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Réarmement démographique : "La définition des femmes ne s’arrête pas à leur capacité de reproduction"

17 Février 2024, 06:22am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Réarmement démographique : "La définition des femmes ne s’arrête pas à leur capacité de reproduction"

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13 févr. 2024 à 12:10

Temps de lecture6 min
Par Juliette Vandestraete pour Les Grenades
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Le 16 janvier, le Président français Emmanuel Macron a dévoilé lors d’une conférence de presse plusieurs mesures dans le cadre d’un "réarmement démographique".

Ces initiatives émergent dans un contexte où le taux de naissances en France, n’a jamais été aussi bas depuis la Deuxième Guerre mondiale, selon les paroles du chef de l’État.

Parmi les mesures annoncées par Emmanuel Macron, le Président propose le remplacement du "congé parental" par un "congé de naissance" de 6 mois (le congé parental pouvant aller jusqu’à 3 ans) et le lancement d’un vaste plan de lutte contre l’infertilité.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Des mots qui troublent l’opinion publique
Depuis quelques semaines, ces déclarations agitent l’opposition, les expert·es et le milieu féministe. "Je pense que c’est lunaire d’avoir un président dans un discours hyper réactionnaire, qui finit par nous dire 'réarmement démographique', c’est quoi la suite ? C’est la servante écarlate ? En tant que femme, franchement, ça m’a plongée dans un profond malaise. Je me suis dit, de quoi il se mêle ? Laisse-moi tranquille ! […]" s’exclame Marine Tondelier, Secrétaire nationale du groupe "Les Écologistes" au micro de Sud Radio le 18 janvier dernier.

Les réactions étaient également nombreuses parmi les femmes en attente de la procréation médicalement assistée (PMA), confrontées à des délais persistants.

Ces discours n’ont aucun effet, c’est une simple adresse envoyée aux conservateurs


L’univers de la maternité en Belgique s’indigne
Chez nous aussi, cette expression fait réagir. "On se croirait en période de post-guerre 40-45, où il fallait refaire des jeunes pour refaire la chair à canon", déclare aux Grenades Michèle Warnimont, sage-femme responsable du Cocon (Erasme) qui fait partie de la plateforme citoyenne pour une naissance respectée.

"La position de la plateforme est claire : les femmes sont maîtresses de leur corps et décident de ce qu’elles font. Parler de réarmement démographique, c’est vraiment réduire les femmes à un simple objet utérin. C’est aux femmes de décider et ce ne sont pas des notions démographiques qui doivent influencer les décisions dans le privé. On est instrumentalisé dans des propos pareils et le terme de réarmement n’est pas du tout adéquat. […] C’est mon corps, je décide, et je décide d’avoir un enfant ou pas. Il y a quelque chose de l’ordre du déterminisme des femmes qui n’ont d’intérêt d’existence que dans leur capacité reproductive. […] C’est un discours d’une démagogie affolante."

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Michèle Warnimont souligne également que "le véritable enjeu va au-delà d’une simple baisse de la natalité. Revoir la durée du congé de maternité est une démarche complexe. Si certaines femmes veulent revenir plus tôt au travail, il est impératif d’augmenter les places en crèche. Mais d’un autre côté, prendre des congés de maternité plus longs pose également des défis, notamment dans une société où les femmes cherchent à évoluer professionnellement de manière équitable avec les hommes. Dans notre société de compétition, si on part un an en congé de maternité, à notre retour, il y a vite quelqu’un·e qui s’est glissé·e à notre place."

La sage-femme met également en lumière le manque de soutien financier pour les familles où les deux parents prendraient un congé parental : "Quelles sont les familles qui peuvent se permettre de n’avoir que deux revenus à 60% ? Si les familles n’ont pas les moyens ou qu’elles n’ont pas mis de l’argent de côté, comment peuvent-elles vivre ?"

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Entre crises et évolutions sociales
En Belgique, le taux de natalité est de 1,6 enfant par femme en moyenne. Actuellement, nous sommes dans ce que l’on appelle une période de basse fécondité, en dessous du "seuil de remplacement de générations" qui est de 2,1 enfants en moyenne par femme.

Selon Thierry Eggerickx, docteur en démographie à l’Université catholique de Louvain (UCL) : "Divers facteurs contribuent à la diminution de la natalité en Belgique." Les périodes de crises socio-économiques tendent à influencer négativement la natalité.

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Depuis 2010, la Belgique a fait face à diverses crises, qu’elles soient économiques, liées à la pandémie ou environnementales. Ces situations anxiogènes ne poussent pas les jeunes générations à avoir des enfants.

Toutefois, Thierry Eggerickx souligne que les politiques natalistes déjà mises en place n’ont jamais réussi à produire des résultats durables.

Autour du mot "réarmement démographique"
Dans son entretien avec le média Reporterre, Isabelle Cambourakis, éditrice et fondatrice de la collection féministe "Sorcières", explique que ce discours n’est pas simplement un discours nataliste parmi tant d’autres dans l’histoire. L’éditrice souligne l’utilisation d’une connotation guerrière qui lui est insoutenable, d’autant plus que les conflits se multiplient dans le monde.

C’est aux femmes de décider

Selon elle, le chef d’État français s’érige en chef autoritaire, en autorité paternelle, voulant exercer un contrôle sur la reproduction de la population. Isabelle Cambourakis est claire : "Ces discours n’ont aucun effet, c’est une simple adresse envoyée aux conservateurs. […] Il ne s’agit pas de répondre à un éventuel problème démographique, pour peu qu’il existe, sinon l’État parierait aussi sur l’immigration et intégrerait à 'l’effort' les lesbiennes, les trans et tout ce qui sortirait du modèle hétéro. Le pouvoir défend d’abord une approche identitaire. Son projet, c’est que les femmes blanches fassent des enfants. C’est un discours raciste, impérialiste et autoritaire."

Pour elle, le discours d’Emmanuel Macron rappelle les discours nationalistes du Premier ministre hongrois, Viktor Orban et de l’Italienne Giorgia Meloni ou encore la doctrine conservatrice du président russe Vladimir Poutine qui demande aux femmes russes de ne pas avoir recours à l’avortement invoquant une chute de la natalité.

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La déclaration d’Emmanuel Macron soulève donc de nouveaux enjeux qui touchent directement le bien-être physique et mental des femmes.

La solitude, la charge mentale ou encore les violences gynécologiques, font partie des risques multifactoriels associés aujourd’hui à la maternité chez les femmes.

Au cœur des injonctions maternelles
D’après une étude menée par Vie féminine, la maternité reste un facteur de précarité pour les femmes. L’étude souligne que la pression de faire des enfants est le premier élément qui interfère avec leurs choix. Cette pression exacerbée par des normes procréatives, qui incite à choisir soigneusement les conditions dans lesquelles avoir un enfant. Et cette pression sociale s’intensifie davantage pour les femmes dans des situations de précarité.

En Belgique, dans les couples hétérosexuels, les femmes avec de jeunes enfants consacrent en moyenne 16 heures et 6 minutes par semaine aux soins et à l’éducation des enfants, soit près du double du temps alloué par les pères. Une charge mentale qui continue, voir qui empire même, si les parents décident de se séparer.

Cette charge est amplifiée par divers facteurs, notamment l’isolement maternel croissant, la surcharge d’informations culpabilisantes imposée aux mères ou encore le jugement sévère de la société sur la qualité des soins maternels prodigués aux enfants.

Ces pressions, comme le souligne le rapport, sont profondément ancrées dans le système patriarcal. Le compte Instagram et collectif féministe "Taspenséà" regroupe notamment beaucoup de témoignages de charge mentale.

Les violences gynécologiques et obstétricales
En 2021, la Plateforme des naissances respectée sortait une enquête sur l’accouchement en Belgique francophone. Cette enquête met en lumière des données alarmantes concernant les violences gynécologiques et obstétricales. Les résultats sont sans équivoque : 1 femme sur 5 a subi des actes de violence lors de sa grossesse. Ce chiffre monte à 1 femme sur 3 pour les femmes susceptibles de subir une discrimination liée à leur couleur de peau.

Les témoignages poignants inclus dans le rapport sont éloquents : "Quand ils m’ont recousue, j’ai signalé avoir très mal et on m’a répondu " Occupez-vous de votre bébé, ça vous changera les idées."

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En Belgique toujours, c’est Marie-Hélène Layahe, une juriste, féministe et lanceuse d’alerte qui est devenue une figure dans la lutte contre les violences obstétricales.

Depuis 2013, son blog "Marie accouche là" est devenu une référence, introduisant notamment le terme de "violence obstétricale" dans le monde francophone.

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Pour Annie Ernaux, la GPA n’est pas contraire au féminisme

5 Décembre 2023, 23:13pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Pour Annie Ernaux, la GPA n’est pas contraire au féminisme
Elisa Covo
 Publié le 29 novembre 2023 à 12h03
  22

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTUALITÉS FRANCE
L’écrivaine raconte dans les pages de « Têtu » comment son regard sur la Gestation pour autrui, sujet qui divise les cercles féministes, a évolué. Elle s’y opposait autrefois, gênée par l’aspect marchand, mais estime aujourd’hui que « la GPA est un véritable choix de la part de la femme porteuse ».
« J’étais contre la GPA, j’ai évolué », explique l’écrivaine et Prix Nobel de littérature, Annie Ernaux, au magazine Têtu, dans le dernier numéro en kiosque ce mercredi 29 novembre. L’autrice, dont la voix est très écoutée, raconte avoir suivi le parcours d’un couple de son entourage, qui lui aurait fait changer de regard sur la GPA. Elle appelle cependant à ce que l’aspect financier soit solidement encadré par l’État qui l’autorise.

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Contre la GPA à cause de « l’aspect marchand »
« J’étais contre la GPA, à cause du point noir de l’aspect marchand, avec la dérive que cela suppose, c’est-à-dire des femmes qui ont besoin d’argent et qui y recourent pour vivre. Le corps, en particulier celui des femmes, est déjà l’objet non seulement de trafics, mais aussi de l’usure au travail », explique l’écrivaine à Têtu. Mais c’est de voir un couple d’hommes de son entourage y recourir qui lui a permis de revenir sur son apriori : « J’ai pu voir comment cela se passait et comprendre que porter l’enfant de quelqu’un d’autre est un véritable choix de la part de la femme porteuse. »

Comme le rappellent nos confrères du Huffpost, l’évolution de point de vue d’Annie Ernaux reflète celui de la société entière. Selon une étude menée par Têtu et l’Ifop, 75 % des personnes interrogées se disaient favorables à la légalisation de la GPA pour les couples hétérosexuels (75 %) ou les couples homosexuels (59 %) en 2022, contre respectivement 60 % et 41 % en 2014.

La GPA n’est pas contraire aux valeurs féministes
L’écrivaine estime que la GPA, qui divise les milieux féministes, n’est pas incompatible avec le féminisme « dans la mesure où elle réaffirme que les femmes sont libres de disposer de leur corps ». Tant que l’État qui l’autorise encadre bien l’aspect économique, la gratuité étant « difficilement envisageable ».


En vidéo Le stealthing, le point du mari, la zone grise : que signifient ces mots du Q ?

Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.

Selon l’autrice, le droit français est « purement fondé sur la morale », et malgré une évolution des mentalités, notre société s’accroche encore à une forme de « divination de la maternité ». Un réflexe obsolète, selon Annie Ernaux : « On sait très bien, par exemple, que les enfants adoptés ne sont pas malheureux. Mais on va vers plus de libertés individuelles, c’est évident, et je crois que c’est une question d’années : bon an mal an, la GPA fera son chemin. »

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En Russie, la Cour suprême bannit le mouvement international LGBTQI+ pour « extrémisme »
Découvrez le BookClub, l’émission de Madmoizelle qui questionne la société à travers les livres, en compagnie de ceux et celles qui les font.


https://www.madmoizelle.com/pour-annie-ernaux-la-gpa-nest-pas-contraire-au-feminisme-1600515

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Non, les femmes qui choisissent de ne pas être mères ne menacent pas les générations futures !

18 Octobre 2023, 02:22am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 
Source : @peopleimages-yuriarcurs
FÉMINISME
Non, les femmes qui choisissent de ne pas être mères ne menacent pas les générations futures !
Fiona Schmidt
 Mis à jour le 13 octobre 2023 à 17h37
  17

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  FÉMINISME
Autrice de « Lâchez-nous l’utérus ! » et fière childfree, la journaliste Fiona Schmidt décortique les mécanismes réacs à l’œuvre derrière les injonctions à enfanter, qui continuent de peser sur les femmes.
Cela fait quatre ans que j’ai publié « Lâchez-nous l’utérus ! », dans lequel je déconstruis l’injonction à la maternité et la charge maternelle, qui creusent les inégalités entre les genres mais aussi entre les femmes. 

ACTUALITÉ DES MARQUES

Découvrez en vidéo l'action du CCFD-Terre Solidaire

Les femmes et les petits producteurs sont les premières victimes de la faim… Face à ce constat notre ONG agit localement.

Inspired by
En quatre ans, rien n’a changé. Enfin, si : c’est pire désormais. Certes, la parole des femmes qui souhaitent ne pas avoir d’enfant s’est libérée. Mais plutôt que de faire du questionnement de cette norme de la féminité une bonne nouvelle, plutôt que d’y voir l’opportunité pour toutes les femmes de faire des choix éclairés, quels qu’ils soient, en accord profond avec qui elles sont plutôt qu’avec qui leur entourage et la société voudraient qu’elles soient, la droite réactionnaire veut faire de l’expression d’un désir personnel une critique de la maternité, et carrément, une apologie prosélyte de la dénatalité sur fond de « délire » écologiste.

Farandole de propos réacs et transphobes
Et bien entendu, les féministes sont tenues responsables de cette grève fantasmée des ventres, alors que la France est toujours en tête du classement européen des naissances, selon les derniers chiffres de l’INSEE. 

Il suffit qu’une seule femme publie un seul livre sur son choix de ne pas avoir d’enfant – Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant), d’Hélène Gateau – pour qu’on subisse le concours habituel de propos réacs et volontiers transphobes dans la presse et sur les plateaux de télévision et de radios. 

Mercredi 4 octobre, Eugénie Bastié était sur le plateau de l’émission « C ce soir », où j’étais moi aussi invitée à « débattre » du choix de ne pas être mère, qui n’engage que moi depuis 25 ans – j’en ai 41 aujourd’hui -, mais dont il faut pourtant que je continue de « débattre » avec des gens qui semblent incapables de simplement l’ « accepter ». 


Des obligations féministes me retenaient ailleurs, et j’ai donc laissé les vaillantes Charlotte Debest et Corinne Maïer, autrices de deux ouvrages dont je vous recommande la lecture, se débattre avec cette question posée en préambule : « Les No Kids sont-ils des humanistes ou de dangeureux extrêmistes (sic), des êtres égoïstes ou au contraire, à l’heure où la planète se réchauffe, les plus responsables d’entre nous ? »

Les No Kids, ces méchantes « extrêmistes écologiques »
Aux présomptions classiques d’égoïsme, d’insensibilité et d’immaturité s’ajoute désormais l’accusation très contemporaine d’ « extrêmisme écologique ». Si on ne veut pas faire d’enfant, c’est toujours qu’on ne pense qu’à soi – un argument servi par des gens qui vous demandent : « qui s’occupera de toi quand tu seras vieille ? » et considèrent donc leurs enfants comme de futurs EHPAD gratuits ; c’est toujours qu’on n’aime pas les enfants – car avoir des enfants est la preuve irréfutable qu’on les aime, comme n’en attestent pourtant pas les chiffres de plus en plus alarmants des maltraitances infantiles ; et c’est toujours qu’on manque de maturité, puisque celle-ci est notoirement liée à notre système reproducteur : tant qu’on n’a pas fait de bébé, on en reste un, CQFD.

Mais désormais, nous voilà en plus accusées de menacer l’avenir de l’humanité avec nos « délires écologistes ». Et de fait, la crise climatique est un argument avancé de plus en plus souvent par les jeunes gens qui déclarent ne pas vouloir d’enfant. Mais c’est loin d’être le seul, comme l’admet d’ailleurs Eugénie Bastié elle-même sur le plateau de « C ce soir », lorsqu’elle s’offusque que « la raison première des femmes qui ne veulent pas d’enfant, c’est l’épanouissement personnel ». Prétendre être heureuse en dehors de la maternité, voilà qui ferait passer Robespierre pour un Bisounours, en effet…


L’obsession écologiste est donc avant tout une obsession médiatique, entretenue par des journalistes qui n’ont pas déconstruit la norme de la maternité. La journaliste Salomé Saqué ne dit d’ailleurs pas autre chose sur France Inter, lorsqu’elle appelle à normaliser le choix de ne pas avoir d’enfant, en déclarant que si elle ne souhaite pas avoir d’enfant pour des motifs écologistes, le choix de ne pas être mère procède d’un désir à part entière, qui doit être considéré comme légitime, au même titre que le désir de parentalité.

Par ailleurs, l’argument pro-kids a été servi par une Eugénie Bastié qui sur Europe 1 il y a quelques semaines, considérait que gifler son propre enfant ne relève pas de la violence, comme le souligne la militante Bettina Zourli sur son compte Instagram @jeneveuxpasdenfant. D’autre part, celles et ceux qui défendent la natalité et la famille au nom du « bien de l’enfant » ne défendent pas toutes les natalités ni toutes les familles, loin s’en faut. On n’a pas beaucoup entendu Eugénie Bastié s’indigner de ce qu’en avril, l’Agence régionale de santé de Mayotte incitait les jeunes femmes à se faire stériliser, par exemple.

Un argumentaire contre la liberté de choisir
Car paradoxalement, les défenseurs de la natalité imputent volontiers la crise climatique à la surpopulation. C’est le cas de Nicolas Sarkozy, qui dans son dernier livre, s’alarme du fait qu’en 2050, la population du Nigeria aura dépassé celle des États-Unis. Non seulement met-il les dégâts écologiques actuels sur le dos d’une population qui n’est pas encore née, mais il occulte aussi le fait que les États-Unis sont responsables de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, contre 2,5 % pour l’Afrique toute entière.


Enfin, la plupart des bébéphiles affiché·es se sont opposé·es avec vigueur à la PMA pour presque toutes*, alors même que 100 % des nombreuses études menées sur le sujet depuis une quinzaine d’années confirment que les enfants élevés dans dans les familles queer ne sont pas plus malheureux que les autres – au contraire. Et que, par ailleurs, le nombre de mères solo a doublé en trente ans, avec tous les risques de précarité que cela présente pour les femmes comme pour les enfants. Aujourd’hui, plus d’1,5 million de mères françaises sont célibataires, et l’écrasante majorité d’entre elles subissent leur statut. Quelle différence entre elles, et les femmes célibataires qui choisissent de fonder une famille seules, au grand dam des pourfendeurs et pourfendeuses de la PMA pour toutes ?

Le choix, bien sûr. Car elle est là, l’arête coincée dans l’esprit des anti-childfree. En réalité, et alors que le chantier est immense, elles et ils militent moins en faveur des enfants et de leurs droits que contre la liberté des femmes de faire des choix qui ébranlent une norme hétérocentrée réactionnaire et raciste.

Mais on ne va pas se gêner pour les gêner. Le futur de nos kids (enfin, les vôtres…) en dépend. J’espère qu’elles et ils vivront dans un monde où exercer son libre-arbitre ne sera plus menaçant, mais juste normal. 

* On rappelle qu’à ce jour, la loi dite de la PMA pour toutes exclue les personnes trans.

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Crédit photo de la une : @peopleimages-yuriarcurs


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"Pas d'enfant pour la vie" : le choix des Japonaises

15 Avril 2023, 23:35pm

Publié par hugo

 "Pas d'enfant pour la vie" : le choix des Japonaises
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©flickr
12 AVR 2023
 Mise à jour 12.04.2023 à 08:32 par 
TerriennesLiliane Charrier
 
avec afp
La lutte contre la chute de la natalité est une priorité pour le Japon, mais les femmes ont peu voix au chapitre sur ce sujet. C'est donc sur les réseaux sociaux qu'elles se tournent pour se faire entendre, rassemblées sous le mot-dièse "pas d'enfants pour la vie".

En 2022, l'archipel nippon recensait moins de 800 000 naissances. Jamais la natalité n'avait été aussi faible depuis l'établissement des statistiques, en 1899. Beaucoup de pays industrialisés enregistrent un faible taux de natalité, mais le problème est particulièrement aigu au Japon, qui a la deuxième population la plus âgée au monde après Monaco, et connaît une pénurie croissante de main-d'oeuvre, en raison, également, de strictes règles d'immigration.

Le fonctionnement du pays menacé ?
En janvier 2023, le Premier ministre Fumio Kishida alertait face à cette tendance qui, dit-il, menace la capacité du Japon "à fonctionner en tant que société". Le Premier ministre a promis des aides financières pour les familles, un accès plus facile aux services de garde d'enfants et plus de congés parentaux.

Avant, je croyais qu'avoir des enfants était la chose 'normale' à faire.
Tomoko Okada, 47 ans

Depuis, d'innombrables articles sur la question ont été publiés. L'un d'entre eux, notant que le Japon a le plus fort taux de femmes de plus de 50 ans sans enfant dans l'OCDE, a déclenché des torrents de commentaires en ligne sous le mot-dièse "sans enfant pour la vie". 

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida devant le Parlement, le 23 janvier 2023, à Tokyo. Environnement, sécurité, mais aussi reprise des naissances étaient à l'ordre du jour afin que le pays puisse rester une grande puissance. 
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida devant le Parlement, le 23 janvier 2023, à Tokyo. Environnement, sécurité, mais aussi reprise des naissances étaient à l'ordre du jour afin que le pays puisse rester une grande puissance. 
©AP Photo/Eugene Hoshiko
Être mère : la normalité ?
Au départ, Tomoko Okada redoutait de lire sur les réseaux sociaux les habituelles critiques envers les femmes sans enfant, mais elle a finalement découvert avec plaisir des discussions nuancées et empathiques. Les femmes expliquent pourquoi elles n'ont pas pu, ou voulu, être mères. "Avant, je croyais qu'avoir des enfants était la chose 'normale' à faire", explique cette écrivaine de 47 ans.

Par le passé, elle s'est inscrite, sans succès, sur des sites de rencontre dans l'espoir de trouver un partenaire. Elle a fait l'amère expérience de se sentir coupable quand son père lui a demandé un petit-enfant le jour de la fête des pères. Mais partager son expérience avec d'autres lui a fait réaliser que son "mode de vie était aussi acceptable", se félicite-t-elle.

Deux femmes sur des vélos électriques font une pause pour admirer la vue près du pont Tatara sur l'île d'Ikuchijima à Hiroshima, dans l'ouest du Japon, le 20 janvier 2023. 
Deux femmes sur des vélos électriques font une pause pour admirer la vue près du pont Tatara sur l'île d'Ikuchijima à Hiroshima, dans l'ouest du Japon, le 20 janvier 2023. 
©Toru Hanai/AP Content Services for Hiroshima Tourism Association
N'accusez pas les femmes !
Mais alors que le Japon compte seulement deux femmes dans son gouvernement et plus de 90% d'hommes à la chambre basse de son Parlement, beaucoup se sentent mises à l'écart du débat public, voire attaquées. "N'accusez pas les femmes du faible taux de natalité", tweete Ayako, une Tokyoïte de 38 ans sans enfant qui plaide en ligne pour la reconnaissance de "différents choix" de vie. À ses yeux, la répartition traditionnelle des rôles au Japon est au coeur du problème, alors que selon une étude du gouvernement en 2021, les Japonaises consacrent quatre fois plus de temps aux enfants et aux tâches ménagères que les hommes, pourtant de plus en plus nombreux à télétravailler.

J'ai l'impression que les femmes sont très critiquées lorsqu'elles expriment leurs opinions.

Ayako, 30 ans

Si elle n'hésite pas à s'exprimer sur internet, Ayako se sent "mise à l'écart" lorsqu'elle aborde ces questions dans la vie réelle : "J'ai l'impression que les femmes sont très critiquées lorsqu'elles expriment leurs opinions", regrette cette trentenaire qui préfère ne donner que son prénom.

Pour Yuiko Fujita, professeure d'études de genre à l'université Meiji, les réseaux sociaux sont un moyen pour les femmes de discuter de politique et de questions de société sans craintes, souvent sous couvert d'anonymat. Des mots-dièse s'indignant que les mères s'occupent seules des enfants ou se plaignant de demandes d'inscription en crèche rejetées sont aussi devenus viraux sur Twitter, mais cela n'a eu que peu d'impact hors de cette "chambre d'écho" en ligne, souligne-t-elle.


Les raisons de la décroissance
Les experts pointent de multiples causes au problème complexe de la baisse de natalité au Japon, dont sa rigide structure familiale. Seules 2,4% des naissances du pays ont ainsi lieu hors mariage, le plus faible taux parmi les pays de l'OCDE. D'autres pointent les conditions économiques, estimant que la faible croissance du pays décourage les couples d'avoir des enfants.

Des actions concrètes pour permettre un meilleur accès aux services de garde d'enfants peuvent contribuer à stimuler les taux de natalité, mais de manière souvent "temporaire", note Takumi Fujinami du Japan Research Institute. Selon lui, outre une meilleure répartition des tâches ménagères, "la stabilité économique à long terme et l'augmentation des salaires sont primordiales" pour inverser la tendance.

La ministre japonaise de l'Egalité des sexes, Seiko Noda, illustre la situation en 1955 et 2020, le 26 juillet 2022, à Tokyo. Elle qualifie de crise nationale la baisse record du nombre de naissances et la chute de la population, l'imputant à "l'indifférence et l'ignorance" d'un Parlement japonais dominé par les hommes. 
La ministre japonaise de l'Egalité des sexes, Seiko Noda, illustre la situation en 1955 et 2020, le 26 juillet 2022, à Tokyo. Elle qualifie de crise nationale la baisse record du nombre de naissances et la chute de la population, l'imputant à "l'indifférence et l'ignorance" d'un Parlement japonais dominé par les hommes. 
©AP Photo/Eugene Hoshiko
(Re)lire dans Terriennes : 

► #MeToo au Japon : une victoire contre l'oubli pour Shiori Ito
►​ Nouvelles féministes chinoises : "Ni homme, ni enfant"
► Stagiaires étrangères au Japon : pas le droit d'être enceintes
► Au Japon, des femmes victimes de stérilisation forcée témoignent
► Ne pas être mère, le choix d'une autre délivrance selon Chloé Chaudet

TerriennesLiliane Charrier
 
avec afp
 Mise à jour 12.04.2023 à 08:32
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https://information.tv5monde.com/terriennes/pas-d-enfant-pour-la-vie-le-choix-des-japonaises-493435

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Une femme interdite d'allaiter au Louvre pour ne pas "déranger" les visiteurs

9 Juin 2022, 13:10pm

Publié par hugo

 Une femme interdite d'allaiter au Louvre pour ne pas "déranger" les visiteurs
Par Maëlys Peiteado Publié le 08/06/2022 à 13:12
allaitement
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Jasmin donnait le sein à sa petite fille lorsqu'un agent du musée du Louvre lui demandé de poursuivre aux toilettes. Une réaction incomprise par la jeune mère, et condamnée par la direction, qui rappelle comme cet acte naturel reste mal perçu en France.
Nourrir son bébé au sein devrait être un acte naturel. Pourtant, la faute à la sexualisation des corps féminins, des mères continuent d'être regardée en chien de faïence ou même réprimandées lorsqu'elles allaitent dans l'espace public. C'est le cas de Jasmin, jeune femme en visite au musée du Louvre à Paris début juin 2022, qui a été interpellée par un agent alors qu'elle donnait le sein à sa fille Lana, âgée de cinq mois et demi.

Elle raconte au Parisien qu'un homme avec "un badge autour du cou" lui a assuré que cela n'était "pas permis" dans l'enceinte du musée. D'après lui, l'allaitement "pouvait déranger une partie des visiteurs". Étonnée, Jasmin lui aurait rétorqué : "Si cela gêne des personnes, je vais couvrir leur visage."

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La mère a quitté le musée pour allaiter
La jeune maman franco-américaine précise que, par pudeur, elle portait une tenue adaptée à l'allaitement, qui recouvrait la majorité de sa poitrine. Pourtant, elle a été invitée à se rendre aux toilettes. Accompagnée de sa sœur venue des États-Unis et de son conjoint français, Jasmin a finalement décidé de quitter le musée.

"C’est très ironique, car c’est un endroit rempli des tableaux des femmes allaitantes !", note-t-elle quelques jours plus tard auprès du quotidien., "J’étais étonnée. On est en France et je pouvais jusque-là allaiter ma fille partout sans souci." Par ailleurs, il n'y avait quasiment personne dans la galerie Richelieu à cette heure-ci assure-t-elle.

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Au Louvre, aucune règle ne l'interdit
Plus tôt au cours de sa visite, décrit Jasmin, elle aurait donné le sein à sa petite fille, et croisé deux agents : "L’un m’a fait un petit sourire, une autre m’a lancé un regard plutôt désagréable et désapprobateur."

Elle regrette "une erreur humaine" et a préféré écrire au musée pour que les personnels soient sensibilisés. La direction du Louvre a réagi dans le Parisien : "Si nous n’avons pas encore réussi à identifier l’agent en question, on répète que le règlement de visite n’interdit absolument pas d’allaiter dans les salles. Il y a peut-être eu une mauvaise interprétation des règles. Cette dame a bien fait de nous écrire, nous allons faire un rappel général des consignes."


https://www.marieclaire.fr/une-femme-interdite-d-allaiter-au-louvre-pour-ne-pas-deranger-les-visiteurs,1429226.asp

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Deuil périnatal : lever le tabou sur l'indicible souffrance

3 Mai 2022, 01:03am

Publié par hugo

 Deuil périnatal : lever le tabou sur l'indicible souffrance
Bébé de 11 jours en couveuse, infecté par le COVID-19,  arrivé quatre jours après sa naissance à l'unité de soins intensifs d'un hôpital d'Istanbul, le19 décembre 2020.
Bébé de 11 jours en couveuse, infecté par le COVID-19,  arrivé quatre jours après sa naissance à l'unité de soins intensifs d'un hôpital d'Istanbul, le19 décembre 2020.
©AP Photo/Emrah Gurel
Bébé de 11 jours en couveuse, infecté par le COVID-19,  arrivé quatre jours après sa naissance à l'unité de soins intensifs d'un hôpital d'Istanbul, le19 décembre 2020.
27 AVR 2022
 Mise à jour 30.04.2022 à 10:29 par 
TerriennesLiliane Charrier
Pendant des siècles, on a caché, oublié, nié les bébés morts-nés. Aujourd'hui encore, la mort d'un enfant avant ou à la naissance reste entourée d'une omerta douloureuse. Difficile de lever le tabou sur le deuil périnatal, comme l'a pourtant fait le footballeur Cristiano Ronaldo. Un drame intime lourd de conséquences traumatiques pour des parents qu'il s'agit au mieux d'accompagner. Un véritable enjeu de santé publique, selon la pédopsychiatre et psychanalyste Marie-José Soubieux. Entretien.
"C'est avec une profonde tristesse que nous faisons part du décès de notre petit garçon. Pour des parents, c'est la plus grande des souffrances. Seule la naissance de notre fille nous donne la force de traverser ces moments avec un peu d'espoir et de joie. Nous tenons à remercier les médecins et les infirmières pour leurs soins professionnels et leur soutien. Nous sommes anéantis par ce deuil et souhaitons préserver notre vie privée dans ces moments très difficiles. Petit garçon, tu es notre ange et nous t'aimerons toujours." 

Le 18 avril 2022, Cristiano Ronaldo, star internationale du football évoluant à Manchester, poste ce message sur son compte Instagram. Cette annonce faite par une célébrité mondiale met la lumière sur un drame intime qui reste un tabou dans les sociétés du XXIe siècle.


Sur un compte de plus de 430 millions d'abonnés sur Instagram, le message de la star portugaise du football et de sa compagne Georgina Rodriguez a provoqué une immense onde de choc ainsi qu'une vague de soutien universel. Peut-être est-ce parce qu'ils sont venus aussi d'un homme, d'un père, et pas seulement parce qu'il est célèbre, que ces mots ont eu autant d'impact et de résonnance...  

En osant dire au monde leur souffrance, le footballeur et sa compagne révèlent le traumatisme et la douleur éprouvés par tous ces autres parents lorsqu'ils ont perdu leur enfant, soit en cours de grossesse (que son coeur ait cessé de battre naturellement ou qu'une malformation très sévère ait mené à une interruption de la grossesse), soit à la naissance ou durant les sept premiers jours de vie, puisque telle est la définition du deuil périnatal. 

Aujourd'hui, en France, le bébé est mort-né dans dix naissances sur mille. Les grossesses gémellaires sont à risque, comme le montre le drame qui a frappé la famille de Ronaldo. De quoi la mort d'un bébé est-elle le deuil ?

De la sidération au deuil
Pendant quinze ans, Marie-José Soubieux, pédopsychiatre, psychanalyste, a animé un groupe de paroles pour les parents endeuillés au sein du Centre périnatal de l’hôpital Sainte-Anne à Paris. "La mort d'un bébé est un choc et une douleur indicible pour les parents. L'impensable se produit, la terre s'effondre sous leurs pieds," explique-t-elle. De cet enfant qu'ils n'ont pas connu et dont le statut juridique n'est pas forcément clair, les souvenirs sont rares, au-delà des sensations dans le corps de sa mère.

Perdre un tout-petit, c'est faire le deuil de rêves qui ne pourront pas se réaliser, le deuil de la promesse d'une nouvelle vie qui tourne court, brutalement.

Marie-José Soubieux, pédopsychiatre, psychanalyste
Marie-José Soubieux exerce au Centre Périnatal Boulevard Brune de l’Institut de Puériculture de Paris, Centre hospitalier Saint-Anne.
Marie-José Soubieux exerce au Centre Périnatal Boulevard Brune de l’Institut de Puériculture de Paris, Centre hospitalier Saint-Anne.
Dans la sidération qu'il provoque auprès de parents brisés dans leur élan de vie, le deuil d'un enfant à naître résonne de mille échos, explique Marie-José Soubieux : "Perdre un tout-petit, c'est faire le deuil de rêves qui ne pourront pas se réaliser, le deuil de la promesse d'une nouvelle vie qui tourne court, brutalement, le deuil des projections de parentalité qui donne une nouvelle place dans la famille et dans la société, le deuil des relations rêvées parents-enfant, soit pour les reproduire, soit pour les réparer".

Pour Marie-José Soubieux, ce deuil nécessaire commence avec l'instant capital qu'est l'annonce du décès ou de la malformation qui conduira à une interruption de la grossesse. S'il n'y a pas de bonne façon pour annoncer une mauvaise nouvelle, certains mots tétanisent et font peur, alors que d'autres façons d'être sont moins traumatisantes, plus humaines et plus empathiques que d'autres. "Entre 'il n'y a plus d'activité cardiaque', si le bébé est mort in utero, et 'son petit coeur s'est arrêté', il y a la même différence qu'entre parler d'un organe et d'un humain. Ce sont les mots qui chosifient, ou pas, un bébé," précise-t-elle. Or donner une existence à ce bébé qui ne naît pas vivant est essentiel au deuil des parents, alors que les paroles traumatisantes restent et empêchent de faire le deuil. Alors l'esprit tourne en boucle sur des détails comme la couleur du carrelage ou la blouse de l'échographiste, et n'arrive pas à dépasser l'instant où le temps s'est arrêté et toute créativité pour l'avenir est anéantie.

De même, en laissant aux parents, démunis, du temps et en leur donnant matière à réflexion, insiste la pédopsychiatre, on peut éviter que leur pensée se fige à l'instant du choc extrême. "Dans le cas d'une malformation létale, par exemple, il est important de laisser aux parents le temps d'accuser le choc avant les derniers examens qui confirmeront le diagnostic, puis de prendre le temps d'expliquer clairement les détails de l'intervention et de l'accouchement en cas d'IMG, puis de l'autopsie, et d'évoquer la possibilité de voir l'enfant, ou pas, de prendre des photos, ou pas, de le déclarer à l'état civil, ou pas, de faire des obsèques, ou pas...", explique la psychanalyste. C'est aussi un temps qui permet au personnel médical d'intégrer la mauvaise nouvelle et d'adapter leurs propositions.

Interruption médicale de Grossesse (IMG) : le "non-choix"
En France, l’interruption médicale de grossesse (IMG) se pratique à tout moment de la grossesse, en cas de mise en péril grave de la santé physique ou mentale de la mère ou de forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection particulièrement grave, reconnue comme incurable au moment du diagnostic. A partir de 22 semaines d’aménorrhée, l'IMG se fait à l’aide d’un antalgique puis d’un fœticide. L’enfant est endormi in utero et son cœur est arrêté par voie médicamenteuse. Le fœtus naît sans vie.

Culpabilité, honte, solitude
A l'annonce d'une mort périnatale, certaines mères hurlent, d'autres se murent dans le silence. Toutes culpabilisent, que leur enfant soit mort à la naissance, in utero, ou à l'issue d'une IMG. "Quels que soient les avis médicaux, les femmes se sentent toujours coupables quand quelque chose déraille : elles ont trop travaillé, trop mangé, trop dansé..."

C'est encore un lien avec l'enfant perdu et une manière de se sentir parent, mais il ne faut pas que la culpabilité empêche de vivre. Pour cela, il faut qu'elle puisse s'exprimer.

Marie-José Soubieux
Il est impossible, et pas forcément souhaitable, d'abraser totalement cette culpabilité, selon Marie-José Soubieux : "C'est encore un lien avec l'enfant perdu et une manière de se sentir parent, mais il ne faut pas que la culpabilité empêche de vivre. Pour cela, il faut qu'elle puisse s'exprimer. C'est là que le suivi psychologique est utile. Les groupes de parole, notamment, car ils permettent aux femmes d'échanger et de relativiser. La parole d'une personne qui a vécu le même drame a toujours plus de valeur que celle du psy."

Parallèlement à ce cheminement psychique qui permet de ménager à l'enfant perdu une place dans l'esprit des parents s'opère aussi la transformation physique, remarque la psychanalyste, car souvent, "après la perte d'un bébé à la naissance, les femmes ont du mal à perdre du poids. Certaines sentent aussi le bébé bouger en elle, comme un amputé qui ressent encore la douleur dans un membre qu'il n'a plus."


Du choix de la sépulture
La stèle du deuil périnatal, au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, est un espace de mémoire collectif et symbolique où les familles peuvent se recueillir. 
La stèle du deuil périnatal, au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, est un espace de mémoire collectif et symbolique où les familles peuvent se recueillir. 
©Ville de Paris
Depuis la nuit des temps, les sociétés et les religions cherchent une place pour ces bébés morts avant que d'être nés, ou peu après, et canaliser la douleur des parents. Qu'est-ce qu'un ange sinon un enfant mort avant son baptême, dans les limbes pour l'éternité ? Pendant des siècles, la religion catholique accueillait ainsi les enfants morts-nés dans des "sanctuaires à répit" permettant de les baptiser .

L'omerta autour du deuil périnatal s'est installée au XIXe siècle : les morts-nés disparaissaient avec les déchets de l’hôpital, sans laisser de trace. Voici encore trente ans de cela, la plupart des parents ne savaient pas ce qu'il advenait du corps de leur enfant mort-né.

Aujourd'hui, à la naissance, le fœtus ou le bébé, que son cœur se soit arrêté en raison d’un acte médical ou spontanément, est considéré comme un bébé mort. Il est pris en charge selon un rituel similaire à celui qui accompagne un nouveau-né vivant : le personnel médical prépare le corps et l’habille pour le présenter aux parents qui, ensuite, décident de la façon dont ils préfèrent s'en séparer. "Les parents – qui, en général, n'ont jamais connu de deuil – doivent pouvoir s'approprier la mort de leur enfant en choisissant comment ils vont l'accompagner. Le chagrin est là, mais accompagner leur bébé à leur manière leur permet d'être un peu plus sereins", assure Marie-José Soubieux.
Quelle existence juridique pour un enfant mort-né ?

Depuis janvier 1993 : l'"acte d'enfant sans vie" permet de déclarer un enfant décédé s'il est né au terme de 4 mois et demi de grossesse ou si son poids de naissance est d’au moins 500 grammes (en-deça, c'est un avortement ou une fausse couche).
Depuis juin 2009 : il devient possible de déclarer un enfant décédé à l’état civil quels que soient son terme et son poids (mais après 15 semaines d’aménorrhée pour respecter le délai de l'IVG). Les parents peuvent organiser eux-mêmes les obsèques de leur bébé ou le confier à l’hôpital.
Depuis novembre 2021, les enfants morts in utero peuvent figurer à part entière sur le livret de famille – ils ne pouvaient auparavant être déclarés que par leur prénom.


Un accompagnement pédopsychiatrique nécessaire
Connue pour ses dispositions sur l'avortement, la loi Veil entrée en vigueur en 1975 comprend aussi un volet sur l'interruption thérapeutique de grossesse, devenue interruption médicale de grossesse (IMG). Une foule de questions nouvelles –éthiques, philosophiques et psychologiques – se posent alors aux équipes médicales. Paralèllement, à mesure que se perfectionnent et se généralisent les technologies d'imagerie prénatales, à commencer par l'échographie, l'Institut de puériculture et de périnatalogie de Paris met en place le premier service de diagnostic anténatal et de médecine foetale . "A l'époque, il n'était pas du tout dans l'air du temps d'avoir des psys dans une maternité, se souvient Marie-José Soubieux. Or le directeur de ce service un peu particulier a voulu s'entourer de psys pour venir en aide aux parents endeuillés. Et pour bien marquer la parentalité des personnes qui perdent un bébé, il a choisi des pédopsychiatres, non pas des psychiatres pour adultes."

Elles ont l'impression qu'elles viennent d'une autre planète, que personne ne comprendra jamais l'indicible qu'elles ont vécu, qu'aucun mot ne pourrait exprimer leur souffrance.

Marie-José Soubieux

Marie-José Soubieux était l'une de ces pédopsychiatres : "Au départ, je ne savais pas ce que j'allais faire face à des parents désespérés, raconte-t-elle. Alors je les ai écoutés et j'ai découvert que la plupart, contrairement à toute attente, venaient aux rendez-vous que je leur fixais après l'hôpital. Et qu'ils revenaient aussi lors des grossesses, normales, qui suivaient la naissance du bébé mort-né, comme pour maintenir un lien avec l'enfant perdu."


Parler, entre femmes 
Au début, Marie-José Soubieux voyait les mères seules, dans leur chambre, "et si le papa était là, et qu'il estimait avoir besoin de pleurer lui aussi, il restait, bien sûr". Le groupe de parole pour les mères endeuillées que Marie-José Soubieux et Isabelle Caillaud ont animé pendant quinze ans au Centre périnatal de l’hôpital Sainte-Anne, était lui aussi, au départ, conçu pour tous les parents en deuil d’un fœtus ou d’un très jeune bébé.

A la violence de la perte d'un bébé répond une grande violence contre les autres femmes enceintes et contre le monde entier. 

Marie-José Soubieux

Puis les psychanalystes comprennent qu'au-delà des premiers moments de choc, les mères éprouvent le besoin de rencontrer des femmes qui ont vécu la même chose qu'elles : "Elles ont l'impression qu'elles viennent d'une autre planète, que personne ne comprendra jamais l'indicible qu'elles ont vécu, qu'aucun mot ne pourrait exprimer leur souffrance." Les femmes savent elles-mêmes que le deuil a réveillé en elles des sentiments tellement profonds et intimes qu'elles ne les exprimeraient pas devant leur conjoint. "Ce qu'elles disent est parfois très cru, très violent, car à la violence de la perte d'un bébé répond une grande violence contre les autres femmes enceintes et contre le monde entier. Elles détestent leur corps, leur sexualité."


Réparer les vivants
Marie-José Soudieux évoque ces femmes qui ont porté seules le deuil d'un enfant mort-né pendant des décennies. Hier encore, leur tristesse ou leur évocation du bébé mort était taxée de pathologiques : "Elles n'avaient pas le choix, puisque personne n'en parlait, que la société ne reconnaissait pas l'enfant mort-né." 

Si elles ne sont pas seules à porter la mémoire du bébé défunt, les mamans peuvent investir la vie à venir sans renoncer à cette partie d'elle qui reste en deuil.

Marie-José Soubieux

Au fil de leurs rencontres avec les parents ayant perdu un bébé in utero ou à la naissance et de leurs travaux sur le deuil périnatal, Isabelle Caillaud et Marie-José Soubieux ont réuni leurs réflexions et témoignages dans un livre intitulé Deuil périnatal et groupe de parole pour les mères – après Le berceau vide, récemment réédité (Editions Erès).
 

Dans Deuil périnatal et groupe de parole pour les mères, une femme témoigne :

Et voilà que le drame arriva… 18 septembre 2016, naissance sans vie de mon fils Léo. Une vie qui s’écroule, des espoirs qui s’arrêtent, des rêves qui s’effondrent, le cœur qui saigne. La peur d’oublier cet enfant, la peur de le voir, des cauchemars à n’en plus finir sur ce à quoi il va ressembler. La sensation, encore aujourd’hui, de l’avoir tué pour se sauver soi-même. Le sentiment d’être incapable de faire un bébé en bonne santé. La peur de devenir folle au point de se faire enfermer en hôpital psychiatrique. Alors on accepte le suivi psychologique. Bizarrement on fait les choses avec une "force" dont on ne sait même pas d’où elle vient. Accoucher par voie basse jusqu’au bout, préparer la cérémonie pour les derniers adieux, faire tous les papiers nécessaires pour cet enfant, se lever chaque jour… comme un robot.

Aujourd'hui, les parents peuvent déclarer leur bébé disparu à l'état-civil ou lui faire des obsèques et l'inhumer dans le caveau familial avec un doudou ou en le laissant partir "avec ses copains" dans un reliquaire au cimetière : "Ainsi les mamans ne sont plus toutes seules à porter la mémoire du bébé défunt. Elles peuvent investir la vie à venir, les enfants à naître, sans renoncer à cette partie d'elle qui reste en deuil. Avant, seules face à un deuil souvent effacé par l'entourage, qui n'a jamais connu l'enfant mort, le deuil prenait le pas sur la vie." 


Epargner les autres enfants
<p><em>Autoportrait de l'artiste</em>, 1889. Vincent Van Gogh est né un an jour pour jour après un frère aîné mort né prénommé comme lui Vincent Willem.</p>
Autoportrait de l'artiste, 1889. Vincent Van Gogh est né un an jour pour jour après un frère aîné mort né prénommé comme lui Vincent Willem.

©musée d'Orsay
Ce deuil qui obscurcit la vie des parents peut aussi peser sur les enfants qui viennent après la naissance d'un mort-né ou sur le jumeau qui survit. "Autrefois, il y avait ce que l'on appelait les 'enfants de remplacement', rappelle Marie-José Soubieux, ceux qui venaient après un premier-né idéalisé. Toute leur vie, ces enfants pensent n'en faire jamais assez pour satisfaire leurs parents, même si certains ont réussi à sublimer ce fardeau, comme Vincent Van Gogh, mais à quel prix."

Dans leur livre, Marie-José Soubieux et Isabelle Caillaux citent un témoignage qui en dit long sur les conséquences du deuil périnatal sur les autres enfants de la fratrie : "Une mère en âge d’être grand-mère est venue au groupe thérapeutique des mères endeuillées pour évoquer sa fille décédée à la naissance quarante ans auparavant. Elle ne l’avait pas vue car l’enfant avait été emmenée immédiatement après l’accouchement et avait disparu à tout jamais. Autour d’elle, un silence glacial comme s’il n’y avait jamais eu de grossesse ni de bébé. Devant le mal-être de son fils, âgé alors de 40 ans et né quelques mois après sa sœur décédée, elle a décidé de rejoindre le groupe, percevant que son histoire maintenue secrète depuis quarante ans pouvait avoir un lien avec la souffrance de son cadet. Quelle émotion dans le groupe et chez cette maman lorsque l’une des deux thérapeutes a prononcé le prénom de la petite disparue que la maman avait nommée en se présentant à son arrivée dans le groupe..."

Faire un autre enfant... tout de suite ?
L'idéal, pense Marie-José Soubieux, est d'attendre que soit dépassé le terme prévu pour l'accouchement de l'enfant décédé avant d'entamer une autre grossesse. "Lorsque deux grossesses s'enchaînent trop rapidement, les femmes, souvent, ont l'impression d'une seule grossesse interminable et ne savent plus dans laquelle se situer," témoigne la thérapeute.

Souvent, la future maman parle plus de l'enfant qu'elle a perdu que de celui qui est à venir.

Marie-José Soubieux
Après un deuil périnatal, pourtant, une femme a souvent besoin d'être rassurée sur son pouvoir de procréation, tandis que son compagnon est convaincu que seul un autre bébé pourra lui rendre goût à la vie. Alors souvent, une deuxième grossesse s'enclanche dans les trois mois qui suivent la mort périnatale. Une nouvelle grossesse qui, selon Marie-José Soubieux, doit être suivie de plus près sur le plan médical pour désamorcer les inquiétudes.

L'attention psychologique est importante, aussi, pour restaurer la "rêverie maternelle", essentielle pour accueillir un bébé, et qui, après un deuil périnatal, peut rester mortifère : "Souvent, la future maman parle plus de l'enfant qu'elle a perdu que de celui qui est à venir. Elle a l'impression de l'avoir trahi et toutes les sensations corporelles qu'elle ressent la ramène à sa grossesse précédente. Elle veut être sûre qu'il ne tombera pas dans l'oubli, qu'il aura sa place ; elle veut rester une bonne mère pour lui." Ces évocations du bébé perdu sont normales et s'intègrent dans l'histoire de la maman, explique la psychanalyste, car "il n'y a rien de pire, pour une mère endeuillée, que de voir nier sa tristesse au moment d'une nouvelle grossesse. Petit à petit, les deux grossesses vont se scinder et le deuil faire place à la vie", assure Marie-José Soubieux.

Un bébé mort-né toutes les 16 secondes dans le monde

Près de 2 millions de bébés sont mort-nés chaque année dans le monde, soit un toutes les 16 secondes, selon les estimations de l'UNICEF, l'OMS, le Groupe de la Banque mondiale et la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies. En 2019, 3 mort-nés sur 4 sont nés en Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud. la majorité des mortinaissances (bébé né sans signe de vie à 28 semaines de grossesse ou plus) auraient pu être évitées grâce à un suivi de qualité, des soins prénataux appropriés et une aide à l'accouchement qualifiée, selon l’ONU. 
Kadiatu Sama réconfortée par une infirmière à la maternité de l'hôpital d'Etat de Sierra Leone après avoir donné naissance à un enfant mort-né.
Kadiatu Sama réconfortée par une infirmière à la maternité de l'hôpital d'Etat de Sierra Leone après avoir donné naissance à un enfant mort-né.
©UNICEF
Un enjeu de santé publique
Chaque jour, Marie-José Soubieux constate que le tabou perdure autour de la mort périnatale. Forum et associations sont là pour les parents endeuillés. Un refuge à double tranchant, pour Marie-José Soubieux, car le risque existe de "tourner en rond, alors qu'il ne faut pas se nourrir de sa douleur."

Quant à l'entourage des parents en deuil, personnel et professionnel, il ne sait souvent pas comment réagir. Toute personne endeuillée est généralement entourée, alors qu'on a tendance à éviter un parent qui a perdu un bébé à la naissance : "La mort d'un bébé fait peur, souligne l'aléatoire de la vie et de la mort, nous renvoie à notre propre mort. Alors on évite, on veut passer à autre chose... Cette indifférence de façade est une grande souffrance pour les parents endeuillés. Un signe de présence et de sympathie, tout simple, peut être d'un grand réconfort."

Marie-José Soubieux souligne qu'"un deuil périnatal se répercute non seulement sur la mère endeuillée, mais sur le couple, les enfants, les grands-parents. C'est un véritable enjeu de santé publique." Beaucoup reste à faire dans les entreprises, pour accueillir les mères – et les pères – après leur perte : "Il faudrait former les ressources humaines, les infirmières et les médecins du travail à un accueil spécifique."

Avec le recul que lui confère un suivi de plusieurs années, Marie-José Soubieux mesure aussi les ressources psychiques de parents qui, au moment de la perte d'un enfant, sont anéantis : "De la sidération au moment de l'annonce au travail post-traumatique, en passant par l'accompagnement par les équipes médicales, ils développent un regard différent sur le monde, la vie, leurs relations, leur travail. Jamais je ne n'aurais pensé que des chemins aussi riches pouvaient se dégager de la tragédie", témoigne-t-elle.
 
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TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 30.04.2022 à 10:29
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https://information.tv5monde.com/terriennes/deuil-perinatal-lever-le-tabou-sur-l-indicible-souffrance-453578

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LA DEPRESSION POST-PARTUM, UN SUJET TABOU

6 Février 2022, 08:01am

Publié par hugo

 Culture \ Cinéma
LA DEPRESSION POST-PARTUM, UN SUJET TABOU

De nombreuses femmes font un baby blues après l’accouchement. 12% à 15% tombent en dépression, celle-ci peut durer jusqu’à 3 ans après la naissance d’un enfant. Une mort maternelle correspond au décès d’une femme survenu au cours de la grossesse et jusqu’à 1 an après l’accouchement. En France, une femme se suicide tous les 4 jours un an après avoir accouché. Un sujet tabou rarement abordé dans notre société où la femme doit de se reproduire pour fournir de la main d’œuvre (renouvellement des générations).

Actrice, animatrice, journaliste, Aude Pépin signe son premier documentaire, À la vie, où elle filme Chantal Birman, sage-femme libérale et féministe, qui a consacré sa vie à défendre le droit des femmes en région parisienne. A 70 ans, Chantal continue de se rendre auprès de celles qui viennent d’accoucher pour leur prodiguer soins et conseils. Entre instants douloureux et joies intenses, ses visites offrent une photographie rare de ce moment délicat qu’est le retour à la maison où ces jeunes mamans sont bien souvent perdues.


Aude Pépin :  » le suicide reste l’une des premières causes de mortalité pour la jeune mère « 

Comment avez-vous rencontré Chantal Birman, « la sage-femme des banlieues » comme elle se définit elle-même ?

Sur le plateau des Maternelles où je travaillais comme journaliste à France 5. Je l’avais interviewée car Chantal était une référente pour notre émission et elle faisait partie des invitées d’honneur pour les 20 ans des Maternelles. Son côté intello, philosophe et surtout sa très large expérience m’ont séduite pour mettre en lumière son travail.

Toutes les femmes font un baby blues après leur accouchement, 12% à 15 % tombent en dépression et certaines se suicident. Ce sujet reste encore tabou dans notre société où la maternité est idéalisée. Comment expliquez-vous ce désintérêt ?

C’est fou d’imaginer qu’en 2022, le suicide reste l’une des 1ère causes de mortalité pour la jeune mère 1 an après la naissance de son bébé ! A mon sens, la société ne s’est jamais intéressée à leurs états d’âme car, de manière générale, la santé est généralement à destination des hommes. La femme est devenue un réel sujet d’étude depuis les mouvements féministes de 2017 où l’on s’est rendu compte, par exemple, que certains médicaments n’étaient pas adaptés au métabolisme féminin. Également, les pères ne vivent pas la maternité de la même manière que nous. Ils partagent la parentalité mais pas la grossesse en conséquence, ils ne peuvent pas se mettre à notre place. Nous sommes épuisées par l’accouchement et les premiers jours sont souvent difficiles.

Pourquoi n’y-a-t-il pas d’accompagnement psychologique de la jeune maman à la maison pour les plus fragiles ? Est-ce une question de coût ?

Il existe le programme PRADO proposé par la Sécurité Sociale et remboursé à hauteur de 4 consultations. Hélas, il y a peu de communication sur ce dispositif et depuis peu, le PRADO s’adresse aux personnes âgées. Oui, il s’agit d’une question de coût mais avant tout de volonté de palier un problème de santé publique. Les hommes considèrent la grossesse comme un acte pathologique et non physiologique. Ainsi, la future mère est accompagnée avant l’accouchement, toujours très médicalisé, mais pas après.

Les mouvements féministes ont fait entrer la maternité dans sa globalité sur le devant de la scène. A présent, il y a plein de groupes de paroles, des associations, des posts sur Instagram et You tube où la parole se libère et des conseils sont proposés pour aider les jeunes mamans en dépression. Si une écoute plus attentive de la part des pouvoirs publics existait, il y aurait moins de dépression et de suicide.

Le métier de sage-femmes ainsi que tous ceux qui touchent au soin sont dévalorisés car en majorité occupés par des femmes.

Les sage-femmes font une année de médecine et ont un Bac + 5 avec de très nombreux stages. Savez-vous que 7 étudiantes sur 10 sont en dépression car submergées par la charge de travail ! Les pouvoirs publics doivent revaloriser ce métier car elles sont en 1ère ligne lors des accouchements qui peuvent s’avérer délicats. Beaucoup n’en peuvent plus car elles les enchaînent et ne passent plus assez de temps avec les jeunes mères. Entre femmes, on ne parle pas assez du baby blues et de notre solitude ressentie lors du retour à la maison. On pleure, on a du lait qui coule, on fuite de partout, on a peur de ne pas s’occuper du bébé correctement.

J’ai rencontré Adrien Taquet, le secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, qui a vu mon film. Dans le rapport, Les 1000 premiers jours, réalisé par 18 expert.es, il n’y avait qu’une seule sage-femme. Ils n’ont rien compris ! Il n’y a pas de pensées autour de la naissance. C’est la première fois qu’en France, un film est consacré sur ce que les femmes traversent comme bouleversements émotionnels post-partum !

Quand j’ai accouché il y a 15 ans, on m’a laissé seule dans ma chambre, on a demandé à mon conjoint de rentrer chez lui car il n’y avait plus de lit. Le corps médical avait pris ma fille qui était entre la vie et la mort. J’étais en plein post-partum et cela a été très dur de ne pas avoir été accompagnée à ce moment-là d’où l’idée ce film.


Laurence Dionigi 50-50 Magazine 

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De plus en plus de femmes choisissent de faire un bébé toutes seules

5 Février 2022, 03:28am

Publié par hugo

 De plus en plus de femmes choisissent de faire un bébé toutes seules
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De plus en plus de femmes choisissent de faire un bébé toutes seules
De plus en plus de femmes choisissent de faire un bébé toutes seules
Clément Arbrun 
Par Clément Arbrun
Publié le Vendredi 04 Février 2022
En France, nombreuses sont les femmes célibataires à procéder à une procréation médicalement assistée (PMA). C'est ce que démontre une nouvelle enquête de l'Agence de biomédecine.
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Le 29 juin 2021, la PMA pour toutes était définitivement votée à l'Assemblée nationale. L'article 1 de la nouvelle loi de bioéthique autorise les femmes seules et les couples de femmes à avoir accès à cette pratique. Et c'est justement aux femmes célibataires que s'intéresse une nouvelle enquête de l'Agence de biomédecine.

Selon l'agence publique nationale de l'État, celles-ci seraient aujourd'hui plus nombreuses que les couples de femmes à recourir à la PMA. Comme le souligne ce rapport, les femmes concernées seraient en majorité trentenaires. Entre le 1er août et le 15 octobre 2021, sur près de 2 800 demandes de premières consultations enregistrées dans les centres de don de spermatozoïdes, 1 316 émanaient de femmes célibataires.

Un chiffre éloquent.

"Vieillir sans conjoint mais pas sans enfant"
"Certaines de ces femmes célibataires attendaient la loi depuis longtemps et les délais sont extrêmement critiques pour elles. Tout est plus compliqué. Elles ont en moyenne un âge plus avancé que les femmes en couple, sont donc moins fertiles, et savent très bien que ces parcours sont très longs et pénibles. Nombreuses d'ailleurs sont dans un double parcours : elles essayent à la fois en France et à l'étranger", détaille dans les pages du Parisien Marion Forveille, porte-parole de l'association Mam'enSolo, créée en 2018.

De son côté, Dominique Mehl, sociologue au CNRS, autrice de l'ouvrage Maternités solo analyse : "Elles ont souvent plus de 35 ans. Sans avoir tout sacrifié à leur carrière professionnelle, elles ont en général repoussé leur projet de maternité pour les études." Selon l'observation de la sociologue, "une phrase revient souvent dans leur bouche, elles disent qu'elles acceptent de vieillir sans conjoint mais pas sans enfant".

Marion Forveille observe également une évolution dans les données : "Depuis que la loi est passée, on voit arriver un nouveau public de femmes plus jeunes, dans la petite trentaine. Pour elles, le fait que cette maternité soit légale en France rend le projet plus accessible".

SOCIÉTÉ NEWS ESSENTIELLES PMA PMA POUR TOUTES FEMMES CÉLIBATAIRE GROSSESSE MATERNITÉ SANTÉ


https://www.terrafemina.com/article/pma-de-plus-en-plus-de-femmes-celibataires-choisissent-de-faire-un-bebe-toutes-seules_a362283/1

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Une enquête révèle la réalité des violences obstétricales en Belgique : "L’arrivée de ma fille n’est pas un beau moment"

22 Novembre 2021, 00:18am

Publié par hugo

 Une enquête révèle la réalité des violences obstétricales en Belgique : "L’arrivée de ma fille n’est pas un beau moment"
 
Une enquête révèle la réalité des violences obstétricales en Belgique : "L’arrivée de ma fille n’est pas un...
Une enquête révèle la réalité des violences obstétricales en Belgique : "L’arrivée de ma fille n’est pas un...
  Camille Wernaers pour Les Grenades
 Publié le samedi 20 novembre 2021 à 07h40
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Quelles sont les conditions d’accouchement en Belgique ? Pour objectiver des situations encore trop souvent tues, la Plateforme pour une naissance respectée a lancé une grande enquête en Fédération Wallonie-Bruxelles qui a sondé 4.226 femmes et dont les résultats ont été dévoilés le 19 novembre.


"Les violences gynécologiques et obstétricales ne sont pas un mythe", écrit la Plateforme dans son rapport. Des actes délétères, tels que l’expression abdominale [un acte consistant à appliquer une pression sur le fond de l’utérus afin d’accélérer la sortie du bébé], les actes à vif [pratiqués sans anesthésie ou avec une anesthésie inefficace] et le point du mari [le fait de recoudre une épisiotomie plus serrée, pour soi-disant augmenter le plaisir du mari lors des rapports sexuels] continuent à être pratiqués".

Et les chiffres sont effectivement interpellants : 1 femme sur 5 a été victime de ces violences. Quand elles sont racisées, le chiffre monte à 1 femme sur 3. Si elles ont un niveau d’étude du secondaire ou moins, le chiffre est de 1 femme sur 4 et si elles proviennent de la province de Liège, le chiffre est de 1 femme sur 4.

"On s’en doutait même si les soignant·es nous disaient qu’il n’y avait pas de problème en Belgique. Et l’objectif de cette enquête n’est pas de les culpabiliser individuellement, mais de montrer comment ces violences sont systémiques", explique aux Grenades Florence Guiot, présidente de la Plateforme.

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"L’hôpital devient de plus en plus une entreprise capitaliste, ce qui met la pression sur les employé·es et entraîne des violences. Les accouchements sont standardisés, car ils doivent être rentables, mais pourtant les accouchements ne se ressemblent pas tous ! Un accouchement, et ce n’est pas un événement anodin. C’est un moment où se construit l’identité des parents également. Subir des violences gynécologiques et obstétricales a des conséquences graves et très larges. Certains couples n’y survivent pas, par exemple. Des pédiatres et des psychologues nous disent aussi qu’ils constatent les répercussions de ces violences dans leur pratique auprès des enfants et des familles. Il faut prendre soin des femmes qui accouchent", poursuit-elle.

Si vous ne vous calmez pas, je vous fais une [anesthésie] générale et vous ne verrez pas votre bébé aujourd’hui

De la violence verbale et… des gifles
En affinant les chiffres, l’enquête précise qu’une femme sur quatre rapporte avoir vécu de la violence psychologique au cours de son accouchement. 6 % d’entre elles rapportent avoir vécu de la violence verbale et presque 3%... de la violence physique. "On parle de gifles ou de femmes poussées physiquement lors de leur accouchement par le personnel soignant. Tout se passe comme s’il y avait une escalade dans les violences, d’abord c’est le médecin qui entre dans la salle d’accouchement sans dire bonjour, puis qui pratique des actes sans expliquer ce qu’il fait, ensuite de l’agressivité verbale apparaît si la patiente pose des questions, etc. Il y a encore un vrai déni qui entourent ces violences, des femmes ont découvert avoir vécu certaines violences en répondant au questionnaire", souligne Florence Guiot.

Plusieurs femmes témoignent dans le rapport : "Quand ils m’ont recousue, j'ai signalé avoir très mal et on m’a répondu “occupez-vous de votre bébé, ça vous changera les idées"", "Si vous ne vous calmez pas, je vous fais une [anesthésie] générale et vous ne verrez pas votre bébé aujourd’hui", "Sortie de force de la voiture par 3 hommes qui me tiraient et me déshabillaient en tirant", "Sentiment persistant d'un rendez-vous manqué, surmédicalisé, sans plaisir, un gâchis alors que rencontrer et accueillir son enfant devrait être un moment tendre et harmonieux."

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Dans l’enquête, vingt femmes ont expliqué avoir refusé des actes, mais leur choix n’a pas été respecté. L’acte posé n’a pas été expliqué dans deux cas sur trois et le consentement n’est pas demandé dans la moitié des actes posés.

Selon Florence Guiot, ces violences qui se perpétuent se situent "à un croisement de plusieurs causes" : "Il y a la culture patriarcale, mais aussi la manière dont les soignant·es sont formé·es qui mène à la reproduction de violences. La couleur de peau des patientes joue également un rôle, et la façon dont elles s’expriment, si elles vont oser poser des questions. Enfin, il semble y avoir à Liège une culture hospitalière propice aux violences. On sait que des sages-femmes et des infirmières liégeoises viennent jusque Bruxelles pour accoucher. Il y a de grandes disparités en fonction des hôpitaux et ce n’est pas normal."

Sortie de force de la voiture par 3 hommes qui me tiraient et me déshabillaient en tirant

"Je souffre encore de ce moment-là"
Véronique a accouché il y a presque un an et demi, en plein milieu de la crise sanitaire. Elle a participé à l’enquête. "C’est difficile pour moi de parler de mon accouchement, cela me replonge dans des moments pas très agréables", explique-t-elle directement. "Mon accouchement a duré 27h. Le jour-J, je suis allée à l’hôpital mais on m’a dit que mon col était encore fermé. Sauf qu’une heure plus tard, je perdais les eaux. De retour à l’hôpital, on m’a tout de suite dit que j’étais dans la pire situation : je perdais du liquide amniotique mais mon col restait fermé. Je suis rentrée chez moi et suis revenue à minuit, comme demandé. J’avais des contractions."

Mais l’accueil du personnel soignant est glacial, confie Véronique. "Je ne leur en veux pas, elles étaient débordées. Les sages-femmes nous ont mis dans une chambre et je n’ai plus rien compris à ce qu’il se passait. Mon compagnon est parti chercher mes affaires et une sage-femme a voulu contrôler mon col, pour la énième fois. C’est un toucher vaginal mais je suis dans une simple chambre, il n’y a pas d’étrier et j’ai perdu les eaux donc je suis trempée, il n’y a aucune protection sur le lit. Elle est agressive, brutale et essaie malgré tout de me faire le toucher vaginal. J’ai très mal et je le lui dit mais elle continue. Le liquide amniotique coule et je ne me sens pas bien. Je souffre encore beaucoup de ce moment-là aujourd’hui, je ne veux plus qu’on me touche, même pas pour un rapport sexuel par exemple." Véronique souffle.

"La sage-femme m’a dit que je n’étais pas en travail, donc je me suis répété cette phrase toute la nuit. “Je ne suis pas en travail, je ne suis pas en travail, je ne suis pas en travail". On est restés dans cette chambre jusque 7h du matin. Le lit était trempé et j’étais mal à l’aise donc je suis restée assise sur une chaise. On m’a obligée à me faire un lavement moi-même alors que je souffrais et que je savais bien que ce n’est pas obligatoire. Je voulais quitter cet hôpital. Je ne voulais plus qu’on me touche du tout ! J’ai fondu en larmes lorsque la sage-femme de l’équipe du matin est arrivée. Elle m’a laissé le temps de me calmer, de prendre une douche chaude et un petit-déjeuner", se souvient-elle. "J’étais tellement épuisée que j’ai accepté la péridurale, alors je suis encore restée dans le lit 2h, elles devaient se dire que je n’avais pas mal donc que c’était bon…" Vient enfin le moment de l’accouchement en lui-même qui est lui aussi pénible pour Véronique.

Elle est agressive, brutale et essaie malgré tout de me faire le toucher vaginal. J’ai très mal et je le lui dit mais elle continue. Le liquide amniotique coule et je ne me sens pas bien

Difficile d’accoucher avec un masque
"Je n’avais qu’une envie, c’était de faire sortir ce bébé. Mais avec le masque, je n’arrivais pas à respirer et à pousser. La gynécologue n’arrêtait pas de me dire de pousser plus fort, encore plus fort. Je le vivais très mal, comme un échec, de ne pas arriver à pousser assez. Mon compagnon a proposé de me changer de position, mais il n’a pas été écouté. La gynécologue me parlait de ses propres accouchements et de ceux d’autres femmes, comme pour me comparer, j’ai trouvé ça déplacé ! Et elle me menaçait d’utiliser la ventouse si je n’y arrivais pas." C’est finalement ce qu’il se passe. "Pour nous, ce n’est pas du tout un beau moment l’arrivée de notre bébé. On compare ça au boucher, quand il sort ses colliers de saucisse de son appareil. C’est comme cela qu’on l’a vécu", déplore Véronique.

►►► A lire aussi : Les femmes ne doivent pas porter de masque quand elles accouchent

La gynécologue la recoud sans lui expliquer ce qu’elle fait. "Par contre, elle m’a dit que j’allais devoir revoir la sage-femme qui m’avait forcée pour le toucher vaginal, j’avais demandé à ne plus la voir. Elle m’a dit que sinon cela mettrait des tensions dans l’équipe. Je ne voulais pas cela, donc j’ai accepté pour un transfert jusque dans ma chambre, mais en fait elle a fait plus que cela et elle a notamment dû s’occuper de mon bébé. Elle avait des gestes très brusques avec ma petite fille, j’ai eu peur."

D’autres sages-femmes conseillent à Véronique de porter plainte. "Je ne l’ai jamais fait et je ne le regrette pas. Je pense que c’est pour cela que j’ai participé à cette enquête, pour avoir un impact sur le système. Ce sont des personnes qui ne vont pas bien, qui sont surmenées, je ne veux pas leur ajouter une plainte", explique-t-elle. "Si je dois encore accoucher, même si je ne m’en sens plus capable pour l’instant, je prendrais une sage-femme privée qui restera avec moi tout le long de la grossesse et de l’accouchement", termine-t-elle.

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Les droits des patientes
Quelles solutions face à de telles situations ? Florence Guiot, présidente de la Plateforme pour une naissance respectée, estime que les droits des patient·es est un levier important. La loi belge du 22 août 2002 relative aux droits du patient stipule que "Chaque patient reçoit au vu de ses besoins, les meilleurs soins possibles en fonction des connaissances médicales et de la technologie disponible. Les prestations sont dispensées dans le respect de la dignité humaine et de l’autonomie du patient, sans la moindre discrimination fondée sur la classe sociale, l’orientation sexuelle ou la conviction philosophique."

A propos du consentement : il est clair dans la loi que tout acte médical doit recueillir le consentement du patient. Ce qui veut dire : informer de la situation médicale, des dangers qu’elle représente, expliquer les solutions proposées (avantages et inconvénients), laisser le choix, envisager des alternatives éventuelles... La patiente a le droit de retirer son consentement à tout moment, précise encore la Plateforme. "Il faut dire aux femmes qu’elles ont des droits en tant que patiente, et qu’ils sont loin d’être respectés", observe Florence Guiot.

"Il y a aussi la question des maisons de naissance, accoucher en dehors hôpital. Ce sont des choix difficiles à poser car c’est bien moins pris en charge, moins bien remboursé. Dans tout le province de Luxembourg par exemple, il n’y a pas de maison de naissance, ni de sage-femme à domicile. On pousse donc les femmes à faire certains choix. Pourtant, les hôpitaux pourraient s’inspirer des pratiques des maisons de naissance. Il y a moyen de faire autrement, nous en sommes convaincues. La demande augmente du côté des femmes, il faut les écouter et respecter leurs décisions", analyse Florence Guiot avant de conclure : "Je voudrais remercier chaque femme qui a participé à l’enquête. Elles sont des forces de changement, en tant que patientes. Et pour nous : le combat continue, par la porte ou par la fenêtre !"

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_une-enquete-revele-la-realite-des-violences-obstetricales-en-belgique-l-arrivee-de-ma-fille-n-est-pas-un-beau-moment?id=10881688

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Après une naissance, comment se partager la charge mentale ?

21 Novembre 2021, 01:29am

Publié par hugo

 Après une naissance, comment se partager la charge mentale ?
Publié le 17/11/2021 16:03
Article rédigé par

Brut.
France Télévisions
De la maternité à la maison, le partage des tâches dans un couple à la naissance d'un enfant, c'est pas si évident. Jeunes parents, Noémie et Yannick racontent.

"Moi, aujourd'hui, c'est vrai que je suis en congé maternité et j'ai vraiment besoin d'avoir un soutien à la fois psychologique, moral, puis aussi logistique, matériel", explique Noémie. Elle vient d'accoucher et selon elle, on ne laisse pas assez de place au père dans les premiers moments avec le nouveau-né. Yannick, son conjoint, va dans ce sens évoquant une "inégalité indéniable" et un "système qui impose une inégalité entre l'homme et la femme." Yannick se souvient avoir eu le sentiment de se sentir comme un visiteur lorsqu'il était à la maternité. "J'avais des horaires de visite de 13 heures à 20 heures et j'étais quelqu'un qui venait rendre visite à l'enfant et pas un acteur à sa place auprès du bébé", se souvient Yannick.

Noémie et Yannick sont particulièrement envieux des pays nordiques où les congés sont partageables entre les deux parents et de très longue durée. "Finalement, à part l'allaitement, le papa peut tout faire. Et moi, j'essaye de penser à tout ce qui est rendez-vous médicaux, les rendez-vous de pédiatres, les rendez-vous de sages-femmes", raconte Yannick.

Depuis juillet 2021, en France, la durée du congé paternité est de 28 jours. 

ART
https://www.francetvinfo.fr/societe/enfance-et-adolescence/video-apres-une-naissance-comment-se-partager-la-charge-mentale_4848131.html

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