’images (projections, vidéos familiales) et les procédés (flashbacks intimes, échappées en extérieur ou oniriques), Saint Omer tisse sa toile pour rendre le double récit d’effacement et de disparition audible. L’impact politique de ce parti pris consiste à faire entendre les difficultés et les pertes émotionnelles de l’exil et de l’immigration à travers la violence du silence des mères pour mieux appréhender les traumatismes des filles.


Tentative de réparation
Le dispositif sec et précis de Saint Omer, s’il a le mérite de réfuter le jugement hâtif, n’est cependant pas exempt de maladresses : la référence à la tonte des femmes à la Libération, ou encore l’appui sur les "cellules chimériques" ; concept de biologie selon lequel, lors d’une grossesse, la génitrice et le fœtus s’échangent des cellules qui demeurent à vie dans les deux organismes.

À trop se reposer sur une dynamique de correspondances, le risque de limiter les personnages féminins à des entités mère/fille n’est jamais loin. Pourtant, face à une Histoire du cinéma qui compte tant de voix absentes, l’on ne peut que s’intéresser aux tentatives de réparation. Celle-ci déroute autant qu’elle questionne.

Et, puisque Saint Omer représentera la France aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, il est permis d’espérer qu’il suscitera un dialogue constructif dans un contexte mondial marqué par la résurgence des idées d’extrême droite.

Saint Omer, d'Alice Diop, avec : Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Drévilleq. Durée : 2h02. Sortie : 30 novembre 2022. 

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La pièce "Girls and Boys" pour requestionner les relations hommes-femmes

11 Février 2022, 03:30am

Publié par hugo

 La pièce "Girls and Boys" pour requestionner les relations hommes-femmes
La pièce "Girls and Boys" pour requestionner les relations hommes-femmes
hier à 13:33

5 min
Par Sarah Lohisse, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
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Plus un mot. Après 1h45 intense de monologue presté par France Bastoen, la pièce Girls and Boys nous laisse bouche bée. Le silence est la seule première réponse, avant les applaudissements évidents, que l’on arrive à donner après tant d’émotions.

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Seule en scène, l’actrice nous emmène dans les méandres de la pensée de la vie d’une femme. Une femme comme tout le monde, qui tente de dénoncer un système, une société profondément capitaliste et patriarcale et dont elle en subit les dommages collatéraux.

"J’ai rencontré mon mari dans la file d’embarquement d’un vol Easyjet et je dois dire que cet homme m’a tout de suite déplu". Ce sont les premiers mots de la pièce. La suite, fluide et limpide suit tout naturellement son court.

Si dans un premier temps France Bastoen nous berce avec ses histoires, elle nous emmène ensuite dans les tréfonds de sa pensée, parfois tragique. C’est ici toute une montée en tension jusqu’à la dérive, à la découverte de l’abominable. Mais l’abominable n’y est pas le seul point central. Girls and Boys, c’est aussi raconter la complexité humaine, c’est questionner les relations entre les hommes et les femmes, c’est aller fouiller dans les cœurs et dans les âmes.

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Comme le dit si joliment le metteur en scène Jean-Baptiste Delcourt, c’est une archéologie de l’intime. C’est aller questionner le capitalisme, la société, le patriarcat. Alors que France Bastoen est seule en scène, la place de l’homme dans le spectacle y devient importante, au point d’en devenir écrasante. C’est toute la dépendance, l’emprise, le contrôle qui sont mis en lumière, autant par le jeu de l’actrice, sous la plume de Dennis Kelly, que dans la scénographie et l’espace dédié à la prestation. Girls and Boys c’est l’histoire d’une femme qui s’émancipe, et qui prend son destin en main.

C’est un personnage complet et total, parce qu’il n’y a pas que ce qu'elle nous dit qui existe


Mathieu Delcourt
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Les mots forts et perçants, l’humour noir et la plume de Dennis Kelly, France Bastoen connaît puisqu’elle a joué dans plusieurs pièces écrites par l’auteur et est la doublure de Jessica Hyde dans la série Utopia pour laquelle il a été scénariste. C’est après une discussion avec le directeur du théâtre de la place des Martyrs, que l’actrice a souhaité mettre le spectacle en scène avec le travail de Jean-Baptiste Delcourt.

La richesse du texte les a séduit tous deux directement et la mise en spectacle s’est passé naturellement. Entre récit et jeu, Girls and Boys joue à la fois sur le désordre de la condition humaine, et sur la temporalité, sur la force de l’instant présent : "C’est une pièce très difficile à pitcher sans l’avoir vue. Il y a une grande part de mystère. Dans la manière dont c’est construit, on ne sait pas trop où ça va aller. Cela déteint sur la manière dont on envisage la protagoniste. Il y a des moments de silences, où elle plonge dans sa tête, et où les spectateurs n’y ont pas accès. C’est parce qu'il y a des choses qui nous échappent que c’est un personnage complet et total, parce qu’il n’y a pas que ce qu'elle nous dit qui existe", explique France Bastoen.

Jean-Baptiste Delcourt poursuit : "On a énormément travaillé le jeu. Il y a cette question de l'émotion. On s'est souvent retrouvé au début, aux répétitions, complètement en pleurs, très émus par la matière. Quand l'émotion arrive à France, elle est véritable. Cette force du présent avec les spectateurs, finalise, donne vie au spectacle. C'est comme si on avait exploré toutes les intentions, les manières de dire les choses. France a cette liberté au plateau de pouvoir choisir au présent et d'être réellement avec les gens dans une sincérité, une vérité totale pendant 1h45 de concentration. On voulait d’ailleurs garder une certaine temporalité. C'est un spectacle pour lequel, à travers cette histoire aussi forte, on voulait éviter le côté " single " où l'histoire est plus courte".

1h45, un temps nécessaire donc, à la fois pour pouvoir recevoir le message, avaler son émotion et s’identifier au personnage. La force du récit permet l’émancipation de la pensée : "La protagoniste n'est pas la même femme au début de sa vie, au moment où elle raconte cette histoire qu'au moment où elle vit le drame de la pièce. Elle a décidé de se battre pour vivre. Elle a du tempérament, ouverte au monde et elle a su trouver des ressources en elle pour échapper à une condition inéluctable quand on vient de certains milieux sociaux et qu'on est une femme. Elle est la perception individuelle que chacun peut se faire d'elle à ce moment-là", insiste Jean-Baptiste Delcourt en parlant de l’évolution du personnage de France Bastoen.


Mathieu Delcourt
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Mais l’émancipation passe aussi dans les thématiques que la pièce aborde. "Je pense que Dennis Kelly est allé repérer dans ses propres petites noirceurs et ce qu'il a pu apercevoir chez d'autres hommes, pour pouvoir parler aux hommes du patriarcat et ainsi montrer à quel point cela peut mener à des choses abominables. On se pose toujours la question du moment de bascule", poursuit-il.

À cela, France Bastoen ajoute que la pièce permet de poser les bonnes questions : "La manière dont cette femme emmène les spectateurs dans les méandres de sa vie et de ses émotions, elle sème les balises de cette critique patriarcale, de cette différence de communication [entre les hommes et les femmes], de cette question de contrôle et de domination dans les rapports intimes, mais aussi dans le rapport à la société et aux minorités." Elle continue : "Certains hommes se retrouvent perturbés par ce qui se raconte dans la pièce. En sortant, ils se disent "ce n’est pas moi, mais je comprends quand même ce qu'on raconte, c’est assez perturbant"".

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La force de la pièce passe aussi par la mise en scène épurée : un fond noir, un décor blanc comme pour nous inviter dans la tête de la protagoniste. Jean-Baptiste Delcourt et son frère Mathieu, avec qui il a travaillé la scénographie, parlent ainsi de "vérité augmentée" pour rester en authenticité, en sincérité, avec le texte. Un travail pudique qui accompagne Jean-Baptiste Delcourt dans toutes ses mises en scène. "Je travaille toujours avec des petits outils. Ici, nous voulions que l’histoire [et le décor] avancent inexorablement au rythme de France, en accord avec elle, sous nos yeux, pour accompagner le texte. On ne voulait jamais illustrer le propos. On a travaillé le son sur des perceptions sensorielles, psychiques. Nous voulions rendre des éléments au service de l'actrice sans que cela soit pour autant du décor, pour travailler sur les sensations, les siennes et celles du spectateur", commente-t-il.

Une mise en scène qui se transforme donc sans que l’on s’en aperçoive au fil du temps, en même temps que la protagoniste, jusqu’à un point de non-retour.

Infos pratiques

Girls and Boys est à découvrir jusqu’au 26 février au Théâtre des Martyrs les mardis et samedis à 19h, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15 ainsi que le dimanche 20 février à 15h.

 


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Le cri d'alerte des cinéastes confinées,femmes,culture,

15 Mai 2020, 00:11am

Publié par hugo

 

 
JT 19h30 (Boucle de nuit)  CQFD (Ce Qui Fait Débat) 
Le cri d'alerte des cinéastes confinées
Le cri d'alerte des cinéastes confinées - © Tous droits réservés
JT 19h30 (Boucle de nuit)
La nouvelle vient de tomber : le prochain Conseil national de sécurité, le mardi 12 mai, sera dédié au secteur culturel.

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En attendant de savoir ce qui sera décidé, l’information apporte un certain soulagement : depuis le 4 mai, tandis que les merceries et les kayakistes amorcent leur reprise, le secteur culturel, relégué aux oubliettes, s’inquiète et agonise. Dans les médias, les éditos et autres cartes blanches se succèdent, relayant les inquiétudes des théâtres, cinémas, salles de spectacles et autres acteurs du secteur.
Une inquiétude qui, face au silence du gouvernement, se muait lentement mais sûrement en colère. Le confinement a, depuis mars, arrêté ou reporté une quarantaine de tournages : films, séries, fiction, documentaires, courts-métrages (source UPFF).
A cela s’ajoutent les projets en pré-production, ou les films qui s’apprêtaient à un parcours en salles (comme Jumbo de Zoé Wittock, sorti en VOD) ou en festivals. Les Grenades sont allées prendre la température chez quelques réalisatrices confinées. Au début, comme tout le monde ou presque, elles ont pris sur elles, télétravaillé, ou fabriqué des masques… Aujourd’hui, les interrogations les poussent, comme beaucoup, le point de saturation.
On n’a aucune information
Films, séries, festivals : la grande interrogation
Arrêté à mi-chemin de son exploitation, ‘Le Milieu de l’Horizon’ de Delphine Lehericey (‘Puppy Love’) devait sortir chez nous le 10 juin. La date du 8 juin pour une réouverture des cinémas reste théorique, mais la réalisatrice n’est pas pressée : "On n'avait pas encore mis en place de promotion avec Cinemien (le distributeur, NDLR), et je n’ai pas envie d'essuyer les plâtres des premières semaines. Je ne vois pas l'intérêt de le sortir tout de suite sans réfléchir", nous raconte-t-elle depuis son confinement à Beersel.
Reportée à l’été, la nouvelle date est encore, fatalement, à déterminer "en fonction de l'embouteillage potentiel avec les autres sorties. C’est un film tourné en 35mm, et pensé comme s’il était tourné dans les années ‘70, donc l’objectif premier c’est vraiment de le montrer en salles. Et puis c'est un film trop fragile pour s'assurer une visibilité parmi les centaines d’offres VOD..."
►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe
Après ‘Baden Baden’ (2016), Rachel Lang terminait son deuxième film quand le confinement est arrivé. "D’habitude dès qu’un film est terminé, c’est la course pour l’envoyer aux programmateurs de festivals. Mais cette fois-ci j’ai eu l’occasion rare de pouvoir y apporter quelques retouches".
 

'Mon Légionnaire' - © WrongMen/Chevaldeuxtrois
Produit par Wrong Men pour la Belgique (et Chevaldeuxtrois pour la France) et réunissant Louis Garrel, Camille Cottin et Lucie Debay (‘King of the Belgians’), ‘Mon Légionnaire’ était pressenti pour un beau parcours festivalier (notamment pour Cannes 2020 dont le futur reste toujours flou). Mais il a fallu se résigner. Le film sortira en salles dès qu'une date pourra être fixée.
 

'Pandore' - © Tous droits réservés
"On attend qu’on se soucie enfin de nous"
Le tournage de ‘Pandore’, la nouvelle série RTBF, qui devait commencer en avril, est lui aussi dans l’inconnu. Créée par une triple équipe féminine, les réalisatrices Vania Leturcq (‘L’année prochaine’), Savina Dellicour (‘Tous les Chats sont gris’) et la comédienne Anne Coesens (‘La Trève’), la série raconte l’affrontement une juge d'instruction (Coesens) et d'un politicien libéral (Laurent Capelluto, actuellement dans ‘Into The Night’ sur Netflix) dans le cadre du viol d'une activiste féministe (Salomé Richard, ‘Baden Baden’).
En théorie le tournage reprend cet été, mais "actuellement nous n’avons aucune information", s’inquiète Vania Leturcq, consciente qu’il y a encore beaucoup d’inconnues dans l’équation. "Il y a la question des assurances : tant qu’elles ne couvrent pas le Covid, aucun tournage ne reprendra. Ensuite, l'argent perdu : heureusement, le Tax Shelter était acquis, mais on était sur un budget restreint. Du coup, s'il faut encore faire des économies, on les fait où ? Est-ce qu'on va avoir des aides de l’État ? Donc on attend, comme tout le secteur culturel, qu'on se soucie enfin de nous..."
Magritte 2020 du Meilleur Court-Métrage pour ‘Matriochkas’, la comédienne et réalisatrice Bérangère McNeese prépare son premier long : "Grâce à l’aide à l’écriture de la Fédération Wallonie-Bruxelles j’ai pu mettre ce temps à profit pour travailler." Mais c’est l’absence de vision quant à une reprise des activités du secteur qui l’inquiète. Elle fait partie de l’équipe de ‘Baraki’, l’autre série RTBF (avec Fred De Loof, Ady El Assal et Adriana Da Fonseca) dont le tournage devait commencer en même temps que ‘Pandore’.
"A côté, je tournais dans le prochain film de Pascal Elbé, et devais reprendre le tournage d'une série pour TF1 mais on n'a aucune visibilité et coordination des gouvernements donc j’ai peur que tout reprenne en même temps." Il faudra peut-être faire des choix, annuler des contrats…
Il y a des gens qui n'ont rien, et le silence du gouvernement est affreux
"Je ne vais pas au studio, je travaille de chez moi – j’ai dû commander du matériel sur Internet et on m’a prêté des trucs, mais je m’en sors, grosso modo. Par contre, les exigences de travail n’ont pas changé, alors que les conditions, si." Si elle n’a pas les mêmes contraintes que le cinéma dit ‘en prises de vue réelles’ qui nécessite des déplacements et des gens, Gwendoline Gamboa, cinéaste d’animation et cofondatrice du Studio TabassCo, a elle aussi vu ses habitudes bousculées. "C’est vrai qu’on a tendance à être planqués derrière nos ordinateurs ou tablettes graphiques. Les festivals sont l’occasion de sortir de nos tanières", rigole-t-elle au téléphone. Certains ont annulé -  d’autres, comme celui d’Annecy, ont opté pour une version en ligne : "C’est étrange de se résigner à une avant-première sur Internet, mais Annecy, c’est une grande opportunité…" Ou la difficile question de la visibilité.
Derrière les cas individuels, une inquiétude collective
Un point commun dans ces cas très distincts : un sentiment croissant d’urgence. La culture, on le sait, souffrait déjà avant le confinement d’un manque de considération et de rabotages de budget. La crise du coronavirus a aggravé cette tendance, confirmant ce sentiment auprès des artistes qu’ils ne sont pas essentiels.
"On comprend que l'urgence n'est pas de faire de l'art, on est capables de se mettre en attente... si on est soutenus pour survivre en attendant ! Je suis relativement privilégiée : j'ai le statut d'artiste, des projets en écriture, et mon film est semi-sorti. Mais à côté il y a des gens qui n'ont rien, et le silence du gouvernement est affreux. Pourtant la culture est le troisième secteur économique à rapporter de l'argent !" martèle Delphine Lehericey.
"A l'ARRF (Association des Réalisateurs et Réalisatrices de Films), on fait des réunions. Avant de penser à reprendre les tournages et rouvrir les cinémas, il faut aider ces gens tout de suite. Donner le statut d'artiste à tout le monde, par exemple, pour tenir jusqu'à une reprise efficiente du secteur."
"Le public ne peut pas relancer la culture tout seul"
Même son de cloche chez Vania Leturcq : "Des décisions doivent être prises dès maintenant. Je pense à notre équipe, ceux qui n'ont pas le statut, d’ici la reprise, ils ne tiendront pas ! Et puis un théâtre, un film, ça ne reprend pas du jour au lendemain, sans préparation, sans répétitions". 
Une inquiétude exacerbée par le manque d’informations.  "Si on ne fait pas nous-mêmes la démarche pour en avoir, on n'en a pas. Ça rajoute une couche supplémentaire sur ce sentiment de non-reconnaissance des artistes en Belgique. Pourtant la culture a été essentielle pour beaucoup pendant le confinement, non ?" Lehericey abonde sur une nécessité d’intervention fédérale : "Si la culture a grandement aidé les gens pendant le confinement, on ne peut pas demander au seul public de porter la responsabilité de la reprise du secteur." 
Un théâtre, un film, ça ne reprend pas du jour au lendemain, sans préparation, sans répétitions
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"L’écueil, c’est qu’on est à cheval entre la culture, qui dépend des communautés, et du travail, qui dépend du fédéral", explique Véronique Jadin, dont le tournage de son film ‘L’Employée du Mois’ a aussi souffert de la crise du Corona. Au sein de l’association ‘Elles Font Des Films’ dont elle fait partie, elles sont nombreuses à devoir concilier le chômage technique, la charge familiale et l’absence de statut d’artiste. "Nombre d’entre elles n’auront que le CPAS comme solution."
Derrière un film, d’un réalisateur ou une réalisatrice, derrière les festivals et les événements publics, la grosse part du de l’iceberg culturel est composé de petites et grandes mains qui œuvrent dans l’ombre des projecteurs, et qui risquent de payer le prix fort. 
"Est-ce que les plus puissants seront encore privilégiés ?"
Beaucoup d’attentes pèsent donc sur le Conseil national de sécurité ce mardi 12 mai. Pour savoir non seulement quand le monde culturel pourra reprendre du service dans la société belge, mais aussi sous quelles conditions. "Je peux réussir à envisager que mon film sorte sur une plateforme alors qu'il a été tourné pour le cinéma… mais alors écrire un scénario en tenant compte des mesures de distanciation ? Jamais ! Ça veut dire que personne ne se roule des pelles ?", rigole Delphine Lehericey, avant de se demander : "Est-ce qu'on aura envie de voir des films comme ça ?"
Autant j'ai pu douter dans ma vie du sens de mon métier, autant je ne l'ai jamais trouvé aussi essentiel qu’en ce moment
Comment tourner des films à l’ère du Corona ? Vania Leturcq s’interroge aussi. "Est-ce que de nouveau, les plus puissants seront privilégiés ? Ce n'est pas une question de volonté, mais si on doit tester tout le monde, mettre et enlever les masques aux figurants entre chaque prise, ou réduire de moitié les journées… Seuls les gros tournages pourront s’y plier."
Le futur est incertain, mais quand on travaille dans le cinéma, quand ne l’était-il pas ? Conscientes des inégalités systémiques et des "biais inconscients" qui les rendent souvent minoritaires dans la cour des ‘grands’ (festivals internationaux, longs-métrages de fiction, commissions de sélection), mais qu’il suffit d’élargir (assouplir) le champ de la compétition (documentaire, courts, premiers longs) pour les trouver, les réalisatrices sont le feu sous la glace du cinéma.
Ecrire un scénario en tenant compte des mesures de distanciation ? Jamais ! Ça veut dire que personne ne se roule des pelles ?
"Le seul point positif, c’est qu’autant j'ai pu douter dans ma vie du sens de mon métier, autant je ne l'ai jamais trouvé aussi essentiel qu’en ce moment. Sans prétention hein. Mais c'est vrai qu’au final pendant cette période de confinement, tout ce qui m’a nourrie et accompagnée, je le dois à tous ces créateurs et créatrices. Ca me motive d’autant plus à monter ‘Pandore’. Une série qui parle de la politique belge, de la justice… et du droit des femmes !", conclut Vania Leturcq.
… Et quant à notre dernière question, à savoir si elles ont hâte de retourner au ciné, le "oui" l’a emporté à une écrasante majorité.
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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

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