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Le blog de hugo,

Droits des femmes, avortement, violences : la Turquie fait naufrage Bénédicte de Montvallon (Rédaction Jdf), Mis à jour le 14/06/16 23:59 JournalDesFemmes.com Partager sur Facebook Twitter Pinterest Au début du mois, le président turc Recep Tayyip Erdoğan faisait de la maternité une condition essentielle pour être une femme accomplie. Une nouvelle déclaration polémique qui s'ajoute à de nombreuses autres et apparaît comme une régression inquiétante, alors que la Turquie semble s'enfermer dans ses contradictions. C'est le serpent de mer turc : depuis 1999, le pays tente d'intégrer l'Union européenne, en vain. Les raisons qui bloquent son admission sont nombreuses : la répression de la minorité kurde, la non-reconnaissance de l'indépendance de Chypre, le non-respect des droits de l'Homme, de la liberté de la presse et... la condition de la femme dans le pays. En la matière, la Turquie oscille entre avancées et retours en arrière qui la maintiennent dans une impasse. Parmi les principaux signes d'ouverture, il faut citer le droit de vote accordé aux femmes dès 1934, soit 10 ans avant la France, ou l'autorisation de l'avortement pour raisons médicales en 1965, là encore bien avant que le gouvernement français légifère sur le sujet. Pourtant, le pays fait plus souvent la Une des médias pour son traitement régressif des femmes et un homme symbolise ce carcan : Recep Tayyip Erdoğan, président de la Turquie depuis août 2014. Dix ans avant d'accéder aux plus hautes fonctions, alors qu'il est à la tête du très conservateur Parti de la justice et du développement, il propose de criminaliser l'adultère quand celui-ci est du fait de l'épouse, afin de la maintenir sous l'autorité de son mari. En 2012, désormais Premier ministre turc, il compare l'avortement à un "meurtre" et tente de freiner les IVG en réduisant le délai légal de 10 à 4 semaines. Face au tollé, le projet est abandonné, mais cette proposition reflète la position des autorités en matière d'avortement. En 2012, le maire d'Ankara, capitale de la Turquie, déclare au quotidien national Radikal : "Le ministre de la Santé a révélé que chaque année cent mille avortements sont opérés. Cela signifie que chaque année, on pratique 100 000 assassinats. Et pourquoi un enfant pâtirait-il de la faute de sa mère ? C'est la mère qui a fauté, qu'elle se donne la mort !" Le député de l'AKP, Ayhan Sefer Üstün, a quant à lui soutenu qu'un "violeur est plus innocent que la victime du viol qui se fait avorter". "Une femme sans enfant est incomplète" Les mesures et autres déclarations sexistes se multiplient : en juillet 2014, le vice-Premier ministre interdit aux Turques de rire dans la rue "au nom de la décence"; en novembre 2014, le président Erdoğan remet en cause l'égalité hommes-femmes, assurant qu'ils ne peuvent accomplir les mêmes tâches. "Vous ne pouvez pas demander à une femme de faire les mêmes types de travaux qu'un homme [...] Vous ne pouvez pas leur demander de sortir et de creuser le sol, c'est contraire à leur nature délicate". Un discours visant à cantonner les femmes dans leur rôle de mère et qui se traduit sur le plan économique. Selon l'OCDE, environ 69 % des hommes ont un emploi rémunéré, contre seulement 28 % des femmes. Tous les moyens sont bons pour réduire les femmes à leur seule fonction de génitrice. Sous prétexte d'augmenter la population de la Turquie pour asseoir sa puissance économique, la pilule du lendemain n'est plus distribuée sans ordonnance et Erdoğan martèle qu'une femme doit avoir "au moins trois enfants", sous peine d'être perçue comme "incomplète" et "rejetant sa propre humanité". Le taux de fécondité en Turquie en 2015 était de 2,05 enfants par femme, mais qu'importe : Erdoğan a 4 enfants et les Turques doivent suivre son exemple. Une ouverture relative Ces dernières années, pourtant, quelques mesures font espérer une ouverture de la Turquie : depuis avril 2013, les députées ont le droit de porter des pantalons et depuis juin 2015, le Parti démocratique des peuples, le HDP, a fait son entrée à l'Assemblée nationale. Sur 80 élus, 31 sont des femmes. On est encore loin de la parité, mais c'est déjà pas mal. En parallèle, les violences faites aux femmes se multiplient : l'ONG "Stoppez les assassinats de femmes" a recensé 2 555 féminicides entre janvier et octobre 2014 et un rapport de l'université Hacettepe d'Ankara publié la même année annonce que 40 % des femmes ont déjà été abusées physiquement au moins une fois dans leur vie. Un constat qui interroge la détermination des autorités, puisque selon le ministère turc de la Justice, entre 2009 et 2014, seul un tiers des arrestations pour violence envers les femmes a abouti à une condamnation. C'est peut-être Emine Erdoğan, la Première dame turque, qui incarne le mieux cette ambivalence de la société ottomane. En collaboration avec le ministère de l'Éducation nationale, elle a lancé une campagne nationale pour promouvoir la scolarité des jeunes filles et organisé une conférence internationale sur la place des femmes dans le monde des affaires. Pourtant, au mois de mars, elle vantait les mérites du harem qu'elle qualifiait d'"école pour préparer les femmes à la vie". Depuis août 2015, la toute première femme a fait son entrée dans le gouvernement : Aysen Gürcan, 52 ans, a été nommée ministre de la Famille et des Politiques sociales. Faut-il y voir une volonté d'ouverture ou une goutte d'eau dans la mer ? Voir aussi : La maternité, gage de féminité pour le président turc Le chef de l'État turc est très préoccupé par sa politique de natalité. Pour lui, les femmes doivent être des mères avant tout. Et il le crie haut et fort depuis des mois. Le harem est une "école de la vie" selon la Première dame turque Emine Erdogan, la femme du président de la Turquie, a emboité le pas à son mari en tenant des propos sexistes. Pour elle, le harem est "une école de la vie". "La femme est avant tout une mère" pour le président turc Pour la Journée des Femmes, Recep Tayyip Erdogan a rendu hommage à la gent féminine à sa manière : il s'est illustré en proclamant publiquement, de nouveau, des propos résolument misogynes.,femmes,sexisme,

20 Juin 2016, 23:42pm

Publié par hugo

Droits des femmes, avortement, violences : la Turquie fait naufrage
Bénédicte de Montvallon (Rédaction Jdf), Mis à jour le 14/06/16 23:59
JournalDesFemmes.com
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Au début du mois, le président turc Recep Tayyip Erdoğan faisait de la maternité une condition essentielle pour être une femme accomplie. Une nouvelle déclaration polémique qui s'ajoute à de nombreuses autres et apparaît comme une régression inquiétante, alors que la Turquie semble s'enfermer dans ses contradictions.


C'est le serpent de mer turc : depuis 1999, le pays tente d'intégrer l'Union européenne, en vain. Les raisons qui bloquent son admission sont nombreuses : la répression de la minorité kurde, la non-reconnaissance de l'indépendance de Chypre, le non-respect des droits de l'Homme, de la liberté de la presse et... la condition de la femme dans le pays. En la matière, la Turquie oscille entre avancées et retours en arrière qui la maintiennent dans une impasse.
Parmi les principaux signes d'ouverture, il faut citer le droit de vote accordé aux femmes dès 1934, soit 10 ans avant la France, ou l'autorisation de l'avortement pour raisons médicales en 1965, là encore bien avant que le gouvernement français légifère sur le sujet.
Pourtant, le pays fait plus souvent la Une des médias pour son traitement régressif des femmes et un homme symbolise ce carcan : Recep Tayyip Erdoğan, président de la Turquie depuis août 2014. Dix ans avant d'accéder aux plus hautes fonctions, alors qu'il est à la tête du très conservateur Parti de la justice et du développement, il propose de criminaliser l'adultère quand celui-ci est du fait de l'épouse, afin de la maintenir sous l'autorité de son mari. En 2012, désormais Premier ministre turc, il compare l'avortement à un "meurtre" et tente de freiner les IVG en réduisant le délai légal de 10 à 4 semaines. Face au tollé, le projet est abandonné, mais cette proposition reflète la position des autorités en matière d'avortement. En 2012, le maire d'Ankara, capitale de la Turquie, déclare au quotidien national Radikal : "Le ministre de la Santé a révélé que chaque année cent mille avortements sont opérés. Cela signifie que chaque année, on pratique 100 000 assassinats. Et pourquoi un enfant pâtirait-il de la faute de sa mère ? C'est la mère qui a fauté, qu'elle se donne la mort !" Le député de l'AKP, Ayhan Sefer Üstün, a quant à lui soutenu qu'un "violeur est plus innocent que la victime du viol qui se fait avorter".


"Une femme sans enfant est incomplète"
Les mesures et autres déclarations sexistes se multiplient : en juillet 2014, le vice-Premier ministre interdit aux Turques de rire dans la rue "au nom de la décence"; en novembre 2014, le président Erdoğan remet en cause l'égalité hommes-femmes, assurant qu'ils ne peuvent accomplir les mêmes tâches. "Vous ne pouvez pas demander à une femme de faire les mêmes types de travaux qu'un homme [...] Vous ne pouvez pas leur demander de sortir et de creuser le sol, c'est contraire à leur nature délicate". Un discours visant à cantonner les femmes dans leur rôle de mère et qui se traduit sur le plan économique. Selon l'OCDE, environ 69 % des hommes ont un emploi rémunéré, contre seulement 28 % des femmes.
Tous les moyens sont bons pour réduire les femmes à leur seule fonction de génitrice. Sous prétexte d'augmenter la population de la Turquie pour asseoir sa puissance économique, la pilule du lendemain n'est plus distribuée sans ordonnance et Erdoğan martèle qu'une femme doit avoir "au moins trois enfants", sous peine d'être perçue comme "incomplète" et "rejetant sa propre humanité". Le taux de fécondité en Turquie en 2015 était de 2,05 enfants par femme, mais qu'importe : Erdoğan a 4 enfants et les Turques doivent suivre son exemple.


Une ouverture relative
Ces dernières années, pourtant, quelques mesures font espérer une ouverture de la Turquie : depuis avril 2013, les députées ont le droit de porter des pantalons et depuis juin 2015, le Parti démocratique des peuples, le HDP, a fait son entrée à l'Assemblée nationale. Sur 80 élus, 31 sont des femmes. On est encore loin de la parité, mais c'est déjà pas mal. En parallèle, les violences faites aux femmes se multiplient : l'ONG "Stoppez les assassinats de femmes" a recensé 2 555 féminicides entre janvier et octobre 2014 et un rapport de l'université Hacettepe d'Ankara publié la même année annonce que 40 % des femmes ont déjà été abusées physiquement au moins une fois dans leur vie. Un constat qui interroge la détermination des autorités, puisque selon le ministère turc de la Justice, entre 2009 et 2014, seul un tiers des arrestations pour violence envers les femmes a abouti à une condamnation.
C'est peut-être Emine Erdoğan, la Première dame turque, qui incarne le mieux cette ambivalence de la société ottomane. En collaboration avec le ministère de l'Éducation nationale, elle a lancé une campagne nationale pour promouvoir la scolarité des jeunes filles et organisé une conférence internationale sur la place des femmes dans le monde des affaires. Pourtant, au mois de mars, elle vantait les mérites du harem qu'elle qualifiait d'"école pour préparer les femmes à la vie". Depuis août 2015, la toute première femme a fait son entrée dans le gouvernement : Aysen Gürcan, 52 ans, a été nommée ministre de la Famille et des Politiques sociales. Faut-il y voir une volonté d'ouverture ou une goutte d'eau dans la mer ?




Voir aussi :
La maternité, gage de féminité pour le président turc
Le chef de l'État turc est très préoccupé par sa politique de natalité. Pour lui, les femmes doivent être des mères avant tout. Et il le crie haut et fort depuis des mois.
Le harem est une "école de la vie" selon la Première dame turque
Emine Erdogan, la femme du président de la Turquie, a emboité le pas à son mari en tenant des propos sexistes. Pour elle, le harem est "une école de la vie".
"La femme est avant tout une mère" pour le président turc
Pour la Journée des Femmes, Recep Tayyip Erdogan a rendu hommage à la gent féminine à sa manière : il s'est illustré en proclamant publiquement, de nouveau, des propos résolument misogynes.

http://www.journaldesfemmes.com/societe/actu/1583148-femmes-turquie/

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Les Survivants : ces anti-avortement qui nous glacent le sang,femmes,ivg,integristes,religions,

20 Juin 2016, 23:39pm

Publié par hugo

Les Survivants : ces anti-avortement qui nous glacent le sang
Fiona Ipert, Mis à jour le 17/06/16 13:20
JournalDesFemmes.com
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Le droit à l'IVG est menacé. La nouvelle génération de militants anti-avortement tente de convaincre les jeunes de se rallier à sa cause. Les Survivants, comme ils se revendiquent, ont pour armes un site internet prétendument cool et un discours pro-vie traduit en langage adolescent. Terrifiant.


Jusque-là, la lutte en ligne des anti-IVG se faisait insidieuse. Mais voilà que les pro-vie sortent de leur cachette en .net pour aller tâter le bitume. Ils s'appellent les Survivants, sont sûrement (espérons) minoritaires, ont la vingtaine et en plus d'investir les réseaux sociaux, étendent leur combat dans la rue.
Pour mieux comprendre les revendications de cette communauté à mi-chemin entre Hunger Games et la Manif pour tous, il suffit de faire un tour sur leur site web ou de regarder leurs vidéos Youtube. Les Survivants "souffrent de l'IVG", qu'ils condamnent. Selon eux, c'est à cause d'elle qu'une personne sur cinq, d'après leur calcul, n'a jamais vu le jour. Ils se basent sur les chiffres officiels, qui indiquent 220 000 avortements en France et 800 000 grossesses (source : Ined). Sauf qu'eux rapportent le premier nombre au second et en tirent une conclusion faussée.


Dans la logique des Survivants, toute personne née après 1975, année d'adoption de la loi Veil, est en fait un "rescapé". Dix sept millions de personnes seraient alors potentiellement atteintes du "syndrome du survivant". Au programme : "culpabilité existentielle", "attachement anxieux" ou même "connivence pseudo-secrète". Des noms obscurs, signes communs aux "survivants de catastrophe naturelle, de guerres, de tentative de meurtre", comme ils le spécifient toujours sur le site. Le syndrome qu'ils évoquent est le résultat d'une recherche de Philip G. Ney et Marie A. Peeters. Une étude menée sur seulement 293 personnes, sans que d'autres enquêtes ne viennent appuyer leurs travaux. Ils précisent d'ailleurs qu'on "ne dispose pas encore de chiffres statistiques qui montrent l'ampleur [du syndrome du survivant] en France ou dans les autres pays où l'avortement est légalisé". Pas à un paradoxe près, ils reposent quand même leur argumentation dessus.


© Capture d'écran les Survivants
Guérilla avortée
Pour faire passer ce message que nous ne commenterons pas davantage, les Survivants misent tout sur une communication rodée. Les pro-vie old school préfèrent se faufiler discrètement en top des recherches Google sans jamais dire officiellement qu'ils sont contre l'IVG. La nouvelle génération, elle, veut qu'on la remarque et revendique son combat.
Avec ses codes visuels déjà : un site internet dans l'air du temps, couleur verte, vidéos et larges images en étendard ; un logo identifiable et un signe de ralliement. "Une main levée déployant tous les doigts sauf l'annulaire, comme un doigt d'honneur adressé à la société." Sur Instagram, Twitter et Facebook, ils s'adressent à leur cible à coup de #1sur5 et de ré-appropriation d'idoles comme Cristiano Ronaldo type "Et s'il n'était jamais venu au monde ?".


Début juin donc, ces jeunes en colère sont descendus dans les rues de Paris pour leur première "guérilla" contre l'IVG. Malheureusement (ironie), les participants n'ont pas pu s'équiper comme il se doit sur l'e-shop du site, pas encore en ligne, qui promet pourtant "des tee-shirts du mouvement" et de "télécharger le mook de formation du survivant pour ne pas te faire troller par un journaliste".
Filmés par le Petit Journal (à partir de 14:25 minutes dans la vidéo ci-dessous), les Survivants, dont le porte-parole est un ancien de la Manif pour tous, ont un discours qui fait froid dans le dos. "La société française n'a pas su protéger mes jours. J'avais une chance sur cinq de ne pas vivre", répète par exemple en boucle une jeune fille interviewée. Pendant ce temps, le service de sécurité était assuré par des hommes avec le logo d'Action française, groupuscule d'extrême droite royaliste.
Ce premier rassemblement parisien a évidemment provoqué la colère des féministes, venues clamer le droit des femmes à disposer de leur corps. Tout particulièrement révolté, le projet participatif Paye Ta Schnek a entamé une campagne contre la propagande anti-IVG. Sur les réseaux sociaux, ses membres placardent des slogans tels que "un enfant quand je veux, si je veux, avec qui je veux" ou "nos utérus sur ta commode" dès qu'elles le peuvent. On préfère largement s'engager pour ce combat-là.




© Paye ta Schnek
Le reportage du Petit Journal sur les Survivants :




Voir aussi :
IVG : le piège des anti-avortement
Alors que l'avortement semble un droit acquis pour les femmes en France, sur Internet, l'offensive des pro-vie se fait discrète, mais toujours aussi dangereuse. Régulièrement, le portail officiel du gouvernement est dépassé sur les moteurs de recherche par un site anti-IVG. Faux sites d'information, témoignages culpabilisants et autres techniques fourbes servent un discours inquiétant contre lequel il est difficile de lutter. Enquête.

http://www.journaldesfemmes.com/societe/actu/1583825-ivg-avortement-survivants/

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Culture du viol au Brésil : les femmes disent stop,femmes,viol,

20 Juin 2016, 23:34pm

Publié par hugo

Culture du viol au Brésil : les femmes disent stop
Laura Meyer, Mis à jour le 10/06/16 14:45
Journaldesfemmes.com
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Le plus grand État d'Amérique latine est secoué à une vague de protestations pour dénoncer les violences faites aux femmes. Images chocs sur la plage de Copacabana, nouvelles lois, manifestations dans les villes... La gent féminine se rebelle.


Sur la fameuse plage de Copacabana à Rio, le sable fin a été recouvert de sous-vêtements tâchés de faux-sang. Des portraits plantés dans le sol s'étendent jusqu'à la mer. Des visages de femmes qui vous scrutent, vous observent, vous hantent... une main rouge sur la bouche pour symboliser le silence imposé aux victimes. Cette installation prend tout son sens au Brésil, où la culture du viol est à son paroxysme, un mois après le viol de masse d'une ado.
L'ONG Rio de Paz, qui lutte contre les violences infligées aux femmes, a décidé de faire réagir les consciences en exposant ces portraits sur ce lieu très visité par les touristes et les citoyens. L'organisme déclare : "Nous ne pouvons tolérer les violences faites aux femmes." En tout ce sont pas moins de 420 culottes qui ont été déposées sur le sable en référence au nombre de femmes victimes de viols au Brésil, tous les trois jours. Un chiffre scandaleux qui en dit long sur une pratique atroce et banalisée au Brésil.
En marge de cette exposition, plus de 5 000 femmes ont manifesté le 8 juin 2016 dans les rues de São Paulo, brandissant des pancartes où l'on pouvait lire : "Le viol est un crime, pas du sexe !", "Ça fait mal à l'une, ça fait mal à toutes". Le hashtag #EstuproNuncaMais (le viol, plus jamais) symbolise le combat sur les réseaux sociaux.
Cette vague de protestations fait suite au "viol de trop". Le 21 mai 2016, une fille tout juste âgée de 16 ans a été violée par 30 hommes dans une favela des quartiers Ouest de Rio. Comme si ce n'était pas suffisant, le groupe d'agresseurs a publié une vidéo sur les réseaux sociaux où l'on aperçoit la victime inconsciente sur un lit tandis que l'un de ses bourreaux montre ses parties intimes en sang. Le film a scandalisé le pays. D'autant plus que certains commentaires accusaient... la jeune femme d'avoir attisé les pulsions de la gent masculine et de l'avoir bien cherché. Depuis le 30 mai, la jeune femme a été placée dans le Programme de protection aux enfants et adolescents menacés de mort et extradée du pays avec les siens. Paulo Melo, secrétaire de l'Etat régional de Rio pour les Droits de l'Homme, a déclaré : "La famille avait peur d'une vengeance de la part des trafiquants (de la favela)." Seuls trois hommes ont été arrêtés. Les policiers sont toujours à la recherche des autres coupables.
Malheureusement, son cas n'est pas unique dans un pays comme le Brésil, où machisme et sexisme ne cessent de prendre de l'ampleur. La culture du viol y règne en maître. En 2014, un sondage brésilien a révélé que pour 65,1% de la population, les femmes en tenues jugées trop osées méritent d'être agressées sexuellement. Selon l'ONG Forum de sécurité publique, la police a même enregistré une agression sexuelle toutes les 11 minutes. Un constat qui ne trompe pas quant aux mentalités sur le sujet.
Pour rappel, la culture du viol implique une stigmatisation des victimes et une banalisation du crime. Au lieu de blâmer le coupable, les autorités et la société reportent la faute sur les femmes persécutées. En Amérique du Sud, la chose est malheureusement plutôt commune. De nombreuses études anthropologiques sont revenues sur les sociétés enclines au viol et pour lesquelles cet acte est considéré comme "normal". En 2013, les Nations Unies et l'Organisation Panaméricaine de la Santé avaient désigné la Bolivie comme le "pire pays d'Amérique Latine" en matière de violences envers la gent féminine. Dans ces sociétés patriarcales, l'égalité hommes-femmes est toujours loin d'être acquise. Les hommes y détiennent le pouvoir, ce qui entraînent des dérives machistes. Pour y répondre, le gouvernement brésilien a décidé d'alourdir les peines de prison des coupables de viol avec un nouveau projet de loi reconnaissant le "viol collectif", mais ça ne change rien à l'urgence de faire changer les mentalités. Michel Temer, président provisoire, prévoit de faire passer de 15 à 25 ans de réclusion les peines pour viols de mineurs âgés de moins de 14 ans. Pour les victimes de 14 à 17 ans, la peine maximum sera de 16 ans. En ce qui concerne les agressions sur majeurs, le coupable risquera jusqu'à 13 ans d'emprisonnement. En cas du décès de la victime, la peine prévue ne bouge pas et reste fixée à 30 ans de prison. Le Brésil veut également créer un département spécial pour les crimes contre les femmes au sein de la police fédérale. Un engagement qui pourrait ne pas être suffisant : selon le Forum brésilien de la sécurité publique, 65 % des victimes de viol renoncent à porter plainte.


Culture du viol au Brésil : les femmes disent stop
VOIR LES PHOTOS
Le plus grand État d'Amérique latine est en proie à une vague de protestations pour dénoncer les violences faites aux femmes. Images chocs sur la plage de Copacabana, nouvelles lois, manifestations dans les villes... La gent féminine se rebelle.
Voir aussi :
Le Mexique, ce pays où les femmes sont tuées dans l'indifférence
Depuis des années, le Mexique subit l'horreur : des femmes sont exécutées par milliers et en silence. Un féminicide est en cours sans que personne ne s'en alerte. Le journaliste Humberto Padgett a osé mettre en lumière cette honte nationale, où l'Etat est coupable de laxisme.

http://www.journaldesfemmes.com/societe/actu/1582107-bresil-viol-protestations/

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Virginia Raggi, première femme élue maire de Rome,femmes,politiques,

20 Juin 2016, 23:17pm

Publié par hugo

Société Dans l'actu
Virginia Raggi, première femme élue maire de Rome
Caroline Perrin, Mis à jour le 20/06/16 11:05
Journal des Femmes
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DERNIÈRE MINUTE


Journée mondiale des réfugiés : toujours plus de déplacés
Le sexisme sera bientôt une circonstance aggravante des crimes et délits
Virginia Raggi, première femme élue maire de Rome
Toute l'actualité Société
Elle s’appelle Virginia Raggi et dimanche 19 juin, cette candidate aux élections municipales de la ville de Rome est entrée dans l’Histoire en devenant la première femme élue à la tête de la capitale italienne.


Virginia Raggi a été élue maire de Rome le 19 juin lors du second tour des élections municipales. Elle devient ainsi la première femme à investir le Capitole et à souffler ses collègues masculins dont le machisme semble être une ligne de conduite. Membre de Movimento 5 Stelle (Mouvement des 5 étoiles), Virginia Raggi prend la place de Francesco Paolo Troca, intérim d'Ignazio Marino, précédent maire forcé à la démission suite à des affaires de corruption. Avec 67% des suffrages, la jeune femme de 37 ans a battu à plate couture son rival de gauche Roberto Giachetti, pourtant soutenu par le premier ministre Matteo Renzi. Cette maman célibataire a construit son programme sur trois bases : transports, déchets et transparence. Des priorités auxquelles semblent peu habitués les habitants de la Ville éternelle, lassés des sales histoires de leurs politiciens. Des changements s'annoncent donc pour les années à venir dans la cité romaine comme l'a annoncé la nouvelle élue : "C'est une nouvelle ère qui commence pour nous. Nous travaillerons à redonner légalité et transparence aux institutions de la ville." Également vainqueur à Turin, le Mouvement 5 étoiles est en bonne voie pour emmener les Italiens vers le septième ciel.




Voir aussi :


Sexisme : une future mère ne peut pas être maire
Après la démission d’Ignazio Marino, maire de Rome, plusieurs personnes se portent candidates à sa succession. Parmi elles, Giorgia Meloni, à la tête du parti de droite Fratelli d’Italia, 39 ans et future maman. Un statut pour lequel elle essuie des critiques misogynes.

http://www.journaldesfemmes.com/societe/actu/1584473-maire-rome-virginia-raggi-premiere-femme/

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Vous resterez célibataire en allant sur les sites de rencontre,site internet,

20 Juin 2016, 23:09pm

Publié par hugo

Vous resterez célibataire en allant sur les sites de rencontre
Maïlys Masimbert LifeLu, Vu & Entendu 02.10.2013 - 18 h 50, mis à jour le 02.10.2013 à 18 h 53
Mariés. David Precious via FlickrCC License by
Mariés. David Precious via FlickrCC License by
Vous venez de vous faire larguer et ça y est, on vous a convaincu(e) de vous en remettre aux supers algorithmes des sites de rencontre, que Business Insider tente de décrypter, espérant qu’ils vous trouveront LA bonne personne, celle avec qui vous allez finir votre vie.
Pas de bol, il semblerait que ce ne soit pas la bonne stratégie explique le site Kernelmag:
«Ces sites ne sont que des intermédiaires. Tout le reste ce n’est que vent.»
Adieu les beaux discours pseudo-scientifiques ou alors demandez à voir le résultat de leurs études d’efficacité, ce qu’ils ne feront jamais pour «ne pas avoir à expliquer ce qu’ils traficotent en coulisses».
La théorie est simple: ces sites contribuent à votre célibat.
Pour l’illustrer, Kernelmag reprend l’étude de la confiture, menée par un professeur de l’université de Columbia et présentée dans le New York Times en 2010. Dans un supermarché, il proposait aux clients de goûter des confitures. A intervalles réguliers, il présentait soit une sélection de 24 pots soit une de 6 pots.
60% des clients étaient attirés par l’assortiment le plus important contre 40% pour la plus petite sélection. Mais 30% des personnes qui se sont dirigées vers le plus petit assortiment ont décidé d’acheter un pot, contre seulement 3% pour la sélection de 24 pots.
Conclusion: on n'aime pas avoir trop de choix, l’effort mental qui est demandé pour prendre une décision dans ces conditions est trop important.
Appliqué au contexte des sites de rencontre, cela marche aussi. «On est plus enclin à dire non quand on a trop de choix. (…) On croit qu’il y a des millions de poissons dans la mer», écrit le blogueur. Résultat, on papillonne de profil en profil sans jamais vraiment se fixer. L’expérience de la rencontre devient répétitive, mais pas moins «fun». Il y a toujours l’excitation de recevoir un message, voir des millions de profils, entamer une relation avec un autre célibataire... Autant d’éléments qui ne donnent pas vraiment envie de s’installer dans une relation longue durée mais qui contribue à l’essor du zapping explique les Inrocks:
«Je me suis inscrite un soir en boîte, c’était ouf. J’ai tout de suite été mise dans les favoris de trente mecs, j’ai eu 60 messages, 100 visites» témoigne ainsi une jeune femme.
Tous ces sites contribuent à rendre le statut de célibataire attractif, résume Kernelmag, et plus un site remplit cette fonction avec brio, «moins une personne aura envie de rester en couple, (…) plus elle aura envie de retourner à ses expériences de célibataires et à l’attraction des profils en ligne».
CQFD.
Maïlys Masimbert

http://www.slate.fr/life/78470/celibataire-sites-de-rencontre

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Pour dénoncer la solitude affective, un Berlinois veut passer 365 nuits avec 365 partenaires différents,sante,sexes,solitude,

20 Juin 2016, 22:44pm

Publié par hugo

Pour dénoncer la solitude affective, un Berlinois veut passer 365 nuits avec 365 partenaires différents
Repéré par Annabelle Georgen AllemagneLGBTQ 09.09.2014 - 8 h 00, mis à jour le 10.09.2014 à 11 h 57
Mischa Badasyan
Mischa Badasyan
Pour dénoncer la solitude affective dont souffrent souvent les gays à l'heure où les sites de rencontre homo permettent de passer d'un partenaire sexuel à l'autre en quelques clics, un artiste berlinois vient de lancer début septembre une performance durant laquelle il s'impose de changer de partenaire sexuel chaque jour durant un an, rapporte le quotidien Die Welt.
Mischa Badasyan, 26 ans, confie n'avoir lui-même jamais eu de compagnon et d'avoir à défaut multiplié les one-night stands ces dernières années:
«Pendant l'acte, on a certes du plaisir et on est excité, mais après, en ce qui me concerne, je me sentais souvent mal. J'ai pleuré longuement, parce qu'il ne me restait rien de ce bref moment.»
Intitulée «Save the date», sa performance sera restituée sous la forme d'un journal intime vidéo qu'il compte tenir avant et après chaque rendez-vous quotidien. L'artiste explique à Die Welt ne pas vouloir informer ses partenaires sexuels de son projet artistique par crainte qu'ils ne «se sentent obligés d'être particulièrement performants». Mais affirme vouloir leur demander l'autorisation de filmer leurs ébats, qu'il refuse toutefois de restituer d'une manière crue, comme il l'explique à la revue artistique Monopol:
«Je ne fais pas de film porno, mon travail est très abstrait et minimaliste. Je filmerai par exemple seulement les pieds, la salle de bain, les toilettes ou ce genre de choses.»
Mischa Badasyan compte trouver ses coups d'un soir via les sites de rencontres gays qu'il fréquente habituellement. Si jamais il lui arrivait de ne trouver personne, il se dit prêt à se rendre dans un sex-club, dans un sauna ou dans une cruising area, un lieu de drague informel, voire même à accepter de coucher avec quelqu'un qui ne l'attire pas physiquement, au nom de l'art. Lui-même a le vertige en pensant aux 365 partenaires sexuels qu'il rencontrera au cours de l'année:
«Au bout de quelques mois, je vais mourir mentalement. C'est ce que je m'imagine. Ou bien, au contraire, il se pourrait aussi que je devienne une pétasse. Rien n'est joué. C'est une expérimentation sociale.»
Russe d'origine arménienne, Mischa Badasyan n'a jamais osé faire son coming-out dans son propre pays et sa famille continue d'ignorer son homosexualité. Il se considère comme un activiste et espère délivrer un message politique à partir de cette performance très intime, persuadé que beaucoup de Berlinois partagent son sentiment de solitude dans cette ville des mille possibilités:
«Je suis sûr que 80% des Berlinois sont super seuls. La plupart des gens qui passent leur nuits au Berghain et y vivent leur vie sexuelle se sentent nuls le lendemain au réveil.»
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Le nouveau défi de l'insertion, c'est enrayer la solitude des vieux,solitude,societe,

20 Juin 2016, 22:38pm

Publié par hugo

Le nouveau défi de l'insertion, c'est enrayer la solitude des vieux
Gilles Bridier Economie 24.03.2015 - 15 h 30, mis à jour le 24.03.2015 à 15 h 30
Une dame en Grande-Bretagne en 2014. REUTERS/Stefan Wermuth
Une dame en Grande-Bretagne en 2014. REUTERS/Stefan Wermuth
On vit de plus en plus vieux, mais on vieillit de plus en plus seul. La société doit s’adapter pour offrir une plus grande autonomie aux personnes âgées et entretenir le lien social. La réponse n’est pas forcément dans les «gérontechnologies».


Vivre plus vieux... mais de quelle manière? L’espérance de vie progresse. Pour l’Ined, elle a doublé en un siècle. Et sur les dix dernières années, elle a augmenté de trois ans pour les hommes et de deux ans pour les femmes, observe l’Insee.
Ainsi, si on considère les personnes de 75 ans et plus qui composaient 7% de la population en 2000, elles sont aujourd’hui 9% et devraient représenter 16% des Français vers 2050. C'est-à-dire que, en un demi-siècle seulement, la proportion de ces personnes au sein de la population française aura été multipliée par deux. Et à cet horizon, la France comptera quatre fois plus de personnes de 85 ans et plus qu’aujourd’hui.
Bravo à la médecine qui, associée à l’évolution des modes de vie et de l’hygiène, permet de vivre plus longtemps. Mais les personnes âgées trouvent-elles leur place au sein de leur environnement social? Pas sûr. Car vieillir isole. Selon la Fondation de France, 21% des personnes de plus de 75 ans éprouvent un sentiment de solitude. On vieillit plus longtemps, mais aussi plus seul.
Aussi, les personnes âgées sont-elles aujourd’hui surreprésentées parmi les Français qui souffrent d’une rupture du lien social: 23% des personnes en situation d’isolement ont plus de 75 ans, soit plus de deux fois leur poids démographique.
Moins d’insertion, plus de solitude
Cet isolement est subi, pas choisi. Et il progresse très vite: parmi cette population, le sentiment d’isolement est passé de 16% à 27% en seulement quatre ans. «De toutes les générations, celle des 75 ans et plus est celle qui a été la plus impactée par la montée des solitudes en France», constate la Fondation.
L’insertion sociale des personnes âgées pose un vrai défi aux gouvernements. Pourtant, vieillir n’est pas une maladie et, même après la cessation de l’activité professionnelle, un homme a encore en moyenne une durée de vie de 23 ans, et une femme de 27 ans. Ces citoyens ont leur place dans la vie de la cité. Et même jusqu’à des âges avancés.
Certes, les situations de dépendance compliquent les prises en charge. Quatre Français sur dix sont confrontés à la perte d’autonomie d’un proche. Parmi eux, selon l’institut CSA, les trois quarts ne souhaitent ou ne peuvent prendre en charge la personne à leur propre domicile.
Mais les problèmes apparaissent aussi en dehors de ces situations de dépendance, pour des personnes âgées qui aspirent à conserver des liens sociaux, à privilégier l’échange avec des proches, mais qui ne peuvent plus être une force de proposition pour entretenir ces liens et vivent l’éloignement comme une exclusion.
L'isolement à domicile
Le principal problème qui se pose est celui du lieu d’hébergement de la personne âgée.
Dans leur très grande majorité, les personnes du quatrième âge souhaitent rester à leur domicile. Sur un plan économique, compte tenu de la pression démographique, c’est effectivement la meilleure solution, souligne le Centre d’analyse stratégie (devenu France Stratégie). Encore faut-il pouvoir adapter les habitats aux conditions de vie des personnes âgées, et éviter que le maintien à domicile de personnes vivant souvent seules ne renforce leur isolement.
Des réflexions progressent et débouchent sur des initiatives, à l’image de l’action de la Caisse des Dépôts à travers son programme d’adaptation de logements qui lui permettra de disposer en 2020 de près de 14.000 logements adaptés, soit dans ses constructions neuves soit dans ses programmes de réhabilitation.
La Caisse a par ailleurs signé début mars une convention par laquelle elle s’engage, entre autres, à soutenir les travaux réalisés dans le cadre de la «silver économie». La filière a été mise en place en avril 2013 pour développer une véritable industrie autour des «gérontechnologies», industrie qui consiste à adapter les nouvelles technologies aux besoins des personnes âgée afin d’améliorer leur autonomie.
Mais si les nouveaux dispositifs de télé-assistance doivent favoriser le maintien à domicile de ces personnes (une norme Afnor spécifique a même été mise au point), il n’est pas sûr qu’elles apportent les réponses appropriées à leur sentiment d’isolement.
D’autant que les seniors ne composent pas un ensemble homogène. Si leurs capacités d’adaptation aux évolutions technologiques sont bien réelles, elles varient malgré tout selon l’âge. On n’intègre pas les technologies de la communication dans son univers de la même façon à 60 ans, 75 ans ou 90 ans. Pour les plus âgés, des problèmes d’habileté manuelle ou d’acuité visuelle pour composer des numéros sur un clavier, de défaillance dans l’audition ou dans l’expression pour les commandes vocales, compliquent singulièrement l’adaptation culturelle à des objets connectés.
Créer de nouvelles solidarités
Mais surtout, si ces technologies peuvent apporter un supplément de confort et d’autonomie, elles ne répondent pas au besoin de socialisation. «On pallie les incapacités du corps, mais ça ne donne pas un rôle social à la personne, commente le sociologue Serge Guérin. On fonctionne dans une logique où on a de la technologie et on cherche à la mettre dans le secteur des personnes âgées. Il faut prendre le problème dans l’autre sens: est-ce que la technologie peut apporter quelque chose aux personnes âgées, et si oui quoi?»
Analysant la société face au vieillissement dans un rapport de l’Observatoire de la fin de vie, le sociologue préfère insister «sur la complémentarité des solidarités publiques et des solidarités familiales et de voisinage: le développement des premières ne justifie pas le renoncement aux secondes, mais peut au contraire contribuer à leur évolution». Et pas seulement à travers des technologies ciblées.
On doit alors souligner l’importance du soutien des prestataires spécialisés dans les services à la personne qui, outre leur mission d’assistance à domicile, entretiennent le lien social. Mais à ce jour, les solutions doivent encore être structurées. Afin qu’une plus grande professionnalisation dans ce secteur permettent d’offrir des carrières et des solutions de vie qui correspondront à l’augmentation prévisible des besoins.
Le problème prend de l’ampleur: il concerne d’ailleurs aussi bien les personnes âgées qui vivent à domicile que celles qui, placées en établissements spécialisés, sombrent pour 15% à 20% d’entre elles dans un état dépressif. C’est l’une des explications du suicide qui, d’après l’Observatoire, «est l’une des trois principales causes de décès de la personne âgée, avec le cancer et les maladies cardio-vasculaires».
En France, chaque année, 3.000 personnes de plus de 65 ans mettent fin à leurs jours, dont près de la moitié à leur domicile. Encore cette statistique apparaît-elle sous-estimée, certains suicides n’étant pas enregistrés comme tels. 30% des suicides en France pour 20% de la population... avec une prévalence accrue pour les plus de 85 ans.
Le Parlement, qui tarde à se saisir du projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement, devra plancher sur ces questions qui ramènent toutes à s’interroger sur l’insertion sociale des personnes âgées. En fait, des millions d’individus qui vivent l’isolement comme une exclusion d’autant plus longue qu’ils vivent plus vieux.
Gilles Bridier
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Un Français sur 10 a moins de «trois contacts directs» par an,societe,solitude,france,

20 Juin 2016, 22:35pm

Publié par hugo

Un Français sur 10 a moins de «trois contacts directs» par an
Slate.fr France 01.07.2010 - 0 h 00, mis à jour le 01.07.2010 à 17 h 17


La grande enquête sur la solitude des Français de la Fondation de France, diffusée par France Info et Le Parisien/Aujourd'hui en France jeudi 1er juillet, a de quoi faire frémir. Un Français sur dix avoue vivre seul, replié sur lui, coupé de tout réseau social: sans lien familial, ni professionnel, ni amical, ni associatif, comme le rapporte notamment France Info.
Sans doute encore plus frappant, on apprend que ces 4 millions de personnes ont en une année moins de trois «contacts directs», c'est-à-dire de conversation personnelle avec autrui.
Autre chiffre de cette enquête: un Français sur quatre est en situation d'exclusion potentielle car relié aux autres que par un seul réseau.
On a tendance à réserver ces situations d'immense solitude aux personnes âgées. Ce n'est pas le cas. L'isolement commence à se manifester de manière sensible dès la quarantaine, indique l'enquête. Plus de la moitié des solitaires ont moins de 60 ans, un tiers ont moins de 50 ans. La solitude touche 16% des plus de 75 ans, 9% des 40-49 ans, 11% des 50-59 ans, 15% des 60-74 ans.
Quelles en sont les causes? Dans 56% des cas, une rupture familiale, un deuil, une séparation, ou le départ des enfants du domicile peuvent être à l'origine de l'isolement. Dans 15% des cas, une rupture professionnelle. Dans 7% des cas, c'est un déménagement. La précarité est également un facteur déterminant. On a quatre fois plus de risques de se retrouver en situation d'exclusion avec 1.000 euros par mois qu'avec 4.000 euros mensuels.
La solitude est-elle synonyme de grande ville et ou de campagne? L'étude tranche: l'isolement touche autant les deux.
Les réseaux sociaux ne sont d'aucune aide pour faire face à cette solitude. Neuf solitaires sur 10 déclarent ne pas y aller par manque de courage et d'envie de chercher des amis. Ce refus est révélateur d'une tendance plus générale des grands solitaires à se refermer peu à peu sur eux-même, notamment par culpabilité de leur propre situation. Une conclusion bien pessimiste puisqu'«une fois que la solitude s'installe, il est difficile d'en sortir».
[Lire l'article sur France Info ]
Vous souhaitez proposer un lien complémentaire sur ce sujet ou sur tout autre sujet d'actualité? Envoyez-le à infos @ slate.fr
Photo: Loneliness/caitra via Flickr CC License By
Slate.fr

http://www.slate.fr/story/23987/francais-solitude

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Les inégalités sont aussi une question de solitude,societe,solitude,emploi,sante,

20 Juin 2016, 22:32pm

Publié par hugo

Les inégalités sont aussi une question de solitude
Olivier Galland et Telos Economie 16.10.2015 - 15 h 52, mis à jour le 19.10.2015 à 11 h 17
Einsam im Morgennebel, Loneliness. Peter Heilmann via Flickr CC License by.
Einsam im Morgennebel, Loneliness. Peter Heilmann via Flickr CC License by.
Si on les relie généralement à la situation professionnelle, de nouvelles lignes de fracture apparaissent.


Les inégalités sont généralement pensées comme étant liées à la position professionnelle: en haut les dirigeants d’entreprises ou les traders, en bas les ouvriers ou les petits employés, au milieu les cadres moyens et techniciens. Cette vision stratificationniste des inégalités conserve bien sûr sa valeur; les inégalités de revenu entre catégories socioprofessionnelles ou entre salariés et détenteurs de patrimoine et de capitaux restent une question centrale. Pourtant, de nouvelles lignes de fracture apparaissent dans la société, qui ne sont plus seulement indexées sur la position professionnelle. Parmi ces nouveaux facteurs de risque, partiellement indépendants du statut social, le développement de la vie solitaire tient une place importante.
Aujourd’hui en France, d’après le recensement de 2011, 34% des ménages sont constitués d’une seule personne. Dans le nord de l’Europe, ces situations sont encore plus fréquentes: les «singletons» forment entre 40 et 45% de l’ensemble des foyers! Mais ce phénomène se développe dans le monde entier. Aux ménages d’une personne stricto sensu, on peut ajouter les familles monoparentales (surtout constituées de femmes vivant avec un ou plusieurs enfants), qui représentent 8,5% des foyers français.
La progression de la vie solitaire a été spectaculaire: la part des Français concernés (c’est-à-dire vivant dans un ménage de ce type) a plus que doublé de 1975 à 2012, passant de 8% à 19%. Les familles monoparentales étaient quasiment inexistantes en 1975; 8% des Français y vivent dorénavant. Au total, nettement plus d’un quart des Français sont concernés par ces situations. C’est donc loin d’être un phénomène marginal.
Il y a bien sûr une assez grande hétérogénéité dans les populations qu’elles touchent. Tous ceux qui vivent seuls ne connaissent pas la précarité, ni forcément la solitude entendue comme une raréfaction des liens sociaux. Les étudiants, par exemple, qui vivent souvent seuls (40% sont dans ce cas), sont le plus souvent entourés et très fortement aidés matériellement et affectivement par leur famille. Ils ont aussi souvent une vie sociale intense, même si une minorité non négligeable d’entre eux peuvent être également touchés par un sentiment d’isolement (d’après l’enquête de l’Observatoire de la vie étudiante, 1 sur 5 en fait état concernant la semaine ayant précédé l’enquête en 2013).
Divorce et mortalité différentielle
En réalité, deux phénomènes ont surtout favorisé le développement de la vie solitaire et contribué à en faire un nouveau problème social: la hausse de la divortialité et le vieillissement démographique associé à la mortalité différentielle des hommes et des femmes. La première cause est bien connue et explique en grande partie qu’un nombre important d’hommes et de femmes dans la force de l’âge vivent seuls (avec ou sans enfants). Si la vie en solo touche les deux sexes, hommes et femmes ne sont pas égaux devant elle. Au début de la maturité (entre 30 et 40 ans), ils sont certes touchés également (20%). Mais progressivement, à mesure qu’elles avancent en âge, les femmes sont de plus en plus surreprésentées dans le contingent des personnes seules. Sans doute les hommes, même relativement âgés, ont-ils plus de facilités à reformer un couple, éventuellement avec des femmes plus jeunes.
En se séparant, les femmes conservent le plus souvent la garde des enfants et il est fréquent alors que leur situation économique devienne précaire
Par ailleurs, en se séparant, les femmes conservent le plus souvent la garde des enfants et il est fréquent alors que leur situation économique devienne précaire. Le taux de pauvreté des enfants vivant dans une famille monoparentale est de 40%. Autre chiffre spectaculaire: en 2014, 28% des allocataires du RSA sont des personnes seules avec une ou des personnes à charge (le plus souvent des enfants), dont 92% sont des femmes. Parmi les allocataires du RSA socle, la proportion de personnes seules avec enfant(s) est encore plus élevée: 34%. Mais les effets délétères de la vie solitaire ne concernent pas que les femmes vivant avec un ou plusieurs enfants: pour preuve, 40% des mêmes allocataires du RSA sont des personnes seules sans enfants, dont 64% d’hommes. Au total, 68% des allocataires du RSA vivent seuls (86% des allocataires du RSA socle) contre seulement 24% de l’ensemble des personnes de 18 à 64 ans! Il n’est pas besoin de beaucoup d’autres démonstrations pour montrer le lien entre la vie solitaire et la pauvreté.
Cela s’explique en partie par le fait que les ressources du foyer sont prises en compte dans l’attribution du RSA et que les conditions d’attribution tiennent compte des économies d’échelle que permettent le fait de vivre à plusieurs dans un même logement. Ainsi, un smicard vivant seul peut toucher le RSA, ce qui n’est pas le cas de deux smicards vivant en couple. Il n’empêche que le nombre impressionnant de personnes seules attributaires du RSA –près de 2 millions sur 3 millions d’allocataires au total– ne s’explique pas uniquement par des effets de seuil. Ce lien entre solitude et pauvreté persiste lorsqu’on contrôle le milieu social (comme l’a montré une étude irlandaise due à Christopher Whelan et Bertrand Maître). Cela ne veut pas dire évidemment que l’effet de la classe sociale disparaît. Il continue de moduler l’ampleur de ces risques, mais il ne suffit pas à lui seul à en rendre compte.
Le vieillissement de la population contribue également à ce développement de l’isolement social, surtout aux grands âges, lorsque le conjoint est décédé. A partir de 60 ans, 41% des femmes vivent seules! Cet isolement conjugal peut se conjuguer à un isolement familial lorsque les enfants ne sont pas présents, situation plus fréquente qu’on pourrait le penser: une étude européenne (le programme FELICIE) a montré que 11% des hommes et 17% des femmes ayant entre 75 ans et 84 ans vivaient sans partenaire ni enfant survivant en 2000. Au-delà de 84 ans, cette situation concerne 14% des hommes et 23% des femmes. Ce complet isolement familial peut conduire des personnes à faibles ressources à des situations de grande détresse économique et psychologique.
Un système illisible, et probablement injuste
Ces situations sont-elles prises en compte par le système de protection sociale? En France, celui-ci est principalement fondé sur une logique assurantielle et sur les solidarités professionnelles. Il s’est néanmoins adapté au fil des ans pour aider les groupes de personnes inactives touchées par la pauvreté en créant des dispositifs qui se sont juxtaposés à mesure que chaque situation nouvelle apparaissait. Mais il ne s’agit que d’un filet de sécurité subsidiaire comblant les interstices laissés par le système assurantiel. En France notamment, l’écart est ainsi très grand entre les conditions et la générosité du système d’assurance chômage et celles du système d’assistance.
En France,
la protection sociale est principalement fondée sur les solidarités professionnelles
Une des différences importantes est que le premier est attribué individuellement, alors que les minima sociaux, comme le RSA (qui a été récemment fusionné avec l’allocation de parent isolé), sont attribués au foyer en tenant en compte de sa composition et de ses ressources. Autrement dit, un chômeur ayant cotisé la durée nécessaire pourra toucher une allocation (avec un plafond de 6.000 euros) quels que soient la composition et les revenus de son foyer, alors qu’un allocataire du RSA verra son allocation réduite ou supprimée si les revenus du son foyer dépasse un montant minimum garanti. Les personnes sans aucune ressource se verront attribuer un peu plus de 500 euros si elles vivent seules, 786 euros si elles vivent seules avec enfant ou si elles vivent en couple. On peut légitimement se demander comment une personne seule (si elle n’a pas fraudé dans sa déclaration, bien sûr) peut vivre avec 500 euros par mois. Quant aux jeunes sans ressources, ils étaient jusqu’à peu totalement exclus du dispositif.
Dans les pays qui, comme la France, ont un salaire minimum et qui privilégient une définition relative de la pauvreté (un seuil fixé en % du revenu médian), le revenu minimum garanti est fixé soit explicitement, soit implicitement en fonction de ce salaire minimum. D’autres pays aux régimes de garantie universelle, à rebours de cette conception relative de la pauvreté, ont choisi une définition absolue de la pauvreté pour définir le montant des revenus minimums (un panier de biens nécessaires à la couverture des besoins vitaux).
Si l’on veut se rapprocher de la philosophie de ces systèmes universalistes, par souci d’efficacité et de justice pour mieux prendre en compte les laissés pour compte du système assurantiel, il faudrait aller vers une uniformisation et une individualisation du système d’allocations de solidarité, voire vers une allocation sociale unique qui diminuerait les coûts bureaucratiques et les fraudes et assurerait un revenu décent aux plus pauvres. La multiplication des minima sociaux rend le système illisible et probablement injuste: outre le RSA, on compte en France l’allocation de solidarité spécifique (ASS) pour les chômeurs ayant épuisé leurs droits, l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), l’allocation adulte handicapé, l’allocation temporaire d’attente (ATA) pour des étrangers en attente de réinsertion, la prime pour l’emploi (PPE) (qui va cependant être fusionnée avec le RSA en 2016). Un système unifié, plus simple et plus généreux envers les personnes véritablement démunies et incapables de travailler, devrait s’accompagner de mesures d’activation visant à limiter les comportements opportunistes et à accroître l’accès à l’emploi d’une partie de ces publics. En France notamment ces politiques d’activation font défaut, le volet «insertion» du RMI n’ayant jamais donné de résultats probants.
Des projets plus utopiques et plus controversés sautent un cran supplémentaire dans l’uniformisation et l’universalité du système d’aide en envisageant une allocation universelle se substituant à toutes les allocations, qu’elles relèvent de l’assistance ou de l’assurance. La Finlande semble réfléchir sérieusement à un dispositif de cet ordre, un revenu universel qui remplacerait toutes les aides sociales en vigueur et qui serait versé sans contrepartie à tous les citoyens du pays, sans distinction d’âge, de situation sociale ou de santé.
Ce papier a été mis à jour le 19 octobre à 11h15 pour ajouter la référence à une note de l'Observatoire national de la vie étudiante.


Olivier Galland et Telos

http://www.slate.fr/story/108399/inegalites-solitude

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La solitude nuit gravement à la santé,sante,societe,

20 Juin 2016, 22:30pm

Publié par hugo

La solitude nuit gravement à la santé
Jessica Olien Life 02.09.2013 - 6 h 03, mis à jour le 02.09.2013 à 6 h 03
loneliness / Lilivanili via Flickr CC License by.
loneliness / Lilivanili via Flickr CC License by.
L’isolement social tue plus que l’obésité, et il est au moins autant stigmatisé.


Cet hiver, j’ai quitté New York pour Portland, dans l’Oregon. Les raisons de mon déménagement étaient purement pragmatiques. New York est une ville chère et stressante. Portland, m’étais-je dit, m’offrirait l’espace et le temps nécessaire à mon travail.
Dès mon arrivée, j’ai loué une maison et je suis joyeusement partie à la recherche de mes pairs. Je suis allée dans des parcs, des librairies, des bars, à des rendez-vous galants, j’ai même essayé le golf. Ce n’est pas que je ne rencontrais personne. Au contraire. Mais je ne n’avais aucun atome crochu avec eux.
Autrefois sociable et optimiste, je suis devenue morose et limite paranoïaque. Je savais que je devais nouer des liens avec des gens pour me sentir mieux, mais physiquement, je me sentais incapable d’affronter de nouvelles interactions creuses. Je me réveillais en pleine nuit, prise de panique. L’après-midi, la solitude m’envahissait par vagues, comme une fièvre. Je n’avais pas la moindre idée de la manière de m’y prendre pour résoudre le problème.
Pas trop sûre de moi, j’ai commencé à faire des recherches sur la solitude et suis tombée sur plusieurs études récentes pour le moins inquiétantes.
Arthrite, diabète et maladies cardiaques
La solitude ne nous rend pas seulement malades, elle nous tue. Elle présente un risque sanitaire majeur. Des études sur les personnes âgées et l’isolement social concluent que ceux qui sont privés d’interactions sociales adéquates sont deux fois plus susceptibles de mourir prématurément que les autres.
L’augmentation du risque de mortalité est comparable à celle des fumeurs. Et la solitude est à peu près deux fois plus dangereuse que l’obésité.
L’isolement social réduit les défenses immunitaires et augmente les inflammations, ce qui peut déboucher sur de l’arthrite, du diabète de type II et des maladies cardiaques. La solitude nous brise le cœur mais dans notre culture, nous abordons rarement le sujet.
Le sentiment de solitude a doublé: deux récentes enquêtes révèlent qu'aux Etats-Unis, 40% des adultes déclarent se sentir seuls, alors que dans les années 1980 ils n’étaient que 20%.
Nos nombreuses interactions sur Internet ne nous aident en rien et peuvent même aggraver ce sentiment. Une récente étude auprès des utilisateurs de Facebook montre que le temps que vous passez sur le réseau social est inversement proportionnel au sentiment de bonheur ressenti pendant la journée.
Un peu la honte
Dans une société qui vous juge en fonction de l’étendue apparente de votre réseau social, il est difficile d’admettre que l’on se sent seul. C’est un peu la honte.
Il y a une dizaine d’années, ma mère a divorcé de mon beau-père. Seule et avide de relations humaines, elle appela une cousine à qui elle n’avait pas parlé depuis plusieurs années. Au téléphone, sa cousine ricana: «Tu n’as donc pas d’amis?»
Tout en affrontant ma propre solitude à Portland, je me suis souvent retrouvée à penser: «Si j’étais quelqu’un de bien, je ne serais pas toute seule.»
«Admettre que vous êtes seul revient à vous coller un gros S sur le front», estime John T. Cacioppo de l’université de Chicago, qui étudie les effets sur la santé de la solitude et de l’isolement social.
Il raconte qu’un jour, à bord d’un avion, il se sentit extrêmement gêné de tenir un exemplaire de son propre livre, qui avait le mot «solitude» imprimé en énorme sur la couverture. Il ressentit une grosse envie d’en retourner la jaquette pour les gens ne puissent pas la voir. «Pour la première fois, j’ai réellement su ce que c’était de se sentir seul au vu et au su de tous», explique-t-il.
«Le plus terrible et le plus contradictoire de mes problèmes»
Quand la tentative de suicide de Stephen Fry fut rendue publique l’année dernière, l’acteur anglais si populaire écrivit un post de blog sur son combat contre la dépression, où il expliqua que la solitude était le pire aspect de son affliction:
«Seul? Je reçois pratiquement une invitation par jour dans ma boîte aux lettres. Je serai dans la loge royale à Wimbledon et des amis m’ont généreusement et très sérieusement proposé de les rejoindre dans le sud de la France, en Italie, en Sicile, en Afrique du Sud, en Colombie-Britannique et en Amérique cet été. J’ai deux mois pour commencer un livre avant de partir à Broadway pour une saison de La Nuit des rois.
Je relis cette dernière phrase et je vois bien que, bipolaire ou pas, si je suis sous traitement et pas réellement déprimé, quel droit j’ai, bon sang, de me sentir seul, malheureux ou abandonné? Je n’en ai pas le droit. Mais je n’ai pas le droit non plus de ne pas ressentir ces sentiments. Les sentiments, ce n’est pas une chose à laquelle on a droit ou pas.
Au final, la solitude est le plus terrible et le plus contradictoire de mes problèmes.»
La plupart d’entre nous savons ce que c’est que de se sentir seul dans une pièce pleine de monde, et même une célébrité peut ressentir un sentiment de profonde solitude. Vous pouvez être entouré de centaines de fans en délire, si vous n’avez personne sur qui vous appuyer, personne qui vous connaisse, vous vous sentirez isolé.
En termes d’interactions humaines, la meilleure mesure n’est pas le nombre de personnes que nous connaissons. Pour avoir une vie sociale satisfaisante, nous n’avons pas besoin de tous ces gens. Selon Cacioppo, ce qui importe est la qualité, pas la quantité. Nous avons seulement besoin de plusieurs personnes sur qui nous appuyer et qui peuvent en retour s’appuyer sur nous.
Notre culture est obsédée par la lutte contre l’obésité. Nous aidons ceux qui veulent arrêter de fumer. En revanche, aucun médecin ne m’a jamais interrogée sur le nombre et la qualité de mes interactions sociales. Et même s’il le faisait, ce n’est pas comme s’il pouvait me les prescrire sur ordonnance.
Le Danemark et la Grande-Bretagne consacrent plus de temps et d’énergie à trouver des solutions et à organiser des interventions pour ceux qui se sentent seuls, tout particulièrement les personnes âgées.
«Dérobade sociale»
Plongés dans la solitude, nous perdons le contrôle de nos impulsions et nous plongeons dans ce que les scientifiques qualifient de «dérobade sociale». Nous nous détournons des autres et nous concentrons sur l’auto-préservation, comme je le faisais quand je ne pouvais plus imaginer d’essayer de parler à un autre humain. Les psychologues évolutionnistes posent que la solitude déclenche nos mécanismes de survie primaires, le combat ou la fuite, et nous pousse à rester en marge, loin des gens à qui nous ne sommes pas sûrs de pouvoir faire confiance.
Dans une étude, Cacioppo a mesuré l’activité du cerveau pendant le sommeil de personnes qui se sentent seules et d’autres pour qui ce n’était pas le cas. Les solitaires étaient de loin bien plus susceptibles de subir des micro-réveils, ce qui laisse à penser que le cerveau est à l’affût de la moindre menace pendant la nuit, peut-être comme les premiers humains, par nécessité, lorsqu’ils se retrouvaient séparés de leur tribu.
L’une des raisons pour lesquelles nous évitons de parler de la solitude est qu’il ne suffit évidemment pas d’essayer pour régler le problème. Mais si Internet a peut-être contribué à notre isolement, il se peut qu’il détienne la clé pour y remédier. Cacioppo est excité par les statistiques des rencontres en ligne, qui montrent que les couples qui se sont trouvés sur Internet et sont restés ensemble sont plus proches et moins susceptibles de divorcer que les autres. Si ces statistiques tiennent la route, on pourrait raisonnablement penser qu’il est possible de trouver des amis de cette manière, ce qui faciliterait le retour au monde de ceux dont leurs instincts leur disent de rester en marge, grâce aux liens forgés sur Internet.
Et moi? Moi, je suis rentrée à New York.
Jessica Olien
Traduit par Bérengère Viennot
Jessica Olien

http://www.slate.fr/story/76928/solitude-sante

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