L'homosexualité en banlieue : entre tabou et violence !
Alors que l'homosexualité n'est plus stigmatisée dans les médias, il en est tout autrement dans les villes de banlieue, en particulier dans les cités. Témoignages et chiffres rendent compte d'une véritable exclusion. Par peur du regard des autres, voire de violences homophobes, ils vivent en clandestins. État des lieux avec le journaliste Franck Chaumont, auteur de "Homo-ghetto".
Dans les villes de banlieues, en particulier dans les cités, certains rasent les murs, le regard fuyant. Ils s'appellent Nadir, Dialo et aussi Nadia… Entre mensonge et comportements schizophrènes, les homos vivent dans la peur d'être démasqués. Etre un garçon ou une fille homo dans les cités en France est plus que difficile, c'est quasi un crime. Ex-journaliste àBeur FMpuisRFI, et directeur de la communication du mouvementNi putes ni soumisesjusqu'en 2007, Franck Chaumont lève le voile sur un tabou, "informer est un premier pas, pour en finir avec l'exclusion, et la violence".
Doctissimo : Comment est perçue l'homosexualité en banlieue dans les cités ?
Franck Chaumont :C'est un véritable tabou. Il ne fait pas bon être homosexuel, ni même tout simplement soupçonné de l'être. Nous sommes dans une culture de la cité, qui repose essentiellement sur la loi du plus fort. La virilité y est valorisée à l'extrême, alors forcément l'homosexualité est perçue comme une déviance condamnable. Il faut savoir qu'on parle déjà peu de sexualité : alors d'homosexualité, encore moins !
Doctissimo : Pouvez-vous nous donner un aperçu de leur quotidien ?
Franck Chaumont :L'attitude d'un garçon homosexuel réside essentiellement dans le déni. Se cacher, se dissimuler est devenu une véritable règle de survie. Dans la grande majorité, les homos se comportent comme les hétéros : ils peuvent prendre des allures de macho, et vont jusqu'à proférer des propos homophobes. Le principal objectif est d'éviter de se faire repérer. Certains se marient et ont des enfants. Dans le livre, un des maquettistes du journalTêtutémoigne qu'il fait croire à toute sa famille qu'il travaille dans une grande entreprise. Déni de soi et schizophrénie sont souvent leurs lots, ce qui entraîne beaucoup de désespoir.
Doctissimo : Quelles sont les formes que prend l'homophobie en banlieue ?
Franck Chaumont :Violences physiques, insultes et mise au ban du tribunal social et communautaire du quartier. Ça peut aller jusqu'au passage à tabac ou au viol. On me demande souvent si au final, il n'y a pas de similitudes avec l'homosexualité dans les campagnes. La réponse est non ! Dans les cités, les actes de violence et des condamnations pour la plupart proviennent de l'entourage proche. L'Association Refuges qui accueille de jeunes homosexuels en fuite ou en rupture familiale a pour habitude de faire des médiations avec les familles, certaines peuvent porter leurs fruits. Mais dans la cité, c'est impossible ! La violence est érigée en système, elle est devenue banalisée. L'homosexualité est au bout de la chaîne de la violence. Une fille, si elle adopte les codes de la cité, un contrôle déjà condamnable, peut s'en sortir. Elle est contrôlée socialement, mais elle peut échapper à la violence. Pas un homosexuel !
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