« Maternité, la face cachée du sexisme », un manifeste pour l’égalité parentale au Québec,femmes,sexisme,conge de maternite
La sainte trinité - papa, maman, bébé -, une image d'épinal qui ne correspond pas à la réalité vécue des mères
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Quand va-t-on installer des tables à langer dans les toilettes des hommes ? C’est l’une des questions que pose la journaliste québécoise Marilyse Hamelin dans son livre « Maternité, la face cachée du sexisme – plaidoyer pour l’égalité parentale ». Un pamphlet de près de 200 pages dans lequel elle affirme qu’il n’y a toujours pas d’égalité des sexes dans la parentalité et que la maternité reste un noyau dur du sexisme.
29 sep 2017
Mise à jour 29.09.2017 à 09:02 par
Catherine François
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La maternité dans tous ses états
Égalité femmes-hommes
Des employeurs frileux à l’idée d’embaucher des jeunes femmes parce qu’elles sont en âge de procréer et pourraient s’absenter pour un congé maternité ; un candidat préféré à une candidate pour décrocher un emploi parce que Monsieur sera moins souvent absent que Madame si jamais les enfants sont malades ; une jeune mère qui perd son emploi ou qui se fait enlever des responsabilités professionnelles au retour de son congé maternité ; une jeune femme qui ne trouve pas d’emploi parce qu’elle s’est absentée du marché du travail pour prendre soin de son enfant durant les deux premières années de sa vie ; autant d’exemples, autant de cas désolants présentés par la journaliste Marilyse Hamelin, auteure du blogue "La semaine rose" dans son dernier essai "Maternité, la face cachée du sexisme – plaidoyer pour l’égalité parentale ".
La journaliste Marilyse Hamelin évoque au micro de Radio-Canada l'inégalité parentale
(c) Radio-Canada / Olivier Lalande
Parent responsable ou par défaut, une autre "charge mentale" des femmes
La journaliste poursuit son raisonnement en expliquant que la femme est également pénalisée dans sa vie professionnelle parce qu’elle est toujours et encore vue comme le « premier » parent responsable ou le « parent par défaut », celui qui va aux rencontres parents/professeurs à l’école, celui qui reste à la maison quand bébé est malade, celui qui quitte le travail en cas d’urgence avec le p’tit dernier, etc. « Tant que la parentalité sera considérée comme une responsabilité naturellement féminine, il n’y aura pas de vraie égalité des chances pour les femmes, toutes les femmes, au travail comme à la maison » déclare Marilyse Hamelin. « Comment peut-on faire en sorte que le fait d’avoir des enfants soit accueilli favorablement, ou à tout le moins considéré comme un passage normal de la vie, plutôt qu’un problème ? » s’interroge la journaliste.
Dans la majorité des unions, c’est la mère qui porte le fardeau mental de la planification familiale
Marilyse Hamelin
Maternité sexiste donc et parentalité inégalitaire. C’est ce que constate avec dépit Marilyse Hamelin : non, il n’y a toujours pas d’égalité entre l’Homme et la Femme dans la parentalité. Une réalité indéniable !
Les fruits du RQAP : le régime québécois d’assurance parentale
Et ces progrès, au Québec, on les doit notamment au RQAP, le régime d’assurance parentale, un programme mis en place en 2006 unique en Amérique du nord et qui suscite bien des envies dans le reste du Canada et ailleurs. Il s’agit d’une sorte de caisse collective à laquelle cotisent tous les travailleurs québécois via un prélèvement dans leurs salaires afin d’offrir des congés maternité, paternité et parental aux nouveaux parents. Le régime de base prévoit 5 semaines de congé paternité, 18 semaines de congé maternité et un congé parental de 32 semaines qui peut se partager entre le père et la mère. On parle ici de congés payés bien entendu, mais selon une échelle dégressive et pas à 100% du salaire – l’employeur peut verser une compensation financière à son employé pour compléter le revenu – je me souviens, quand j’ai bénéficié de ce programme, que je touchais 55% de mon salaire durant les semaines du congé parental.
Le congé paternité au Québec, une réalité en demi-teinte
Autrement dit, malgré la possibilité qui leur est offerte, peu de pères se prévalent des semaines de congé parental. Pourquoi ? Parce que, explique la journaliste dans son livre, il existe encore bien des préjugés à combattre, notamment au sein des employeurs, pour le père qui veut passer du temps auprès de son bébé.
Faire une marche avec bébé dans la poussette, c’est charmant, mais prendre 32 semaines de congé parental, faudrait pas charrier !
Marilyse Hamelin
Un sondage mené auprès de travailleurs par l’Ordre des conseillers en ressources humaines du Québec avait été publié en novembre 2015 : il révèle qu’un travailleur québécois sur trois croit qu’un employeur voit d’un mauvais œil le fait que le père prenne congé à la naissance de son enfant et la moitié des hommes interrogés estiment que cela peut nuire à leur carrière s’ils prennent leur congé paternité.
Père et fils au début du 20ème siècle
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Elle suggère également d’allonger le congé paternité ainsi que le congé parental afin que le père en profite davantage sans pour autant empiéter sur celui de la mère. Et elle conseille que le père soit en congé alors que la mère est au travail : ainsi seul à la maison avec son enfant, le père mesure davantage l’ampleur des tâches domestiques et il resserre fortement ses liens avec son enfant.
En matière de parentalité, en plus de la résistance au changement, il faut se buter à des stéréotypes puissants et persistants
Marilyse Hamelin a pris soin de donner la parole dans son livre à autant d’hommes que femmes ). « Est-il possible de se redéfinir collectivement ? Peut-être mais il va falloir beaucoup d’efforts et de volonté politique. Et ce ne sera pas le fait d’une seule génération » renchérit-elle.
« Bien que lente, la progression de l’égalité sur le plan intime et familial est néanmoins indéniable. Je crois par ailleurs que la population est toujours légèrement en avance sur les décideurs politiques… Toutefois, en matière de parentalité, en plus de la résistance au changement, il faut se buter à des stéréotypes puissants et persistants. Contrairement aux idées reçues, il reste énormément de chemin à parcourir pour changer les mentalités » constate la jeune femme.
Ouais, y’a du boulot !!!
Catherine François
Mise à jour 29.09.2017 à 09:02
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