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depression

Congé paternité: plus bénéfique pour lutter contre la dépression chez les pères que chez les mères

12 Janvier 2023, 04:34am

Publié par hugo

 Congé paternité: plus bénéfique pour lutter contre la dépression chez les pères que chez les mères
Les pères bénéficiant de 2 semaines de congé paternité seraient moins à risque de développer une dépression post-partum, selon une étude de l'INSERM en France. 
Les pères bénéficiant de 2 semaines de congé paternité seraient moins à risque de développer une dépression post-partum, selon une étude de l'INSERM en France. 
©pixabay
04 JAN 2023
 Mise à jour 04.01.2023 à 11:20 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Dans les semaines qui suivent la naissance d’un enfant, les deux parents risquent de développer une dépression. Pour réduire les risques de cette pathologie, le congé paternité serait plus bénéfique chez les pères que pour les mères, c'est ce que révèle une étude menée en France. 
On ne le sait pas assez et cela relève sans doute du tabou mais la dépression qui peut intervenir à la suite de la naissance d'un enfant n'est pas réservée uniquement aux mères. Les pères peuvent eux aussi souffrir de cette pathologie, elle est qualifiée alors de dépression "post-natale". La dépression post-partum désigne, elle, la souffrance mentale qui peut frapper les mères après l'accouchement jusqu'au retour de leurs règles. 

Car dans les semaines qui suivent la naissance d’un enfant, les deux parents sont bel et bien susceptibles de développer des troubles dépressifs. Chez les personnes en bonne santé, ils peuvent toucher 17 % des mères et plus de 10 % des pères au cours de l’année suivant la naissance de leur enfant. Chez les hommes, cette dépression peut se manifester par de la colère, de l’irritabilité, voire une consommation d’alcool ou de drogue.
 

Le congé paternité pas si bénéfique pour la mère
Une équipe de chercheuses et chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de Sorbonne Université à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique s’est intéressée à l’impact de deux semaines de congé paternité sur les risques de dépression chez chacun des parents. Résultat : si ce congé diminue de 25% le risque chez le père, il augmente légèrement celui de la mère ...

Les chercheurs se sont basés sur un échantillon provenant de la cohorte Elfe (l'Étude longitudinale française depuis l’enfance est une cohorte nationale française d’enfants suivis de la naissance à l’âge adulte pour étudier les facteurs familiaux, économiques et socioculturels pouvant influencer le développement des enfants, soit 18 000 enfants nés en 2011 en France, et leurs parents, ndlr).
 
Nos résultats soulignent l’importance que peuvent avoir les politiques familiales ciblées sur les pères en matière de santé mentale des parents car elles peuvent faire progresser l’égalité des sexes sur le marché du travail et accroître la participation des pères à la sphère familiale.

Maria Melchior, directrice de recherche INSERM
Selon les scientifiques, cette association négative chez les mères pourrait être due à la répartition inégale du temps alloué à la garde des enfants et/ou à un biais de sélection. Une corrélation bien plus complexe qu’il n’y paraît, tant les facteurs de risque de la dépression post-partum sont multiples. Un effet qui pourrait aussi s'expliquer par une durée trop courte, laquelle est désormais de 28 jours.

"En effet, même si nous avons pris en compte de nombreux facteurs de confusion possibles, nous n’avons pas pu évaluer suffisamment la préexistence de troubles dépressifs en dehors d’une autre grossesse chez les mères. Il est ainsi possible que les pères dont la compagne est plus à risque de dépression, prennent plus volontiers un congé paternité", précise Maria Melchior, directrice de recherche à l’Inserm, qui a dirigé les travaux de cette enquête. "Nos résultats soulignent cependant l’importance que peuvent avoir les politiques familiales ciblées sur les pères en matière de santé mentale des parents, car elles peuvent faire progresser l’égalité des sexes sur le marché du travail et accroître la participation des pères à la sphère familiale", ajoute la chercheuse. 

Un congé paternité encore trop court en France ?
L'étude révèle que "deux mois après la naissance, 5% des pères et 15% des mères présentaient des symptômes correspondant à une dépression post-partum", bien qu’il n’y ait pas eu de diagnostic officiel, explique Maria Melchior. 

En revanche l’association négative observée chez les mères pourrait suggérer qu’une durée de 2 semaines de congé paternité n’est a contrario pas suffisante pour prévenir la dépression post-partum des mères.

Katharine Barry, doctorante Inserm à la Sorbonne
"Outre les avantages que le congé paternité peut conférer en matière de dynamique familiale et de développement des enfants, il pourrait donc également avoir des effets positifs en matière de santé mentale des pères, commente Katharine Barry, doctorante Inserm à Sorbonne Université et première autrice de ces travaux. En revanche l’association négative observée chez les mères pourrait suggérer qu’une durée de 2 semaines de congé paternité n’est a contrario pas suffisante pour prévenir la dépression post-partum des mères".

Deux mois après la naissance de l’enfant, les participantes et participants ont renseigné un questionnaire. Plus de 64 % des pères avaient déjà pris un congé paternité, 17 % ont déclaré avoir l’intention d’en prendre un et près de 19 % n’en avaient pas pris et ne projetaient pas d’en prendre.

4,5 % des pères ayant pris un congé paternité et 4,8 % de ceux ayant l’intention de l’utiliser présentaient une dépression contre 5,7 % de ceux ne l’ayant pas utilisé. Cependant, une tendance inverse a été observée chez les mères : 16,1 % des mères dont le partenaire a utilisé le congé paternité présentaient une dépression post-partum contre 15,1 % de celles dont le partenaire avait l’intention d’utiliser le congé paternité, et 15,3 % de celles dont le partenaire n’avait pas pris de congé paternité.

Le site de l'INSERM annonce que de futures recherches devraient permettre d'étudier  l’impact que la durée et le moment du congé paternité peuvent avoir sur la santé mentale des parents et sur le développement des enfants, y compris depuis l’allongement de la période de ce congé en 2021. La France avait alors décidé de rattraper son retard en doublant la durée de son congé paternité, le faisant passer à 28 jours dont une semaine obligatoire. Le record est détenu par la Corée du Sud, avec 54 jours. La Norvège est le premier pays au monde à avoir instauré le congé paternité, le 1er avril 1993. Près d'une centaine de pays dans le monde n'ont toujours pas adopté de mesure de congé paternité.
 

 
À lire aussi dans Terriennes : 

►Congé paternité : quels sont les pays les plus généreux ?
►Congé paternité : la Suisse dit oui
►En Corée du Sud, le congé paternité ne fait pas rêver les papas
►Nouvelle-Zélande : congés payés en cas de fausse couche ou d'enfant mort-né
►Congé menstruel, vraie ou fausse bonne idée ?
►Deuil périnatal : lever le tabou sur l'indicible souffrance
►Contraception masculine : un tabou, un combat pour l'égalité
►Fausses couches : les dangers d’un tabou
TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 04.01.2023 à 11:20
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https://information.tv5monde.com/terriennes/conge-paternite-plus-benefique-pour-lutter-contre-la-depression-chez-les-peres-que-chez

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L'époque en live Dépression, bipolarité, anxiété… : pourquoi le tabou sur les troubles psychiques doit cesser,sante,societe,

12 Juillet 2018, 08:09am

Publié par hugo


 
L'époque en live
Dépression, bipolarité, anxiété… : pourquoi le tabou sur les troubles psychiques doit cesser
par Laura Carreno-Müller
© GettyImages/Compassionate Eye Foundation
  
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Le 8 juin 2018, le monde apprenait le suicide du chef Anthony Bourdain. Cinq jours auparavant, la créatrice Kate Spade mettait aussi fin à ses jours. A l’heure où on prône la "body-acceptance", et si on parlait (enfin) des troubles psychiques ?
 
Laura Carreno-Müller
L_CarrenoMuller
laura.carreno.muller
 
Temps de lecture
5 minutes
Publié le
Lundi 18 Juin 2018
Anthony Bourdain, Kate Spade, Avicii, Chester Bennington, la star de la K-pop Kim Jon-Hyung, Robin Williams... Depuis quelques années, une vague de suicides plonge la planète people et le monde entier dans le deuil. Côté médias, les mots "dépression" ou encore "anxiété" n’ont jamais été aussi présents, et les stars communiquent volontiers sur la nécessité de la prévention.
"Je souffre de dépression et j'ai été mannequin pendant une période très difficile où je me détestais"
"Durant les heures les plus dures et sombres de ma dépression post-partum, jamais je n'aurais appelé qui que ce soit. Si John (Legend, NDLR) ou mon médecin ne m'avaient pas tendu la main, je n'aurais jamais pris conscience du problème. On peut vraiment tomber dans un abîme de solitude. Faites attention aux gens que vous aimez et n'ayez pas peur de parler haut et fort."
"Si l'anxiété pure et dure faisait partie des Jeux Olympiques, je serais vraiment p***** d'anxieux au sujet de toutes les médailles d'or que j'aurais gagné comme un boss"
Mais si les stars relaient de plus en plus ce type de messages et que des campagnes de sensibilisation contre les maladies psychiques (un terme générique englobant toute sorte de troubles comme la bipolarité, l’agoraphobie et la boulimie...) sont régulièrement organisées aux US et en Angleterre, le grand public, lui, peine à se mettre à la page. Et relaie même parfois des discours dangeureux.
Entre glamourisation et stigmatisation
Un rapide tour sur le Web permet de constater l'ampleur du problème : des plateformes comme Tumblr, mais aussi des forums, sont devenus les QG d’un mouvement glamourisant les troubles psychiques. Résultat : les images à base de scarification ou de personnes atteintes d’anorexie y sont monnaie courante. Au Japon, la tendance a même un nom : le "yami kawaii", c'est-à-dire "maladie mignonne", une version dark de la culture kawaii. Et si certains y voient un moyen de dénoncer les tabous sur le mal-être mental, ancré dans la mentalité japonaise, Mathilde, atteinte de dépression boulimique depuis son enfance, y voit un danger. "C’est comme si on prenait ces troubles à la légère", s’indigne-t-elle. "On ne devrait pas en faire quelque chose de beau parce qu’on peut en mourir".
Pire encore : certains des comportements engendrés par les troubles psy font parfois l'objet de commentaires stigmatisants, relayés sur les réseaux, mais aussi très présents IRL. "A 12 ans, j’avais perdu toute motivation et intérêt et je ressentais beaucoup de tristesse. On pensait que j’étais un fainéant qui ne voulait pas prendre sa vie en main. On me disait juste de me battre", raconte Romain. Diagnostiqué dépressif à 20 ans, l'étudiant a longtemps gardé le silence au sujet de sa maladie, ne voulant pas inquiéter sa famille. "J’ai appris à vivre avec, mais on n’en guérit jamais", enchaîne-t-il. Fatiguées par tant d’incompréhension, les personnes atteintes de troubles psychiques sont de plus en plus nombreuses à prendre elles-mêmes la parole sur la Toile, pour en finir avec les discours ambigus et culpabilisants.

La pop culture comme remède
Sur les Internets, cette libération de la parole se fait désormais à coup de mèmes, notamment sur Instagram et Twitter. Une façon de rire malgré tout, mais aussi de lutter contre le sentiment de solitude éprouvé par les personnes souffrant de troubles psychiques. "On se sent moins seuls, et ça prouve que l’on peut se sentir mal mais en rire", relativise Mathilde.
"Mon anxiété, ma dépression et ma tristesse à une heure du matin"
" 'Le sport aide à soulager la dépression'. Moi : "
" 'T'as l'air tellement déprimé'. Merci, c'est la dépression "
Et les anonymes ne sont pas les seuls à se servir de l'humour pour parler de leur situation. Le 1er juin 2018, le rappeur Kanye West a sorti son huitième album, Ye, qui évoque son trouble bipolaire, diagnostiqué en 2017. Sur la pochette, on peut en effet lire "I Hate Being Bipolar, It’s Awesome" ("Je déteste être bipolaire, c’est génial"), une référence aux changements d’humeur dont sont victimes les personnes atteintes de cette pathologie. Et une façon d'ajouter sa pierre à une scène actuellement très active : l'"emo rap", un sous-genre qui mélange la trap et les codes du rock des nineties, dont les représentant Yung Lean, Lil Xan ou encore Princess Nokia parlent sans fard de dépression, suicide et chagrin d’amour.
De quoi mettre ces troubles en lumière, notamment dans des pays comme la France, où le chemin vers l'acceptation reste long. Si la dépression ou encore le burn-out sont plutôt bien perçues, d’autres maladies, comme la schizophrénie ou la bipolarité, sont mal acceptées selon Marie-Jeanne Richard, vice-présidente de l’UNAFAM. "La stigmatisation est même présente au sein du personnel soignant. La psychiatrie fait peur, on ne comprend pas qu’il s’agit de réelles maladies, invisibles, mais qui impliquent une notion d’handicap", explique-t-elle. Pour y remédier, Marie-Jeanne Richard propose aux soignants d’être porteurs d’un message d’espoir. D’après elle, "les personnes vivant avec des troubles psychiques éprouvent un sentiment d’inadéquation dans une société qui est en quête de perfection. Les stigmatiser les empêche de trouver de l’aide", et donc, d’être mieux prises en charge. Puisqu'elles nous parlent plus que jamais, profitons-en pour écouter.
Si vous ou quelqu’un de votre entourage est en situation d’urgence et a besoin d’une aide immédiate, vous pouvez contacter le dispositif Suicide Ecoute au : 01 45 39 40 00

https://www.glamourparis.com/societe/phenomene/articles/depression-bipolarite-anxiete-pourquoi-il-faut-en-finir-avec-le-tabou-sur-les-troubles-psychiques/65290

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Le risque de dépression plus important chez les mères voulant être trop parfaites.,meres,santes,femmes,

23 Juin 2014, 03:09am

Publié par hugo

Le risque de dépression plus important chez les mères voulant être trop parfaites.
Le risque de dépression plus important chez les mères voulant être trop parfaites. Un risque plus élevé de dépression pour les mères voulant être trop parfaites20/06/2014
Les mères qui veulent à tout prix être parfaites sont les plus à risque de faire une dépression postnatale, selon une étude américaine.
Les mamans qui se mettent trop la pression sur leur rôle après la naissance de leur enfant ont un risque plus important de dépression, selon une étude réalisée par les universités de Floride et du Michigan. Une sorte de burn-out maternelle en résumé. En effet, elles risquent d’en faire trop, et de refuser de voir les signes de fatigue ou de défaillance face à leur nouveau rôle de mère. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi 273 femmes enceintes âgées de plus de 18 ans et ont évalué le degré d’anxiété des futures mères face à leur nouveau rôle et les symptômes de dépression qu’elles pouvaient développer. Les femmes ayant les idées les plus précises et rigides sur leur rôle de mère et la parentalité avaient un risque plus élevé de dépression postnatale. Plusieurs facteurs de pression sur la future mère ont été déterminés par l’étude. Tout d’abord, la peur d’être perçue comme une mauvaise mère face aux attentes supposées de la société vis-à-vis de leur rôle et la crainte sur leur capacité à résoudre seule les problèmes liés à la parentalité. Mais la pression vient aussi de l’acceptation, par la femme elle-même, de sa nouvelle identité de mère. L’étude suggère que l’analyse de ces croyances auprès des mères durant leur grossesse pourrait permettre de les suivre et de les accompagner au mieux, en leur faisant accepter leur nouveau rôle sans trop de pression.
Sources : Journal of depression and anxiety et Santé Log
Auteur : Chloé Margueritte > COMMENTER1
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Bipolaires au travail : « Tant pis pour ceux qui me prennent pour une débile »,sante,dépression,bipolaire,

21 Juin 2014, 02:30am

Publié par hugo

Bipolaires au travail : « Tant pis pour ceux qui me prennent pour une débile »
Ramses Kefi | Journaliste Rue89


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Les troubles mentaux font peur aux employeurs. Aux collègues aussi. Pour un bipolaire, s’insérer professionnellement est compliqué. En plus de la pathologie, il faut gérer le stress, l’ignorance, les clichés.




Claire Danes dans le rôle de Carrie Mathison, agent de la CIA bipolaire, dans la série « Homeland »
Florence, 44 ans, est agent municipal en région parisienne et s’occupe d’un cimetière. Au départ, ça lui a fait bizarre. Il y a quelques années, pendant l’une de ses phases dépressives, elle a eu des pensées suicidaires :


« J’ai une relation particulière avec la mort, mais il faut savoir s’adapter. »


Si elle a dépassé ça, elle appréhende toujours ces moments où elle peut flancher. Douter, déprimer et n’avoir envie de rien. Ces fois où, à l’inverse, elle peut être hyperactive et ressentir la force de « déplacer des montagnes » et d’enchaîner les heures de travail sans s’arrêter.


UN DIAGNOSTIC TARDIF
Dans sa forme la plus aiguë, la bipolarité – appelée il y a encore quelques années « trouble maniaco-dépressif » – touche 1 à 2% de la population française – environ 6% si l’on ajoute certaines maladies mentales qui lui sont apparentées.


Elle se caractérise par des troubles de l’humeur. Tantôt des phases dépressives, tantôt des phases dites « maniaques » – toujours dans l’excès – qui entraînent des troubles de la pensée, des émotions et des comportements.


Au Nouvel Observateur, Christian Gay, psychiatre à la clinique de Garches, explique :


« Plus la prise en charge est rapide, plus le patient a de chance de bien répondre au traitement. En général, on prescrit un régulateur d’humeur type lithium. Malheureusement, les premiers symptômes de la maladie passent souvent inaperçus. Et les diagnostics sont tardifs. Dix ans de retard en moyenne [...]. Si elle est prise en charge tôt et bien suivie, une personne atteinte de trouble bipolaire peut tout à fait avoir une vie normale. »


Florence est bipolaire. Quand elle évoque ses troubles psychiques, elle ne se plaint pas, préférant s’épancher sur la manière dont elle réussit à vivre avec son handicap. Et quand elle parle de son boulot, elle répète que celui-ci est primordial, parce qu’il lui permet aujourd’hui d’avoir un équilibre :


« J’ai été engagée à la mairie il y a quinze ans. Depuis, je n’ai pas mis les pieds dans un hôpital psychiatrique. Je suis consciente de la chance que j’ai. »


Moins de la moitié des bipolaires travaille. Pas de chiffres précis pour la France, mais une certitude : leur insertion dans le monde du travail est très compliquée car les maladies mentales font peur.


Ainsi, Florence répète qu’elle est une privilégiée, même si, au moment de s’insérer professionnellement, dans les années 90, elle n’a pas vraiment eu le choix malgré un Deug (diplôme d’études universitaires générales) d’histoire.


Après avoir intégré des organismes spécialisés dans le handicap mental, on lui a proposé du jardinage ou de la cuisine. Elle a préféré la première option.


Avant le cimetière, il y a eu les espaces verts. Après, il y aura peut-être autre chose parce qu’elle envisage de passer des concours pour évoluer en interne. « Je suis déjà un peu une référente auprès de mes collègues, ce qui est vraiment valorisant ».


Des SMS à son médecin pour la « rebooster »


Elle explique :


« Au boulot, je dois prouver plus que les autres car je n’ai pas le droit à l’erreur. Je dois aussi mettre beaucoup plus d’énergie pour maîtriser mes émotions dans les situations stressantes et conflictuelles. Cela marche plutôt bien.


Je ne dis pas que c’est toujours facile, mais ma hiérarchie me fait confiance et me traite comme les autres. »


Lorsqu’elle sent que la « cocotte minute » est prête à exploser, elle prend parfois son portable et échange avec son médecin, toujours disponible. « Il me suffit parfois d’un SMS pour me rebooster. » Elle glisse :


« J’ai un fils de 7 ans. Je ne peux pas lui dire d’aller à l’école et moi, abandonner mon travail. Il y a des matins où je n’ai qu’une envie, rester chez moi. Alors j’appelle le boulot pour dire que je serai absente. Mais une demi-heure plus tard, je suis là parce que je n’ai pas le droit de lâcher. »


En entreprise, éviter le stress


Licencié en 2001 de l’entreprise qu’il avait lui-même créée, Christophe Docet sombre dans la dépression avant d’être diagnostiqué bipolaire. Il décide alors de lancer une association, Bipol Entreprises, qui œuvre pour le maintien et le retour au travail des personnes qui souffrent du même mal que lui.


Pour lui, l’important est de trouver le bon traitement pour stabiliser l’humeur, chose qui prend du temps et qui, en attendant le bon diagnostic, laisse la maladie ravager tout ce qu’elle peut. Elle désocialise, isole et, parfois, conduit au suicide. Christophe analyse :


« Le marché de l’emploi est catastrophique pour tout le monde. Forcément, cela ne facilite pas la tâche des personnes qui souffrent de troubles psychiques. A Rennes, on estime que 10 à 15% des personnes bipolaires travaillent. »


Il hésite à reprendre un job avec des responsabilités. « Cela lui manque » et il se sent parfaitement capable :


« Dans ses phases “hautes”, un bipolaire peut être très productif et très créatif. Mais forcément, il doit choisir une entreprise avec moins de stress parce que celui-ci est un élément déclencheur de troubles. Et comme tout est dans l’excès....


Le problème est que, dans le monde de l’entreprise, il y a énormément de méconnaissance. »


Claude Deutsch, docteur en psychologie et ex-président de Santé mentale Europe, étaye :


« L’idée n’est pas d’être dans le déni et de dire à un employeur qu’il n’y a pas de problème. Oui, il y a déficience mentale. Mais celle-ci ne veut pas dire qu’une personne qui en souffre est incapable de travailler, loin de là.


Il faut simplement mettre des moyens pour l’accompagner. Néanmoins, les entreprises sont beaucoup plus tournées vers la performance que vers l’humain. »


« On m’a déjà traitée de mongolienne »


« Cliché. » C’est le mot qui revient dans la bouche des personnes bipolaires que nous avons sollicitées pour le sujet. Au-delà des employeurs, elles évoquent aussi les collègues. Leur ignorance. La facilité à juger. Certaines ne disent rien sur leur état de santé, même quand tout le monde se doute que quelque chose ne va pas.


Nathalie, 47 ans, employée à La Poste dans la région Centre :


« C’est compliqué de masquer ses phases maniaques. A l’époque, je courais partout. Je redemandais à chaque fois du travail, tout ça en ne dormant que deux, trois heures par nuit. »


En 2010, elle craque. Enorme burn-out. Un médecin lui annonce qu’elle est bipolaire. « Avant ça, je pensais que la dépression n’existait pas ».


Quand on l’a contactée, elle devrait reprendre le travail dans quelques jours, après avoir été arrêtée quatre ans. Un temps partiel thérapeutique, adapté à son état et un suivi médical régulier.


Elle a changé de lieu de travail et ne dira rien sur sa maladie à ses nouveaux collègues. Non pas parce qu’elle a honte – « j’ai dépassé ce stade » –, plutôt parce qu’elle aspire à mener une vie ordinaire.


Autrefois, les relations avec ses collègues étaient toujours compliquées :


« On ressent un mal-être tel qu’on se dit que personne ne peut nous comprendre. On est aussi hypersensible. Quand ça va bien dans une relation, on cherche le mal. Et vice-versa. »


A la mairie, certains collègues de Florence sont au courant :


« Il y a ceux avec qui ça se passe bien. Et d’autres à qui il arrive d’être blessants parce qu’ils sont ignorants. On m’a déjà traitée de mongolienne et de choses pires encore. »


Elle a foutu le bordel au bureau


Marie – un pseudo –, la quarantaine passée, bosse dans le milieu de l’édition. Elle a choisi de travailler à son compte, en partie pour éviter le stress du bureau :


« A la maison, je peux aménager mes horaires en fonction de mon état de forme et éviter les situations conflictuelles avec les collègues. »


Elle a découvert qu’elle était bipolaire à la fin des années 90 – « Dix ans après les premiers symptômes ». Avant d’être hospitalisée, elle avait « pété un plomb » au bureau. D’abord une crise soudaine, que personne n’avait comprise. Puis une période « maniaque », où « elle a foutu le bordel et agissait de manière complètement anarchique » :


« Plus d’horaires, plus de délais, plus de limites. Moi-même, je ne comprenais pas. »


Son image auprès des autres en prend alors un coup. Quand elle revient d’arrêt maladie, tout le monde est persuadé qu’elle est dépressive. Elle ne dit rien et pour supporter sa souffrance, tourne aux antidépresseurs. A l’époque, elle est dans le déni. Et souffre.


« Est-ce qu’ils m’auraient engagée ? »


Elle décide de s’en aller pour tout recommencer. Après une parenthèse « dans le Web », elle est revenue dans le milieu de l’édition :


« Intellectuellement, le boulot me stimule. Jamais je n’ai pensé à arrêter. Néanmoins, j’estime que mon parcours professionnel est chaotique. Si mon mari ne gagnait pas bien sa vie, je n’aurais pas pu me mettre en freelance. »


Elle a écrit un bouquin sous le pseudo de Marie Alvéry – « J’ai choisi la vie » – pour raconter tout ça. Ça lui a fait du bien. Elle s’assume :


« Tant pis pour ceux qui me prennent pour une débile. »


Dans la foulée de la promo, elle a avoué à deux de ses chefs – et seulement à eux dans l’entreprise – qu’elle était bipolaire.


« Ils ont bien réagi, peut-être parce qu’ils avaient appris à me connaître avant que je leur dise. Est-ce qu’ils m’auraient engagée s’ils avaient su avant ? Je ne sais pas. »


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Sur lexpress.fr
Comment les bipolaires vivent leur maladie
Sur nouvelobs.com
Comment reconnaître une personne bipolaire
Sur blogspot.fr
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