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Le blog de hugo,

PMA : «Femme seule, j'aurais aimé faire mon bébé en France, pas en Espagne»,femmes,pma,

30 Juin 2017, 04:28am

Publié par hugo

 PMA : «Femme seule, j'aurais aimé faire mon bébé en France, pas en Espagne»
 
Christine Mateus
SociétéEspagnePMAprocréation médicale assistéefamilleInsémination artificielle
Anne-Laure, 39 ans, célibataire, se réjouit de l'avis du comité d'éthique qui a donné mardi un avis favorable à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes. Elle a dû aller en Espagne pour en bénéficier.
Anne-Laure doit hausser un peu le ton pour couvrir les babillages de sa petite Pauline, âgée de 4 mois. Un bébé qu'elle a fait seule, dans une clinique en Espagne, grâce à une PMA (procréation médicalement assistée). Son «miracle». La maman célibataire, 39 ans, balaye d'un revers de la main l'idée d'une jeune femme active obnubilée par un désir d'enfant qui justifierait sa décision.
Ce désir, elle ne le nie pas pourtant mais préfère répondre par la série d'épreuves qu'elle a dû traverser avant d'arriver à ce choix «qui n'est pas anodin» : ses trois échecs lors de fécondations in vitro réalisées en France alors qu'elle était mariée, sa rupture en 2014 à l'âge de 36 ans, mais aussi une endométriose, cette maladie gynécologique freinant une grossesse tant attendue. Et puis, mais elle ne l'apprendra que plus tard lors d'un examen en Espagne précipitant sa décision, une réserve ovarienne catastrophique. Bref, pour elle, c'était maintenant ou jamais. «Cette recommandation du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) ouvre enfin une porte à nous toutes. Toutes celles, homos et hétéros, dont on considère qu'elles ne sont pas dans les clous, c'est-à-dire sans homme. J'espère que cet avis sera suivi des faits car la France est très en retard sur cette question. En tant que femme seule, j'étais, et je le suis toujours, interdite d'avoir un enfant en France. C'est d'une telle injustice.»
«On se sent d'autant plus seule dans une ville étrangère»
Elle prévient les politiques de tous bords : «La société avancera avec ou sans eux. Les femmes sont des guerrières et moi, je serais allée au bout de mes chances.» Mais cette détermination a un prix : entre 8 000 et 9 000 euros comprenant notamment le traitement, l'hébergement, les billets d'avion... «Après mon divorce et la vente de ma maison, j'ai pu avoir les fonds pour entreprendre cette démarche, mais combien de femmes, faute de moyens, ne peuvent faire de même. La situation en France engendre aussi une discrimination financière. Heureusement, en plus d'être très aidée par mes parents, j'ai également eu la chance que ça marche du premier coup. Je n'y croyais pas lorsque j'ai fait mon test de grossesse et qu'il s'est révélé positif.»
VIDEO. PMA : avis favorable du comité d'éthique pour les couples de femmes
Pauline pleure. Anne-Laure la confie à sa mère pour parler plus sereinement. La petite ressemble incroyablement à sa grand-mère. «J'aurais aimé faire ce parcours en France où j'ai ma famille, mes amis... On se sent d'autant plus seule dans une ville étrangère même si cela m'a rendue plus forte. Quand je pense que je n'ai pas fait d'enfant plus tôt parce que mon ex et moi vivions dans des villes éloignées pour des raisons professionnelles. A l'époque, je ne souhaitais pas l'élever seule dans un deux-pièces... Aujourd'hui, ça me fait sourire.»
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Si le gouvernement français suit l'avis du CCNE, elle milite pour que la prise en charge financière soit la même pour toutes les femmes, seules ou non, fertiles ou pas. Elle invite aussi les femmes à ne pas faire une croix sur un suivi psychologique avant de se lancer. «Je me suis posé la question d'avoir un enfant sans père bien sûr. J'ai même envisagé d'aller au Danemark où l'identité du donneur est connue. Mais le temps m'était compté, ça vous force à devenir pragmatique. Je me suis donc rendue en Espagne où les taux de réussite étaient les plus importants. Désormais, Pauline est là, tous mes doutes sont levés. Cela aurait été une vraie blessure si je n'avais pas pu mener ce projet à terme.»
23 651 naissances par PMA ont été réalisées en France en 2013. En Espagne, les cliniques IVI ont pris en charge, entre 2012 et 2016, plus de 4 600 patientes françaises. En dehors des Espagnoles, il s’agit de la première nationalité avec l’Italie.
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Pour l'instant, ce n'est qu'un avis, mais il a une portée très importante. Après trois ans et demi de réflexion, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) s'est déclaré, mardi, favorable à la PMA (procréation médicalement assistée), autrement dit l'insémination artificielle avec donneur de sperme, pour toutes les femmes, qu'elles soient lesbiennes ou célibataires, ce qui leur est interdit pour l'instant. «On ne peut pas priver un enfant de son père», a aussitôt réagi la Manif pour tous, qui estime que, quatre ans après le mariage gay, ce débat sociétal risque à nouveau de «diviser les Français».
Selon un sondage Ifop publié samedi à l'occasion de la Marche des fiertés, 60 % des Français y sont favorables. Les Effronté-e-s (association féministe et LGBT — lesbiennes, gays, bis et trans) se disent «extrêmement soulagées par cet avis, déjà partagé par le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes et par le Défenseur des droits, qui dénonçaient en 2015 une législation discriminatoire». Une loi va-t-elle suivre rapidement ? Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait fait de l'élargissement de la PMA une promesse électorale. Comme, avant lui, François Hollande, qui avait fini par y renoncer.
EN IMAGES. La 40e Marche des Fiertés de Paris au nom de la fête et de la PMA
 
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Le Parisien
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