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Le blog de hugo,

La bénédiction des couples de même sexe toujours en débats,homosexuel,mariage

2 Décembre 2014, 04:28am

Publié par hugo

LA CULTURE DU DÉBAT EST BIEN ANCRÉE AU SEIN DE L’ÉPUDF. MAIS POUR TRANCHER ?© ALEXANDRE MENDEL
RELIGION 26 NOVEMBRE 2014
Auteurs
Marie Lefebvre-Billiez
Alexandre Mendel
Mireille Meyer
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La bénédiction des couples de même sexe toujours en débats


Lors des synodes régionaux qui viennent de se tenir, la question de la bénédiction des couples de même sexe a été abordée dans le calme, mais il y aura des conséquences.


Mi-novembre, les neuf régions qui composent l’Église protestante unie de France (ÉPUdF) se sont réunies en synodes régionaux pour prendre position, entre autres, sur une proposition d’une commission nationale sur la « bénédiction des couples et des personnes ». Bien que le sujet présenté abordât la bénédiction en général, c’est bien celle des homosexuels qui était au cœur des débats et discussions. Un nouveau sigle a même été inventé : la BCMS – bénédiction des couples de même sexe.


Le texte proposé par l’échelon national stipulait que « le témoignage des Écritures nous rappelle le caractère structurant de la différence et de l’union entre l’homme et la femme […] Le couple ainsi décrit n’est toutefois pas un absolu qui s’imposerait à tous comme seule voie d’épanouissement […]. Tout en réservant la bénédiction de mariage au couple hétérosexuel, le synode invite les ministres à accueillir les couples de même sexe et à poursuivre leur réflexion pour inventer des manières appropriées de leur dire la bienveillance inconditionnelle de Dieu ». Ceci pourrait aller jusqu’à l’invention de nouvelles liturgies pour « célébrer les alliances de vie des couples de même sexe ».


Pour « prendre le pouls » de l’ÉPUdF, Réforme a choisi de se rendre auprès de trois synodes régionaux, non sans mesurer combien l’Église est toujours traversée d’ambiguïtés sur sa communication. Pourtant, il nous semblait légitime de faire entendre ce que des délégués synodaux avaient à dire sur un sujet complexe.


Un « non » qui dit « oui »


La région Ile-de-France, réunie à Dourdan, qui accueille des ministres et des paroisses de tendances très opposées, a débattu de ce sujet de façon particulièrement pacifique, dans un esprit de respect et de concertation parfois déconcertante… Discutée en petits groupes, la question a fait l’objet de 1 350 gommettes et de 400 Post-it, qui ont été synthétisés dans un document rédigé en quelques heures, rediscuté puis validé en séance plénière. Gilles Boucomont, pasteur au Marais à Paris, une paroisse d’expression charismatique franchement opposée au mariage homosexuel, prend la parole, très calme : « Le message de la commission nationale dit globalement “non”, mais en fait “oui”, car toutes les modalités d’exception sont ouvertes. Je m’interroge sur ce “non” qui dit “oui”, et ce “oui” qui dit “non”. De plus, quel message voulons-nous envoyer au niveau œcuménique ? Voulons-nous faire partie des 5 % d’institutions ecclésiales au niveau mondial qui prennent cette décision ? » Son intervention est très applaudie.


Parmi les opposants au mariage homosexuel, on invoque une « définition biblique de la conjugalité » et « l’autorité des Écritures ». Jean-Paul Morley, pasteur à Pentemont-Luxembourg, prend alors la parole : « Dans mon petit groupe, on s’est fait insulter car on ne tenait pas assez compte de la Bible. Or la Bible préconise l’esclavage et la polygamie, qui ont été par la suite abolis au nom de l’Évangile. D’ailleurs, nous sommes tous condamnés à mort car nous avons travaillé samedi, jour de shabbat. » Il est également très applaudi. Certains vont plus loin, ironisant ainsi : si l’on fait référence à l’autorité des Écritures, alors « que les femmes se taisent dans l’assemblée »…


Au cours de la discussion, les rapporteurs ont demandé à faire un petit sondage. Il en ressort qu’un petit quart des synodaux sont opposés à toute BCMS, une moitié y est favorable et un dernier quart souhaiterait carrément l’appeler un « mariage ». Par contre, presque tout le monde s’oppose à ce qu’une « instance de régulation » soit mise en place, comme suggéré par l’échelon national. En aparté, Gilles Boucomont confirme que les risques de scission sur cette question sont réels : « Des gens sont déjà partis, des pasteurs préparent leur départ, des paroisses entières pourraient partir. » Pour aller où ? Union des Églises réformées évangéliques (UNEPREF), baptistes, libristes…


Débat démocratique


Besançon accueillait le premier synode uni de la région Est–Montbéliard depuis la création de l’ÉPUdF, en présence de Laurent Schlumberger, président du Conseil national. D’où l’interpellation de ce dernier, rappelant le rôle de précurseur de la région, observée par les autres.


Sur le dossier « Bénir », les rapporteurs régionaux ont présenté le projet de décision mis en examen, projet qui n’a présenté qu’un intérêt limité dans les paroisses, 15 seulement – sur 35 – ayant répondu. Le début du texte portant sur la définition de la bénédiction et les personnes qu’elle concerne n’a pas soulevé de remarques particulières, les débats étant plus vifs mais contenus quand il a été question des couples – hétéro, homo, vivant en union libre – et particulièrement des couples de même sexe sans que le ton monte exagérément, tous les responsables de groupes témoignant d’une écoute respectueuse des uns par les autres. Pas de tollé pendant les pauses ou les repas. Les gens de l’Est étant disciplinés, les échanges, sur le sujet étaient limités aux moments indiqués par l’emploi du temps ! Plusieurs synodaux ont dit que la réflexion sur la bénédiction devait continuer, ancrée sur des études théologiques sérieuses. Ils sont d’ailleurs repartis sans connaître le résultat des votes, effectués à bulletin secret et publiés plus tard. Laurent Schlumberger a rappelé que ce type de questions étaient de celles qui reviennent régulièrement !


À Sète, au synode de la région Cévennes-Languedoc-Roussillon, le climat est aussi très consensuel. Sauf pour ce pasteur, qui préfère rester anonyme : « Selon la Bible, un couple, c’est un homme et une femme. Avec ce débat, on se situe contre les Écritures, on est en train de changer de religion… Si seulement notre Église se penchait avec le même sérieux sur l’évangélisation, ce serait très bien. » Il le dit : il ne célébrera pas, le cas échéant, de bénédiction. Une anecdote peu représentative de l’atmosphère pacifiée et studieuse des groupes de travail.


Car le dialogue s’est voulu démocratique, fédératif et exégétique sur le projet de décision présenté par les rapporteurs nationaux. Exemple, justement, dans l’un de ces groupes avec la lecture critique du chapitre 4 de ce texte portant sur la bénédiction des couples. À l’aide de pastilles vertes (pour), rouges (contre) et jaunes (pour exprimer le doute), on soupèse toutes les expressions. Puis, sans jamais s’empoigner, on passe au débat proprement dit. Ainsi avec l’alinéa 2. « Que signifie dans cette phrase le caractère “structurant” de la différence et de l’union entre l’homme et la femme ? », s’interroge une participante. Il faudrait, « à la place, souligner la beauté de l’union de l’homme et de la femme ». Dans la même phrase, un autre pasteur s’émeut presque de l’utilisation du mot mariage : « Attention, la Génèse évoque l’union. À aucun moment on ne parle de mariage. » Une autre pasteure croit savoir pourquoi la formule « ambiguïté de la vie conjugale » a été utilisée : « C’est le contexte biblique. Ambiguïté : oui, après tout, il n’y a qu’à voir le mariage de Jacob avec Léa et Rachel… » Un participant s’interroge sur l’utilisation du terme « bienveillance de Dieu » plutôt que « bénédiction ».


Des convictions personnelles


Le reste est affaire de convictions personnelles. Convictions qui s’expriment davantage dans les couloirs. Christophe Cousinié, pasteur à Lédignan, dans le Gard, favorable au mariage pour tous, juge que ce rapport est « un texte très consensuel qui sert à satisfaire tout le monde et donc finalement personne ». Une autre pasteure, pourtant opposée à l’union des couples du même sexe, évoque sa responsabilité pastorale : « Je n’exclus pas de bénir mais je ne veux pas que ce soit dans la liturgie. »


Finalement, ce que ce synode a préservé, c’est la culture protestante du dialogue. « Sur un sujet qui pouvait être hautement polémique, il y a eu un débat dans une ambiance constructive et sereine. Je n’ai pas senti d’opposition primaire. Personne ne s’est figé dans des positions de tranchée », note le pasteur Luc-Olivier Bosset, modérateur. « Sans doute, ajoute-t-il, parce que le débat ne portait pas exclusivement sur la bénédiction des couples de même sexe mais sur le sens de la bénédiction en général. » Preuve de l’extrême maturité de cette assemblée.


Le synode national qui se réunira à Sète à l’Ascension 2015 aura la tâche ardue de prendre en compte tous les avis des régions puis de trancher sur la question. L’orientation actuelle est de ne rien interdire ni imposer et de laisser chaque paroisse faire comme elle l’entend.


Au nom de quelle synodalité ?


Que dire aux couples concubins ?
Le texte étudié par les synodes régionaux sur la « bénédiction des couples et des personnes » posait également clairement la question des couples hétérosexuels non mariés civilement, qui souhaiteraient cependant recevoir une bénédiction au temple. Moins clivant que la question de la bénédiction des couples de même sexe, ce sujet a cependant fait l’objet de vives discussions.


Lors du synode de la région Ile-de-France, Anne Petit, pasteure à Rambouillet (Yvelines), a cité le cas de certaines personnes « très engagées dans la paroisse et la cité, bloquées vis-à-vis du mariage civil pour des raisons psychologiques à la suite de divorces très douloureux. Leur refuser une bénédiction sur leur famille ne va pas les faire avancer. Leur engagement existe, même si elles ne sont pas mariées civilement ». James Woody, pasteur à l’Oratoire du Louvre, à Paris, confirme : « L’alliance de ces partenaires ne s’inscrit pas dans une cérémonie civile. Tout se joue dans la promesse qu’ils échangent entre eux. »


Mais pour Robert Philipoussi, pasteur à Port-Royal (Paris 13e) : « On ne peut pas se marier deux fois. S’ils ne sont pas mariés civilement, comment faire un mariage sans mariage ? » Enfin, pour David Gonzalez, pasteur à Dreux, dans l’Eure-et-Loir, il est très regrettable que le mot « amour » n’apparaisse nulle part dans le texte proposé.


M. L.-B.

http://www.reforme.net/une/religion/benediction-couples-meme-sexe-toujours-debats

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