"La contraception doit rester une démarche personnelle"
Par Yves Montuelle, publié le 26/04/2011 à 16:51, mis à jour à 19:50
Jean-Paul Huchon, le président (PS) de la région Ile-de-France, a présenté ce mardi matin le dispositif "pass santé contraception" qui permettra d'accéder gratuitement à une contraception pendant quelques mois. Une initiative attendue par les lycéens franciliens et les internautes de LEXPRESS.fr.
Le "pass contraception" n'est pas encore disponible au lycée Condorcet à Paris. Pourtant, devant l'établissement, les élèves se sentent déjà concernés. L'administration a besoin des autorisations définitives du rectorat avant de pouvoir proposer gratuitement aux élèves de seconde ces bons pour une consultation médicale, une prise de sang, une analyse médicale ou encore la délivrance d'un contraceptif.
Pour ces jeunes, devant le lycée, la contraception représente une dépense financière que leur budget, minime, ne leur permet pas. "Ces pass vont permettre de responsabiliser les élèves", témoigne Magali. Elève en première au lycée Condorcet, elle réclame la mise en application de cette mesure le plus rapidement possible. "Les élèves ne pourront plus dire qu'ils ne savaient pas ou qu'ils n'y avaient pas accès", précise-t-elle.
La région Ile-de-France présentait ce mardi son "pass santé contraception", qui permettra à 159 000 lycéens et lycéennes de seconde, apprentis et élèves en formation sanitaire et social, d'accéder gratuitement et de façon anonyme à une contraception pendant quelques mois.
afp.com/Olivier Laban-Mattei
Aude, également en première, pense que cette initiative va aider certains jeunes qui n'osent pas parler de sexualité avec leur entourage. Néanmoins, elle craint que les lycéens se sentent obliger d'aller consulter l'infirmière de l'établissement. "Il faut que les élèves restent libre d'en parler ou non. Le premier accès à la contraception doit rester une démarche personnelle, cette mesure ne permettra pas aux jeunes d'assumer la contraception", craint la jeune femme de 17 ans.
"Il est tout à fait normal qu'un ou une jeune d'une classe de seconde ait un droit d'accès aux moyens de contraception sans avoir à en référer à ses parents", juge l'internaute CMATEO2. Marenostrum lui emboîte le pas: "Certaines jeunes filles issues de familles où la religion est très restrictive quant aux rapports sexuels, pourront ainsi avoir librement accès à la contraception".
Paraxitel va plus loin. Selon lui, il devient urgent d'élargir l'accès à la contraception vers les jeunes. "Les jeunes commencent vers 14 ans leur vie sexuelle, dans des fêtes, sans contraception. Il est urgent de leur donner accès aux contraceptifs gratuitement. Cela les responsabilise et évite les grossesses trop tôt pour les jeunes filles".
Le rôle central de l'infirmière
Les garçons se sentent également concernés par la mesure. Pour l'internaute Hippolyte, le rôle de l'infirmière sera central dans la distribution des pass contraception. "Il faut accompagner les élèves et leur expliquer les différents moyens de contraception pour que cela soit efficace", estime l'élève de seconde. la pédagogie est également indispensable pour Marta. L'internaute craint un effet pervers de ces "pass": la relégation au second plan de l'usage du préservatif et de "la protection contre les maladies". La lycéenne Magali n'est pas de cet avis et redoute la présence de l'infirmière dans ce dispositif. "Elle reste un membre de l'administration et cela pourrait gêner certains jeunes."
Plutôt que de placer l'infirmière au coeur du processus de la contraception, l'élève propose un système de distribution automatisé de la pilule, comme c'est déjà le cas pour les préservatifs. Il n'y aurait alors plus d'intermédiaire entre les moyens de contraception et les jeunes.
Une alternative "contre productive", selon Pierre et Angélique, un couple de seconde. "Pour acheter des préservatifs, on se rend à l'intérieur des pharmacies plutôt qu'aux distributeurs situés à l'extérieur", constate le couple selon qui cette démarche est plus discrète. Pour Aude, ce n'est pas la solution non plus. "La pilule reste un traitement médical, qu'il ne faut pas prendre à la légère!"