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Quelles sont les villes les plus inégalitaires de France ?
19 mai 2017 - Le classement des villes les plus inégalitaires est composé pour l’essentiel de villes très aisées de la banlieue ouest de Paris. S’y ajoutent quelques communes où des personnes très pauvres cohabitent avec une population mieux lotie. Un article extrait du Centre d’observation de la société.
Neuilly-sur-Seine, Paris, Boulogne-Billancourt : tel est le trio des villes les plus inégalitaires selon le rapport dit « interdécile » qui divise le revenu minimum des 10 % les plus riches [1] par celui maximum des 10 % les plus pauvres. Neuilly-sur-Seine, la ville la plus inégalitaire, surclasse les autres : le seuil d’entrée au sein des 10 % les plus riches y est presque huit fois supérieur au revenu maximum des 10 % les plus pauvres. Paris, seconde au classement, n’est « qu’à » 6,6 fois plus. Dans les villes qui suivent (Boulogne-Billancourt, Annemasse, etc.), le seuil des 10 % les plus riches est 5 fois supérieur au plafond des 10 % les plus pauvres, contre 3,5 fois en moyenne pour la France métropolitaine.
Villes où le rapport interdécile* est le plus élevé
Neuilly-sur-Seine 7,8
Paris 6,6
Boulogne-Billancourt 5,4
Annemasse 5,4
Saint-Mandé 5,2
Saint-Cloud 5,1
Asnières-sur-Seine 5,0
Levallois-Perret 4,9
Sèvres 4,9
Suresnes 4,8
Bois-Colombes 4,7
Villemomble 4,7
Colombes 4,7
Montreuil-sous-Bois 4,7
Saint-Germain-en-Laye 4,6
Courbevoie 4,6
Nancy 4,6
Puteaux 4,5
Meudon 4,5
Pantin 4,5
* Niveau de vie minimum des 10 % les plus aisés rapporté au niveau de vie maximum des 10 % les plus pauvres. Communes de plus de 20 000 habitants.
Source : Insee – Données 2013 – © Observatoire des inégalités
La position de Neuilly-sur-Seine est particulière car les plus aisés ont un niveau de vie exceptionnel. Le seuil d’entrée au sein des 10 % les plus riches est de 107 000 euros par an (après impôts et prestations sociales) pour une personne seule, contre 61 000 euros à Saint-Cloud (autre ville de banlieue parisienne). Notre classement, selon l’écart interdécile (la différence en euros entre les très riches et les très pauvres), fait ressortir les villes les plus aisées de France : Neuilly-sur-Seine, mais aussi Saint-Cloud, Saint-Mandé, Boulogne-Billancourt, Paris, etc. Elles se situent toutes en banlieue parisienne. Encore faut-il prendre en compte l’effet des découpages administratifs : les 6e, 7e, 8e et 16e arrondissements parisiens n’apparaissent pas dans notre classement alors qu’ils se situent au niveau de Neuilly-sur-Seine et que les inégalités y sont encore plus grandes (le rapport interdécile y est de 9).
Villes où l'écart interdécile* est le plus élevé
Unité : euros
Neuilly-sur-Seine 93 808
Saint-Cloud 61 456
Saint-Mandé 54 683
Boulogne-Billancourt 54 068
Paris 53 765
Sèvres 50 689
Levallois-Perret 50 005
Maisons-Laffitte 49 738
Saint-Germain-en-Laye 49 085
La Celle-Saint-Cloud 47 929
Suresnes 46 331
Rueil-Malmaison 46 233
Versailles 46 191
Nogent-sur-Marne 45 575
Meudon 45 173
Chatou 44 250
Vincennes 44 049
Le Chesnay 43 626
Saint-Maur-des-Fossés 42 950
Courbevoie 42 708
* Écart en euros entre le niveau de vie minimum des 10 % les plus aisés et le niveau de vie maximum des 10 % les plus pauvres. Communes de plus de 20 000 habitants.
Source : Insee – Données 2013 – © Observatoire des inégalités
Les villes les plus inégalitaires sont les villes où la population est la plus aisée. Pourtant, le classement cache des formes différentes d’inégalités de niveau de vie. Ainsi, Annemasse (banlieue de Genève), quatrième ville la plus inégalitaire selon le rapport interdécile, est assez différente des communes de l’Ouest parisien : les pauvres ont un revenu très inférieur à la moyenne nationale et les plus riches ne se situent pas au niveau des villes privilégiées d’Île-de-France. Dans certaines villes, les pauvres sont particulièrement pauvres, mais on y trouve tout de même une population assez aisée. C’est le cas de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis, en 14e position selon le rapport interdécile) où le seuil des 10 % les plus pauvres est parmi les plus bas de France alors que le seuil des plus riches, très loin d’atteindre le niveau de la banlieue ouest de Paris, est supérieur à celui des communes les plus pauvres. Cette situation prévaut dans un assez grand nombre de communes de banlieue de l’Est parisien.
Le Grand-Quevilly (76), Couëron (44) et Coudekerque-Branche (59) sont les villes les plus égalitaires selon le rapport interdécile. L’égalité prend là aussi des formes différentes. D’abord, des communes comme Le Grand-Quevilly, Couëron ou Saint-Médard-en-Jalles (33), que l’on pourrait qualifier de « villes classes moyennes » : les pauvres sont plutôt moins pauvres et les riches moins riches qu’ailleurs, d’où de moindres inégalités. Ensuite, des communes peu favorisées du Nord (Grande-Synthe, Coudekerque-Branche, Wattrelos) : le seuil des 10 % les plus riches est loin derrière celui des villes les plus riches et les pauvres sont un peu moins pauvres que dans les villes les plus déshéritées.
Villes où le rapport interdécile* est le plus faible
Le Grand-Quevilly 2,4
Couëron 2,5
Coudekerque-Branche 2,7
Grande-Synthe 2,7
Wattrelos 2,7
Saint-Sébastien-sur-Loire 2,7
Rezé 2,8
Saint-Médard-en-Jalles 2,8
Lanester 2,9
Les Pennes-Mirabeau 2,9
Villenave d'Ornon 2,9
Vertou 2,9
Hazebrouck 2,9
Fontaine 2,9
Gardanne 2,9
Bruay-la-Buissière 2,9
Halluin 2,9
Frontignan 3,0
Bègles 3,0
Istres 3,0
* Niveau de vie minimum des 10% les plus aisés rapporté au niveau de vie maximum des 10% les plus pauvres. Communes de plus de 20 000 habitants.
Source : Insee – Données 2013 – © Observatoire des inégalités
Les villes où l’écart interdécile est faible (entre 15 000 et 18 000 euros par an) figurent très souvent parmi celles où le taux de pauvreté est élevé. Il s’agit d’une sorte « d’égalité par le bas » : dans ces communes, riches et pauvres sont un cran très en dessous de la moyenne. On entre dans le dixième le plus favorisé avec environ 25 000 euros, quatre fois moins qu’à Neuilly-sur-Seine. Les plus pauvres touchent au plus 7 000 à 8 000 euros par an.
Villes où l'écart interdécile* est le plus faible
Unité : euros
Grande-Synthe 15 460
Grigny 16 452
Garges-lès-Gonesse 16 762
Wattrelos 16 852
La Courneuve 16 934
Clichy-sous-Bois 16 943
Vaulx-en-Velin 16 959
Roubaix 17 123
Creil 17 134
Bruay-la-Buissière 17 175
Liévin 17 229
Le Grand-Quevilly 17 264
Bobigny 17 307
Stains 17 744
Coudekerque-Branche 17 781
Villiers-le-Bel 17 830
Aubervilliers 18 453
Calais 18 471
Sarcelles 18 529
Tourcoing 18 556
* Écart en euros entre le niveau de vie minimum des 10 % les plus aisés et le niveau de vie maximum des 10 % les plus pauvres. Communes de plus de 20 000 habitants.
Source : Insee – Données 2013 – © Observatoire des inégalités
Différentes formes d’inégalités
Les données sur les inégalités de revenus au sein des communes sont riches d’enseignements. D’abord sur le niveau inégal des inégalités et sur ses conséquences. Vivre à Rezé (44) ou à Saint-Cloud (92) ne signifie pas du tout la même chose en termes d’écart de niveaux de vie. Ces données indiquent aussi que les inégalités peuvent prendre des formes différentes selon la structure des niveaux de vie. On peut avoir des écarts tirés par le haut (des riches très riches) ou par le bas (des pauvres très pauvres).
L’interprétation de ces chiffres invite à la prudence. Ils intègrent des communes de taille et de fonction parfois très différentes (une petite commune isolée, une grande ville de banlieue, etc.). L’étude des données par quartier serait, elle aussi, riche d’enseignements pour comprendre comment se structurent les inégalités et la mixité sociale à l’intérieur même des communes. Enfin, il faut éviter de tirer des conclusions trop hâtives quant à la responsabilité des élus locaux. Ces situations se sont construites sur un temps très long, sous différentes majorités. Certaines communes peuvent être inégalitaires parce qu’elles ont accueilli les plus démunis dont les autres n’ont pas voulu. D’autres, parfois les mêmes, sont frappées par le chômage, phénomène contre lequel les élus locaux n’ont que des moyens d’action limités. Inversement, certaines villes sont « égalitaires » parce qu’elles cultivent l’homogénéité de leur population. C’est moins le niveau des inégalités qui compte que la façon dont elles se sont construites et structurent le territoire.
Cet article est extrait du Centre d’observation de la société.
Photo / © Mbzt via wikicommons
Notes
[1] Pour une personne seule, après impôts et prestations sociales. Villes de plus de 20 000 habitants. Les personnes vivant en communauté (maisons de retraites, foyers, etc.) ne sont pas comprises. L’Insee ne communique pas les données comparables pour les départements d’Outre-mer.
Date de rédaction le 12 novembre 2015
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