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Le blog de hugo,

Futures ministres d'Hollande, ces "guerrières" en politique : en avoir ou pas ?

2 Juin 2012, 01:56am

Publié par hugo

Futures ministres d'Hollande, ces "guerrières" en politique : en avoir ou pas ?

Modifié le 16-05-2012 à 12h45

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Temps de lecture Temps de lecture : 3 minutes

LE PLUS. François Hollande constituera son gouvernement ce mercredi. Le septième président de la République a promis de se battre pour la parité, pour l'égalité des salaires et a fait 40 engagements pour garantir les droits des femmes. La nomination des ministres sera un premier test, analyse Moïra Sauvage, journaliste et auteur de "Guérrières, à la rencontre du sexe fort" (Ed. Actes Sud).

Édité et parrainé par Melissa Bounoua

Cécile Duflot le 6 mai 2012 à Paris (B. GUAY/AFP)

 Cécile Duflot le 6 mai 2012 à Paris (B. GUAY/AFP)

 

Mon boucher est en colère. "Ce Hollande, il n’a pas de couilles!", m’affirmait-il il y a quelques jours. Face à ma réaction amusée : "Mais n’est-ce pas plutôt avec son cerveau qu’on gouverne ??", il avait haussé les épaules en m’accusant justement de… les lui briser !

 

L'élection, une affaire de virilité ?

 

Bref, l’élection ne fut semble-t-il pour beaucoup qu’une affaire de virilité : expressive à droite – mouvements d’épaules, démarche rapide et balancée, attaques verbales –, pondérée à gauche, d’où l’accusation de mollesse qui poursuivit François Hollande durant toute la campagne. Et quand on traite un homme de mou, chacun sait de quoi on parle…

 

Alors dimanche soir, face à l’écran et au sourire indéchiffrable de Ségolène Royal, comment ne pas s’interroger sur la place des femmes dans un monde politique à ce point virilisé ? Où le fameux "duel" télévisé du second tour n’est rien moins que la version contemporaine des joutes moyenâgeuses, épée à la main ? Où toute trace de féminité doit être soit effacée, soit revendiquée, mais ne peut jamais être indifférente, comme l’ont récemment rappelé les députées Aurélie Filippetti(PS) et Valérie Boyer (UMP), lorsqu’elles ont évoqué leur choix de porter un pantalon ou une jupe pour venir dans l’hémicycle ?

 

Les femmes qui ont décidé d’entrer en politique sont des "guerrières" qui n’hésitent pas à affronter à la fois les électeurs et un sexisme toujours latent. Parfois outrancier comme lorsqu’un homme politique osa un jour parler de "concert des vagins" lorsque une collègue pris la parole. Plus traditionnellement insultant comme les "salope" et autres "pute" griffonnés sur les affiches électorales ou les allusions sexuelles répétées à la moindre occasion, et celles-ci ne manquent pas.

 

Un univers politique machiste

 

Au combat difficile pour une cause s’ajoute ainsi une autre bataille, celle qui parcourt un univers politique français spécialement machiste et peu disposé à faire place aux femmes.

 

De Golda Meir à Margaret Thatcher en passant par Indira Gandhi, les femmes politiques ont souvent fait preuve d’un tempérament guerrier, d’une force et d’une dureté que l’on qualifiait à l’époque de virile. Il leur fallut sans doute en passer par là pour réussir. Mais doit-on en conclure que ces femmes étaient exceptionnelles et que ces qualités ne sont que l’apanage du sexe dit "fort" ? Que ce soit dans la  politique ou le syndicalisme, dans la vie quotidienne ou  aujourd’hui dans toutes les armées et forces de police du monde, les femmes démontrent combien il est urgent de changer le regard que l’on porte sur le soi-disant sexe "faible".

 

Les femmes – pas toutes, c’est vrai, mais les hommes se reconnaissent-ils tous dans l’expression traditionnelle de la virilité ? – savent être des guerrières redoutables et montrer une force qu’on leur nie encore souvent. Elles se battent pour une place difficile à atteindre, au sommet des entreprises comme au Parlement.

 

Le pouvoir, affaire de réflexion, pas de virilité

 

Elles continuent à lutter pour des droits encore fragiles, contre le harcèlement sexuel ou pour la possibilité d’avorter aujourd’hui menacée par la fermeture de nombreux centres d’IVG. Elles défendent un quotidien difficile fait de travail partiel et de stéréotypes encore discriminatoires. Et pourtant, comment nier qu’elles "n’en ont pas",  de cet attribut viril auquel est trop souvent associé le combat et, de façon générale, le pouvoir ?

 

Il est donc plus que temps, en ce début de siècle traversé par les crises, de reconnaître que le pouvoir est affaire de réflexion plutôt que d’agressivité, de volonté plutôt que de rodomontades et de permettre enfin aux femmes guerrières de faire leurs preuves sans adopter à tout prix un comportement dépassé.

 

L’exemple donné par notre nouveau président d’une vie privée où l’un a su s’effacer devant l’autre lorsque celle-ci brigua le poste qu’il vient de gagner, le calme qu’il manifesta le long de cette campagne en sont à cet égard de bonne augure, même si son féminisme reste à prouver. À lui aujourd’hui de savoir s’entourer de guerrières à la force tranquille. Le monde politique n’en manque pas.

 

Moïra Sauvage est l'auteur de "Guerrières, à la rencontre du sexe fort" publié le 9 mai dernier aux éditions Actes Sud.

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