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Grossesse et alcool : le CNRS dévoile les molécules impliquées dans les malformations cérébrales du fœtus,grossesse,femmes,sante,bebes,

21 Septembre 2014, 04:02am

Publié par hugo

Grossesse et alcool : le CNRS dévoile les molécules impliquées dans les malformations cérébrales du fœtus
Grossesse et alcool : le CNRS dévoile les molécules impliquées dans les malformations cérébrales du fœtus Zero alcool pendant la grossesse, un message bien connu qui doit être plus largement diffusé ...18/09/2014
Des chercheurs du CNRS ont découvert les molécules impliquées dans les malformations cérébrales du bébé dues à la consommation d'alcool pendant la grossesse.
Une équipe du CNRS vient de mettre en évidence les molécules en jeu dans les malformations cérébrales des fœtus exposés à l’alcool durant la grossesse de leur mère. En cause ? L’interaction de l’éthanol, présent dans l’alcool, et de la HSF2, protéine moléculaire contenue dans les cellules qui accompagnent la migration des neurones vers le cerveau. Et, dans le cas d’une consommation d’alcool pendant la grossesse, l’éthanol perturbe le travail de la molécule. Or, « pour qu’un neurone fonctionne bien et établisse les bonnes connexions, il doit être placé au bon endroit dans la bonne couche du cortex. Dans le cas contraire, cela compromet les performances du cortex avec des séquelles souvent irrémédiables dont le retard mental ou l’émergence à l’âge adulte de dépressions majeures », détaille la biologiste Valérie Mezger. « Zéro alcool pendant la grossesse », ce message pourtant bien connu doit être diffusé toujours et encore auprès des femmes enceintes, quel que soit leur milieu social, selon le CNRS. Et pour cause, les effets de l’alcool sur le développement du fœtus et notamment son cerveau sont délétères. Pourtant, 23 % des femmes déclaraient encore, en 2010, avoir bu de l’alcool pendant leur grossesse. Ainsi, en France, chaque année, ce sont environ 8 000 bébés qui seraient diagnostiqués comme porteurs de Troubles causés par l’alcoolisation fœtale (TCAF), détaille l’équipe du CNRS. La solution ? Une relance des campagnes de sensibilisation auprès des futures mères. « Depuis l’apposition, en 2007, du pictogramme sur les étiquettes de boissons alcoolisées mettant en garde les femmes enceintes des dangers encourus pour leur futur bébé et les quelques campagnes d’information à destination des professionnels et du grand public, la prévention semble en panne », déplore Stéphanie Toutain, sociodémographe. Le CNRS encourage également un élargissement du dépistage de la consommation d’alcool des femmes enceintes, pratique encore taboue en France pour Stéphanie Toutain.
Source : CNRS
Auteur : Chloé Margueritte > COMMENTER2
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"Les Jours Heureux", Jean-Luc Mélenchon et le CNR

27 Mai 2015, 03:07am

Publié par hugo

Cet entretien avec Jean-Luc Mélenchon - ex-candidat du Front de Gauche à la présidentielle de 2012 - a été réalisé par Gilles Perret dans le cadre de son film "Les Jours Heureux", consacré au programme du Conseil National de la Résistance (CNR). Le film est produit par La Vaka productions. Au cinéma depuis le 6 novembre 2013. Plus d'info sur www.lesjoursheureux.net
Date de publication : 07/02/2014
Durée : 32:30
Catégorie: News
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http://lesjoursheureux.net/

http://www.humanite.fr/politique/les-jours-heureux-le-programme-du-conseil-national-542380

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Conseil national de la Résistance,histoires,

4 Mars 2014, 03:26am

Publié par hugo

Conseil national de la Résistance
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir CNR.
Le Conseil national de la Résistance (CNR) était l'organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française, de la presse, des syndicats et des membres de partis politiques hostiles au gouvernement de Vichy à partir de mi-1943.
Sommaire [masquer]
1 Le CNR sous Jean Moulin
2 Membres du CNR au 27 mai 1943
3 Le CNR après Jean Moulin
4 Programme politique
5 Notes et références
6 Voir aussi
6.1 Article connexe
6.2 Liens externes
Le CNR sous Jean Moulin[modifier | modifier le code]






Jean Moulin en octobre 1940.
Son premier président fut Jean Moulin, délégué du général de Gaulle, lequel voulait instaurer ce Conseil afin d'unifier les différents mouvements de Résistance qui s'étaient spontanément constitués depuis la défaite et son appel du 18 juin 1940, au lendemain de la demande d'armistice par le maréchal Pétain.
Selon les dirigeants de la France libre, en effet, les mouvements de Résistance, hormis les Francs-tireurs et partisans (FTP) et autres résistants d'obédience communiste, étaient le plus souvent inorganisés et n'étaient pas suffisamment coordonnés. Aussi, nombre de maquis n'entretenaient pas de relations entre eux et ce cloisonnement des mouvements de Résistance empêchait toute action commune organisée, et donc efficace.
Le 1er janvier 1942, Jean Moulin devient ainsi le représentant du général afin d'unifier l'ensemble des mouvements de Résistance. En juin, il met en place un Comité des experts chargé de penser la synthèse des projets politiques pour l'après guerre. Le tour de force qu'est l'unification se produit un an plus tard, le 27 mai 1943, lors de la première réunion du CNR qui se tient à Paris dans l'appartement de René Corbin, au premier étage du 48 rue du Four1.
Membres du CNR au 27 mai 1943[modifier | modifier le code]


Outre Moulin et ses deux collaborateurs, Pierre Meunier et Robert Chambeiron, ont participé à la réunion du 27 mai 1943 :
les représentants des huit grands mouvements de résistance :
Pierre Villon du Front national de la résistance créé par le Parti communiste français2
Roger Coquoin pour Ceux de la Libération,
Jacques Lecompte-Boinet pour Ceux de la Résistance,
Charles Laurent pour Libération-Nord,
Pascal Copeau pour Libération-Sud,
Jacques-Henri Simon pour Organisation civile et militaire,
Claude Bourdet pour Combat,
Eugène Claudius-Petit pour Franc-Tireur ;
les représentants des deux grands syndicats d'avant-guerre :
Louis Saillant pour la CGT,
Gaston Tessier pour la CFTC ;
et les représentants des six principaux partis politiques de la Troisième République :
André Mercier pour le PC,
André Le Troquer pour la SFIO,
Marc Rucart pour les radicaux,
Georges Bidault pour les démocrates-chrétiens,
Joseph Laniel pour l’Alliance démocratique (droite modérée et laïque),
Jacques Debû-Bridel pour la Fédération républicaine (droite conservatrice et catholique).
Cette réunion aura une importance politique considérable, ainsi que l'expose Robert Chambeiron3 :
« Après le 27 juin, les Américains ne peuvent plus douter de la légitimité de De Gaulle. La France devient un pays allié à part entière et, à ce titre, sera présente lors de la capitulation des armées nazies, le 8 mai 1945. D’autre part, les Alliés doivent abandonner leur projet d’administrer eux-mêmes la France au fur et à mesure de sa libération. Et, parce qu’il y a eu le CNR et de Gaulle, la France sera, lors de la création de l’Organisation des Nations unies, l’une des cinq grandes puissances à occuper un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. »
Le CNR après Jean Moulin[modifier | modifier le code]


Peu après la création du CNR, Jean Moulin est dénoncé et capturé à Caluire par les SS. Après avoir été torturé pendant trois jours par Klaus Barbie, il décède le 8 juillet 1943 pendant son transfert vers l'Allemagne, sans avoir rien dit à ses tortionnaires. Son mutisme empêche les nazis de démanteler le CNR, lequel décide cependant par sécurité de mettre fin aux séances plénières. Il constitue alors un bureau exécutif de cinq membres, chaque membre représentant son propre courant et deux autres courants ses actions, sous la direction d'Émile Bollaert, délégué général depuis le 1° septembre 1943, et de Georges Bidault, nouveau président. Le CNR charge un Comité général d'étude de prendre la suite du Comité d'experts créé par Jean Moulin et de préparer une plate-forme politique pour la France d'après la Libération.
En novembre 1943 à Alger, le général de Gaulle entérine les points essentiels du Rapport Courtin élaborés au sein du Comité général d'étude et adoptés par l'Assemblée consultative, points qui deviendront le noyau du programme du Conseil national de la Résistance appliqué à la Libération:
« plan complet de sécurité sociale » c'est-à-dire une Sécurité sociale pour tous prévoyant remboursements des frais médicaux et indemnités de chômage,
retraites étendues à toutes les catégories de salariés (les commerçants en resteront exclus),
« retour à la nation » des grandes entreprises exploitées par l'occupant, en particulier Renault, la SNCF, Air France, de grandes banques, sans pour autant rompre avec le capitalisme (compromis majeur avec le programme du PCF qui cédait ainsi, au moins provisoirement, sur un principe)
subvention d'un programme culturel
indépendance de la presse des capitaux des grandes industries,
etc.
Émile Bollaert, ayant été arrêté le 3 février 1944, est remplacé en mars 1944 par Alexandre Parodi.
Le 15 septembre 1944, Louis Saillant succède à Georges Bidault à la tête du CNR[réf. nécessaire].
Programme politique[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Programme du Conseil national de la Résistance.
Adopté le 15 mars 1944 après plusieurs mois de négociations, le programme du Conseil national de la Résistance est très empreint de rénovation sociale et doit beaucoup à l'impulsion de Pierre Villon, représentant le Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Ce document comprend deux parties, un « plan d'action immédiate » qui concerne l'action de la Résistance intérieure française à mener dans l'immédiat dans la perspective de la Libération et les « mesures à appliquer dès la Libération du territoire », sorte de programme de gouvernement qui comprend à la fois des mesures ayant trait à l'épuration et des mesures à beaucoup plus long terme comme le rétablissement du suffrage universel, les nationalisations ou la sécurité sociale4.
Parmi les mesures appliquées à la Libération, citons la nationalisation de l'énergie, des assurances et des banques, la création de la Sécurité sociale.[réf. nécessaire] Ces actions ont constitué jusqu'à aujourd'hui une grande partie des acquis sociaux de la seconde partie du xxe siècle.
Dans les premiers mois de la Libération, onze des Conseils départementaux de la Libération (institutions provisoires mises en place pour remplacer l'administration départementale vichyste) ne veulent pas être remplacés devant la nouvelle administration préfectorale, nommée par le Gouvernement provisoire. Souhaitant appliquer le programme du CNR, ces institutions composées de résistants finissent par s'effacer lors des premières élections, les Français souhaitant dans l'ensemble un retour aux structures habituelles (centralisme, conseils généraux). À partir de 1946-1947, plus aucun Conseil départemental de la Libération n'a de rôle effectif.
Notes et références[modifier | modifier le code]


↑ « L’unification de la Résistance intérieure autour de l'homme du 18 juin » [archive], sur le site france-libre.net, consulté le 4 février 2010.
↑ Sans aucun lien avec le FN né en 1972.
↑ « 27 mai 1943- 27 mai 2003... » [archive], L'Humanité, 27 mai 2003. Témoignage de Robert Chambeiron, un des organisateur de la réunion du 27 mai 1943.
↑ Claire Andrieu, Le programme commun de la Résistance, des idées dans la guerre, Les éditions de l'érudit, 1984, (ISBN 2868160050)
Voir aussi[modifier | modifier le code]


Sur les autres projets Wikimedia :
Programme du Conseil national de la Résistance, sur Wikisource
Article connexe[modifier | modifier le code]
Programme du Conseil national de la Résistance
Liens externes[modifier | modifier le code]
CNR, Émission radio Là-bas si j'y suis, france inter, de Daniel Mermet, 2007
Programme du CNR en version audio Speaker Icon.svg
c'est résister, résister c'est créer, document vidéo pour le 60e anniversaire du programme par les personnalités du Conseil national de la Résistance : Lise London, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Philippe Dechartre, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Georges Séguy, Maurice Voutey.
« Le CNR – Témoignages », sur musee-resistance.com.
Site gouvernemental sur le CNR
Comité pour une Nouvelle Résistance
Les Jours Heureux, film de Gilles Perret (2013) sur la formation du CNR et la constitution du programme
Portail de la Résistance française Portail de la Résistance française Portail de l’histoire Portail de l’histoire

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Troubles neurovisuels et développement de l'enfant,sante,enfants,

11 Juin 2014, 19:50pm

Publié par hugo

visuel La tête au carré (sept-oct 2011)
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l'émission du lundi 12 septembre 2011
Troubles neurovisuels et développement de l'enfant 6 commentaires
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Aujourd'hui, la tête au carré s'intéresse aux troubles neurovisuels et du développement de l'enfant


Un reportage de Lucie Sarfaty





Ghislaine Dehaene, pédiatre et directrice de recherche au CNRS, dirige l’équipe "Neuroimagerie du développement" à Neurospin, sur le plateau de Saclay.


Depuis 1995, son équipe travaille sur le développement cognitif du bébé. Le but est de comprendre quelles sont les capacités initiales de l'être humain et comment elles se développent grâce à la maturation du cerveau et aux stimulations de l'environnement.


Au sein de ce "laboratoire bébé", les chercheurs ont recours à l’IRM fonctionnelle, qui permet de voir le cerveau en action, mais aussi à d’autres méthodes d’imagerie plus classiques, telle que l’électroencéphalographie. C'est cette méthode qui est utilisé ici par Ghisaline Dehaene pour tester le petit Martin, âgé de 2 mois.


invité(s)




Sylvie Chokron
Neuropsychologue, directrice de recherche CNRS.
en savoir plus >
programmation musicale

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Disparition de Robert Chambeiron,politiques,histoire,

4 Janvier 2015, 19:48pm

Publié par hugo

SOCIÉTÉ
ROBERT CHAMBEIRON
Disparition de Robert Chambeiron
EUGÉNIE BARBEZAT
MERCREDI, 31 DÉCEMBRE, 2014
L'ancien parlementaire, compagnon de Jean Moulin et dernier survivant du Conseil national de la Résistance (CNR), est décédé à 99 ans. Lecteur assidu de l'Humanité dont il partageait les combats, il comptait parmi nos fidèles soutiens.


Entré en 1936, en même temps que Jean Moulin, au cabinet de Pierre Cot, ministre de l'Air du gouvernement Blum, M. Chambeiron, resté en contact étroit avec Jean Moulin pendant la guerre, avait pris une part active dans les négociations qui avaient abouti à la fondation du Conseil national de la Résistance (CNR), dont il était devenu secrétaire général adjoint.

Né le 22 mai 1915 à Paris, député radical puis progressiste sous la IVe République (1945-1951 et 1956-1958) puis député européen communiste entre 1979 et 1989, il s'était rapproché de Jean-Pierre Chevènement, dont il avait présidé le Comité national de soutien à la candidature à la présidentielle de 2007 avant que ce dernier ne renonce.

M. Chevènement a "salué sa mémoire" mercredi soir. "On ne peut mieux le faire qu'en rappelant ces mots qui étaient les siens: le CNR a été un véritable lieu de rassemblement dans l'intérêt national (...) Il fallait que la France fût au bord du gouffre pour qu'une telle union puisse avoir lieu", a souligné l'ancien sénateur du Territoire-de-Belfort.

"Ce qui était vrai en 1944 le reste aujourd'hui", a-t-il ajouté.
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http://www.humanite.fr/disparition-de-robert-chambeiron-561534

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Malaise : au CNRS, les discriminations liées au genre freinent la carrière des femmes,femmes,sexisme,

30 Août 2019, 21:47pm

Publié par hugo

 Malaise : au CNRS, les discriminations liées au genre freinent la carrière des femmes
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Des soucis de parité au prestigieux CNRS...
 
Par Clément Arbrun
Publié le Vendredi 30 Août 2019

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"Même les scientifiques ont des stéréotypes de genre...qui peuvent freiner la carrière des chercheuses", décoche l'étude de l'institution. C'est là la conclusion de chercheuses et chercheurs en psychologie sociale et cognitive, qui durant deux ans ont étudié pas moins de quarante jurys, constitués pour chacun d'une vingtaine de personnes. Ces mêmes jurys, qui sont en charge d'évaluer des candidatures afin de désigner les futur·e·s directeurs et directrices de recherche, ont du répondre à cette grande question : les discriminations existent-elles au sein du milieu scientifique ? Et pourquoi ? Constat : un jury sur deux seulement en atteste. Pire, à en croire un second test, la majorité des jurés associent naturellement les sciences aux hommes...
 
La mise au ban des femmes de sciences
Femmes scientifiques contraintes par les biais sexistes -
Peu de chercheuses aux postes responsabilit ? Une tude mene pendant deux ans auprs des jurys du CNRS met en vidence les biais sexistes qui freinent les femmes.https://t.co/CM3IzMibSn pic.twitter.com/PallhNbr9D
— Les Nouvelles NEWS (@LesNNews) August 27, 2019
"Nous avons beau être convaincus que les sciences ne sont pas qu'une affaire d'hommes, le concept de science demeure beaucoup plus fortement associé au masculin qu'au féminin dans les esprits", déplore en ce sens le communiqué de presse du CNRS. C'est donc un fait, les biais sexistes existent au sein de la recherche. Et loin de rester à l'état de purs "fantasmes" et de "croyances", ces idées préconçues ont de réelles conséquences d'un point de vue professionnel. Effectivement, une autre étude effectuée sur les décisions des comités - qui font donc suite à ces premiers tests - nous démontrent que le fameux "un jury sur deux" qui niait l'existence de ces discriminations...a pourtant privilégié les directeurs aux directrices de recherche au moment de la prise de décision du comité. Les hommes devant les femmes. "Inconscientes" ou non, les inégalités professionnelles sont ainsi avérées. Plus question désormais de "faire l'autruche", comme l'ironise à raison Les Echos.
 
"Même si les disparités hommes-femmes dans le domaine scientifique ont des causes multiples et commencent à l'école, cette étude indique pour la première fois l'existence de stéréotypes implicites de genre chez les chercheurs et chercheuses de toutes disciplines, susceptibles de nuire aux carrières des femmes scientifiques", cingle alors la conclusion du Centre national de la recherche scientifique. Les résultats de ces questionnaires confirment hélas ce que révélaient déjà certains sondages, à savoir cette difficulté à associer femmes et sciences dans "l'opinion populaire". L'on se rappelle qu'il y a quatre ans déjà, parmi 5 000 européens interrogés dans le cadre d'une étude, 70% estimaient les femmes "mauvaises en sciences". Ce pourcentage serait-il vraiment moins "facepalmesque" aujourd'hui ?
Cette étude majeure incite le magazine de société Néon à rappeler ces chiffres plutôt édifiants : au CNRS, seules 29% des directeurs de recherche sont des "directrices". De plus, les chiffres recueillis fin 2017 indiquent que l'on dénombre seulement 38,1 % de chargées de recherche et 29,2 % de directrices de recherche au sein des équipes scientifiques. A croire que la parité, elle aussi, est encore en cours de recherche...
Société News essentielles parité science égalité hommes-femmes femmes travail inégalités professionnelles
À voir
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https://www.terrafemina.com/article/parite-au-cnrs-les-discriminations-liees-au-genre-freinent-la-carriere-des-femmes_a350375/1

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Conseil national de la Résistance

3 Mars 2013, 19:15pm

Publié par hugo

Conseil national de la Résistance
Page d'aide sur l'homonymiePour les articles homonymes, voirCNR.

LeConseil national de la Résistance(CNR) était l'organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de laRésistance intérieure française, de la presse, des syndicats et des membres de partis politiques hostiles augouvernement de Vichyà partir de mi-1943.

Le CNR sous Jean Moulin[modifier]

Son premier président futJean Moulin, délégué dugénéral de Gaulle, lequel voulait instaurer ce Conseil afin d'unifier les différents mouvements de Résistance qui s'étaient spontanément constitués depuis la défaite et sonappel du 18 juin 1940, au lendemain de la demande d'armisticepar lemaréchal Pétain.

Selon les dirigeants de laFrance libre, en effet, les mouvements deRésistance, hormis lesFrancs-tireurs et partisans(FTP) et autres résistants d'obédience communiste, étaient le plus souvent inorganisés et n'étaient pas suffisamment coordonnés. Aussi, nombre demaquisn'entretenaient pas de relations entre eux et ce cloisonnement des mouvements de Résistance empêchait toute action commune organisée, et donc efficace.

Le1erjanvier1942, Jean Moulin devient ainsi le représentant du général afin d'unifier l'ensemble des mouvements de Résistance. En juin, il met en place unComité des expertschargé de penser la synthèse des projets politiques pour l'après guerre. Le tour de force qu'est l'unification se produit un an plus tard, le27mai1943, lors de la première réunion du CNR qui se tient à Paris dans l'appartement deRené Corbin, au premier étage du 48rue du Four1.

Membres du CNR au 27 mai 1943[modifier]

Outre Moulin et ses deux collaborateurs, Pierre Meunier etRobert Chambeiron, ont participé à la réunion du 27 mai 1943 :

  • les représentants des huit grands mouvements de résistance :

Sommaire

  [masquer

Cette réunion aura une importance politique considérable, ainsi que l'expose Robert Chambeiron3 :

« Après le 27 juin, les Américains ne peuvent plus douter de la légitimité de De Gaulle. La France devient un pays allié à part entière et, à ce titre, sera présente lors de la capitulation des armées nazies, le 8 mai 1945. D’autre part, les Alliés doivent abandonner leur projet d’administrer eux-mêmes la France au fur et à mesure de sa libération. Et, parce qu’il y a eu le CNR et de Gaulle, la France sera, lors de la création de l’Organisation des Nations unies, l’une des cinq grandes puissances à occuper un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. »

Le CNR après Jean Moulin[modifier]

Peu après la création du CNR,Jean Moulinest dénoncé et capturé àCaluirepar lesSS. Après avoir été torturé pendant trois jours parKlaus Barbie, il décède le 8 juillet1943pendant son transfert vers l'Allemagne, sans avoir rien dit à ses tortionnaires. Son mutisme empêche les nazis de démanteler le CNR, lequel décide cependant par sécurité de mettre fin aux séances plénières. Il constitue alors un bureau exécutif de cinq membres, chaque membre représentant son propre courant et deux autres courants ses actions, sous la direction d'Alexandre Parodi, délégué général, et deGeorges Bidault, nouveau président. Le CNR charge unComité général d'étudede prendre la suite duComité d'expertscréé parJean Moulinet de préparer une plate-forme politique pour la France d'après laLibération.

En novembre1943àAlger, legénéral de Gaulleentérine les points essentiels duRapport Courtinélaborés au sein duComité général d'étudeet adoptés par l'Assemblée consultative, points qui deviendront le noyau duprogramme du Conseil national de la Résistanceappliqué à laLibération:

  • « plan complet de sécurité sociale » c'est-à-dire uneSécurité socialepour tous prévoyant remboursements des frais médicaux et indemnités de chômage,
  • retraites étendues à toutes les catégories de salariés (les commerçants en resteront exclus),
  • « retour à la nation » des grandes entreprises exploitées par l'occupant, en particulierRenault, laSNCF,Air France, de grandes banques, sans pour autant rompre avec lecapitalisme(compromis majeur avec le programme duPCFqui cédait ainsi, au moins provisoirement, sur un principe)
  • subvention d'un programme culturel
  • indépendance de la presse des capitaux des grandes industries,
  • etc.

Le15septembre1944,Louis Saillantsuccède àGeorges Bidaultà la tête du CNR[réf. nécessaire].

Programme politique[modifier]

Adopté le15mars1944après plusieurs mois de négociations, leprogramme du Conseil national de la Résistanceest très empreint de rénovation sociale et doit beaucoup à l'impulsion dePierre Villon, représentant leFront national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Ce document comprend deux parties, un « plan d'action immédiate » qui concerne l'action de laRésistance intérieure françaiseà mener dans l'immédiat dans la perspective de laLibérationet les « mesures à appliquer dès la Libération du territoire », sorte de programme de gouvernement qui comprend à la fois des mesures ayant trait à l'épuration et des mesures à beaucoup plus long terme comme le rétablissement du suffrage universel, lesnationalisationsou lasécurité sociale4.

Parmi les mesures appliquées à la Libération, citons la nationalisation de l'énergie, des assurances et des banques, la création de laSécurité sociale.[réf. nécessaire]Ces actions ont constitué jusqu'à aujourd'hui une grande partie desacquis sociauxde la seconde partie duxxe siècle.

Dans les premiers mois de la Libération, onze desConseils départementaux de la Libération(institutions provisoires mises en place pour remplacer l'administration départementale vichyste) ne veulent pas être remplacés devant la nouvelle administration préfectorale, nommée par leGouvernement provisoire. Souhaitant appliquer le programme du CNR, ces institutions composées de résistants finissent par s'effacer lors des premières élections, les Français souhaitant dans l'ensemble un retour aux structures habituelles (centralisme, conseils généraux). À partir de 1946-1947, plus aucun Conseil départemental de la Libération n'a de rôle effectif.

Notes et références[modifier]

  1. « L’unification de la Résistance intérieure autour de l'homme du 18 juin » [archive], sur le site france-libre.net, consulté le 4 février 2010.
  2. Sans aucun lien avec le FN né en 1972.
  3. « 27 mai 1943- 27 mai 2003... » [archive]L'Humanité, 27 mai 2003. Témoignage de Robert Chambeiron, un des organisateur de la réunion du 27 mai 1943.
  4. Claire AndrieuLe programme commun de la Résistance, des idées dans la guerre, Les éditions de l'érudit, 1984, (ISBN 2868160050)

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Programme du Conseil national de la Résistance(CNR)

26 Octobre 2011, 22:10pm

Publié par hugo

Programme du Conseil national de la Résistance

LeProgramme du Conseil national de la Résistancesouvent abrégé enProgramme du CNRest un texte adopté à l'unanimité par leConseil national de la Résistancefrançais le15 mars1944.

Ce texte de moins d'une dizaine de feuillets1comprend deux parties, un « plan d'action immédiate » qui concerne l'action de laRésistance intérieure françaiseà mener dans l'immédiat dans la perspective de laLibérationet les « mesures à appliquer dés la Libération du territoire », sorte de programme de gouvernement qui comprend à la fois des mesures ayant trait à l'épuration et des mesures à beaucoup plus long terme comme le rétablissement du suffrage universel, les nationalisations ou la sécurité sociale.

La postérité a plus retenu la seconde partie, car la majorité des propositions de caractère programmatique fut effectivement adoptée entre la Libération de 1944 et le début de 1946. Par rapport à d'autres programmes de gouvernement une des spécificité du programme du CNR est d'avoir été adopté par tout l'éventail politique représenté au sein de la Résistance française2.

 

Résumé du Programme du CNR[modifier]

La première partie « plan d'action immédiate » commence par un certain nombre de constat et affirme ensuite la nécessité de la lutte armée et la reconnaissance dede Gaulleet de l'autorité duComité français de la Libération nationale:

« par l'intensification de la lutte menée par les forces armées, par les organisations constituées par les masses, que pourra être réalisée l'union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la Libération nationale inséparable, comme l'a dit le Général de Gaulle, de l'insurrection nationale qui... sera dirigée par le C.N.R. sous l'autorité du C.F.L.N. »

Une partie importante du texte est ensuite consacrée à la création desComités départementaux de libération(CDL). Le rôle de ces comités se distingue de celui desForces françaises de l'intérieur(FFI) dont les attributions sont également définies.

Dans la seconde partie, « Mesures à appliquer dés la Libération du territoire », il est d'abord prévu de«  veiller au châtiment des traîtres et l'éviction, dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle, de tous ceux qui auront pactisé avec l’ennemi ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration »et d'instaurer la confiscation des biens traîtres et des trafiquants demarché noir.

Viennent ensuite

  • des mesures politiques comme le rétablissement de ladémocratie, dusuffrage universelet de laliberté de la presse,
  • des mesures économiques caractérisées par« 'l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie' »et qui consiste donc à ce qu'on appellera généralement lesnationalisationset qui est exprimé dans le texte comme« le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques »
  • des mesures sociales et notamment un rajustement important des salaires le rétablissement d'un syndicalisme indépendant et des délégués d'atelier et« un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État »

Histoire de l'élaboration du programme du CNR[modifier]

La première partie du programme du CNR a peu d'antécédents dans l'Histoire de Francepuisqu'elle concerne l'organisation d'une insurrection armée dans un pays sous domination étrangère, ce qui correspond à une situation historique que la France contemporaine n'avait jamais connu. Quant à la seconde partie, « réformes à appliquer dés la libération du territoire », elle s'inscrit dans la tradition des programmes communs de gouvernement3. Le premier programme commun de gouvernement est celui de la « Réunion de la Montagne » paru enavril 1849. Dans son préambule, le programme soulignait le rôle du programme dans les rouages de la démocratie. D'une façon générale, les droites, « empiriques et conservatrices »4sont peu enclines à « programmer ».De Gaullelui-même exprime ses doutes sur l'utilité des programmes politiques lorsqu'il sera élu président duGouvernement provisoire de la République française3. Si la tradition de gauche se montre plus ouverte à l'usage de programmes de gouvernement, les seuls précédents historiques antérieurs à 1940 sont ceux de 1849 et de 19365.

1935-1936: Le Programme de gouvernement du Comité national de rassemblement populaire[modifier]

À partir de 1934 et de la convergence qui s'établit au sein de la gauche, d'abord dans une perspective anti-fasciste, et ensuite au sein duComité National du Rassemblement Populairequi rassemble les forces de gauche qui soutiennent leFront Populaire, l'établissement d'un programme commun n'apparait pas comme une évidence6L'inscription desnationalisationsque l'on appelle alors souvent « socialisations » au sein d'un programme de gouvernement est une demande des socialistes de laSFIOvis-à-vis de laquelle lescommunistes françaisse montrent très réticents, comme le justifieraMaurice Thorezdans un article deL'Humanitéen janvier 1935« ... La moindre action vaut mieux que douze programmes (...) ce que Marx a voulu nous faire entendre, ce que Lénine et les bolcheviks ont su comprendre (...) c'est qu'il importe surtout d'agir »7. Au moment de l'adoption d'un programme commun duComité National du Rassemblement Populairecréé le 17 juin 1935 pour préparer une victoire électorale aux élections législatives de 1936, les communistes reçoivent l'appui des radicaux pour une approche minimaliste des nationalisations. Le compromis obtenu ne prévoit en effet que « la nationalisation des industries de guerre » et le terme de « nationalisation » n'est pas prononcé pour le cas de laBanque de Francepourtant en voie d'être également « nationalisée »8.Léon Blumpersistera jusqu'en 1942, dans ses prisons du Puy-de-Dôme, dans l'idée de proposer un programme de gouvernement, comme en témoignent aussi bien les lettres qu'il écrit à ses amis socialistes ou auGénéral de Gaulle.

Janvier 1943: Le programme du Comité d'Action Socialiste[modifier]

Des évènements qui marquent le début de laSeconde Guerre mondiale, comme lePacte germano-soviétique, ladissolution du Parti communiste, la « drôle de guerre », créent un clivage entre les socialistes et les communistes qui ne prend fin qu'à la fin de 1942, avec des contacts directs entre leComité d'action socialiste(CAS) et le Parti communiste, tous deux clandestins9. En fait, les communistes privilégient l'union nationale et l'alliance avec la résistance gaulliste plutôt que la formation d'un Front Populaire clandestin, si bien que le C.A.S. publie tout seul en janvier 1943 « Notre Programme », premier programme politique pour l'après-guerre émanant d'un parti clandestin, qui prévoit cinq séries de mesures parmi lesquelles on peut noter le vote des femmes, « l'élimination totale des trusts de la vie nationale », « l'élimination progressive de la concurrence et du profit » , « la nationalisation du crédit et des banques, des compagnies d'assurances, des industries clées et du commerce extérieur », le maintien et l'amélioration des lois sociales acquises par les travailleurs avant 193910. Quelques mois plus tard, les socialistes, définitivement ralliés à de Gaulle, proposent auConseil national de la Résistanceconstitué le 27 mai 1943 un « Programme commun » propose à laRésistance française qui abandonne l'abolition de la concurrence, mais introduit la participation à la gestion des ouvriers et des techniciens. Il ne semble pas que ce programme ait été discuté par les membres du CNR, car il est doublé par un programme émanant duComité français de la Libération nationale(CFLN) et présenté au CNR parÉmile Laffonle 15 juillet 194311.

Juillet 1943: Le projet Laffon du CFLN[modifier]

Leprojet Laffonressemble beaucoup au programme socialiste, peut-être parce que des socialistes de Londres commeAndré PhilipouGeorges Borisont participé à la rédaction des deux projets. On ignore d'ailleurs si l'ensemble des membres du CFLN ont eu connaissance du projet. Le projet Laffon comprend une Charte économique et sociale qui prône ledirigisme, c'est-à-dire, selon les auteurs du texte, « L'orientation et le contrôle de la production par l'État en faveur de la collectivité », ce qui exige « l'élimination préalable des féodalités économiques ». Dans ce texte, le terme « socialisation » (des grandes banques distributves du Crédit) est utilisé à la place de « nationalisation». La charte du projet Laffon limite aux aspects techniques la participation des salariés à la gestion de l'entreprise, mais prévoit une participation des travailleurs aux bénéfices, soit à titre individuel, soit pour les œuvres sociales. En matière internationale, on trouve dans le projet Laffon l'idée que « des abandons de souveraineté nationale » devront intervenir « au profit d'une Communauté d'États supérieure » appelée également « Ligue Universelle ». Cette idée était également présente dans le programme socialiste12.

André Mercierreprésentant le parti communiste au CNR s'est opposé à ce projet de Ligue Universelle, mais il s'oppose également aux développements économiques du projet Laffon auquel il reproche, en gros, selon les termes de l'historienne Claire Andrieu, « son manque de marxisme ». Les représentants des droites au sein du CNR telsJoseph Laniel(Alliance démocratique)ou le professeurLouis Marin(URD) s'opposent au projet Laffon pour des raisons inverses. Le premier est favorable à un retour à un libéralisme total dans le cadre national, et le second aurait parlé de « projet naziste, fasciste et vichyssois ». Le projet reçoit un accueil favorable des autres organisations représentées au CNR, mais leFront Nationalfait pencher la balance au profit du rejet du texte en revendiquant une position unanimiste: il ne faut pas que l'adoption de ce texte puisse écarter de laRésistanceun seul de ses membres13. Le communistePierre Villon, représentant le Front National au sein du CNR jouera par la suite un rôle essentiel dans l'adoption du texte final, en mars 1944.

Septembre 1943: le programme de la CGT[modifier]

Les représentants des syndicats,CGTetCFTCs'étaient déclarés favorables au projet Laffon. Après la scission, de fait, de 1939, les deux tendances, confédérée et communiste (que l'on appelle unitaire, en souvenir de laCGTU), s'étaient rapprochées puis réunifiées à la suite desAccords du Perreux. En fait, leProgramme d'action d'après-guerrequeLouis Saillantpropose au CNR au nom de la CGT en septembre 1943 contient à la fois des parties qui ont reçu l'accord des deux tendances, comme le rétablissement de la légalité républicaine mais aussi des parties ou chacune des deux tendances a déposé des motions distinctes. Ainsi le principe duClosed shop, c'est-à-dire du monopole de l'embauche par le syndicat n'est-il proposé que par les unitaires communistes alors que les ex-conférés souhaitent conserver la primauté de l'État dans les offices de placement et les autorisations de licenciement, les syndicats n'exerçant qu'un rôle de contrôle. Un autre désaccord concerne l'avenir desComités d'organisation, ces sortes de syndicats professionnels disposant de prérogatives publiques14, mis en place parVichyet qui sont l'expression à la fois ducorporatismeet dudirigismede laRévolution nationale. Les confédérés proposent de réformer ces comités et en chassant « les trusts » et en renforçant le rôle de l'État et la représentation des syndicats alors que les unitaires demandent la suppression pure et simples de ces comités qui ne peuvent que renforcer « les trusts »15.

Novembre 1943: le rapport du Comité national des Études[modifier]

Si le document de la CGT renferment nécessairement des contradictions du fait de l'expression divergentes des deux tendances, un autre document publié également à l'automne 1943 renferme suffisamment de contradictions pour le rendre totalement inexploitable. Il s'agit duRapport sur la politique économique d'après-guerreélaboré par leComité National des Etudes, créé sous le nom deComité des experts, en juin 1942, à l'initiative deJean Moulinet deFrançois de Menthon. Le volumineux rapport de 1943, souvent appeléRapport Courtinsera l'œuvre de neuf membres du Comité parmi lesquelsRené Courtin,Pierre-Henri TeitgenetEmmanuel Monick. Selon Claire Andrieu, le rapport Courtin est écartelé entre ses convictions libérales et sa volonté de satisfaire l' « opinion publique » jugée unanimement acquise aux nationalisations. Dans les « Remarques » du PCF qui descendent en flamme le rapport, il apparaît que le PCF s'intéresse aux nationalisations en les présente comme un moyen de « libérer la France de la domination antinationale et antisociale des hommes des trusts ». Cette acceptation apparente des nationalisations sans abolition préalable du régime capitaliste est une nouveauté de la part du PCF qui se ralliera définitivement à cette idée au début de 194516.

Décembre 1943-janvier 1944: la discussion du projet du Front National[modifier]

De novembre 1943 à août 1944, il n'y eut aucune réunion plénière du CNR. Le bureau du CNR va donc être amené à jouer un rôle essentiel dans l'élaboration du texte adopté le 15 mars 1944. Les cinq membres du bureau du CNR sontGeorges Bidault, président, qui représente leparti radicalet l'Alliance démocratique,Louis Saillantqui représente d'abord laCGT, mais aussi leparti socialiste,Libération-Nordet laCFTC,Pascal Copeau, membre deLibération-Sud, qui représente aussi lesMouvements unis de la Résistance(MUR),Maxime Blocq-Mascart, membre de l'Organisation civile et militaire(OCM), qui représente aussiCeux de la RésistanceetCeux de la Libération, et enfin,Pierre Villon, secrétaire duFront Nationalqui représente aussi lePCFet laFédération républicaine. Finalement, avec un homme de droite (Blocq-Mascart), deux socialisants (Saillant et Copeau) et un communiste (Villon), selon Claire Andrieu, le bureau est représentatif de l'ensemble du CNR17. Au sein du bureau, Villon a joué un rôle moteur qu'il a évoqué dans ses mémoires:

« Au cours de l'été 1943, Émile Laffon ... propose au CNR une charte, une sorte de manifeste pour l'après-guerre. Nous ne pouvions nous cantonner dans une attitude négative, j'opte pour la rédaction d'un contre-projet... mais avant de déposer le contre-projet, j'ai eu une entrevue – la seule que j'ai eu durant toute cette période – avec Jacques Duclos et Benoît Frachon »18

C'est à la ferme de Beaudreville, àGometz-la-Ville, dans le Hurepoix que Villon a rencontré avecAndré Mercierles deux dirigeants du PCF clandestin,Jacques DuclosetBenoit Frachon. C'est la seule fois où les deux dirigeants ont eu un contact direct avec un responsable du parti non membre du secrétariat au sein de leur dispositif clandestin19.

À la suite de cet entretien avec Duclos et Frachon, Villon rédige unProjet de Charte de la Résistance proposée par le F.N.dont l'essentiel consiste en un appel à l'action immédiate contre l'occupant et qui se termine par un ensemble succinct de mesures, à la fois libérales et sociales, souhaitées pour la période suivant la Libération. Claire Andrieu note que ces réformes ne sont "pas plus révolutionnaires que le programme du Front populaire"17. Le bureau du CNR se réunit une à deux fois par semaine entre décembre 1943 et janvier 1944. En plus des cinq membres,Jacques Bingen, délégué du CFLN assiste auw séances. La majeure partie du temps de réunion est consacré à l'examen du projet du F.N. et à la désignations des Administrateurs provisoires, futurs Secrétaires Généraux provisoires des ministères. En janvier 1944, le bureau du CNR adopte à l'unanimité uneCharte de la Résistance, proche du projet du F.N., où les réformes de l'après-libération sont modifiées dans un sens légèrement plus "socialisant"20. .

15 mars 1944, l'adoption du Programme d'action de la Résistance[modifier]

CetteCharte de la Résistanceest envoyée à tous les membres du CNR pour examen. Un certain nombre de critiques sont exprimées et Le bureau du CNR confie la reprise du texte au comité directeur des M.U.R. dont les trois membres sontPascal Copeau,Claude BourdetetAntoine Avinin21. Les trois membres des M.U.R. font appel aux représentants de trois autres mouvements de résistance,France au Combat,Défense de la FranceetRésistance, formant ainsi le comité directeur d'une nouvelle structure, leMouvement de libération nationale. Ce comité de 6 peronnes envoie un projet remanié, adopté par le bureau du CNR le 28 février 1944 sous le nom deProgramme d'action de la Résistance22.

Il reste à faire approuver ce texte par tous les membres du CNR. Si les partis de droite se laisssent convaincre assez vite, les socialistes sont beaucoup plus longs à convaincre. Depuis décembre 1943, les débats les plus vifs ne portent pas sur les mesures à mettre en œuvre après la Libération, mais sur le programme d'action immédiate. Les socialistes soupçonnent les communistes de vouloir développer l'action immédiate pour se mettre en mesure de conquérir le pouvoir politique. Les communistes ne sont pas les seuls à promouvoir le développement de l'action immédiate, ils trouvent à leurs côtés des hommes de droite commePierre de Bénouville,Jacques RenouvinouHenri Frenay. Lorsque les socialistes proposent un "comité d'entente" aux communistes, ces derniers refusent au nom de l'union de la résistance, et rejettent toute référence à laLutte des classes« pour ne pas donner un motif de division entre français ». Le tournant sera pris par un long article intitulela peur du peuple et la trahison de la patriepublié dans l'Humanité le 15 mars 1944 où l'auteur,Jacques Duclos, relance le thème de la résistance comme combat du peuple et de son parti, le parti communiste23.

Après une ultime modification du texte dans la première quinzaine de mars par Copeau, Bourdet etDaniel Mayerl'appel à l'action immédiate est très légèrement atténué et l'aspect social réformateur est accentué. Le texte final est adopté par le bureau du CNR le 15 mars 1944. Contrairement à l'affirmation de l'introduction du texte, il n'y a pas eu d'assemblée plénière, mais un examen attentif des différences moutures du texte fait apparaître que leProgramme d'action de la Résistancea bénéficié de la participation de toutes les tendances représentées au sein du CNR24.

La mise en œuvre du programme du CNR[modifier]

Il est difficile de dire si l'ensemble des mesures prévues dans le « plan d'action immédiate » furent mises en œuvre, car l'adoption du programme en mars 1944 n'a pas mis un terme aux discussions sur l'unité de la Résistance. Si lesComité départementaux de libération(CDL) prévus par le programme furent effectivement légalement mis en place par leCFLNd'Alger par l'ordonnance du21 avril1944, lesMilices patriotiquesprévues dans les attributions des CDL et mises en place par les communistes à partir de juin 1944 sont très vite l'objet de dissenssions entre les organisations qui se réclament du programme25,26. LaLibération de Parisen août 1944 rendra largement caduque le « plan d'action immédiate ». Dès lors, c'est la deuxième partie que l'on désigne généralement sous le nom de « programme du CNR » et qui devient le guide des réformes mises en œuvre par legouvernement provisoire, et à partir du 21 octobre 1945, par les gouvernements bénéficiant du soutien d'assemblées législatives élues27.

Un programme peu diffusé de mars à août 1944[modifier]

Jusqu'à la Libération de la majeure partie de la France en août 1944, le programme du CNR n'a connu qu'un impact relativement faible. Après son adoption à Paris, en mars 1944, le programme fut rapidement connu à Alger, mais en dépit d'un vote unanime des délégués de l'assemblée consultative d'Algerdemandant au gouvernement provisoire « d'établir les conditions préalables au retour à la nation des grands moyens de production réclamés par le conseil national de la Résistance », le programme du CNR n'a pas reçu l'approbation officielle du CFLN. Au moment de laLibération de Paris, sur proposition deDaniel Mayer, le CNR avait prévu de remettre solennellement le programme au général de Gaulle et de l'inviter à proclamer la République, mais personne ne remis le Programme à de Gaulle qui ne proclama pas la République puisqu'il défendait l'idée qu'elle n'avait jamais cessé d'exister28.

  • Le 27 juillet 1944, une des mesures figurant dans le programme du CNR est accomplie avant la Libération de Paris: le GPRF d'Alger rétablit la liberté syndicale et abolit laCharte du travail29.

D'une façon générale, la diffusion du programme de la Résistance est faible et inégale. Un petit nombre de publications clandestines donnèrent un large écho auProgramme de la Résistance. SeulLibérationle publie in extenso, alors queCombatetFranc-Tireurne le publient que partiellement. Mais un grand nombre de publications n'en firent même pas mention dans la clandestinité,L'Humanité,Témoignage chrétien,Défense de la France, pour n'en citer que quelques-unes30.

Les ordonnances du Gouvernement provisoire (août 1944- octobre 1945)[modifier]

À partir de septembre 1944, l'application de son programme devient la principale raison d'être du CNR qui perdure jusqu'en 1947.Louis Saillantsuccède à Georges Bidault nommé ministres des affaires étrangères. Le 7 octobre 1944, le CNR organise un vaste rassemblement auVel d'Hivet fait acclamer par une foule immense les grandes lignes de son programme31.

Au moment de la Libération, les socialistes de laSFIOreprésentent, avec les syndicalistes de laCGTréunifiée, les partisans les plus convaincus du programme du CNR. Les socialistes considèrent les nationalisations pas seulement comme des mesures socialistes, mais aussi des mesures patriotiques32. LePCFsemble hésiter entre la promotion de son propre programme et celle du programme du CNR, mais il affirme plus clairement son adhésion au programme du CNR après le retour en France deMaurice Thorezet l'acceptation de la dissolution desMilices patriotiquesen novembre 1944. En janvier 1945, Thorez se prononce pour « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés », c'est-à-dire pour les nationalisations, mais cette revendication est moins pressante que celle concernant l'épuration33. Troisième tendance bien représentée dans la Résistance, lesdémocrates chrétiensfondent un parti, leMouvement républicain populaire(MRP) en novembre 1944. Jusqu'au printemps 1945, ils sont animés d'une « foi révolutionnaire » , selon les mots de Claire Andrieu qui fait remarquer qu'avec le quotidien socialisteLe Populaire, le journal d'inspiration démocrate chrétienneL'Aubeappelle à la « Révolution » de façon récurrente alors qu'à la même époque les journaux communistes ne l'évoquent pas. Le MRP, selon ses objectifs annoncés le 5 septembre veut « en finir avec le régime capitaliste et la dictature de l'argent » mais marque sa réserve vis-à-vis des nationalisations en invoquant la « libéralisation de l'économie »34. En décembre 1944Emmanuel d'Astier de la Vigeriedépose à l'Assemblée consultative provisoireun ordre du jour réclamant d'urgence la nationalisation des grandes entreprises du pays, ordre du jour qui recueille l'unanimité des délégués prenant part au vote. En juillet 1945, Jacques Duclos fait adopter un ordre du jour qui réclame d'urgence les nationalisations et l'épuration économique. Il n'y a guère que Joseph Denais, membre de laFédération républicainequi tente de s'y opposer en déposant une proposition tendant à maintenir l'État dans le contrôle et la coordination en excluant toute étatisation ou socialisation35.

Legouvernement provisoirelui-même n'a jamais reconnu le programme du CNR.de Gaullelui-même se garde bien de se référer au CNR lorsque le 12 septembre 1944, au palais de Chaillot, il annonce les « principes» qui vont guider son action36:

«  ...tout en assurant à tous le maximum de liberté, et tout en favorisant en toute matière l'esprit d'entreprise, elle (la France) veut faire en sorte que l'intérêt particulier soit toujours contraint de céder à l'intérêt général, que les grandes sources de la richesse commune soient exploitées et dirigées ... pour l'avantage de tous, que les coalitions d'intérêt ... soient abolies une fois pour tous, et qu'enfin chacun de ses fils, chacune de ses filles puisse vivre, travailler, èlever ses enfants dans la sécurité et la dignité...  »


Entre décembre 1944 et octobre 1945, le gouvernement provisoire est amené à prendre une série d'ordonnances allant dans le sens des mesures préconisées par le programme du CNR37.

Les réformes économiques et sociales en 1946[modifier]

Des élections générales du 21 octobre 1945, sortent vainqueurs avec 75 % des suffrages, les trois partis qui mettent en avant l'application du programme du CNR : le PCF, le SFIO et le MRP.

Un bref retour en arrière est nécessaire pour faire état d'un rapprochement qui s'est amorcé entre temps le PCF et la SFIO et qui s'est traduit par la publication d'unmanifeste du comité d'entente socialiste-communisteoù le champ des nationalisations est revu à la hausse par rapport à un texte communiste déposé à l'Assemblée trois jours plus tôt. La liste des nationalisations comprend les Houillères, mines de fer et de bauxite, la production de ciment, les transports terrestres et aériens, la grosse industrie. Ce rapprochement entre les deux principaux partis de gauche atteint ses limites lorsque le 12 juin le PCF soumet à la SFIO unecharte d'unité de la classe ouvrièremais soumet sa réunification avec la SFIO à l'acceptation du « matérialisme dialectique de Marx et Engels enrichi par Lénine et Staline »39. La réunification n'aura pas lieu mais les tentatives d'unification de la gauche seront relayées fin août 1945 par la CGT qui constitue autour d'elle une délégation des gauches à laquelle le MRP n'est pas invité40et qui accouche le 6 novembre 1945 d'un programme qui se veut une mise au point du programme du CNR41. Ce programme de 1945 n'est guère plus détaillé que le programme du CNR pour ce qui concerne laSécurité sociale, mais précise les conditions des nationalisations envisagées par le manifeste : transfert du capital à l'État et transfert de la direction à des conseils bipartites composés de travailleurs et de représentants de l'intérêt général41.

De nettes divergences apparaissent dans le programme du MRP, publié le 8 novembre, c'est-à-dire deux jours après celui de la gauche. Le programme du MRP prévoit la nationalisation de laBanque de France, mais pas celle des autres banques. Par contre, le périmètre des entreprises n'est pas moins vaste que celui des gauches, mais les modalités de gestion de l'État sont diverses, depuis la régie d'État jusqu'à la coopérative de production. Les gauches, tout comme le MRP, souhaitent revoir l'ordonnance du 22 février sur les comités d'entreprise pour introduire la participation des ouvriers à la gestion41.

De Gaulle, élu président d'un gouvernement tripartite, à l'unanimité, le 13 novembre 1946, se déclare d'abord assez réservé vis-à-vis des programmes, mais accomplit finalement, conformément à des promesses queRené Plevenavait faites à l'Assemblée consultative en juillet 194542, un programme de nationalisations intermédiaire entre le programme des gauches et celui du MRP43 :

  • 2 décembre 1945, nationalisation de la Banque de France et de quatre grandesbanques de dépôt.
  • 18 janvier 1946, dépôt à l'Assemblée de projets de loi sur la nationalisation de l'électricité et du gaz.

En désaccord avec l'Assemblée constituante sur la conception de l'État et le rôle des partis, de Gaulle démissionne le 20 janvier 1946. Dans la question de la nationalisation des banques, il avait dû mettre tout son poids dans la balance pour que les deux plus grandes banques d'affaires (Banque de Paris et des Pays-BasetBanque de l'Union Parisienne) ne soient pas nationalisées. De Gaulle a également veillé, avec le soutien du MRP et de la SFIO à ce que les anciens actionnaires soient indemnisés correctement42. La confisaction deRenaultest une exception.

Après le départ de de Gaulle, le nouveau président du ConseilFélix Gouinannonce que la défense du franc est à l'ordre du jour. Parmi la liste d'économies à réaliser figure une réduction massive des frais généraux des établissements nationalisés. L'adoption de la loi sur la nationalisation de l'électricité et du gaz est laborieuse, le MRP et la SFIO souhaitant un système plus décentralisé que celui proposé par le ministre communisteMarcel Paul. Les députés MRP votent finalement la loi après avoir déposé 77 amendements qui ne furent généralement pas adoptés44. Les nationalisations des compagnies d'assurances sont également une source de dissension entre les communistes qui demandent la nationalisation totale du secteur alors que les socialistes ne demandent que la nationalisation de 48 compagnies, représentant 65 % du secteur44. Une série de mesures est adoptée par l'Assemblée constituante dans la semaine du 23 au 26 avril avant qu'elle ne se sépare pour le référendum du 5 mai44.

  • 21 février 1946, rétablissement de la loi des quarante heures.
  • 28 mars 1946, vote de la loi sur la nationalisation de l'électricité et du gaz.
  • 24 avril 1946, nationalisation des grandes compagnies d'assurances.
  • 25 avril, extension du nombre et des attributions des comités d'entreprises.
  • 26 avril 1946, généralisation de laSécurité socialeincluant laRetraite des vieux.

Le référendum constitutionnel est un échec pour les partis de gauche et par conséquent un succès pour le MRP qui prônait le non. L'Assemblée est dissoute et le MRP devenant le premier parti de France, l'un de ses membres,Georges Bidault, devient Premier ministre. Au cours des campagnes électorales, les trois grands partis ont continué d'affirmer leur fidélité au programme du CNR. En fait, il n'y a plus de consensus pour aller plus loin dans les nationalisations. Le PCF est seul à proposer la nationalisation des ressources thermales et de lasidérurgie. La loi sur le statut de lafonction publique, présentée parMaurice Thorezest la seule que l'on puisse qualifier de réforme de structure45.

Avec 28 % des suffrages, le PCF sort renforcé des élections législatives du 10 novembre 1946 et tente d'apparaître comme un parti de gouvernement. Ainsi, Maurice Thorez déclare dans une interview au quotidien anglaisThe Timesqu'il existe « pour la marche du socialisme d'autres chemins que celui suivi par les communistes russes », mais après son échec à accéder à la présidence du gouvernement, Thorez est désavoué par le comité central de son parti qui déclare le 27 novembre « Les nationalisations ne sont pas des mesures socialistes ... La première condition de l'introduction du socialisme dans un pays, c'est l'institution d'un État socialiste. » Le PCF est donc revenu à ses positions de 194346. Le MRP qui continue de s'affirmer fidèle au programme du CNR met de plus en plus l'accent sur le retour de la liberté économique. La SFIO est donc pratiquement seule à œuvrer pour la poursuite des nationalisations. Le projet concernant les principales compagnies de navigation maritimes est sérieusement édulcoré par le MRP et les radicaux. Le début de laguerre froideet le renvoi des ministres communistes le 5 mai 1947 signifie la fin d'une tranche de la vie politique française à laquelle se rattache le programme du CNR46.

Généalogie des réformes économiques et sociales de la Libération[modifier]

Si les différents législateurs de la période 1944-1947 ont explicitement associé leur œuvre législative au programme du CNR, ces mesures économiques et sociales peuvent également être placées dans une perspective plus large. Différents auteurs ont ainsi traité la question de la rupture ou de la continuité avec la période précédente, celle duRégime de Vichy.

En matière de droit social, il apparait que le rétablissement des libertés syndicales apparait bien comme une rupture par rapport à laCharte du travailde Vichy, ou, plus exactement, c'est la Charte du travail qui est une parenthèse dans l'évolution dudroit du travail français47.

En matière de protection sociale et de planification, c'est en revanche la continuité qui prédomine48, l'ensemble des mesures sociales suivent les lignes de force de la protection sociale, qui vont de laTroisième Républiqueà laQuatrième Républiqueen passant par leRégime de Vichyet laLibération49. Pour Richard Kuisel, sous certains aspects, Vichy et la Résistance s'opposent ensemble à laTroisième république:

« Malgré des différences évidentes, les réformes proposées par Vichy et par la Résistance avaient beaucoup de points en commun. les unes comme les autres visaient à une renaissance nationale, à une réconciliation sociale, à une restauration morale, à une économie planifiée plus juste, à un État plus dynamique »50

Robert Paxtonrappelle également la continuité du personnel de la haute administration qui met les réformes en œuvre« certes, la IVe République reviendra, dans ce cas comme dans bien d’autres, aux pratiques de la IIIe - certains des plans quinquennaux seront soumis à l’examen du Parlement – mais les fonctionnaires gardent dans l’économie nationale un rôle qui rappelle beaucoup plus Vichy que l’avant-guerre »51.

Dans le système de retraite, le principe derépartitionn'était pas expressément prévue dans le programme du CNR mais avait été déjà mise en œuvre par leRégime de Vichy52.Pierre Laroqueque l'on considère come le « père de la sécurité sociale » avait été au tout début de l'occupation membre du cabinet du ministre du travailRené Belin. Ce cabinet avait publié en septembre 1940 un rapport qui prévoyait de substituer aux différentes caisses d'affinité une caisse départementale unique chargée de la gestion des congés payés, des allocations familiales et du volet maladie des assurances sociales. Il était également prévu qu'une Caisse de solidarité nationale recevrait la responsabilité de l'ensemble de la branche vieillesse53. Si Laroque connaissait bien le système de protection sociale mis en place par Belin, comme il avait rejoint Londres à partir de jun 1943, il était également informé des différentsrapports Beveridged'où découlent plus ou moins les principes de l'État-providencedans le monde anglo-saxon. D'après Belin lui-même, Laroque aurait plus emprunté aux rapports Beveridge qu'au projet de septembre 1940 auquel Laroque fut mêlé54.

 

Le programme du CNR dans la Mémoire[modifier]

Une longue nuit[modifier]

Après avoir revêtu une valeur emblèmatique dans laquelle se reconnaissaient les acteurs de la Libération au cours de la période 1944-1947, le programme du CNR disparait de la scène publique pendant près d'un demi-siècle, à partir de 1947 où avec l'arrivée de laguerre froideet la fondation duRPF, l'éclatement de l'union née de la Résistance est consommé55.

De 1972 à 1981, alors que leProgramme commundébattu entre les partis de gauche est mis à l'ordre du jour, le souvenir du programme du CNR n'est pas réactivé. Claire Andrieu explique cet oubli par le fait que la bipolarisation de la vie politique et la problèmatique de l'union de la gaucherendent inopportune la référence à une expérience d'union nationale55. À la suite de l'effondrement des régimes communistes de l'Europe de l'Est symbolisé par laChute du mur de Berlinet du succès apparent des conceptions libérales de l'économie que l'on a appelénéolibéralismeque la référence au programme du CNR, à fort contenudirigiste, a retrouvé une utilité55.

La résurgence de 1994 et Soixantième anniversaire (2004)[modifier]

En 1994, le président de la République préside une commémoration en hommage au CNR et à son programme, mais déjà, à partir de 1993, le quotidien communistel'Humanitéa redécouvert le texte pour en faire le symbole d'une économie basée sur un service public fort55.

C'est d'ailleurs un communiste,Jacques Nikonoffqui préside le mouvementATTACqui organise à l'occasion du soixantième anniversaire de l'adoption du programme du CNR, un appel lancé le 10 mars 2004 par d'anciens résistants, faisant un parallèle entre le néo-libéralisme et les puissances d'argent dénoncées dans l'appel originel. L'appel se termine par le slogan « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ». Treize résistants, particulièrement illustres, ont signé le texte:
Lucie Aubrac,Raymond Aubrac,Henri Bartoli,Daniel Cordier,Philippe Dechartre,Georges Guingouin,Stéphane Hessel,Maurice Kriegel-Valrimont,Lise London,Georges Séguy,Germaine Tillion,Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey56.

En 2010, l'un des signataires de l'appel du soixantième anniversaire,Stéphane Hessel, alors âgé de 93 ans, publie un opuscule,Indignez-vous !, qui rencontre un grand succès. Dans le texte, Stéphane Hessel évoque largement le programme du CNR et affirme que « C'est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd'hui remis en cause ». Le texte se termine à nouveau par le slogan de l'appel du soixantième anniversaire « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».

Controverses[modifier]

Dans un article de 2007 que Claire Andrieu qualifiera en 2011 de brillant et provocateur avant de démonter son argumentation57,Denis Kessler, ancien vice-président duMEDEFutilise lui aussi « le programme du CNR » pour désigner l'ensemble des réformes de 1945 « Il s'agit  aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »58

Texte intégral du programme du CNR[modifier]

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Programme du Conseil national de la Résistance

3 Mars 2013, 19:07pm

Publié par hugo

Programme du Conseil national de la Résistance

LeProgramme du Conseil national de la Résistancesouvent abrégé enProgramme du CNRest un texte adopté à l'unanimité par leConseil national de la Résistancefrançais le15mars1944.

Ce texte de moins d'une dizaine de feuillets1comprend deux parties, un « plan d'action immédiate » qui concerne l'action de laRésistance intérieure françaiseà mener dans l'immédiat dans la perspective de laLibérationet les « mesures à appliquer dès la Libération du territoire », sorte de programme de gouvernement qui comprend à la fois des mesures ayant trait à l'épuration et des mesures à beaucoup plus long terme comme le rétablissement du suffrage universel, les nationalisations ou la sécurité sociale.

La postérité a plus retenu la seconde partie, car la majorité des propositions de caractère programmatique fut effectivement adoptée entre la Libération de 1944 et le début de 1946. Par rapport à d'autres programmes de gouvernement une des spécificité du programme du CNR est d'avoir été adopté par tout l'éventail politique représenté au sein de la Résistance française2.

Résumé du Programme du CNR[modifier]

La première partie « plan d'action immédiate » commence par un certain nombre de constats et affirme ensuite la nécessité de la lutte armée et la reconnaissance dede Gaulleet de l'autorité duComité français de la Libération nationale:

« par l'intensification de la lutte menée par les forces armées, par les organisations constituées par les masses, que pourra être réalisée l'union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la Libération nationale inséparable, comme l'a dit le Général de Gaulle, de l'insurrection nationale qui... sera dirigée par le C.N.R. sous l'autorité du C.F.L.N. »

Une partie importante du texte est ensuite consacrée à la création desComités départementaux de libération(CDL). Le rôle de ces comités se distingue de celui desForces françaises de l'intérieur(FFI) dont les attributions sont également définies.

Dans la seconde partie, « Mesures à appliquer dès la Libération du territoire », il est d'abord prévu de«  veiller au châtiment des traîtres et l'éviction, dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle, de tous ceux qui auront pactisé avec l’ennemi ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration »et d'instaurer la confiscation des biens traîtres et des trafiquants demarché noir.

Viennent ensuite

  • des mesures politiques comme le rétablissement de ladémocratie, dusuffrage universelet de laliberté de la presse,
  • des mesures économiques caractérisées par« 'l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie' »et qui consiste donc à ce qu'on appellera généralement lesnationalisationset qui est exprimé dans le texte comme« le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques »
  • des mesures sociales et notamment un rajustement important des salaires le rétablissement d'un syndicalisme indépendant et des délégués d'atelier et« un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État »

Histoire de l'élaboration du programme du CNR[modifier]

La première partie du programme du CNR a peu d'antécédents dans l'Histoire de Francepuisqu'elle concerne l'organisation d'une insurrection armée dans un pays sous domination étrangère, ce qui correspond à une situation historique que la France contemporaine n'avait jamais connu. Quant à la seconde partie, « réformes à appliquer dès la libération du territoire », elle s'inscrit dans la tradition des programmes communs de gouvernement3. Le premier programme commun de gouvernement est celui de la « Réunion de la Montagne » paru enavril 1849. Dans son préambule, le programme soulignait le rôle du programme dans les rouages de la démocratie. D'une façon générale, les droites, « empiriques et conservatrices »4sont peu enclines à « programmer ».De Gaullelui-même exprime ses doutes sur l'utilité des programmes politiques lorsqu'il sera élu président duGouvernement provisoire de la République française3. Si la tradition de gauche se montre plus ouverte à l'usage de programmes de gouvernement, les seuls précédents historiques antérieurs à 1940 sont ceux de 1849 et de 19365.

1935-1936: Le Programme de gouvernement du Comité national de rassemblement populaire[modifier]

À partir de 1934 et de la convergence qui s'établit au sein de la gauche, d'abord dans une perspective anti-fasciste, et ensuite au sein duComité National du Rassemblement Populairequi rassemble les forces de gauche qui soutiennent leFront Populaire, l'établissement d'un programme commun n'apparait pas comme une évidence6L'inscription desnationalisationsque l'on appelle alors souvent « socialisations » au sein d'un programme de gouvernement est une demande des socialistes de laSFIOvis-à-vis de laquelle lescommunistes françaisse montrent très réticents, comme le justifieraMaurice Thorezdans un article deL'Humanitéen janvier 1935« ... La moindre action vaut mieux que douze programmes (...) ce que Marx a voulu nous faire entendre, ce que Lénine et les bolcheviks ont su comprendre (...) c'est qu'il importe surtout d'agir »7. Au moment de l'adoption d'un programme commun duComité National du Rassemblement Populairecréé le 17 juin 1935 pour préparer une victoire électorale aux élections législatives de 1936, les communistes reçoivent l'appui des radicaux pour une approche minimaliste des nationalisations. Le compromis obtenu ne prévoit en effet que « la nationalisation des industries de guerre » et le terme de « nationalisation » n'est pas prononcé pour le cas de laBanque de Francepourtant en voie d'être également « nationalisée »8.Léon Blumpersistera jusqu'en 1942, dans ses prisons du Puy-de-Dôme, dans l'idée de proposer un programme de gouvernement, comme en témoignent aussi bien les lettres qu'il écrit à ses amis socialistes ou auGénéral de Gaulle.

Janvier 1943: Le programme du Comité d'Action Socialiste[modifier]

Des évènements qui marquent le début de laSeconde Guerre mondiale, comme lePacte germano-soviétique, ladissolution du Parti communiste, la « drôle de guerre », créent un clivage entre les socialistes et les communistes qui ne prend fin qu'à la fin de 1942, avec des contacts directs entre leComité d'action socialiste(CAS) et le Parti communiste, tous deux clandestins9. En fait, les communistes privilégient l'union nationale et l'alliance avec la résistance gaulliste plutôt que la formation d'un Front Populaire clandestin, si bien que le C.A.S. publie tout seul en janvier 1943 « Notre Programme », premier programme politique pour l'après-guerre émanant d'un parti clandestin, qui prévoit cinq séries de mesures parmi lesquelles on peut noter le vote des femmes, « l'élimination totale des trusts de la vie nationale », « l'élimination progressive de la concurrence et du profit » , « la nationalisation du crédit et des banques, des compagnies d'assurances, des industries clées et du commerce extérieur », le maintien et l'amélioration des lois sociales acquises par les travailleurs avant 193910. Quelques mois plus tard, les socialistes, définitivement ralliés à de Gaulle, proposent auConseil national de la Résistanceconstitué le 27 mai 1943 un « Programme commun » propose à laRésistance française qui abandonne l'abolition de la concurrence, mais introduit la participation à la gestion des ouvriers et des techniciens. Il ne semble pas que ce programme ait été discuté par les membres du CNR, car il est doublé par un programme émanant duComité français de la Libération nationale(CFLN) et présenté au CNR parÉmile Laffonle 15 juillet 194311.

Juillet 1943: Le projet Laffon du CFLN[modifier]

Leprojet Laffonressemble beaucoup au programme socialiste, peut-être parce que des socialistes de Londres commeAndré PhilipouGeorges Borisont participé à la rédaction des deux projets. On ignore d'ailleurs si l'ensemble des membres du CFLN ont eu connaissance du projet. Le projet Laffon comprend une Charte économique et sociale qui prône ledirigisme, c'est-à-dire, selon les auteurs du texte, « L'orientation et le contrôle de la production par l'État en faveur de la collectivité », ce qui exige « l'élimination préalable des féodalités économiques ». Dans ce texte, le terme « socialisation » (des grandes banques distributves du Crédit) est utilisé à la place de « nationalisation». La charte du projet Laffon limite aux aspects techniques la participation des salariés à la gestion de l'entreprise, mais prévoit une participation des travailleurs aux bénéfices, soit à titre individuel, soit pour les œuvres sociales. En matière internationale, on trouve dans le projet Laffon l'idée que « des abandons de souveraineté nationale » devront intervenir « au profit d'une Communauté d'États supérieure » appelée également « Ligue Universelle ». Cette idée était également présente dans le programme socialiste12.

André Mercierreprésentant le parti communiste au CNR s'est opposé à ce projet de Ligue Universelle, mais il s'oppose également aux développements économiques du projet Laffon auquel il reproche, en gros, selon les termes de l'historienne Claire Andrieu, « son manque de marxisme ». Les représentants des droites au sein du CNR telsJoseph Laniel(Alliance démocratique)ou le professeurLouis Marin(URD) s'opposent au projet Laffon pour des raisons inverses. Le premier est favorable à un retour à un libéralisme total dans le cadre national, et le second aurait parlé de « projet naziste, fasciste et vichyssois ». Le projet reçoit un accueil favorable des autres organisations représentées au CNR, mais leFront Nationalfait pencher la balance au profit du rejet du texte en revendiquant une position unanimiste: il ne faut pas que l'adoption de ce texte puisse écarter de laRésistanceun seul de ses membres13. Le communistePierre Villon, représentant le Front National au sein du CNR jouera par la suite un rôle essentiel dans l'adoption du texte final, en mars 1944.

Septembre 1943: le programme de la CGT[modifier]

Les représentants des syndicats,CGTetCFTCs'étaient déclarés favorables au projet Laffon. Après la scission, de fait, de 1939, les deux tendances, confédérée et communiste (que l'on appelle unitaire, en souvenir de laCGTU), s'étaient rapprochées puis réunifiées à la suite desAccords du Perreux. En fait, leProgramme d'action d'après-guerrequeLouis Saillantpropose au CNR au nom de la CGT en septembre 1943 contient à la fois des parties qui ont reçu l'accord des deux tendances, comme le rétablissement de la légalité républicaine mais aussi des parties ou chacune des deux tendances a déposé des motions distinctes. Ainsi le principe duClosed shop, c'est-à-dire du monopole de l'embauche par le syndicat n'est-il proposé que par les unitaires communistes alors que les ex-conférés souhaitent conserver la primauté de l'État dans les offices de placement et les autorisations de licenciement, les syndicats n'exerçant qu'un rôle de contrôle. Un autre désaccord concerne l'avenir desComités d'organisation, ces sortes de syndicats professionnels disposant de prérogatives publiques14, mis en place parVichyet qui sont l'expression à la fois ducorporatismeet dudirigismede laRévolution nationale. Les confédérés proposent de réformer ces comités et en chassant « les trusts » et en renforçant le rôle de l'État et la représentation des syndicats alors que les unitaires demandent la suppression pure et simples de ces comités qui ne peuvent que renforcer « les trusts »15.

Novembre 1943: le rapport du Comité national des Études[modifier]

Si le document de la CGT renferme nécessairement des contradictions du fait de l'expression divergentes des deux tendances, un autre document publié également à l'automne 1943 renferme suffisamment de contradictions pour le rendre totalement inexploitable. Il s'agit duRapport sur la politique économique d'après-guerreélaboré par leComité National des Etudes, créé sous le nom deComité des experts, en juin 1942, à l'initiative deJean Moulinet deFrançois de Menthon. Le volumineux rapport de 1943, souvent appeléRapport Courtinsera l'œuvre de neuf membres du Comité parmi lesquelsRené Courtin,Pierre-Henri TeitgenetEmmanuel Monick. Selon Claire Andrieu, le rapport Courtin est écartelé entre ses convictions libérales et sa volonté de satisfaire l' « opinion publique » jugée unanimement acquise aux nationalisations. Dans les « Remarques » du PCF qui descendent en flamme le rapport, il apparaît que le PCF s'intéresse aux nationalisations en les présente comme un moyen de « libérer la France de la domination antinationale et antisociale des hommes des trusts ». Cette acceptation apparente des nationalisations sans abolition préalable du régime capitaliste est une nouveauté de la part du PCF qui se ralliera définitivement à cette idée au début de 194516.

Décembre 1943-janvier 1944: la discussion du projet du Front National[modifier]

De novembre 1943 à août 1944, il n'y eut aucune réunion plénière du CNR. Le bureau du CNR va donc être amené à jouer un rôle essentiel dans l'élaboration du texte adopté le 15 mars 1944. Les cinq membres du bureau du CNR sontGeorges Bidault, président, qui représente leparti radicalet l'Alliance démocratique,Louis Saillantqui représente d'abord laCGT, mais aussi leparti socialiste,Libération-Nordet laCFTC,Pascal Copeau, membre deLibération-Sud, qui représente aussi lesMouvements unis de la Résistance(MUR),Maxime Blocq-Mascart, membre de l'Organisation civile et militaire(OCM), qui représente aussiCeux de la RésistanceetCeux de la Libération, et enfin,Pierre Villon, secrétaire duFront Nationalqui représente aussi lePCFet laFédération républicaine. Finalement, avec un homme de droite (Blocq-Mascart), deux socialisants (Saillant et Copeau) et un communiste (Villon), selon Claire Andrieu, le bureau est représentatif de l'ensemble du CNR17. Au sein du bureau, Villon a joué un rôle moteur qu'il a évoqué dans ses mémoires:

« Au cours de l'été 1943, Émile Laffon ... propose au CNR une charte, une sorte de manifeste pour l'après-guerre. Nous ne pouvions nous cantonner dans une attitude négative, j'opte pour la rédaction d'un contre-projet... mais avant de déposer le contre-projet, j'ai eu une entrevue – la seule que j'ai eu durant toute cette période – avec Jacques Duclos et Benoît Frachon »18

C'est à la ferme de Beaudreville, àGometz-la-Ville, dans le Hurepoix que Villon a rencontré avecAndré Mercierles deux dirigeants du PCF clandestin,Jacques DuclosetBenoît Frachon. C'est la seule fois où les deux dirigeants ont eu un contact direct avec un responsable du parti non membre du secrétariat au sein de leur dispositif clandestin19.

À la suite de cet entretien avec Duclos et Frachon, Villon rédige unProjet de Charte de la Résistance proposée par le F.N.dont l'essentiel consiste en un appel à l'action immédiate contre l'occupant et qui se termine par un ensemble succinct de mesures, à la fois libérales et sociales, souhaitées pour la période suivant la Libération. Claire Andrieu note que ces réformes ne sont "pas plus révolutionnaires que le programme du Front populaire"17. Le bureau du CNR se réunit une à deux fois par semaine entre décembre 1943 et janvier 1944. En plus des cinq membres,Jacques Bingen, délégué du CFLN assiste aux séances. La majeure partie du temps de réunion est consacré à l'examen du projet du F.N. et à la désignations des Administrateurs provisoires, futurs Secrétaires Généraux provisoires des ministères. En janvier 1944, le bureau du CNR adopte à l'unanimité uneCharte de la Résistance, proche du projet du F.N., où les réformes de l'après-libération sont modifiées dans un sens légèrement plus "socialisant"20. .

15 mars 1944, l'adoption du Programme d'action de la Résistance[modifier]

CetteCharte de la Résistanceest envoyée à tous les membres du CNR pour examen. Un certain nombre de critiques sont exprimées et Le bureau du CNR confie la reprise du texte au comité directeur des M.U.R. dont les trois membres sontPascal Copeau,Claude BourdetetAntoine Avinin21. Les trois membres des M.U.R. font appel aux représentants de trois autres mouvements de résistance,France au Combat,Défense de la FranceetRésistance, formant ainsi le comité directeur d'une nouvelle structure, leMouvement de libération nationale. Ce comité de 6 personnes envoie un projet remanié, adopté par le bureau du CNR le 28 février 1944 sous le nom deProgramme d'action de la Résistance22.

Il reste à faire approuver ce texte par tous les membres du CNR. Si les partis de droite se laisssent convaincre assez vite, les socialistes sont beaucoup plus longs à convaincre. Depuis décembre 1943, les débats les plus vifs ne portent pas sur les mesures à mettre en œuvre après la Libération, mais sur le programme d'action immédiate. Les socialistes soupçonnent les communistes de vouloir développer l'action immédiate pour se mettre en mesure de conquérir le pouvoir politique. Les communistes ne sont pas les seuls à promouvoir le développement de l'action immédiate, ils trouvent à leurs côtés des hommes de droite commePierre de Bénouville,Jacques RenouvinouHenri Frenay. Lorsque les socialistes proposent un "comité d'entente" aux communistes, ces derniers refusent au nom de l'union de la résistance, et rejettent toute référence à laLutte des classes« pour ne pas donner un motif de division entre français ». Le tournant sera pris par un long article intitulela peur du peuple et la trahison de la patriepublié dans l'Humanité le 15 mars 1944 où l'auteur,Jacques Duclos, relance le thème de la résistance comme combat du peuple et de son parti, le parti communiste23.

Après une ultime modification du texte dans la première quinzaine de mars par Copeau, Bourdet etDaniel Mayerl'appel à l'action immédiate est très légèrement atténué et l'aspect social réformateur est accentué. Le texte final est adopté par le bureau du CNR le 15 mars 1944. Contrairement à l'affirmation de l'introduction du texte, il n'y a pas eu d'assemblée plénière, mais un examen attentif des différences moutures du texte fait apparaître que leProgramme d'action de la Résistancea bénéficié de la participation de toutes les tendances représentées au sein du CNR24.

La mise en œuvre du programme du CNR[modifier]

Il est difficile de dire si l'ensemble des mesures prévues dans le « plan d'action immédiate » furent mises en œuvre, car l'adoption du programme en mars 1944 n'a pas mis un terme aux discussions sur l'unité de la Résistance. Si lesComité départementaux de libération(CDL) prévus par le programme furent effectivement légalement mis en place par leCFLNd'Alger par l'ordonnance du21avril1944, lesMilices patriotiquesprévues dans les attributions des CDL et mises en place par les communistes à partir de juin 1944 sont très vite l'objet de dissenssions entre les organisations qui se réclament du programme25,26. LaLibération de Parisen août 1944 rendra largement caduque le « plan d'action immédiate ». Dès lors, c'est la deuxième partie que l'on désigne généralement sous le nom de « programme du CNR » et qui devient le guide des réformes mises en œuvre par legouvernement provisoire, et à partir du 21 octobre 1945, par les gouvernements bénéficiant du soutien d'assemblées législatives élues27.

Un programme peu diffusé de mars à août 1944[modifier]

Jusqu'à la Libération de la majeure partie de la France en août 1944, le programme du CNR n'a connu qu'un impact relativement faible. Après son adoption à Paris, en mars 1944, le programme fut rapidement connu à Alger, mais en dépit d'un vote unanime des délégués de l'assemblée consultative d'Algerdemandant au gouvernement provisoire « d'établir les conditions préalables au retour à la nation des grands moyens de production réclamés par le conseil national de la Résistance », le programme du CNR n'a pas reçu l'approbation officielle du CFLN. Au moment de laLibération de Paris, sur proposition deDaniel Mayer, le CNR avait prévu de remettre solennellement le programme au général de Gaulle et de l'inviter à proclamer la République, mais personne ne remis le Programme à de Gaulle qui ne proclama pas la République puisqu'il défendait l'idée qu'elle n'avait jamais cessé d'exister28.

  • Le 27 juillet 1944, une des mesures figurant dans le programme du CNR est accomplie avant la Libération de Paris: le GPRF d'Alger rétablit la liberté syndicale et abolit laCharte du travail29.

D'une façon générale, la diffusion du programme de la Résistance est faible et inégale. Un petit nombre de publications clandestines donnèrent un large écho auProgramme de la Résistance. SeulLibérationle publie in extenso, alors queCombatetFranc-Tireurne le publient que partiellement. Mais un grand nombre de publications n'en firent même pas mention dans la clandestinité,L'Humanité,Témoignage chrétien,Défense de la France, pour n'en citer que quelques-unes30.

Les ordonnances du Gouvernement provisoire (août 1944- octobre 1945)[modifier]

À partir de septembre 1944, l'application de son programme devient la principale raison d'être du CNR qui perdure jusqu'en 1947.Louis Saillantsuccède à Georges Bidault nommé ministres des affaires étrangères. Le 7 octobre 1944, le CNR organise un vaste rassemblement auVel d'Hivet fait acclamer par une foule immense les grandes lignes de son programme31.

Au moment de la Libération, les socialistes de laSFIOreprésentent, avec les syndicalistes de laCGTréunifiée, les partisans les plus convaincus du programme du CNR. Les socialistes considèrent les nationalisations pas seulement comme des mesures socialistes, mais aussi des mesures patriotiques32. LePCFsemble hésiter entre la promotion de son propre programme et celle du programme du CNR, mais il affirme plus clairement son adhésion au programme du CNR après le retour en France deMaurice Thorezet l'acceptation de la dissolution desMilices patriotiquesen novembre 1944. En janvier 1945, Thorez se prononce pour « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés », c'est-à-dire pour les nationalisations, mais cette revendication est moins pressante que celle concernant l'épuration33. Troisième tendance bien représentée dans la Résistance, lesdémocrates chrétiensfondent un parti, leMouvement républicain populaire(MRP) en novembre 1944. Jusqu'au printemps 1945, ils sont animés d'une « foi révolutionnaire » , selon les mots de Claire Andrieu qui fait remarquer qu'avec le quotidien socialisteLe Populaire, le journal d'inspiration démocrate chrétienneL'Aubeappelle à la « Révolution » de façon récurrente alors qu'à la même époque les journaux communistes ne l'évoquent pas. Le MRP, selon ses objectifs annoncés le 5 septembre veut « en finir avec le régime capitaliste et la dictature de l'argent » mais marque sa réserve vis-à-vis des nationalisations en invoquant la « libéralisation de l'économie »34. En décembre 1944Emmanuel d'Astier de la Vigeriedépose à l'Assemblée consultative provisoireun ordre du jour réclamant d'urgence la nationalisation des grandes entreprises du pays, ordre du jour qui recueille l'unanimité des délégués prenant part au vote. En juillet 1945, Jacques Duclos fait adopter un ordre du jour qui réclame d'urgence les nationalisations et l'épuration économique. Il n'y a guère que Joseph Denais, membre de laFédération républicainequi tente de s'y opposer en déposant une proposition tendant à maintenir l'État dans le contrôle et la coordination en excluant toute étatisation ou socialisation35.

Legouvernement provisoirelui-même n'a jamais reconnu le programme du CNR.de Gaullelui-même se garde bien de se référer au CNR lorsque le 12 septembre 1944, au palais de Chaillot, il annonce les « principes» qui vont guider son action36:

«  ...tout en assurant à tous le maximum de liberté, et tout en favorisant en toute matière l'esprit d'entreprise, elle (la France) veut faire en sorte que l'intérêt particulier soit toujours contraint de céder à l'intérêt général, que les grandes sources de la richesse commune soient exploitées et dirigées ... pour l'avantage de tous, que les coalitions d'intérêt ... soient abolies une fois pour tous, et qu'enfin chacun de ses fils, chacune de ses filles puisse vivre, travailler, èlever ses enfants dans la sécurité et la dignité...  »


Entre décembre 1944 et octobre 1945, le gouvernement provisoire est amené à prendre une série d'ordonnances allant dans le sens des mesures préconisées par le programme du CNR37.

Les réformes économiques et sociales en 1946[modifier]

Des élections générales du 21 octobre 1945, sortent vainqueurs avec 75 % des suffrages, les trois partis qui mettent en avant l'application du programme du CNR : le PCF, le SFIO et le MRP.

Un bref retour en arrière est nécessaire pour faire état d'un rapprochement qui s'est amorcé entre temps le PCF et la SFIO et qui s'est traduit par la publication d'unmanifeste du comité d'entente socialiste-communisteoù le champ des nationalisations est revu à la hausse par rapport à un texte communiste déposé à l'Assemblée trois jours plus tôt. La liste des nationalisations comprend les Houillères, mines de fer et de bauxite, la production de ciment, les transports terrestres et aériens, la grosse industrie. Ce rapprochement entre les deux principaux partis de gauche atteint ses limites lorsque le 12 juin le PCF soumet à la SFIO unecharte d'unité de la classe ouvrièremais soumet sa réunification avec la SFIO à l'acceptation du « matérialisme dialectique de Marx et Engels enrichi par Lénine et Staline »39. La réunification n'aura pas lieu mais les tentatives d'unification de la gauche seront relayées fin août 1945 par la CGT qui constitue autour d'elle une délégation des gauches à laquelle le MRP n'est pas invité40et qui accouche le 6 novembre 1945 d'un programme qui se veut une mise au point du programme du CNR41. Ce programme de 1945 n'est guère plus détaillé que le programme du CNR pour ce qui concerne laSécurité sociale, mais précise les conditions des nationalisations envisagées par le manifeste : transfert du capital à l'État et transfert de la direction à des conseils bipartites composés de travailleurs et de représentants de l'intérêt général41.

De nettes divergences apparaissent dans le programme du MRP, publié le 8 novembre, c'est-à-dire deux jours après celui de la gauche. Le programme du MRP prévoit la nationalisation de laBanque de France, mais pas celle des autres banques. Par contre, le périmètre des entreprises n'est pas moins vaste que celui des gauches, mais les modalités de gestion de l'État sont diverses, depuis la régie d'État jusqu'à la coopérative de production. Les gauches, tout comme le MRP, souhaitent revoir l'ordonnance du 22 février sur les comités d'entreprise pour introduire la participation des ouvriers à la gestion41.

De Gaulle, élu président d'un gouvernement tripartite, à l'unanimité, le 21 novembre 194542, se déclare d'abord assez réservé vis-à-vis des programmes, mais accomplit finalement, conformément à des promesses queRené Plevenavait faites à l'Assemblée consultative en juillet 194543, un programme de nationalisations intermédiaire entre le programme des gauches et celui du MRP44 :

  • 2 décembre 1945, nationalisation de la Banque de France et de quatre grandesbanques de dépôt.
  • 18 janvier 1946, dépôt à l'Assemblée de projets de loi sur la nationalisation de l'électricité et du gaz.

En désaccord avec l'Assemblée constituante sur la conception de l'État et le rôle des partis, de Gaulle démissionne le 20 janvier 1946. Dans la question de la nationalisation des banques, il avait dû mettre tout son poids dans la balance pour que les deux plus grandes banques d'affaires (Banque de Paris et des Pays-BasetBanque de l'Union Parisienne) ne soient pas nationalisées. De Gaulle a également veillé, avec le soutien du MRP et de la SFIO à ce que les anciens actionnaires soient indemnisés correctement43. La confisaction deRenaultest une exception.

Après le départ de de Gaulle, le nouveau président du ConseilFélix Gouinannonce que la défense du franc est à l'ordre du jour. Parmi la liste d'économies à réaliser figure une réduction massive des frais généraux des établissements nationalisés. L'adoption de la loi sur la nationalisation de l'électricité et du gaz est laborieuse, le MRP et la SFIO souhaitant un système plus décentralisé que celui proposé par le ministre communisteMarcel Paul. Les députés MRP votent finalement la loi après avoir déposé 77 amendements qui ne furent généralement pas adoptés45. Les nationalisations des compagnies d'assurances sont également une source de dissension entre les communistes qui demandent la nationalisation totale du secteur alors que les socialistes ne demandent que la nationalisation de 48 compagnies, représentant 65 % du secteur45. Une série de mesures est adoptée par l'Assemblée constituante dans la semaine du 23 au 26 avril avant qu'elle ne se sépare pour le référendum du 5 mai45.

  • 21 février 1946, rétablissement de la loi des quarante heures.
  • 28 mars 1946, vote de la loi sur la nationalisation de l'électricité et du gaz.
  • 24 avril 1946, nationalisation des grandes compagnies d'assurances.
  • 25 avril, extension du nombre et des attributions des comités d'entreprises.
  • 26 avril 1946, généralisation de laSécurité socialeincluant laRetraite des vieux.

Le référendum constitutionnel est un échec pour les partis de gauche et par conséquent un succès pour le MRP qui prônait le non. L'Assemblée est dissoute et le MRP devenant le premier parti de France, l'un de ses membres,Georges Bidault, devient Premier ministre. Au cours des campagnes électorales, les trois grands partis ont continué d'affirmer leur fidélité au programme du CNR. En fait, il n'y a plus de consensus pour aller plus loin dans les nationalisations. Le PCF est seul à proposer la nationalisation des ressources thermales et de lasidérurgie. La loi sur le statut de lafonction publique, présentée parMaurice Thorezest la seule que l'on puisse qualifier de réforme de structure46.

Avec 28 % des suffrages, le PCF sort renforcé des élections législatives du 10 novembre 1946 et tente d'apparaître comme un parti de gouvernement. Ainsi, Maurice Thorez déclare dans une interview au quotidien anglaisThe Timesqu'il existe « pour la marche du socialisme d'autres chemins que celui suivi par les communistes russes », mais après son échec à accéder à la présidence du gouvernement, Thorez est désavoué par le comité central de son parti qui déclare le 27 novembre « Les nationalisations ne sont pas des mesures socialistes ... La première condition de l'introduction du socialisme dans un pays, c'est l'institution d'un État socialiste. » Le PCF est donc revenu à ses positions de 194347. Le MRP qui continue de s'affirmer fidèle au programme du CNR met de plus en plus l'accent sur le retour de la liberté économique. La SFIO est donc pratiquement seule à œuvrer pour la poursuite des nationalisations. Le projet concernant les principales compagnies de navigation maritimes est sérieusement édulcoré par le MRP et les radicaux. Le début de laguerre froideet le renvoi des ministres communistes le 5 mai 1947 signifie la fin d'une tranche de la vie politique française à laquelle se rattache le programme du CNR47.

Généalogie des réformes économiques et sociales de la Libération[modifier]

Si les différents législateurs de la période 1944-1947 ont explicitement associé leur œuvre législative au programme du CNR, ces mesures économiques et sociales peuvent également être placées dans une perspective plus large. Différents auteurs ont ainsi traité la question de la rupture ou de la continuité avec la période précédente, celle duRégime de Vichy.

En matière de droit social, il apparait que le rétablissement des libertés syndicales apparait bien comme une rupture par rapport à laCharte du travailde Vichy, ou, plus exactement, c'est la Charte du travail qui est une parenthèse dans l'évolution dudroit du travail français48.

En matière de protection sociale et de planification, c'est en revanche la continuité qui prédomine49, l'ensemble des mesures sociales suivent les lignes de force de la protection sociale, qui vont de laTroisième Républiqueà laQuatrième Républiqueen passant par leRégime de Vichyet laLibération50. Pour Richard Kuisel, sous certains aspects, Vichy et la Résistance s'opposent ensemble à laTroisième république:

« Malgré des différences évidentes, les réformes proposées par Vichy et par la Résistance avaient beaucoup de points en commun. les unes comme les autres visaient à une renaissance nationale, à une réconciliation sociale, à une restauration morale, à une économie planifiée plus juste, à un État plus dynamique »51

Robert Paxtonrappelle également la continuité du personnel de la haute administration qui met les réformes en œuvre« certes, la IVe République reviendra, dans ce cas comme dans bien d’autres, aux pratiques de la IIIe - certains des plans quinquennaux seront soumis à l’examen du Parlement – mais les fonctionnaires gardent dans l’économie nationale un rôle qui rappelle beaucoup plus Vichy que l’avant-guerre »52.

Dans le système de retraite, le principe derépartitionn'était pas expressément prévue dans le programme du CNR mais avait été déjà mise en œuvre par leRégime de Vichy53.Pierre Laroqueque l'on considère comme le « père de la sécurité sociale » avait été au tout début de l'occupation membre du cabinet du ministre du travailRené Belin. Ce cabinet avait publié en septembre 1940 un rapport qui prévoyait de substituer aux différentes caisses d'affinité une caisse départementale unique chargée de la gestion des congés payés, des allocations familiales et du volet maladie des assurances sociales. Il était également prévu qu'une Caisse de solidarité nationale recevrait la responsabilité de l'ensemble de la branche vieillesse54. Si Laroque connaissait bien le système de protection sociale mis en place par Belin, comme il avait rejoint Londres à partir de jun 1943, il était également informé des différentsrapports Beveridged'où découlent plus ou moins les principes de l'État-providencedans le monde anglo-saxon. D'après Belin lui-même, Laroque aurait plus emprunté aux rapports Beveridge qu'au projet de septembre 1940 auquel Laroque fut mêlé55.

Le programme du CNR dans la Mémoire[modifier]

Une longue nuit[modifier]

Après avoir revêtu une valeur emblématique dans laquelle se reconnaissaient les acteurs de la Libération au cours de la période 1944-1947, le programme du CNR disparait de la scène publique pendant près d'un demi-siècle, à partir de 1947 où avec l'arrivée de laguerre froideet la fondation duRPF, l'éclatement de l'union née de la Résistance est consommé56.

De 1972 à 1981, alors que leProgramme commundébattu entre les partis de gauche est mis à l'ordre du jour, le souvenir du programme du CNR n'est pas réactivé. Claire Andrieu explique cet oubli par le fait que la bipolarisation de la vie politique et la problématique de l'union de la gaucherendent inopportune la référence à une expérience d'union nationale56. À la suite de l'effondrement des régimes communistes de l'Europe de l'Est symbolisé par laChute du mur de Berlinet du succès apparent des conceptions libérales de l'économie que l'on a appelénéolibéralismeque la référence au programme du CNR, à fort contenudirigiste, a retrouvé une utilité56.

La résurgence de 1994 et Soixantième anniversaire (2004)[modifier]

En 1994, le président de la République préside une commémoration en hommage au CNR et à son programme, mais déjà, à partir de 1993, le quotidien communistel'Humanitéa redécouvert le texte pour en faire le symbole d'une économie basée sur un service public fort56.

C'est d'ailleurs un communiste,Jacques Nikonoffqui préside le mouvementATTACqui organise à l'occasion du soixantième anniversaire de l'adoption du programme du CNR, un appel lancé le 10 mars 2004 par d'anciens résistants, faisant un parallèle entre le néo-libéralisme et les puissances d'argent dénoncées dans l'appel originel. L'appel se termine par le slogan « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ». Treize résistants, particulièrement illustres, ont signé le texte:
Lucie Aubrac,Raymond Aubrac,Henri Bartoli,Daniel Cordier,Philippe Dechartre,Georges Guingouin,Stéphane Hessel,Maurice Kriegel-Valrimont,Lise London,Georges Séguy,Germaine Tillion,Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey57.

En 2010, l'un des signataires de l'appel du soixantième anniversaire,Stéphane Hessel, alors âgé de 93 ans, publie un opuscule,Indignez-vous !, qui rencontre un grand succès. Dans le texte, Stéphane Hessel évoque largement le programme du CNR et affirme que « C'est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd'hui remis en cause ». Le texte se termine à nouveau par le slogan de l'appel du soixantième anniversaire « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».

Controverses[modifier]

Dans l'éditorial du magazineChallengesen octobre 2007 que Claire Andrieu qualifiera en 2011 de brillant et provocateur avant de démonter son argumentation58,Denis Kessler, ancien vice-président duMEDEFutilise lui aussi « le programme du CNR » pour désigner l'ensemble des réformes de 1945 : « Le modèle social français est le pur produit duConseil national de la Résistance. Un compromis entregaullistesetcommunistes. Il est grand temps de le réformer, et legouvernements'y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses : statut de lafonction publique,régimes spéciaux de retraite, refonte de laSécurité sociale,paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »59

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Il n'y a pas de crise de la masculinité

1 Juin 2022, 02:58am

Publié par hugo

 


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Il n'y a pas de crise de la masculinité
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Pour son premier épisode, Victoire Tuaillon reçoit Mélanie Gourarier, chercheuse au CNRS, anthropologue, autrice de "Alpha mâle, séduire les femmes pour s'apprécier entre hommes". Elles parlent de son travail, de l'étude d'un petit groupe de séducteurs qui permet de comprendre plus largement la manière dont les hommes occupent le pouvoir dans notre société, des études de masculinités, de l'homo-sociabilité (les hommes entre eux), de l'amitié virile et de l'apprentissage du contrôle de soi.

RECOMMANDATION de l'invitée
Liv Strömquist - Les sentiments du Prince Charles (Rackham)

POUR ALLER PLUS LOIN
Raewyn Connell - Masculinités - Enjeux sociaux de l'hégémonie (Editions Amsterdam)

CREDITS 
Les couilles sur la table est un podcast de Victoire Tuaillon, produit par Binge Audio. Production : Joël Ronez. Rédaction en chef : David Carzon. Chargée d'édition et production : Camille Regache. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles. Direction artistique : Julien Cernobori. Générique : Théo Boulenger.
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