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Le blog de hugo,

La parité, tempérée, selon Emmanuel Macron et Edouard Philippe,parite,politique

18 Mai 2017, 01:28am

Publié par hugo

La parité, tempérée, selon Emmanuel Macron et Edouard Philippe
Les femmes nommées ministres et secrétaires d'Etat dans le gouvernement Edouard Philippe, premier Premier ministre sous la présidence d'Emmanuel Macron. De gauche à droite : Sylvie Goulard, , Annick Giradin, Françoise Nyssen, Elisabeth Borne, Sophie Cluzel, Frédérique Vidal, Marielle de Sarnez, Marlène Schiappa, Agnès Buzyn, Laura Fessel, Muriel Pénicaud
Les femmes nommées ministres et secrétaires d'Etat dans le gouvernement Edouard Philippe, premier Premier ministre sous la présidence d'Emmanuel Macron. De gauche à droite : Sylvie Goulard, , Annick Giradin, Françoise Nyssen, Elisabeth Borne, Sophie Cluzel, Frédérique Vidal, Marielle de Sarnez, Marlène Schiappa, Agnès Buzyn, Laura Fessel, Muriel Pénicaud
Dix neuf ministres, dont neuf femmes, mais une seule à une fonction dit "régalienne", attachée à la souveraineté de la France. Aucune en charge d'une ministère d'Etat. Si la parité en nombre du premier gouvernement sous la présidence d'Emmanuel Macron est presque atteinte, la parité en terme de prestiges et de fonctions est oubliée. Et les femmes n'auront pas le ministère de plein exercice qu'elles espéraient pour accéder enfin à l'égalité entre les sexes.
17 MAI 2017
 Mise à jour 17.05.2017 à 17:48 par    
Sylvie Braibant
dansAccueilTerriennesParité et politique
Seule la députée européenne Sylvie Goulard, membre du Modem, tire son épingle de ce jeu pipé de la parité annoncée par les gouvernements français les uns après les autres. En devenant la ministre des Armées, elle n'est cependant pas la première femme à occuper cette fonction. On se souvient de Michèle Alliot-Marie, surnommée MAM, qui remontait d'une allure martiale les rangs de soldats sous les gouvernements Raffarin et De Villepin, alors que Jacques Chirac présidait aux destinées de la France.

Cette farouche européenne siège au Parlement depuis 2009, où elle est connue pour son sérieux et son assiduité à suivre les dossiers. Une Europe qu'elle fréquente depuis longtemps, elle fut aussi conseillère de l'italien Romano Prodi, alors président de la Commission européenne, entre 2001 et 2004.
Sylvie Goulard avec Romano Prodi, présidnet de la Commission européenne, dont elle fut la conseillère
Sylvie Goulard avec Romano Prodi, présidnet de la Commission européenne, dont elle fut la conseillère
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Des occupations de femmes
Les Françaises devront donc se contenter de cela : les autres ministères régaliens, de l'Intérieur,  de la Justice, des Affaires étrangères et de l'Économie et des Finances ont été, bien naturellement confiés à des hommes. L'Education nationale aussi. Les huit autres femmes se partagent entre : la Santé/solidarité (le "care - soin" si cher aux femmes)  - la médecin Agnès Buzyn ; la Culture, l'éditrice Françoise Nyssen des excellentes éditions Actes Sud, qui pourra donc remonter le tapis rouge du Festival de Cannes 2017 ; le Travail - Muriel Pénicaud, une femme qui a mené sa carrière comme cadre dans le privé (Martine Aubry ou Myriam El Khomri y furent en poste avant elle, par exemple) ; l'Enseignement supérieur - l'universitaire Frédérique Vidal (qui y fut précédée par Valérie Pécresse ou Genviève Fioraso) ; les Outre-mer - la radicale de gauche Annick Girardin, déjà ministre de la Francophonie sous la présidence Hollande ;  les Sports - l'ex championne olympique d'escrime Laura Flessel, un poste là aussi souvent occupé par les femmes, parfois issues de la diversité (Edwige Avice, la communiste Marie-George Buffet, et aussi, toujours elle Michèle Alliot-Marie, Rama Yade, Chantal Jouanno, Jeannette Bougrab, Valérie Fourneyron) ; le Transport et la transition écologique - Elisabeth Borne, haute fonctionnaire qui connaît son secteur puisqu'elle quitte la RATP (transports parisiens) pour rejoindre son poste (on avait rencontré à cette foction pas moins que Ségolène Royal, Nathalie Kosciusko Morizet, ou Delphine Batho) ; les Affaires européennes - la députée européenne, proche de François Bayrou, Marielle de Sarnez, là aussi un poste plutôt minoré, souvent confié à des femmes (les juristes Noëlle Lenoir, Elisabeth Guigou, Catherine Lalumière, la diplomate Catherine Colonna, la spationaute Claudie Haigneré ou encore Edith Cresson avant d'être l'unique et ephémère Première ministre de France).

Les secrétariats d'Etat, au nombre de quatre n'échappent pas à cette division du travail : les personnes handicapées échoient à Sophie Cluzel, et l'égalité entre les sexes à Marlène Schiappa, maire adjointe de la ville du Mans (Ouest) et auteure d'un blog très populaire, devenu un réseau : "Maman travaille". Comment cette militante féministe a-t-elle accepté que ces questions, essentielles en ce 21ème siècle, de l'égalité entre les femmes et les hommes, soit une fois de plus, cantonnées à un secrétariat d'Etat, contrairement à la promesse faite ? Ce que n'a pas manqué de relever aussitôt Caroline de Haas, co-fondatrice du mouvement Osez le féminisme :
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 Caroline De Haas ✔ @carolinedehaas
Tiens, @EmmanuelMacron a menti. Pour une surprise. 😡 #gouvernement #DroitsDesFemmes
15:23 - 17 May 2017
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Les droits des femmes, une promesse de campagne oubliée ?
D'autant plus que Marlène Shiappa était la référente égalité de celui qui, au cours de sa campagne électorale, alors qu'il était le candidat Emmanuel Macron, se présentait et était adoubé par ses marcheurs et marcheuses, comme celui de la parité, des droits des femmes et de l’égalité professionnelle enfin atteinte entre les sexes. Les investitures aux législatives seraient paritaires, le gouvernement aussi, et une cheffe de gouvernement était annoncée.Il aurait tant voulu, comme il le lançait via les réseaux sociaux le 28 mars 2017 :
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 Emmanuel Macron ✔ @EmmanuelMacron
Le Premier ministre sera choisi sur des critères d’expérience et de compétences. J’aimerais que ce soit une femme. #LaMajoritéEnMarche
16:45 - 28 Mar 2017
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Sur le plateau de TV5MONDE, le 10 mai 2017, dans l'entre-deux tours de la présidentielle, Marlène Schiappa, ne tarissait pas d'éloges pour son champion : "Dans les faits, Emmanuel Macron c’est celui qui a créé le mouvement En Marche! et qui a fait venir des femmes à la politique. Quand il a vu que pour les législatives, il n'y avait que 15% de femmes inscrites pour être candidates à la candidature, il a lancé un appel pour débloquer des moyens, lancer des formations et on est passé de 15% à 45%.  C’est celui qui a proposé le programme le plus complet pour l’égalité femmes-hommes, et c’est lui qui se bat pour mettre en place la parité dans son mouvement au niveau des délégués nationaux, des référents territoriaux et des candidat-es à l’investiture. Je crois que dans l’action, il est totalement féministe."

Pourtant, comme tout le monde a pu le voir le 13 mai 2017, lors de la passation des pouvoirs à l'Elysée Emmanuel Macron a mené campagne avec un premier cercle très masculin, d'où seule émergeait la silhouette remarquable de Sibeth Ndiaye, chargée de sa communication.
 
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 Jeepmicka LV @Meslien2
L'équipe de #Macron, me fait penser à la Team "Ocean Eleven". #investiture2017 #passationdepouvoir #Matignon #Elysee #merkel #SibethNdiaye
06:36 - 15 May 2017 · Martinique
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Et ce n'était pas fini. Dès le 14 mai, le monde entier constatait cela : le Premier ministre n'était pas une femme. Et même aucune femme parmi ses premières nominations comme le note sobrement Nicolas Chapuis, chef du service politique du quotidien Le Monde :
 
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 Nicolas Chapuis ✔ @nicolaschapuis
Depuis hier, Macron a nommé 6 personnes, 5 membres de son cabinet, et un premier ministre. Six hommes, zéro femme.
15:15 - 15 May 2017
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Le tout nouveau président de la République française n'avait donc pas trouvé une femme qui correspondait à ses critères de recrutement : compétente, expérimentée, ayant été parlementaire, de droite, mais ayant appelé à voter pour le candidat d'En Marche! dès le soir du premier tour,  diplômée d'une grande école de l'élite française, mère de famille, entrée en politique depuis une quinzaine d'années, ouverte à une collaboration avec le président social-libéral - autant de "qualités" qui sont celles d'Edouard Philippe. Et pourtant, le nouveau Premier ministre a bien une jumelle politique en la personne de Nathalie  Kosciusko-Morizet à quelques infimes différences près : Ecole polytechnique au lieu de l'ENA (école nationale d'administration), entrée en militance du côté de la droite en même temps (2002), 43 ans pour l'une, 47 pour l'autre, ministre pour l'une, habitué au cumul des mandats  pour l'autre, maires de grandes villes l'un comme l'autre, ayant voté les mêmes lois, et contesté les mêmes autres, mère de deux fils pour l'une, de deux garçons et une fille pour l'autre, qu'ils ont eu tous les deux avec d'ambitieux hauts fonctionnaires,  etc, etc, etc...
Les médias "main stream", influents, la mettaient  pourtant tous dans leur "short" liste de dernière heure des prétendants à la fonction de chef-fe de gouvernement, le 14 mai encore, ne voyant pas venir Edouard Philippe...

Alors, à l'épreuve du pouvoir, les bons sentiments auraient-ils fait long feu ?
Mises en garde des féministes
Premières déceptions, premières réactions donc : les féministes manifestaient leurs inquiétudes aussitôt après la nomination d'Edouard Philippe à la fonction de Premier ministre, un homme, normand revendiqué, mais semblant assez peu concerné par les questions de genre.

Et encore, elles ne savaient pas tout : l'impétrant assume les blagues lourdingues qu'il assène à longueur de tweets, et a co-signé (avec Gilles Boyer, autre proche d'Alain Juppé) un roman politico-policier-érotique dont le héros/narrateur traverse les pages avec un machisme assez peu tempéré. On peut y lire, à propos d'une certaine Marilyn, chargée des relations avec la presse du parti du "héros" que "Tout le monde se demandait quel serait le premier député à pouvoir faire état de ce trophée".

Ou encore que Marilyn, toujours elle, la pauvre, "a de petits seins. Normalement je n'aime pas ça. Mon truc je l'avoue, ce serait plutôt les poitrines  un peu rondes. Pas accablées et avachies, non pas lourdes au point d'être tombées, mais enfin, quelque chose en relief. (.../.…) Une "vraie poitrine, c'est rond, c'est confortable (...) on doit pouvoir mettre son nez au milieu avec jubilation."

Et encore cet "aveu" d'une banalité masculine confondante :
Extrait de <em>Dans l'ombre,</em> paru en 2011,<em> </em>
Extrait de Dans l'ombre, paru en 2011,
Ne soyons pas trop sévères sur ces lignes qui sont d'abord une offense à la littérature avant de l'être aux femmes, et qui n'avaient sûrement pas d'autre ambition que celle d'émoustiller le chaland. Après tout, le regretté Maurice Braibant, député radical de 1914 et 1922, écrivait-il, sous le pseudonyme de Maurice Faust, des nouvelles lestes, dont son arrière petite-fille (et autrice de ces lignes) n'est pas spécialement fière...

A l'épreuve du "Fackt-checking"
Plus sérieusement, au soir de la nomination d'Edouard Phillipe, Osez le Féminisme et Les Effronté-e-s avaient rapporté des indices plus accablants pour le nouveau chef du gouvernement : que l'ex-député UMP de Seine-Maritime s'était abstenu sur la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels en 2013, ainsi que sur la loi du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. Et qu’il avait même voté contre la proposition de loi renforçant la lutte contre la prostitution. "Ou bien M. Philippe n’a jamais trouvé le bouton ‘pour’ sur la table de vote, ou bien l’égalité femmes-hommes n’est pas une priorité politique pour lui. Curieusement, nous penchons pour la deuxième option", ironisent les militantes de Osez le féminisme.

Dans une tribune commune avec Nathalie Kosciusko-Morizet, M. Philippe avait expliqué en 2013 sa décision de s'abstenir sur le mariage pour tous, par son opposition à la possibilité d'adoption plénière par les couples homosexuels. Les deux députés avaient dit craindre que cela n'ouvre la voie à une extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes, à laquelle ils étaient "résolument" opposés.

"La PMA pour toutes les femmes, promesse de campagne de M. Macron après l'avoir été de M. Hollande, passera-t-elle malgré l'opposition résolue du nouveau chef du gouvernement ?", se demandent à leur tour Les Effronté-e-s dans un autre communiqué. Dans son programme, Emmanuel Macron s'est dit favorable à l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes, mais il souhaite attendre l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), "afin d’assurer dans la société un vrai débat, pacifié et argumenté".

Suivez Sylvie Braibant sur Twitter @braibant1
 

A retrouver sur le même sujet dans Terriennes, l'élection présidentielle 2017 en France vue côté femmes :

> Marlène Schiappa : "Arrêtons d’organiser la vie politique française autour des normes masculines"

> Brigitte Macron, là où elle doit être : à côté. Jamais loin

> Présidentielle française, femmes et sexisme politique

> Présidentielle française : une femme au second tour, bonne ou mauvaise nouvelle pour les femmes ?

> Les droits des femmes, oubliés de la présidentielle 2017 ?

paritéFranceEmmanuel MacronPhilippe Martinpolitique française
Sylvie Braibant
Mise à jour 17.05.2017 à 17:48
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http://information.tv5monde.com/terriennes/la-parite-selon-emmanuel-macron-et-edouard-philippe-169771

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